Anthologie puisée dans quatre recueils de poèmes dont la publication s'est étalée de 2009 à 2019 : "Un billet pour deux" (2009), "Prière pour le début du gel" (2014), "Métaphysique du renard" (2016), "Le deuil ne porte pas de couronne"(2019). Accablé au cours de ces années par la disparition, l'un après l'autre, de ses proches amis, notamment le poète Bassam Hajjar (auteur de "Tu me survivras") et l'écrivaine et éditrice Mayy Ghoussoub, et grièvement blessé lui-même dans un accident de la route qui l'a plongé deux semaines dans le coma, le poète donne libre cours dans ces recueils au même sentiment de perte, mais avec des tonalités très variées allant du cri de douleur à la méditation métaphysique chuchotée. Il confirme de nouveau sa place parmi les plus grands poètes arabes contemporains.
En présentant onze miroirs dans lesquels il se contemple et qui reflètent chaque fois un moment de sa vie et une facette de son portrait, le poète libanais Abbas Beydoun compose une autobiographie peu commune, bien que marquée par le souci constant de se raconter dans un "esprit de vérité". Salué à sa sortie par une presse unanime, Les Miroirs de Frankenstein peut être considéré comme l'un des plus beaux textes en prose de la littérature arabe d'aujourd'hui.
qu'il évoque son incarcération dans un camp militaire israélien, qu'il médite sur sa condition de poète dans un monde où bien des choses "ne se disent pas en deux langues" ou qu'il affronte le mystère de la mort, abbas beydoun s'affirme dans cette anthologie comme une figure majeure de la modernité poétique arabe.
Assourdissante, cette reclusion ! Hantee par les fantômes de ceux qui ont ete et de ce qui a ete. Blafarde. Âpre. Impitoyable. Envahissante. Apathique face aux images retrospectives qui la provoquent : la rue, le cafe, les amis, la voix de la vie. Tout cela est maintenant fige dans la glace des miroirs qui sont l'unique temoin de ce qui a ete et un defi ardu lance à ce qui va advenir : « Nos visages resteront-ils les mêmes dans ces miroirs apres la fin de la pandemie ? » se demande le poete, en proie à ses obsessions au coeur de cette calamite, englouti dans ses contemplations et spectateur possede par le vide qui a engendre toute chose et dans lequel toute chose trouvera sa fin.
«Quand le moment viendra, tu diras que les souvenirs imités sont plus nombreux que les originaux. Que le poème préfère simuler le désir, et qu'avec une drogue de jeunesse il dupe la langue, rarement gratifi ée d'une érection authentique. Tu diras qu'un travail accompli demande du temps avant qu'on ne découvre qu'il s'agit d'un faux, et que c'est le pari du poème. Quand viendra le moment, tu diras qu'on ne peut pas faire le tri dans une mémoire contaminée, et qu'il sera diffi cile d'en extraire les mouches. Tu diras que les viscères s'enchevêtrent à l'intérieur, et qu'on ne voit pas bien à de telles profondeurs. L'expérience brûle là-bas dans une fumée noire, le reste se transforme en bêtise rose, et l'on ne voit pas bien à de telles profondeurs.»
Les poèmes réunis dans ce livre sont extraits des deux derniers recueils d'Abbas Beydoun. Ils se situent délibérément au croisement de plusieurs langages appartenant à différents genres littéraires ou artistiques : la prose journalistique s'y mêle aux concepts de la philosophie, le narratif au lyrique, les procédés littéraires aux techniques des arts visuels, de la peinture au cinéma. Considérant que la poésie n'existe pas par elle-même, mais comme poétisation de ce qui ne ressort pas d'ordinaire du langage poétique, Abbas Beydoun «tord le cou» à l'éloquence arabe traditionnelle pour inventer une nouvelle écriture. Et celle-ci n'est pas sans rappeler parfois certaines expériences plastiques européennes et américaines d'avant-garde.
« Entre poésie et réalisme, Abbas Beydoun a créé une troisième langue, une langue froide mais incendiaire, non pas le feu de la glace mais la braise de la fraîcheur. » Ounsi El-Hajj, quotidien Al- AkhbarTrois voix dans ce roman. La première est la voix du cheikh Abdul Rahman de retour au Liban-Sud après son séjour à Najaf. La seconde est celle de son ami Antoine, un poète à la recherche de son identité entre le village et la ville, entre son origine protestante d'une part et son penchant pour l'existentialisme d'autre part. Une troisième voix se manifeste entre les deux autres : Grace. Elle est amoureuse des deux hommes et n'arrive pas à jeter son dévolu sur l'un d'eux.
Les évènements se déroulent au Liban à la fin des années 70, plus précisément dans un village paisible qui se nomme Wâssel, où musulmans et chrétiens ont vécu longtemps côte à côte, avant que ne s'élèvent soudainement entre eux les cloisons de la guerre. Les tourmentes de la guerre civile libanaise sont terriblement manifestes, mais à un niveau personnel, au travers d'histoires individuelles, celles de héros qui ont préféré mener leurs propres combats en marge de la grande guerre.
Abbas beydoun s'est imposé comme l'une des principales figures de la nouvelle poésie arabe, celle qui s'écrit depuis un quart de siècle et qui trouve le plus souvent dans le poème en prose la forme majeure de son expression.
Dans une trajectoire exemplaire, ponctuée d'oeuvres exigeantes, le poème de tyr constitue une stèle dressée à la gloire de la ville natale du poète. la mer et la montagne, les paysans attirés et rejetés par la ville, les marins, matelots et colporteurs, les éléments naturels et les foules humaines, tous participent à cette fresque qui se lit comme un chant païen mais aussi comme une vigoureuse incursion poétique dans l'histoire sociale.