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Sciences humaines & sociales
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Depuis un siècle et demi, la ville de Chicago attire et fascine les observateurs de l'Amérique tant elle incarne une modernité urbaine spectaculaire et triomphante. Barack Obama, qui s'y installa et y entama sa carrière politique, la qualifie de « ville éminemment américaine ». D'autres avant lui l'ont surnommée la « ville aux larges épaules », en référence à ses foules laborieuses.
Car, pendant des décennies, c'est par centaines de milliers que des ouvriers d'Europe, mais aussi des Noirs du sud des États-Unis et des Hispaniques sont venus travailler dans ses abattoirs, ses aciéries et ses usines rugissantes, faisant de Chicago la capitale manufacturière du pays. Ils ont construit les gratte-ciel orgueilleux du centre-ville - le fameux Loop -, posé des kilomètres de rails, creusé des canaux et empli les bateaux de grain.
À l'image de la violence des abattoirs, l'histoire politique et syndicale de Chicago est d'une grande brutalité, en partie parce que des richesses considérables y sont concentrées entre les mains de quelques-uns. La municipalité a ainsi longtemps été tenue par des « machines » politiques corrompues liées aux milieux d'affaires, et parfois à la mafia - celle d'Al Capone ou de ses successeurs. Au-delà de son statut de symbole industriel, la ville fut également un haut lieu du jazz et du blues, en même temps que « la ville la plus ségréguée du pays ». À ce titre, elle devint la capitale incontestée de l'Amérique noire au milieu du XXe siècle, jouant un rôle déterminant dans la lutte pour les droits civiques.
Richement documenté et illustré, ce livre n'est pas seulement une histoire « populaire » de Chicago, des gens ordinaires qui y ont vécu, travaillé, consommé, prié ou joué de la musique. Il propose l'histoire sociale et politique, jusqu'à nos jours, d'une ville américaine à la fois archétypale et exceptionnelle. -
Révoltes et utopies : la contre-culture américaine des années 1960
Andrew jay Diamond, Caroline Rolland-diamond, Romain Huret
- Fahrenheit
- 15 Octobre 2012
- 9782954091907
Période de révolte et d'utopie par excellence, de cette contre-culture plurielle qui a fait l'objet de toutes les passions et toutes les controverses, les années soixante ont vu les étudiants radicaux, les hippies, les Afro-Américains, les Latinos, les Asiatiques, les Amérindiens, les femmes et les homosexuels descendre dans la rue et occuper les parcs comme les campus pour réclamer leurs droits, affirmer leur identité culturelle et jeter les bases d'un avenir meilleur. Tous rejetaient l'ordre établi et les normes dominantes de la société américaine et portaient un projet révolutionnaire qui suivit deux orientations majeures : la première aspirait à l'épanouissement d'une culture alternative et utopique fondée sur les drogues, le mysticisme et la transformation radicale du mode de vie ; la seconde visait à l'avènement d'un puissant activisme politique, renforcé par un mélange de mobilisations communautaires et d'action protestataire. Se plaçant délibérément dans la nouvelle perspective historiographique des «longues années soixante», ce livre retrace les différentes formes de la mobilisation culturelle et politique de cette période depuis leurs origines dans la deuxième moitié des années 1950 jusqu'au milieu des années 1970. Unique par son format bilingue, ce livre se décline en sept chapitres thématiques, chacun composé de trois sections : une première, en anglais, intitulée The Story, qui couvre les événements incontournables ; une deuxième, en français, Angles d'Approche, qui fournit un cadre analytique ; et une troisième, en anglais, Key Elements, qui présente de manière condensée mais précise les points essentiels - les grands noms, événements et concepts du chapitre.
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Atlantique multiracial. discours, politiques, dénis
James Cohen, Andrew jay Diamond, Philippe Vervaecke
- Karthala
- Recherches Internationales
- 26 Mars 2012
- 9782811106188
Aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France, le début du millénaire a vu se multiplier des discours épurés de toute référence à la catégorie de "race".
La tolérance et la diversité sont désormais les registres dominants que l'on emploie pour parler de questions relevant auparavant de cette dernière. Ainsi, aux États-Unis, l'élection de Barack Obama a donné un puissant élan à ce que Thomas Sugrue nomme le "grand récit de la réconciliation raciale", en dépit de la racialisation évidente des inégalités sociales. De part et d'autre de l'Atlantique, la notion de color-blindness gagne en influence.
Elle dissimule une forme de racisme culturel, ou de racisme différentialiste, qui se diffuse dans la sphère publique, et que revendiquent même parfois certains responsables politiques. Cette évolution intervient dans un contexte de remise en cause des modèles nationaux d'intégration et de déclarations catégoriques sur le prétendu échec du multiculturalisme : prises de position dont l'objet est de critiquer des politiques jugées trop différentialistes, tout en pointant du doigt certaines catégories de la population dont l'intégration s'avérerait problématique.
Ce volume se propose de mieux comprendre les logiques sociales de racialisation, et leur rapport au politique, dans une perspective comparative et en recourant à différentes disciplines. Il pratique une forme d'"histoire du présent", à la fois empirique et théorisée. Celle-ci est de salubrité publique à l'approche d'échéances électorales cruciales, en Europe comme en Amérique, alors que les problématiques identitaires conservatrices, sinon réactionnaires, effectuent un retour en force dans le débat politique et l'exercice du pouvoir.