La radicalisation est un phénomène vieux comme le monde, mais c'est surtout après les attentats du 11 septembre aux États-Unis qu'il a connu son heure de gloire dans les analyses des sciences sociales ainsi que dans les organismes de sécurité des différents pays. Dans le monde anglo-saxon, le nombre d'ouvrages et d'articles qui lui sont consacrés se compte par milliers, en France pour des raisons idéologiques la notion est plutôt marginalisée.Par son ouvrage, Farhad Khosrokhavar entend combler ce vide. Il réfléchit aux causes subjectives, mais aussi et surtout sociales, politiques, idéologiques qui font qu'un individu se radicalise et se fige dans cette attitude d'inflexibilité, de violence et de guerre totale contre la société.Il suit les méandres de ce phénomène en se concentrant sur l'islam radical, tout en soulignant que ce n'est pas le seul registre qui combine l'action violente et une vision idéologique extrémiste.L'ouvrage propose une interprétation des phénomènes de radicalisation jihadiste en Europe et dans le monde arabe et se conclut sur une analyse d'un nouveau type de radicalisation, celui qui résulte de l'afflux des jeunes Européens vers la Syrie.
La mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, a provoqué en Iran une vague de contestation sans précédent, devenue depuis insurrection. Venu fissurer et souligner la déconnexion totale du régime avec sa société, ce mouvement de révolte a révélé l'illégitimité d'un État de non-droit et le refus de sa jeunesse à ployer sous son joug.
Prisonnier d'une vision théocratique, anti-occidentale, antimoderne et antidémocratique, sans ancrage dans la réalité culturelle du pays, l'Iran gronde de griefs aussi politiques et économiques qu'écologiques. Sans compter, sur le plan anthropologique, cette « joie de vivre » que revendique le mouvement, en complète contradiction avec une conception mortifère de l'existence qui promeut le martyre comme idéal de vie.
Cependant, en dépit de la répression massive qui s'abat sur la société iranienne depuis plus de quatre décennies, malgré la main mise totale du régime sur les institutions et les médias, force est de reconnaître l'échec de la République islamique à embrigader et asservir la société, notamment la jeune génération.
Éclairant le mouvement à la lumière d'une nouvelle subjectivité iranienne, de l'évolution de la République islamique et, enfin, de ses échecs, Farhad Khosrokhavar décrypte les particularités d'un mouvement où la jeunesse - en particulier les femmes - est à l'avant-garde. Une analyse critique et détaillée des composantes du système pour comprendre le paradoxe de l'Iran : une société de plus en plus sécularisée et un État de moins en moins en mesure d'en comprendre l'évolution.
Le monde, depuis le 11 septembre 2001, se trouve face à la monstruosité du terrorisme islamiste. Le problème urgent est de se demander avant tout ce qui se passe dans la tête de ces individus dont la plupart ne sont pas des pauvres ou des laissés pour compte. On se demande aussi combien de sortes d'individus sont impliqués. Il y en a qui sont issus des pays musulmans, d'autres sont d'origine immigrée nord-africaine, pakistanaise et même de la Corne noire d'Afrique, d'autres enfin, des convertis d'origine européenne. Il y en a des couches moyennes mais aussi, des exclus.
Face à cette diversité vertigineuse de provenance et de classes sociales, il y a un moyen privilégié pour comprendre leurs motivations. Farhad Khosrokhavar a mené des entretiens exhaustifs en prison avec des membres d'Al Qaïda, mais aussi des islamistes français, de jeunes délinquants qui se réclament de l'islam et des convertis. Il nous livre le monde de la vie de ces gens qui présentent d'énormes différences entre eux, mais partagent quelques traits en commun : être prêts à mourir pour la cause sacrée d'Allah, la haine d'un Occident imaginaire, la redécouverte souvent mythique de l'islam et le sentiment de vivre dans un monde où celui-ci est en danger de mort. Sur fond d'une humiliation par procuration, ils dénoncent l'arrogance occidentale, mais expriment aussi leur propre désarroi face à un monde qui leur échappe.
Ce travail montre qu'il n'existe pas une sorte de terroriste islamiste mais quatre, selon son psychisme et sa construction du sacré et du profane. Cette étude est la seule qui existe dans le monde sur la base d'entretiens librement consentis par des islamistes et des membres d'Al Qaïda en prison. Elle livre le monde imaginaire des terroristes et de ceux qui peuvent le devenir s'il n'y a pas une mobilisation contre l'intolérance, le racisme et l'abandon du monde soit à la répression pure, soit à l'angélisme total.
