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Coher Sylvain
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Trois cantates policieres - la digitale - la douce-amere - la dame-d'onze-heures
Coher Sylvain
- Actes Sud
- 4 Novembre 2015
- 9782330056704
Trois fleurs toxiques, trois femmes de la même lignée et trois empoisonnements jalonnent une vengeance familiale transmise sur trois générations. Ou quand la littérature policière rencontre la tragédie lyrique dans un opéra de chambre...
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Rome, samedi 10 septembre 1960, 17h30. Dans 2 heures, 15 minutes et 16 centièmes, Abebe Bikila va remporter le marathon olympique. Vingt-quatre ans après la prise d'Addis Abeba par Mussolini, cet Éthiopien inconnu s'impose dans la capitale italienne face aux champions de la discipline. Ultime humiliation : il court pieds nus. Ce roman se glisse dans la tête d'Abebe Bikila, au rythme de sa foulée infatigable, telle une petite voix racontant comment grandissent les héros, comment se relèvent les peuples, comment se gagnent les revanches et comment naissent les légendes.
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«Splach, le moussaillon vient tout juste de s'endormir quand le panneau coulisse et déverse son déluge sur le plancher du carré. Faut voir comme il sursaute, Petit Roux, il se dresse sur les coudes avec la tignasse hérissée et la gueule en sabord. C'est le moment, vocifère Furieuse en dévalant les quatre planches de la descente.» Un soir, à la proue du Ghost, un jeune marin s'oppose au reste de l'équipage. Sa mère, Câline, vient de mourir. Et, dans ce monde recouvert par les eaux montantes, le voilà qui lui murmure le serment de trouver un îlot où l'enterrer dignement. Même si pour cela il lui faut braver les lois et trahir les siens, même s'il doit s'enfuir, disparaître, désormais seul sur l'étendue tumultueuse. Il se jette alors d'une embarcation à l'autre en quête d'une terre promise, déjouant la foudre des éléments et la fureur des hommes, défendant le corps maternel au péril de sa vie, jusqu'au bout de la Mer-océane, jusqu'au jardin interdit. Avec «Étraves», Sylvain Coher réinvente le récit maritime dans une langue éclatante, aussi précise que ludique, tout droit sortie des flots. Il nous offre une odyssée atemporelle où résonnent furieusement certains enjeux de notre époque, mais qui nous ramène, surtout, au plaisir incomparable de la fiction, de toutes ces histoires en nous, ferments de notre imagination
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Ils ont traversé la France en diagonale, de la frontière italienne à la Bretagne, fuyant des frayeurs ou des souvenirs suffisamment taraudants pour les pousser à quitter le pays au plus vite. Les voilà à Saint-Malo, Lucky et le Petit qui ont poussé comme des frères, à la vie à la mort, et s'en sont toujours sortis en se serrant les coudes. Une fille qui s'est entichée de Lucky se colle à eux, déséquilibrant leur relation. Le Petit la voudrait loin, ou bien plus près de lui.
L'idée est simple et folle : ils décident de voler un voilier de plaisance pour rallier l'Angleterre en traversant la Manche. Ils ont grandi au bord du calme bleu de la Méditerranée, ne connaissent pas grand-chose de la mer, mais la Fille, en bonne Bretonne, a naguère pris quelques cours de voile.
L'aventure paraît belle : d'ici deux jours, ils boiront une Guinness dans un bar à marins et une vie nouvelle commencera.
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" C'est toute une journée déjà qui se replie avec la mer dans la poche d'obscurité.
Nous ne sommes plus de simples arrivants : nous avons laissé nos marques sur le sable des plages. Nos empreintes un peu partout. Déjà, je me demande bien ce que sera l'hiver après l'automne et le printemps docile et l'été. Oui d'abord, et l'été ?
Où irons nous, Elia, lorsque les estivants reviendront voler notre quotidien ? Leurs cris sur les plages rappelleront ceux des fusils, les cris de Solenn couchée sur la route.
Jamais nous ne pourrons les faire taire, Elia. Alors nous fuirons : nous attendrons que la marée soit propice et nous irons sur l'eau, bien sûr ; nous suivrons des courants phosphorescents, avec la marée nous irons tout là-bas, pour toucher l'horizon et le secret du vide caché derrière l'horizon. "
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Seule la vitesse compte.
