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LA DELIRANTE
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Dans ce récit bref et mouvementé, paru à La Délirante avant de l'être en allemand, Ernst Jünger nous entraîne dans une traversée insolite en taxi d'un Paris fantastique un jour de grève, depuis une escale impromptue à Orly jusqu'à Montmartre où culmine le cauchemar, en passant par un curieux musée Henri IV au milieu d'une forêt, prétexte à l'évocation d'anecdotes le concernant, et un café sur les Champs-Elysées dont le garçon, Freddy, décide de lui faire crédit et de lui servir de guide dans une atmosphère de fin du monde. Le texte est illustré d'une dizaine de dessins à pleine page et de nombreuses vignettes spécialement réalisées pour cet ouvrage par le peintre allemand Horst Janssen. On pense aux gravures de Meryon et au Kubin de L'Autre côté, que Jünger avait connu.
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Cent aphorismes, extraits de Blätter une Steine, paru en 1934, et traduits par Henri Thomas, le passeur inspiré des Falaises de marbre et Coeur aventureux, édités dans une mise en page aussi rigoureuse qu'aérée pour le centenaire de leur auteur.
« Dans une prose qui renonce aux conclusions, il faut que les phrases soient comme graines et semences. », « Au domaine de la plus haute décision, la volonté n'a pas accès. », « Les déesses ne livrent que leurs statues. », « L'Eros de la brève rencontre n'est pas moindre. Il est autre. », « Qui veut tout décrire, mure les fenêtres du langage. »
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Cet ouvrage rassemble les récits de deux séjours que fit Jünger, dans les années cinquante, à San Pietro et à Serpentara, deux îlots au sud-ouest de la Sardaigne. Et c'est naturellement, comme au vu de cette double insularité, par une digression sur l'île, lieu géographique mais mental aussi qu'ouvrent ces pages. Est-ce parce que les îles ont souvent été le lieu des utopies (Robinson Crusoë par exemple) que nous découvrons avec émerveillement dans ce texte la société des pêcheurs dans une description presque hésiodienne ? Il y a en effet comme un âge d'or patriarcal qui affleure et auréole les faits et geste quotidiens des insulaires auprès desquels Jünger revêt, comme malgré lui, la taille d'un Gulliver chez les Lilliputiens.
Le récit culmine dans la description dramatique d'une pêche au thon comme au temps des phéniciens, cérémonial barbare, mais première forme de culture tout autant, quelque chose d'une tauromachie marine avec ses règles, ses rituels, millénaires dirait-on, et dont Jünger nous fait partager la fascination.
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« Le Mantrana est un jeu de dominos à deux et trois dimensions joué avec des maximes qu'on appellera des pierres », écrit en préambule l'auteur d'Orages d'acier, des Falaises de marbre et du Coeur aventureux.
Pierre Morel nous livre ici une traduction si lumineuse qu'elle se passe de toute explication. « Certains degrés de la jouissance ressemblent aux tourments des damnés. Mais l'erreur s'insinue aussi bien goutte à goutte dans les conversations de deux sages. », « Le chiffre n'a pas été découvert, il a été inventé, et il n'a pas d'égal dans l'empire des inventions. », « Quand tous sont pour nous, il y a grand danger. », « Un esprit qui n'admire pas ne mérite pas non plus l'admiration. », et enfin « L'obscurité devrait présager l'incommunicable, non l'incapacité à communiquer. »