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Dominique Kalifa
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Les bas-fonds ; histoire d'un imaginaire
Dominique Kalifa
- Seuil
- L'univers Historique
- 10 Janvier 2013
- 9782020967624
De la cour des Miracles aux territoires contemporains de la misère ou de la pègre, l'existence des " bas-fonds " revient régulièrement hanter nos imaginaires.
Gueux, mendiants, misérables, prostituées, criminels, grands délinquants, détenus, peuplent de leurs figures hideuses, à la fois réelles et fantasmées, l'envers - pour ne pas dire le " Milieu " - de nos sociétés. Ils en constituent le repoussoir, la part maudite, mais aussi l'une des lignes de fuite symbolique et sociale.
Quoique centré sur la France des XIXe et XXe siècle, cet ouvrage n'hésite pas pour autant à puiser ses références dans la société médiévale finissante, dans l'underworld victorien, les trottoirs de Hambourg ou les ports coloniaux. Dominique Kalifa élabore ainsi une sociologie comparée extrêmement précise et documentée de cet imaginaire, propre à susciter fantasmes et divagations. Pas à pas, il met ainsi au jour ses constituants (ses décors, ses figures et ses intrigues), ses procédés de fabrication (via le journalisme, la littérature, le cinéma...), mais aussi et surtout les ressorts d'une fascination : souvent dénoncée comme malsaine, celle-ci s'avère pourtant souvent un puissant régulateur des sensibilités et des aspirations sociales.
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Vidal, le tueur de femmes ; biographie sociale
Philippe Artières, Dominique Kalifa
- Verdier
- Poche
- 2 Mars 2017
- 9782864329220
En décembre 1901, Henri Vidal, un hôtelier de Hyères âgé de 34 ans, agresse à coups de couteau deux jeunes prostituées. Quelques jours plus tard, à Tamaris près de Toulon, il assassine une autre fille publique. Il récidive à la fin du mois, en tuant cette fois cette jeune Suissesse rencontrée dans un train, entre Beaulieu et Eze.
Arrêté parce qu'il voyageait sans billet, celui que le pays tout entier va surnommer le « tueur de femmes » est condamné à mort par la cour d'assises de Nice en novembre 1902. Gracié par le président Loubet, il est envoyé au bagne de Cayenne où il meurt en juillet 1906. Mais entre- temps, l'assassin a suscité une immense littéra- ture, sur laquelle se fonde cette reconstitution biographique : faits divers bien sûr, chroniques journalistiques, témoignages, commentaires des magistrats et des experts, signés des plus illustres criminologues du temps, ainsi qu'une autobio- graphie du criminel, rédigée dans sa cellule l'été précédant le procès. À partir de ces nombreux matériaux, et sans ajouter le moindre mot aux paroles des contemporains, les auteurs ont réalisé un très étonnant montage, qui permet bien sûr de dérouler le film de cette existence singulière, mais qui montre aussi comment une société, dans sa diversité et parfois ses contradic- tions, construit la figure d'un criminel. On n'a jamais rien lu de pareil en histoire et le résultat est si saisissant qu'il fait songer aux textes les plus célèbres de micro-histoire.
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Biribi, c'est le nom donné à la fin du XIXe siècle aux nombreux bagnes militaires installés en Afrique du Nord par l'armée française pour se débarrasser de ses « mauvais sujets ». Pour la première fois sont retracées ici les histoires tragiques des indisciplinés ou des condamnés des conseils de guerre, mais aussi parfois des opposants politiques, des homosexuels ou des faibles d'esprit qui y furent envoyés. L'auteur décrit brimades, sévices, parfois tortures infligées par des sous-officiers indignes, travail harassant sous un soleil de plomb et violence des relations entre hommes dans ce qui était considéré comme les bas-fonds de l'armée. Mais il montre aussi comment le courage de quelques-uns, condamnés, médecins, militants ou journalistes comme Albert Londres, contribua à faire peu à peu prendre conscience au pays de l'horreur quotidienne vécue dans ces camps disciplinaires. Les derniers « corps spéciaux » de l'armée française ne seront supprimés qu'au début des années 1970.
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Comment établir l'identité criminelle de Paris sur le long terme ? La ville fait-elle vraiment corps avec les larrons de la cour des miracles, avec les escarpes de la monarchie de Juillet, avec les apaches de la Belle Époque ou les caïds des années 1930 ? L'enquête débute au milieu du Moyen Âge et s'achève aujourd'hui. Au crime s'ajoutent les agressions, les atteintes aux biens, les délits en général.
