Dans Plein Gris, les lames cinglantes de la mer vous malmèneront peut-être un peu mais une fois commencé, on ne peut pas lâcher ce huis-clos haletant de Marion Brunet… c’est très t r è s bon !
... Crocky est là ! Crocky, c'est un grand personnage tout bleu et tout en rondeur qui pétrifie notre ami Piouh. Et Piouh, c'est le poussin lumineux que l'on avait rencontré dans l'album du même nom en 2018. Ici, Piouh va affronter ses craintes et découvrir avec étonnement que celui qui l'effraie depuis longtemps, Crocky, ne dévore personne si ce n'est la vie. Ainsi, dans Crocky, Piouh va gagner un nouvel ami ! Quel bonheur de retrouver Piouh et ses compagnons Coxy et Guernoule ! À travers des personnages franchement craquants, Estelle Billon-Spagnol aborde tout en finesse la peur de l'autre, les préjugés et l'amitié qui peut surgir de manière inattendue. Pour finir, je me permets d'utiliser la pétillante déclinaison des lettres "ISBN" de l'autrice : Crocky vous procurera une ”Incroyable Sensation de Bonheur Naturel", foi de libraire !
Décidé à en finir, Halim Bensadek se jette du haut d’un immeuble de quinze étages… Quelques secondes pendant lesquelles l’homme s’interroge, revoit les épisodes importants de sa vie, regarde autour de lui, scrute, raconte. Une succession de scènes étonnamment drôles décrivant une société miséreuse et marginalisée que l’auteur « restitue en peu de pages, parfois crûment, en bravant avec humour les interdits religieux et sexuels ». Un délicieux texte à savourer car rien ne se passe comme prévu dans la vie…
L'essai de Guy Larroux « élabore une poétique du genre […] en s’attachant à l’intention poétique et éthique » de ce « récit de l’autre – le père, la mère ou tel aïeul – [qui] est le détour nécessaire pour parvenir à soi, pour se comprendre dans cet héritage. » Un essai incontournable ! C’est en lisant cet ouvrage que l’envie quasi irrépressible est venue de lire celui de Jean-Michel Delacomptée. Le récit tendre de « l’inexprimable bonheur de l’enfance » se met en place à la faveur d’une photographie (re)découverte du père et de son fils. Un magnifique témoignage sur la figure du père, sur le temps passé et les êtres disparus. Et l’écriture… « On n’écrit pas pour soi, mais pour les autres. Pour les morts qui subsistent en nous, et pour les vivants qui nous lisent. […] Les livres, comme le font les poèmes, dressent des tombeaux. Ils ne recouvrent pas de marbre les morts, Ils les revêtent d’une douce ferveur. » Un texte d’une beauté magnifique.
Anne Maurel, La Fille du bois Cinquante ans après sa disparition, Anne Maurel évoque avec infiniment de pudeur et de tendresse son grand-père qui ne cesse de lui adresser des signes ‘qui ont rendu ce récit nécessaire.’ Coïncidences, surgissements inattendus, échos, qui rendent « sa présence toujours vive » à l’origine de cette déclaration sublime, leçon de vie, d’humilité, d’espoir et de vie… « Il faut, pour courir l’aventure, vouloir sans réserve ce qui vous arrive, quand vous n’avez rien décidé. Garder les épaules dégagées et le regard franc […] Comme mon grand-père, il faut s’alléger. Donner sa médaille à un chien. » Un texte d’une grande beauté littéraire aussi. « On a souvent remarqué le mutisme des soldats de retour du front. On a, me semble-t-il, moins souvent souligné leur goût pour la lecture. Dans le silence qui se faisait autour d’eux, dilatant l’étendue, des voix s’élevaient. Des voix sans corps visible, sorties des pages des livres, que, pour toujours revenus de la guerre blessés, mutiles, les poumons brûlés, la mâchoire fracturée, détournés de l’action, ils écoutaient frémir, frissonner, murmure. »
C’est en lisant l’ouvrage de Guy Larroux – Et moi avec eux, le récit de filiation contemporaine – que l’envie quasi irrépressible est venue de lire celui de Jean-Michel Delacomptée. Le récit tendre de « l’inexprimable bonheur de l’enfance » se met en place à la faveur d’une photographie (re)découverte du père et de son fils. Un magnifique témoignage sur la figure du père, sur le temps passé et les êtres disparus. Et l’écriture… « On n’écrit pas pour soi, mais pour les autres. Pour les morts qui subsistent en nous, et pour les vivants qui nous lisent. […] Les livres, comme le font les poèmes, dressent des tombeaux. Ils ne recouvrent pas de marbre les morts, Ils les revêtent d’une douce ferveur. » Un texte d’une beauté magnifique. A lire également l’essai de Guy Larroux qui « élabore une poétique du genre […] en s’attachant à l’intention poétique et éthique » de ce « récit de l’autre – le père, la mère ou tel aïeul – [qui] est le détour nécessaire pour parvenir à soi, pour se comprendre dans cet héritage. » Un essai incontournable !
