A Hollywood, dans un studio abandonné, un homme se souvient de l'année 1939, alors qu'il était jeune scénariste et travaillait à un scénario stupide et de l'arrivée d'Halliday, une des gloires de la littérature américaine des années vingt, brisée par l'alcool et de nombreux échecs.
Lorsque Marcia Coulihan voit débarquer Lonesome Rhodes dans la petite radio locale de Fox, Wyoming, où elle assure l'intérim, elle saisit vite son intelligence derrière le personnage de péquenot naïf qu'il incarne à la perfection. Dès sa première chronique, Rhodes déchaîne l'enthousiasme des auditeurs.
S'inspirant du village d'Arkansas dont il affirme être originaire, il met en scène les personnages truculents de « sa famille » le cousin Abernathy, la tante Lucybelle sans oublier « son pépé » Bascom pour s'adresser directement à l'Amérique ordinaire, entre deux extraits de folk et d'énormes éclats de rire : « c'qui nous faut c'est un peu plus de bons sentiments chrétiens et rudement moins de ce tourneboulis de notre époque. » Son destin bascule quand il fait campagne contre le shérif local. Le Time dépêche un chroniqueur et Lonesome, accompagné de Marcia, s'envole vers Chicago où il conquiert une audience nationale grâce son émission quotidienne « Votre voyageur de l'Arkansas ».
Galvanisé par le succès, Lonesome se mêle de tout, donne, entre deux histoires drôles, son avis sur les maux, réels ou imaginaires, dont souffre le pays. Il s'érige en porte-parole d'une Amérique modeste, conservatrice et rurale, mais pétrie de bon sens. Comme le souligne Marcia : « En ce siècle d'angoisses atomiques, l'Amérique en revenait à la sagesse des bons vieux adages qui avaient fait sa grandeur. » L'argent afflue, les publicitaires se battent pour gérer son image, placer des produits dans son émission, des millions d'anonymes envoient des dons à sa fondation caritative.
La consécration intervient avec son show TV, grande messe nationale, qui fait trembler les politiques de tous bords. Lonesome Rhodes devient un état dans l'état et profite de son influence pour s'adresser directement aux gouvernants étrangers, comme Winston Churchill.
Ivre de pouvoir et d'alcool, il se tue accidentellement avant d'avoir eu le temps de déclarer la guerre aux « angliches » et aux « ruskoffs ».
Adaptée au cinéma par Elia Kazan, Un homme dans la foule est une satire féroce, angoissante, du populisme et de l'influence des médias de masse. Écrit en écho au maccarthysme de l'époque, l'irrésistible ascension de l'incontrôlable et outrancier Lonesome Rhodes ne peut que résonner aujourd'hui.
Le film d'elia kazan a rendu célèbres les deux principaux personnages de cette histoire : le docker et le prêtre.
Mais il importe de préciser que le roman que voici diffère très sensiblement du film.
Nous sommes toujours sur mes quais de new york et la grande affaire reste de mettre un terme aux agissements de la mafia qui rançonne les dockers. mais le véritable héros, ici, ce n'est pas tant terry malloy, le boxeur raté, que le père barry, qui se révèle un prodigieux " curé de choc ", " un prêtre ouvrier ", d'un courage et d'une générosité admirables.
Ce new york insolite frémit de toute la vie de l'immense port. il présente du monde des bars et des quais une image hallucinante, d'une bouleversante humanité.
Faites la connaissance de Doc, vendeur de drugstore et vrai cinglé de cinéma, de Tony Colucci, boxeur sur le déclin, décidé à sauver son honneur même à un prix exorbitant, de l'enseigne La Fouine, à qui un galon supplémentaire fait perdre la tête, de Matty Moran, l'égal de Griffith et de De Mille à l'âge d'or du muet et aujourd'hui réalisateur de seconde équipe, de Kenneth Chaning, écrivain de best-sellers, et de son secrétaire, le mystérieux poète Sheldon Dicks.
En 1953, Budd Schulberg publiait Un homme dans la foule. L'année suivante, l'édition de poche paraissait, augmentée de dix nouvelles. Ce sont ces dix nouveaux " visages " extraits de la " foule " qui sont rassemblés ici.
Sitôt renversé le régime qui l'avait livrée au pillage des industriels nord-américains, une république d'Amérique Latine est tentée par une nouvelle aliénation : le chef de guerre Angel Bello pèse de tout son charisme pour préparer un rapprochement avec Moscou, sans que le Président Intérimaire, Justo Moreno Suárez, ne trouve la résolution de lui barrer la route et de le ramener aux idéaux pour lesquels ils ont combattu côte à côte.
Presque aveugle aux purges qui déciment la vieille garde, confiant que, malgré les apparences, le nouveau pouvoir partage son attachement à la légitimité constitutionnelle, il attend d'être averti de son arrestation imminente pour chercher refuge dans une ambassade avec sa femme et sa fille.
Au « Sanctuaire », sa cohabitation forcée avec les tortionnaires qu'il espérait à tout jamais chassés de son pays, ses retrouvailles avec d'anciens alliés sacrifiés à la nouvelle ligne, l'enfer d'un quotidien sordide, les tractations mercenaires de la diplomatie lui ouvrent les yeux sur le destin commun des peuples, toujours soumis au gran chingón, à la raison du plus fort.
Après avoir obtenu pour sa famille l'exil aux États-Unis, il se laisse prendre au piège d'une fausse réconciliation avec la révolution belliste et doit affronter seul un internement peut-être définitif sur l'Isla de las Barricudas, séjour des dissidents politiques et des ennemis de la patrie.
Publié en 1969 aux Etats-Unis par The New American Library en association avec The World Publishing Company, Sanctuary V n'a jamais été traduit en français. Il a bénéficié d'une bonne campagne de presse aux États-Unis lors de sa parution et fut couvert de louanges.
Elia Kazan écrivit à son propos : "Un livre fascinant. A chaque fois que je le lâchais, j'étais impatient de le reprendre. Je n'ai jamais vu d'aussi savoureux caractères depuis les grands romans russes. "
Sanctuary V a reçu un excellent accueil à la fois du public et des critiques.
Budd Schulberg, âgé de 91 ans, vit à Long Island et continue d'écrire avec passion. Il est venu en France en octobre 2003 à l'occasion de la réédition de deux de ses chefs d'oeuvre, Qu'est-ce qui fait courir Sammy ? et Plus dure sera la chute et il a reçu un accueil enthousiaste de la presse française (Madame Figaro, Match, Libération, Est Républicain, Paris Normandie, Midi-Libre, Livres Hebdo, Campus.... l'ont tous rencontré et interviewé). Il sera à Paris pour assurer la promotion de son roman en mai 2005.