Le vent, le froid, les bruits, les visions, les sensations dépendent de la vitesse. Quand il est lancé sur sa machine, couché sur le corps de métal, entre sa fin d'insomnie et l'apparition du soleil, Anton vibre de la seule vie qu'il se souhaite. Une course intense et sans fin dans l'immobilité pesante des jours. Pas d'avenir, mais l'instant transcendé ; pas d'objectif sinon une courbe à négocier, une plaque de verglas à éviter.
Pourtant des projets seraient possibles avec Leen, qui l'aime et qu'il devrait aimer, qu'il aimerait complètement s'il n'y avait l'Elégante, l'impossible rivale de marque Triumph, l'ensorceleuse aux relents d'huile et de cuir, à la souplesse d'hirondelle. Tous les jours, aux petites heures, Anton fend l'air, comme suspendu dans le vide, quelque part entre le pont et l'eau. Il fonce comme on choisit sa mort.
Il roule comme on vit, sans pouvoir s'arrêter. Mais la brume glacée qui monte la nuit des routes forestières de l'Est porte son lot de cauchemars et de fantômes, comme celui d'Arman, l'ami des équipées adolescentes devenu concurrent et faux-frère avant de finir sur le périphérique, sa Ducati écrasée contre un camion. Le carénage ne protège que du vent, et la vitesse que du vide. Dans une atmosphère humide de brouillard et de sueur, la chevauchée hallucinée d'Anton défie l'ennui au nom de l'absolue liberté.
Hypnotique, précise et sonore, la langue de Sylvain Coher épouse les froides lignes de la mécanique pour produire la poésie la plus lumineuse. Sur l'obsession et les rendez-vous fatidiques, Carénage est un roman envoûtant et sensuel, à l'impressionnante puissance onirique.
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« Le lac de Grandlieu couve sa ville maudite et quelques miracles dérisoires. Même lorsque les marais sont à sec on retient son souffle, les jambes légères pour que le pied n'y pénètre pas. L'eau tranquille ne s'endort jamais vraiment. On a vu l'Enfant d'Herbauges du côté de la Malsaine, toujours à l'aube ou au crépuscule. C'est ce que le vieux Malgogne raconte du bout des lèvres à qui veut bien l'entendre, avant de partir à la maison de retraite. Et sa main dessine dans l'espace une silhouette en bord de flamme pour décrire le velours rêche d'une peau d'écailles. L'Enfant est voué à une eau plus songeuse que la mort. C'est un orphelin malheureux. La dernière âme d'un fief sans terre ferme revenant formuler quelques reproches à l'endroit de sa mise au monde. Certains l'ont vu près de la Gohelière et sur le levis Les Bonhommes entouré de ses fonds sablonneux, les soirs d'hiver où le vent balaie la surface pour en lever les plis. Et d'autres encore jurent par Sainte-Anne qu'il était perché dans les grands arbres de l'Arsangle et de Saint-Aignan, dont les racines assoiffées baignent toutes entre-elles nouées dans les eaux brunes du lac. On a vu son corps semblable à celui des noyés sous des loques qui semblaient venir d'un autre temps. Nul ne l'a vu vraiment comme on peut voir ailleurs mais tous s'accordent à dire qu'il allait les pieds nus là où de vraies cuissardes eurent été nécessaires. »
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Invités à participer à une résidence littéraire itinérante dans le Nord-Pas-de-Calais en 2013, les deux auteurs ont sillonné la région et multiplié les rencontres dans les bibliothèques, les établissements scolaires, les centres pénitentiaires, les librairies, etc. Ce texte est l'aboutissement de cette semaine et une évocation de leurs expériences.
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Sylvain Coher a écrit le récit terrible et fascinant de l'aventure de trois jours et trois nuits d'un groupe de clandestins venus de l'Est. Menés par un passeur, ils marchent dans la montagne, vers le rêve ou l'illusion d'un pays d'accueil. C'est un conte philosophique moderne, troublant de matérialité et de vérité. C'est une histoire tendue entre fiction et réalité, née de l'imaginaire de l'auteur, inspirée de paroles d'émigrés recueillies pour le projet« FRONTIèRE » du théâtre de l'Arpenteur à Rennes et aussi marquée par la dure actualité quotidienne des affaires de clandestins et de passeurs.