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L'Esprit Du Temps
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« Je me souviens... c'était près de chez moi, rue de la Rousselle, Il y avait une grande porte, une sorte d'arc de triomphe et, venant du pont de la Garonne, l'armée allemande qui défilait. Je les trouvais très beaux avec leurs uniformes, leurs chevaux, il y avait aussi de la musique. Et, comme elle ne pouvait pas passer sous la porte, la troupe se séparait en deux puis se reformait juste après. Je trouvais ça tellement beau que je ne comprenais pas pourquoi tout le monde pleurait autour de moi. C'était l'entrée des Allemands à Bordeaux. » « A ce moment de mon histoire, j'étais dans un combat pour la survie. Mon quotidien, c'était compter les moutons, ne pas dire mon nom, me protéger, survivre. Les rêves d'avenir sont apparus plus tard, dès que j'ai eu une structure affective, une famille d'accueil, une charpente stable. Ça fait soixante-quatre ans que je n'ai rien pu dire, c'est la première fois que je le fais. » Dans les lignes émouvantes de cette « confession » très personnelle, Boris Cyrulnik évoque son enfance, son arrestation, son évasion et surtout l'insoumission aux hommes et aux idées.