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Emilie Panisset
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Composé comme un puzzle, Burrito nous entraîne dans un village de l'Amazonie péruvienne à travers le portrait d'un homme, un borracho, (un ivrogne) risée du village, souffre-douleur de ses concitoyens dont le destin va peu à peu se révéler à nous. Canevas tressé par quatre voix - dont la sienne, qui ouvre le roman -, ce sera au lecteur de replacer chacune des pièces afin de voir apparaître le portrait dans son ensemble. Un roman qui, sans jamais traîner, avance à pas lourds sous le soleil implacable de l'Équateur. Et ce n'est pas là la moindre de ses réussites.
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Théo va mourir. Sans pathos, Il pose, sur sa maladie, sa mort prochaine, l'attitude de ses proches ou les autres malades, un regard lucide, cruel, ironique. Théo se confie à son « Journal du chaos ». Il écrit ses angoisses, sa haine d'un monde fait d'apparences, de convenances, décrit la puissance du désir, libéré par l'approche de la mort. Théo n'a pas le temps de tergiverser, mentir, tourner autour du pot. Théo n'a que treize ans. Et il va mourir.
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Ogresse aux seins lourds, la nuit m'avale. Écrasée sous la chair moite et molle, je suffoque, ne sais où reprendre mon souffle.
Ma nuit est transpercée de la lumière froide des néons. La lueur glauque me traque, elle peint ma peau d'une couleur maladive. Le claquètement des machines s'insinue sous ma peau, le rythme lancinant joue avec mes nerfs.
Mon silence nocturne est peuplé de cris. Grincements de dents, plaintes de douleur, terreurs à peine murmurées. Ma nuit-ogresse déborde du trop-plein des enfermés.
Ma voisine de chambre ronfle à en déchirer le ciel. Elle emplit mon calvaire nocturne d'un grognement d'ours. Nous sommes les femelles ourses emmurées dans une grotte. Je m'entends gémir, je plaque ma main sur ma bouche, tais-toi, tais-toi, si tu commences à gémir tu vas saturer la nuit, après viendront les grincements de dents et plus tard, plus tard les sanglots de crocodile. Je me tais et me terre en moi-même. -
Aussi loin que remonte sa mémoire, Emilie Panisset se souvient avoir voulu faire de l'écriture son métier, sa seule passion, sa respiration. Alors, comme c'est souvent le cas, elle s'est laissée aller à poursuivre des études qui, pour nombre d'entre elles, n'étaient pas la voie toute désignée pour aller à la rencontre de son désir le plus cher. Pour autant... Pour autant, ce désir, ce besoin de mettre noir sur blanc ce qu'elle avait dans les tripes ne l'ont jamais quittée, au point qu'elle prétend avec un sourire ne pas avoir passé une journée sans écrire, ne serait-ce que quelques mots. Le présent recueil est son 8ème ouvrage publié. Et les mots qu'elle y « crache » sans jamais aucune haine, mais avec une force propre à abattre toutes nos défenses sont à la mesure de ses précédents opus. Remarquables.
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Les gens heureux n'ont pas d'histoire. La vie de Pablo, elle, en regorge. Histoires brûlantes, joyeuses, violentes. Histoires de soleil, d'amitié, de militantisme. Histoires d'amour, aussi, même si elles ne disent pas toujours leur nom. C'est si court la vie d'un homme. Celle de Pablo aura été intense, passionnante, dure et drôle. Entre l'Algérie où il est né, et la France où il va mourir.
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Emilie Panisset-Barachant écrit des mots à nu,sans appel et sans miséricorde,au plus près de la sensation vraie,directs comme des uppercuts,traversés d'images qui émergent à la façon de « sourires de victoire,celle de la poésiesur le prosaïsme cruel de la vie courante. Pierre Lepère
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Les textes rassemblés dans cet ouvrage sont le résultat d'un travail accompli au cours d'une résidence d'auteur(e)s qui s'est déroulée à POULX en 2017 à l'initiative du groupe chinois TAETEA.Emilie Panisset-Barachant fait ici la démonstration de son talent pour les formes brèves et de son goût pour les histoires "dures". Un régal de noirceurElle est d'autre part l'auteure de plusieurs romans, dont le premier "Mets de l'huile", faisait la part belle à l'humour grinçant. "K O" nous plongeait au coeur d'une unité pour enfants cancéreux. Burrito traçait le portrait d'un ivrogne ancien boxeur célèbre à Lima, qui faisait remonter ce qu'il y a de pire en l'être humain, mais aussi de meilleur. Avec "De poussière et de vent", Emilie Panisset-Barachant nous livrait un long poème lyrique et halluciné, inspiré d'un séjour dans le désert de Nazca. Avec "Le chat et autres histoires", elle nous offre une nouvelle version de son style multiforme, incisif, sans fioritures, allant à l'essentiel.
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Approchez, Mesdames et Messieurs,Don Juan et pucelles effarouchées,
Obsédés de la bagatelle et blasés des polissonneries,
Venez tous !
Vous êtes les bienvenus
Au Grand Cirque de l'Amour !
Que dis-je, de l'amour...
Des amours !
Ouvrez grand la bouche,
Fermez fort les yeux,
Ça va secouer,
Le tsunami de l'affect !
Nous vous servirons,
Sur un plateau de chair et de cendre,
Le corps amoureux comme si vous y étiez !
Écartelé ou extatique,
Envoûté ou écoeuré,
Vous en voulez du corps ?
Vous en aurez !
Et de l'âme, ma petite dame,
On vous la coupe en tranches ?
A consommer sur place
Ou à emporter chez tonton Lacan ?
Vous avez déjà le tournis ?
Accrochez-vous,
Attachez vos ceintures de chasteté,
Ce n'est que le début !
Allez, tous à bord,
Les amours n+'attendent pas !
Entrez, entrez maintenant
Dans le capharnaüm du coeur
Non, des coeurs.
Ils étaient trois.
Quatre avec les ténèbres... -
Récit onirique, De poussière et de vent nous fait pénétrer dans les rêves d'un homme dont la mission sur terre est de garder, préserver les géoglyphes tracés par la civilisation des Nazcas entre 300 avant et 800 après JC dans le désert qui porte leur nom et qui, pour la plupart, représentent des animaux. Ces rêves sont tout peuplés de l'étrange et énigmatique rapport qu'entretient cet homme avec le singe, que ce soit à l'état de veille ou de sommeil. Quel message le facétieux animal tente-t-il de lui délivrer ?La plume d'Emilie Panisset-Barachant nous plonge, par la magie d'un verbe à la poésie sèche et sans fioritures, dans un état hypnotique dont on ne sort pas indemne et qui laisse durablement sa trace en nous comme la civilisation des Nazcas a laissé la sienne dans le désert depuis des centaines d'années.