Isra n’a que 17 ans quand elle est mariée à Adam et quitte la Palestine pour s’installer à Brooklyn avec sa belle-famille. Elle rêve d’une vie plus libre pour les femmes, et notamment pour ses filles. Malheureusement, sa vie est toute tracée et seule la lecture lui permet de s’évader de son quotidien. 18 ans plus tard, sa fille ainée, Deya cherche à échapper à un mariage arrangé et rêve d’entrer à l’université. Son destin sera-t-il le même que celui de sa mère ? Le silence d’Isra est celui de beaucoup de femmes, écrasées sous le poids des traditions et d’une éducation. L’autrice a pu s’en détacher et créer sa propre librairie à Brooklyn.
On est à la fin du XVIIe siècle et Mariette, 11 ans, doit trouver un travail afin de gagner de quoi soigner son frère jumeau blessé... Ce jour-là, sur son chemin, il y a un cheval, qui appartient à Louis XIV, et avec lequel elle semble communiquer alors même que le roi de France n'arrive plus à le faire avancer. Louis XIV fait alors cette proposition à Mariette : Je vous demande solennellement de le remettre au galop. Eh, si vous y parvenez, vous serez payée cinq louis d'or. Voilà notre jeune Mariette propulsée dans les écuries du château de Versailles... . Mais quel régal que le premier volume de cette série! L'alliance des illustrations dynamiques de Miss Paty et de la plume enlevée de Anaïs Sautier est par-faite ! . Ci-dessous, une vidéo où Anaïs parle de son héroïne :
Tokyo, fin des années 70. Akiko est une femme moderne : mariée, mère de famille, et qui travaille à plein temps . Mais à la mort de sa belle-mère, elle voit son beau-père, Shigezo, se raccrocher à elle et elle va vite se rendre compte que Shigezo devient sénile et ne peut rester seul toute la journée. Doit-elle arrêter de travailler pour s’occuper de lui, comme le veut la tradition ? Ou le placer dans une maison de retraite ? Quel modèle va-t-elle donner à son fils ? Et surtout qui s’occupera d’elle et de son mari quand ils seront vieux ? Toutes ces questions font d’Akiko et sa famille le reflet de la société japonaise et des changements des conditions de vie des femmes dans ce pays pétri de traditions.
Rien n'empêchera Killiok d'aller souhaiter son anniversaire à son ami Pikkeli Mimou! Ni le froid, ni la nuit, ni la neige, ni la forêt à traverser... Ouvrir un album d'Anne Brouillard, c’est faire un pas de côté, c'est oublier le temps d'une lecture le fracas du monde... merci Anne Brouillard ! En bonus, à la fin de l’album, il y a la recette du gâteau que Killiok cuisine pour Pikkeli Mimou ! Miam, une autre façon de se régaler !
Vous voulez de l'apaisement ? Lisez-contemplez Au bois dormant ! Le soir est proche, gros ours pattu, gorgé de miel, ventre repu, pelotonne-toi dans ta tanière, et ronfle bien fort tout l'hiver! La nuit sera bientôt là, une fillette aux bottes rouges passe auprès de tous les animaux qui ne dorment pas encore dans la forêt et elle a un mot poétique pour chacun...
Beatrice Alemagna montre les existences qui sont toujours en mouvement. Les choses se produisent, évoluent, disparaissent... C'est grâce à des pages de calque que le sens se fait et on est tour à tour touché, ému, souriant, un peu inquiet... Beatrice Alemagna dit tellement avec peu de mots, elle signifie beaucoup avec des pages transparentes qui ne comportent "que" quelques traits... ça laisse sans voix!
