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Clément Pansaers
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Rédigée en 1917 et publiée en 1921, au tout début du mouvement Dada, L 'Apologie de la paresse possède un charme mélancolique singulier, un ton qui ne ressemble à aucun autre.
De fragments en fulgurances, ce pamphlet poétique aurait toute sa place dans l'Antologie de l'humoir noir. Face à la société marchande, l'auteur invite à l'insoumission, à la nonchalance, à la joie et au rire dans une langue vive, libertaire et iconoclaste à souhait.
Dans cette apologie où se mêlent lyrisme iconoclaste, érotisme noir et terminologie savante, Clément Pansaers tire une conclusion sans concession : la paresse est la condition souveraine de la raison humaine.
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Clément Pansaers est né en 1885 en Flandre. Il découvre en 1919 l'existence du mouvement Dada, dans lequel il reconnaît un mode de pensée paradoxal et libertaire qui correspond à son propre état d'esprit. Pourtant, déçu par les querelles de chapelle, il prend rapidement ses distances avec le mouvement. Ce qui ne l'empêche pas de publier en 1920 Le Pan Pan au cul du nu nègre, suivi en 1921 par Bar Nicanor, deux textes iconoclastes qui, tout en faisant entendre une voix originale, comptent parmi les plus grandes réussites du mouvement. Il meurt prématurément à Paris en 1922. Audaces typographiques jubilatoires, provocations multiples, irrespect généralisé, Bar Nicanor, dont les personnages principaux ont pour noms Couillandouille et Crotte de bique, a tout du texte du dada par excellence. Les nombreuses références musicales qui parsèment le texte invitent à le considérer comme une improvisation à la manière des jazzmen, Pansaers se laissant guider par la libre association des mots. Pourtant derrière les apparences modernistes se révèle à qui sait lire
attentivement le récit d'une profonde expérience spirituelle, qui n'est pas sans lien avec la quête du vide des philosophes taoïstes.
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Le Pan Pan au cul du nu nègre fut salué à sa parution par Aragon et Breton qui trouva dans ce livre «un écho de la voix de Jacques Vaché». Le titre même annonce la couleur : on y retrouve le goût de Pansaers pour la provocation et sa virtuosité langagière qui masque toujours une signification plus profonde. Le Pan Pan est tout à la fois le coup de feu mortel de l'assassinat de Rosa Luxembourg, une critique évidente du colonialisme et une allusion moderniste à la négritude. De tous les membres du mouvement dada, c'est de Picabia dont Pansaers fut, jusqu'à la fin de ses jours, le plus proche. Le Pan Pan est naturellement à placer à côté de Jésus-Christ Rasta
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Publiée en 1921, mais rédigée dès 1917, L'Apologie de la paresse n'a pas encore la violence cacophonique des futurs textes dada de Pansaers. Le charme insinueux et mélancolique de ce long poème qui baigne dans les vapeurs de l'opium invite à l'abandon, au détachement de tout. « O le luxe imprévu de la fainéantise ! La grève générale sur la grève ensoleillée ! »