Le jihadisme est un fait social total, résultant de facteurs urbains, sociaux, anthropologiques, politiques, mais aussi psychopathologiques.
De l'Europe à l'Amérique du Nord, en passant par l'Australie et l'Afrique du Nord, Farhad Khosrokhavar a analysé les situations « jihadogènes » qui favorisent la radicalisation. Son enquête au coeur des cellules terroristes, dans les villes et les banlieues, révèle les points communs entre ces candidats occidentaux au jihad - adolescentes et adolescents, jeunes à problèmes psychosociaux, convertis et recruteurs - mais aussi leur incroyable diversité...
Dans cet état des lieux complet, fruit de dix ans de recherche, l'auteur décrypte l'environnement et le profil de plus d'une centaine de jihadistes occidentaux pour comprendre l'origine de leur haine et le moteur de leur passage à l'acte.
De cette formidable somme de faits et de témoignages ressort un constat sans appel : le succès du jihad chez les jeunes met en lumière la crise de nos démocraties, en quête de sens et de savoir-vivre ensemble. Cette crise est profonde, ses conséquences risquent d'être durables.
Réalisés auprès de prisonniers par un sociologue musulman, ces entretiens cherchent à comprendre les motivations d'islamistes, maghrébins ou français, accusés d'appartenir à Al-Quaïda. Ainsi, il apparaît que l'islamisme radical se situe souvent à la croisée d'une histoire personnelle et d'une situation sociale et politique globale. Pour la première fois, des djihadistes confirmés révèlent leur conception du monde actuel et les raisons de leur combat. Un document exceptionnel.
Pourquoi il est impératif de rapatrier les enfants français et leurs mères djihadistes?
200 enfants français et leurs mères sont toujours détenus dans des camps en Syrie et dans des conditions inhumaines .Ces enfants sont innocents des crimes de leurs parents .L'Auteur décortique les raisons et l'urgence à mettre en place un processus de rapatriement . Pour ne pas créer une génération désespérée et donc potentiellement dangereuse.
Voyage au coeur du fondamentalisme - à Qom, la capitale des ayatollahs, l'une des deux villes saintes d'Iran. Là où les " moeurs à la téhéranaise " sont synonymes de dépravation.
Lieu de prédilection des chiites pieux à l'échelle mondiale, Qom possède le privilège d'héberger le tombeau de la sainte Ma'soumeh, soeur de l'imam Réza, morte en 816. En 1961-1962, la ville fut le lieu de la révolte de l'ayatollah Khomeiny contre la monarchie autoritaire et laïque du chah. Ville dévote et fermée, Qom est perçue par une partie des siens comme profondément hypocrite et, surtout, d'un ennui mortel.
Notre Occident est à des années lumière de Qom. Peut-on seulement imaginer ce que c'est qu'avoir vingt ans dans une ville sainte chiite ? Dans cet ordre religieux hyper-répressif, la vie familiale, les relations, les loisirs. tout s'organise autour des normes islamiques. Les jeunes n'ont d'autre choix que de se soumettre.
" - Écoutez-vous de la musique ?
- J'essaie d'écouter de la musique qui ne soit pas trop gaie, je n'écoute pas de chanson, quand même.
- Pensez-vous que c'est un péché d'en écouter ?
- Même si ce n'en est pas un, cela laisse des empreintes sur mon esprit. Quand j'écoute des chansons dans un mariage, à la maison, pendant une semaine ou deux, je les chante dans ma tête et cela laisse une influence négative. " Farhad Khosrokhavar est le seul sociologue à avoir pu mener une telle enquête en Iran. Durant trois ans sur place, il a conduit des centaines d'entretiens auprès de jeunes Iraniens de vingt à trente ans, à Téhéran, Qazvin et Qom, pour explorer au plus profond ce monde que tout oppose au nôtre.
Les sciences sociales en Occident s'occupent de manière écrasante d'objets et de sujets laïcs. Il est de plus en plus difficile de saisir l'importance de la religion comme un ingrédient essentiel, " mortellement sérieux " dans la vie des gens. Ce livre est l'occasion d'une plongée dans cet autre univers.
Comment la compréhension mutuelle des uns et des autres est-elle possible dans nos sociétés à culture plurielle ? Comment réfléchir sur les malentendus entre le soi et les autres, mais aussi, entre soi et soi, et plus radicalement encore, entre la vie que l'on mène et la mort qui survient, ou la joie que l'on éprouve et la rupture intérieure qui peut se faire sentir à tout moment ?
