à la rubrique " inclassables " de l'histoire des sciences, forme et croissance occupe une place de choix.
écrit par un naturaliste écossais qui fut aussi mathématicien et traducteur d'aristote, il mêle magistralement la science et la littérature dans une prose d'une qualité rare illustrée de dessins inoubliables. des cornes de bélier aux nervures des ailes de libellule et aux squelettes de dinosaures, l'auteur analyse le vivant avec l'oeil du géomètre, pour conclure sur une théorie pour le moins stupéfiante : on passe d'une espèce à une autre par une simple déformation de l'espace ! même si la biologie a fini par démêler l'énigme, on comprend pourquoi ce livre - un chef-d'oeuvre de la littérature scientifique - a durablement fasciné des générations de scientifiques, et pourquoi il continuera longtemps à le faire.
À découvrir le savoir des anciens, on se trouve moins glorieux du savoir qu'on a. On ne désespère pour autant car, à " glossariser ", on vérifie qu'un savoir s'est déposé que nous parlons sans savoir. Il y a même à se réjouir : D'Arcy Wentworth Thompson en aura écrit, après mille autres. Les oiseaux donc, auront de quoi voler, faire parade et chanter, encore.
Notre ouvrage est utile voire indispensable à toute personne répondant à l'une où l'autre de ces propositions : elle possède une paire de chaussures de marche ; elle connaît l'histoire d'Achille et celle d'Ulysse ; il lui arrive de penser, voyant des hirondelles raser la prairie, qu'il va bientôt pleuvoir ; elle possède un dictionnaire, il lui arrive de le consulter ; des images d'oiseaux englués dans le pétrole ou le goudron l'attristent ; elle ouvre parfois un livre au hasard comme on faisait autrefois des Bucoliques de Virgile afin d'envisager l'avenir avec optimisme ; elle n'imagine pas qu'on puisse faire un roman d'un glossaire ; elle a entendu parler d'Aristophane et de ses comédies ; elle sait qu'il ne fait pas bon aux grenouilles d'avoir une cigogne pour tyran ; trop de racines grecques dans une phrase française l'agace ; elle n'a jamais de sa vie aperçu le moindre torcol ; elle aime rire, parfois même de choses sérieuses.