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Cnrs
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Une épopée tribale en Iran ; les Bakthyâri
Jean-pierre Digard
- Cnrs
- Bibliotheque De L'anthropologie
- 5 Novembre 2015
- 9782271081209
En dépit des ambitions modernistes des derniers chahs, l'Iran demeure l'un des principaux pays tribaux du monde. C'est à l'une de ses tribus, les Bakhtyâri iranophones, nomades des montagnes du Zâgros, qu'est consacré cet ouvrage.
Par quel enchaînement d'adaptations, des populations des plaines mésopotamiennes antiques ont développé une spécialisation pastorale, puis un grand nomadisme montagnard (xie-xiiie siècles), et se sont « tribalisées » (xviie-xviiie) en se dotant d'une chefferie hiérarchisée et centralisée (xixe) qui fut capable, le soutien britannique et la manne pétrolière aidant, de rivaliser avec l'État persan ? À partir de ces questions initiales, Jean-Pierre Digard explore une histoire tribale intimement liée à celle de l'Iran, depuis la domination Bakhtyâri (1909-1913), la politique de sédentarisation et de détribalisation de Rezâ Shâh (1925-1941) et la révolution blanche de Mohammad Rezâ Shâh (1941-1979) jusqu'aux remous de la République islamique.
La longue durée ici considérée fait table rase des clichés du nomadisme comme genre de vie intemporel, et des tribus comme sociétés autarciques et figées. Elle permet en outre de dégager des perspectives pour un avenir bien compris du nomadisme et des tribus.
Largement illustré, cet ouvrage offre une approche complète, nourrie des expériences de terrain d'un anthropologue spécialiste de l'Iran, mais aussi de la domestication animale et des sociétés d'éleveurs.
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Depuis plusieurs années, les animaux sont devenus un sujet sensible. Documentaires, tribunes, pétitions émaillent l'actualité, dénonçant des actes de maltraitance ou appelant à des mesures en faveur des animaux, et prenant à témoin l'opinion publique. Le droit lui-même s'est fait l'écho de ces préoccupations avec l'introduction des animaux dans le Code civil en 2015.
C'est ce phénomène social, cette nouvelle sensibilité que scrute cet ouvrage, à sa façon aussi engagé que les tenants de la « cause animale ». Spécialiste de la domestication animale, Jean-Pierre Digard nuance, contextualise, passe de la longue durée historique à l'examen des revendications présentes, et balaye bien des idées reçues. De quels animaux parle-t-on ? Que connaissent les urbains de la vie animale ? L'utilisation d'animaux par l'homme n'a-t-elle pas avant tout été un élément déterminant du processus de civilisation ? Et quelles seraient les conséquences d'une « libération animale » ?
S'il critique et dénonce les dérives des mouvements animaliste, antispéciste et véganien, cet ouvrage n'en reste pas à une telle prise de position. Plus profondément, c'est le rapport des animalistes à leur propre humanité, et leur façon de diaboliser l'homme, qui sont rigoureusement mis en question.