On a longtemps pris la parole de l'homme pour la vérité universelle et la plus haute expression de l'intelligence, comme l'organe viril constituait la plus noble expression de la sexualité.
Il faut que les femmes crient aujourd'hui. Et que les autres femmes - et les hommes - aient envie d'entendre ce cri. Qui n'est pas un cri de haine, à peine un cri de colère, car alors il devrait se retourner contre elles-mêmes. Mais un cri de vie. Il faut enfin guérir d'être femme. Non pas d'être née femme mais d'avoir été élevée femme dans un univers d'hommes, d'avoir vécu chaque étape et chaque acte de notre vie avec les yeux des hommes et les critères des hommes. Et ce n'est pas en continuant à écouter ce qu'ils disent, eux, en notre nom ou pour notre bien, que nous pourrons guérir.
« Homme, es-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question. Tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe ? Ta force ? Tes talents ? » Parce qu'en 1791 elle est la première en France à formuler une Déclaration des droits de la femme qui pose le principe de l'égalité des deux sexes, parce qu'elle a osé revendiquer toutes les libertés, y compris sexuelle, et qu'elle a réclamé, notamment, le droit au divorce et à l'union libre, Marie Goze, dite Olympe de Gouges, monte sur l'échafaud en 1793. L'auteure d'Ainsi soit-elle et de La Touche étoile rend hommage à celle qui demeure une pionnière, la première féministe moderne.
« Benoîte Groult réhabilite la femme, la sort de l'oubli, replace la féministe dans l'histoire de ce combat. Un combat qui reste à mener ». Valérie Trierweiler, Paris-Match.
Beaucoup d'hommes qui se disaient éclairés, ardents défenseurs de la Femme, n'ont fait qu'aménager, sous la pression des événements, une situation dont ils s'accommodaient fort bien et dont - fait le plus grave - ils ne voyaient pas l'aspect scandaleux. Quelles qualités rares a-t-il fallu aux quelques-uns qui ont voulu dépasser l'image traditionnelle de l'épouse dévouée, gardienne du foyer, pour penser à elle comme à un être humain à part entière ? Ces qualités rares, ce sont elles que nous voudrions mettre en lumière, en écoutant d'un peu plus près ces précurseurs trop souvent oubliés, moqués ou méconnus, qui s'appelaient Poullain de La Barre, Condorcet, Fourier, Stuart Mill et qui méritent bien d'entrer au Panthéon, si peu encombré, des féministes. Benoîte Groult.