À Pré-à-Bagarre, la vie et les activités des habitants sont régies par la Tradition. Du côté des femmes, on ne se déplace jamais sans son Martotal – un outil permettant d’accomplir de multiples corvées. Chez les hommes, les accessoires indispensables sont la plarmure et la bassue. Pour faire court, les hommes se battent tandis que les femmes préparent le terrain et rangent derrière eux ! Comme ça ne plaît pas à Sam, elle le dit… mais en osant critiquer la structure de sa tribu, elle provoque un tremblement de terre. Cela ne l’arrête cependant pas car Sam est déterminée. L’illustrateur Libon ne s’y est pas trompé en l’habillant de rouge – symbole de force et de courage, et c’est ainsi qu’elle va proposer de nouvelles règles. Sam et le Martotal est un texte engagé et inspirant mettant en scène une fillette qui fait bouger les lignes et ose interroger des règles immémoriales. Grâce à son héroïne qui ose mettre un coup de bassue sur un système sexiste et dépassé, Louise Mey invite ses lecteurs à réagir et à discuter des stéréotypes qui habitent encore notre quotidien. En conclusion, je tiens à saluer la belle prise de position de Sam et pour finir sur une touche souriante, je reprends ses mots : « Prout la Tradition ! ». . Article de Gaëlle Farre paru dans Le 1 des libraires - spécial jeunesse!
Elizabeth Somers, une petite jeune fille discrète de 11 ans va passer ses vacances de Noël à l’hôtel Winterhouse. Là-bas, elle fait la connaissance de Freddy, un garçon d’un an son aîné qui partage la même passion qu’elle pour les lettres, les chiffres, les codes et les énigmes… et ils ne seront pas trop de 2 pour dénouer les très nombreux mystères du somptueux hôtel qu’ils habitent! *Winterhouse Hôtel* est un roman d’aventures rempli de jeux de mots savants (chapeau bas à la traductrice, Anne-Sylvie Homassel!) qui se dévore! Les personnages sont bien campés et vraiment attachants ; le rythme de l’auteur Ben Guterson est dynamique et pour ne rien gâcher, le roman est superbement illustré par Chloé Bristol qui nous donne férocement envie de plonger dans cet univers! *Winterhouse Hôtel* est à conseiller très largement dès 10 ans!
Elizabeth Somers, une petite jeune fille discrète de 11 ans va passer ses vacances de Noël à l’hôtel Winterhouse. Là-bas, elle fait la connaissance de Freddy, un garçon d’un an son aîné qui partage la même passion qu’elle pour les lettres, les chiffres, les codes et les énigmes… et ils ne seront pas trop de 2 pour dénouer les très nombreux mystères du somptueux hôtel qu’ils habitent! *Winterhouse Hôtel* est un roman d’aventures rempli de jeux de mots savants (chapeau bas à la traductrice, Anne-Sylvie Homassel!) qui se dévore! Les personnages sont bien campés et vraiment attachants ; le rythme de l’auteur Ben Guterson est dynamique et pour ne rien gâcher, le roman est superbement illustré par Chloé Bristol qui nous donne férocement envie de plonger dans cet univers! *Winterhouse Hôtel* est à conseiller très largement dès 10 ans!
"Elle s'en souviendra, la prochaine fois qu'elle se sentira coincée : il y a toujours une poignée quelque part." De temps en temps, Akita se met dans des colères folles, elle "fait des grizzlys" et le vit très mal. Elle se met à l'écart pour ne pas souffrir ou faire souffrir les autres... Le jour de ses 7 ans, elle va rencontrer la Glooglooka, une vieille dame un peu sage - un peu chamane, qui va lui permettre de se confronter à ses peurs, ses blocages, ses émotions... Elle sortira plus forte, plus fière, plus vive... Et tellement souriante. Ahhh, je l'aime ce texte! Les mots si beaux et le ton si proche du conte de Caroline Solé + les splendides illustrations aquarellées de Gaya Wisniewski forment un duo parfait!
Où l'on retrouve deux personnages de l'album de Rebecca Dautremer paru il y a un an, Les Riches Heures de Jacominus Gainsborough... Ici, Jacominus a donné rendez-vous à Douce. À midi pile. Vont-ils se trouver à temps?? La tension monte tout du long de la matinée que l'on voit défiler dans l'album ; l'attente et les espérances sont grandes. On suit les pensées de Jacominus, on est dans les pas de Douce, on prend le temps, on évolue pas à pas, de minute en minute presque... Rarement je crois un album n'a si bien illustré la joie tout autant que la douleur de l'attente, de l'incertitude. Cet album est une merveille de finesse, de justesse et de beauté. Chaque planche est comme un tableau qui se contemple et les détails ne se comptent pas tant il y en a. Rebecca Dautremer est d'une générosité folle dans ce livre, elle a pris le temps de faire naître tant d'émotions et elle a disséminé 1000 références ça et là... *Midi pile* est parfaitement époustouflant!