Ville ouvrière, Paris a longtemps été une fourmilière où le vol, l'altercation et la rixe étaient monnaie courante. Le départ des classes populaires vers les banlieues a fait surgir une autre géographie mais, tandis que la courbe des homicides est en constante décrue, voyous et criminels parisiens à l'ancienne sont devenus, par un étonnant retour des choses, des figures familières de l'imaginaire urbain. -
Usages du faux : Faits divers et romans criminels au XIXe siècle
Dominique Kalifa, Marie-Ève Thérenty
- Editions De La Sorbonne
- Tires A Part
- 5 Septembre 2024
- 9791035109837
Extrait d'une revue ou d'un ouvrage relié à part en un petit livret.
Destiné habituellement à faire connaître un article récemment publié, la collection détourne l'usage et la fonction du tiré à part pour inviter à la (re)découverte d'un texte.
En lieu et place du traditionnel mot d'accompagnement de l'auteur, Marie-Ève Thérenty partage ici, dans une courte présentation, son expérience de lecture de : « Usages du faux. Faits divers et romans criminels au XIXe siècle » de Dominique Kalifa. -
Les noms d'époque ; de "Restauration" à "années de plomb"
Dominique Kalifa
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Histoires
- 23 Janvier 2020
- 9782072763830
Depuis que l'on s'est progressivement convaincus, à la fin du XXe siècle, que le véritable sujet de l'Histoire, c'est le temps, les historiens se sont beaucoup interrogés sur la manière dont on le découpe (le « siècle » par exemple), dont on le périodise, dont on le caractérise. Ainsi s'est récemment développée l'étude des noms par lesquels une « époque » se caractérise. Nous sommes familiers des noms classiques des catégories du temps, Antiquité, Renaissance, Ancien Régime. Familiers aussi des noms plus récents comme « la Belle époque ».
C'est précisément en étudiant comment, quand s'est constituée cette expression, les différentes significations qu'elle a revêtues dans les années vingt, trente, quarante, etc. - dans le vocabulaire commun, la littérature, le cinéma, les chansons, etc. - que Dominique Kalifa a eu l'idée d'appliquer ce que l'on appelle en langage savant, la « chrononymie » des périodes, les noms dont on caractérise les époques depuis la Révolution ou les noms dont elle s'affuble elle-même et qui lui restent.
Il ne pouvait être question que d'exemples empruntés aux différents pays européens : depuis la « Restauration » et le « Risorgimento » jusqu'à l'» année 0 » et les « Trente Glorieuses ».
Cette dénomination des temps s'inscrit dans des registres complexes du découpage du temps. L'opération ne consiste pas à dénoncer ce que l'expression a de fallacieux (comme la « Belle époque » ou les « Trente Glorieuses »). Mais cerner la genèse de ces expressions, peser leur poids mémoriel, analyser leurs sédimentations est à coup sûr une manière éclairante et pleine d'intérêt d'interroger l'Histoire et le temps.
Sous la direction de Dominique Kalifa.
COAUTEUR Pascal Ory.
COAUTEUR Philippe Boutry.
COAUTEUR Emmanuelle Retaillaud.
COAUTEUR Laurent Douzou.
EDITEUR BIBLIOGRAPHIQUE Dominique Kalifa.
COAUTEUR Johann Chapoutot.
COAUTEUR Jean-Claude Caron.
COAUTEUR Venita Datta.
COAUTEUR Jeanne Moisand.
COAUTEUR Marie-Pierre Rey.
COAUTEUR Willa Z. Silverman.
COAUTEUR Isabelle Sommier.
COAUTEUR Carlotta Sorba.
COAUTEUR Miles Taylor.
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Paris ; une histoire érotique, d'Offenbach aux Sixties
Dominique Kalifa
- Payot
- 3 Octobre 2018
- 9782228922098
Paris, capitale de l'amour ? En tout cas, c'est probablement la seule ville au monde dont on puisse dire qu'elle provoque tous les fantasmes, au point qu'on a pu parler, en 1869, de "parisine", le parfum sensuel qui émane du sol de Paris. On trouvera dans ce livre de l'historien Dominique Kalifa une foule d'anecdotes et de faits curieux : la carte imaginaire des adultères, arrondissement par arrondissement, établie en 1928 ; Léon Blum suivant une femme dans la rue ; Landru repérant ses victimes dans le métro ; ou encore des sections consacrées aux petits salons des restaurants, à l'amour dans les fiacres ou sous les portes cochères, aux rencontres amoureuses dans le métro ou, comme Marguerite Duras dans les années 1930, dans les piscines municipales, etc. Mais on pourra également lire ce «Paris» comme l'histoire sur un siècle, de 1860 aux années 1960, de la conquête de la ville, de l'espace public, par les femmes.
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La « Belle Époque », qui désigne les quinze premières années du XXe siècle, fait partie de notre héritage culturel. Mais sait-on vraiment ce que recouvre cette notion et les différents usages qu'on en a faits ? Ce livre raconte quand et comment l'expression fut forgée - beaucoup plus tard qu'on ne l'a dit - et retrace les multiples visages d'une période perçue, en France et à l'étranger, comme un moment heureux, emblématique d'un certain art de vivre « à la française ». Un instant privilégié d'insouciance et de joie de vivre, de froufrous et de flonflons, d'audaces esthétiques et d'innovations scientifiques. Le Moulin-Rouge voisine avec l'Exposition, Toulouse-Lautrec dialogue avec Marie Curie et la belle Otero, Fantômas inaugure l'écriture automatique.
Traquant les représentations de « 1900 » que nous ont données les mémoires et les souvenirs, la littérature et le cinéma, l'art et l'histoire, Dominique Kalifa lève le voile sur un pan méconnu de notre contemporain, expliquant pourquoi nous avons eu besoin, depuis un siècle, d'inventer et de réinventer sans cesse ce moment pensé comme « fondateur ». Car la « Belle Époque » des années 1930 n'est pas celle qui triomphe dans le cinéma des années 1950 ou celle qui s'exhibe en 1980 dans les collections de cartes postales. C'est tout l'imaginaire et la nostalgie d'un monde perdu qui se découvrent, offrant une lecture originale de ce qu'est vraiment l'histoire : une méditation sur le temps et ses interactions.
Dominique Kalifa est professeur à la Sorbonne (Paris 1) et membre de l'Institut universitaire de France. Il a publié une dizaine de livres portant sur l'histoire des imaginaires et de la culture du contemporain, dont L'Encre et le sang (Fayard, 1995), La Culture de masse en France (La Découverte, 2001), Crime et culture au XIXe siècle (Perrin, 2005) et Les Bas-Fonds. Histoire d'un imaginaire (Seuil, 2013, prix Mauvais Genres). -
Histoire de la nuit des temps
Dominique Kalifa
- Editions De La Sorbonne
- Breves
- 24 Novembre 2022
- 9791035108236
Quels imaginaires recouvre cette expression qui nous renvoie à un début incertain ou à des origines obscures ? Qu'y avait-il même avant la « nuit des temps » ? Des ténèbres, le chaos, une vie littéralement pré-historique ?
Ce livre inachevé, qui donne accès au laboratoire de l'historien, peut se lire comme une enquête entre philosophie et anthropologie, littérature et ésotérisme, et comme une réflexion sur l'histoire et son écriture. -
L'Encre et le sang : Récits de crimes et société à la Belle Epoque
Dominique Kalifa
- Fayard
- 11 Octobre 1995
- 9782213595139
Casque d'Or et les apaches, Jules Bonnot et les premiers bandits en automobile, Fantômas, Rouletabille ou Zigomar, sans oublier les silhouettes inquiétantes qui s'agitent sur les écrans muets du cinématographe, la Belle Epoque a donné naissance à une mythologie flamboyante. A l'aube de la Grande Guerre, en effet, la ferveur pour les récits de crimes devient un véritable phénomène de société. Tandis que la presse ouvre grand ses colonnes aux faits divers criminels et que triomphe la chanson de pègres, romans policiers et films de détectives attirent un public de plus en plus large, fasciné par un nouvel imaginaire fait d'empreintes sanglantes et de pas dans la neige, d'indices ténus et de cryptogrammes mystérieux.Au coeur de cet engouement, le reporter s'impose comme l'incarnation de l'aventure et de l'héroïsme. L'écriture du fait divers se professionnalise et l'on commence à voir dans l'enquête une nouvelle manière d'interpréter le monde.Mais tant de récits de crimes et de constats alarmistes ne menacent-ils pas la " sécurité publique "? Déjà, certains s'inquiètent. Pour la presse, qui se veut le gardien vigilant de l' " opinion " et revendique depuis l'affaire Dreyfus sa place dans le débat public, la fabrique du crime est un excellent moyen d'investir la Cité et d'affirmer son rôle.Ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé d'histoire, Dominique Kalifa est maître de conférences à l'université de Paris-VII.
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Histoire des détectives privés en France (1832-1942)
Dominique Kalifa
- Nouveau Monde
- Chronos
- 24 Mars 2021
- 9782380941753
En novembre 1832, Vidocq, ancien chef emblématique de la Sûreté, crée le « Bureau de renseignements universels dans l'intérêt du commerce ». Ses agents ont pour mission de traquer dans le Paris de la monarchie de Juillet les escrocs en tout genre qui nuisent à la bonne marche des affaires. La police privée est alors une activité en plein essor. Peu à peu, les praticiens de ce nouveau métier passent de la surveillance des escrocs à la chasse aux criminels. Le détective devient une figure populaire incontournable, mais sa réputation sulfureuse le condamne très vite à la marginalité. Loin de l'image prestigieuse associée aux figures de Sherlock Holmes en Angleterre ou de véritables détectives comme Allan Pinkerton aux États-Unis, le détective français ne s'est pas imposé sans peine dans le monde judiciaire hexagonal.
Peut-être parce que comme nous le dit l'historien, cet homme de l'ombre, « qui détient l'explication du monde social, qui ouvre et qui referme les portes comme il l'entend », a très vite représenté aux yeux de l'institution policière, une concurrence difficile à tolérer.
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L'enquête judiciaire en Europe au XIXe siècle
Jean-claude Farcy, Dominique Kalifa, Jean-noël Luc
- Creaphis
- 13 Septembre 2007
- 9782913610927
Comment appréhender les réalités criminelles ? L'enquête judiciaire s'attache à élucider les transgressions, à les construire comme « réalité » sociale. Mais l'opération judiciaire n'est ni mécanique, ni homogène. Elle constitue au XIXe siècle un enjeu majeur de l'ordre social, un instrument de sa protection, un outil de sa reproduction. Rétablir l'ordre importe souvent davantage qu'établir la vérité, et l'enjeu répressif domine. La conjoncture politique, les conflits de classe, les préjugés pèsent sur le déroulement de l'enquête. L'investigation « scientifique » est marginale, l'élucidation rare. En dépit de la méfiance qu'il suscite, c'est le témoignage qui gouverne l'enquête, avec ses mensonges et ses approximations, ses préjugés et ses stéréotypes, ses intimidations et ses règlements de comptes. Et ce sont l'aveu et la dénonciation qui sont plébiscités par des services de police dont la puissance s'affirme tout au long du siècle. Quel est le rôle véritable de la culture indiciaire, probatoire, technique, promue par la modernité judiciaire qui se veut rationnelle et scientifique et voudrait que l'enquête soit une « mécanique judiciaire » ? Des « progrès », sans doute, sont indéniables. Les procédures s'améliorent, le nombre des « actes » d'enquête augmente, les outils se perfectionnent : plans, relevés techniques, photographies se multiplient. Certains parlent de triomphe de la police technique au début du XXe siècle ; mais ces pratiques se limitent à un type très particulier de crimes, ou affaires retentissantes. Ce livre éclaire le fonctionnement des enquêtes dans l'Europe du XIXe siècle, censé être celui des « progrès » de la rationalité judiciaire.
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Sociétés & Représentations n.52 : la semaine
Dominique Kalifa, Marie-Ève Thérenty
- Editions De La Sorbonne
- Societes & Representations
- 25 Novembre 2021
- 9791035106638
Ce numéro réfléchit à l'invention du rythme de la semaine dans une perspective d'histoire culturelle et interroge les usages renouvelés de cette découpe du temps. A l'heure d'une déprise rapide du temps religieux à l'époque contemporaine, comment la semaine réorganise-t-elle le temps social et personnel ? Comment expliquer que, malgré de multiples tentatives (calendrier républicain, calendrier soviétique...), aucun rythme concurrent à la semaine n'ait pu s'imposer ? Les contributeurs s'intéressent notamment à l'émergence et au développement de la semaine de travail, de la semaine scolaire et de la semaine des loisirs comme explications de cette hebdomadairisation de la société. Ils font aussi l'hypothèse que les médias non seulement s'adossent à une découpe largement hebdomadaire du temps mais qu'ils la renforcent considérablement. A côté d'études panoramiques, certains articles traitent de situations particulières pour montrer que du premier ministre à l'interné dans un asile, nul n'échappe au rythme de la semaine.