Comment comprendre l'impersonnalité du monde et le sentiment de perte de soi au sein de la même culture ou dans l'échange entre plusieurs sous-cultures ? Comment être européen d'un côté français, allemand, italien ou anglais tout en étant breton, alsacien, bavarois, écossais ou sicilien ?
Enfin, comment comprendre le travail, les idéalités mathématiques, la domination sociale, les fusions affectives dans la foule en transe et les religiosités multiples dans notre modernité tardive ?
Toutes ces questions sont susceptibles d'un traitement philosophique à partir de l'analyse de l'ego, en s'inspirant des acquis de la tradition transcendantaliste, phénoménologique, intersubjectiviste et spiritualiste de la pensée spéculative.
L'auteur tente de construire un sujet pur qui puisse relever le défi des multiples appartenances auxquelles est exposé l'homme moderne. Celui-ci est déchiré, mais il est aussi à même de vivre sa vérité en tant que homo viator.
Farhad Khosrokhavar a mené cinq ans d'enquête exceptionnelle dans quatre grandes prisons françaises : Fleury-Mérogis, Fresnes, Lilles-Sequedin et Saint-Maur. Il dresse un état des lieux en forme de réquisitoire sur le milieu carcéral français.
Le sociologue est parvenu à se faire ouvrir toutes les portes, à rencontrer détenus (du petit délinquant au criminel dangereux), surveillants et directeurs pénitentiaires. À tous, dans ce livre unique, il donne pour la première fois la parole. Du Blanc (comprendre français d'origine non-immigrée) aux jeunes de banlieues en passant par les « fous » et les braqueurs vedettes, la population carcérale est aussi représentée dans sa diversité sociale.
Au coeur de l'enquête, l'auteur montre comment la prison constitue un terreau fertile pour les apprentis jihadistes et un vivier de recrutement pour les plus aguerris. Tandis que les attentats terroristes et les départs pour le jihad se multiplient, le sociologue met au jour les puissants processus de radicalisation en prison, et explique en s'appuyant sur les divers récits comment l'enrôlement se produit.
Stupéfiant.
Ce livre a la prétention de combiner une double analyse : celle de la théologie ainsi que celle d'une socio-anthropologie de la religion au 20° et 21ième siècles. Il s'agit d'une analyse sociologique et théologique croisée des deux grands monothéismes.
Ce travail ne fait évidemment pas la recension de toutes les théologies de l'islam et du christianisme dans les deux derniers siècles. Bon nombre de pensées originales ne seront pas mentionnées. Son but n'est pas la compilation des idées, mais la sélection de celles qui traitent des sujets marquant la relation entre les sociétés avec le sacré dans une perspective comparatiste entre la religion d'Allah et celle du Christ. Les auteurs dévoilent le rôle de la réflexion critique chez les penseurs des deux religions et la manière dont celle-ci révèle en creux les problèmes sociaux et anthropologiques des sociétés, notamment eu égard à la sécularisation, à la domination, aux crises politiques. L'ouvrage s'attachera à décrypter la crise de la construction de l'individu face à la croyance. Beaucoup de croyants musulmans apparaissent encore dépendants de la communauté croyante (l'Umma) dont ils « se dé-sinsèrent » péniblement, douloureusement, notamment à cause d'une modernité qui est moins promesse de bonheur dans l'avenir que constat du malheur dans le présent. Ce constat se double de l' analyse socio-anthropologique des sociétés musulmanes en transition et des sociétés chrétiennes qui sont, elles, sécularisées. Société chrétienne dans laquelle l'individu fait face à un effacement de la pratique de la Religion.
La théologie apparaît dans cet ouvrage dense comme un bon indicateur de l'état d'âme des sociétés, de leurs problèmes, de leurs solutions imaginaires, de leurs blocages, mais aussi de leur émancipation. Passionnant pour comprendre les crises actuelles.
Elles sont environ cinq cents à avoir choisi de rallier Daech. Comment penser ce phénomène et l'ampleur qu'il a prise en Europe, au point que, en 2015, le nombre de candidates au départ est devenu presque égal à celui des hommes ? Quelles sont les motivations et les aspirations de ces jeunes femmes et parfois toutes jeunes filles ?
En mettant en oeuvre d'une manière complémentaire les approche sociologique et psychanalytique, ce livre propose d'abord des analyses qui se fondent sur des critères objectifs (âge, classe sociale, lieu de résidence, culture musulmane ou conversion, etc.). Il éclaire ensuite les ressorts subjectifs de l'adhésion à ce régime violemment oppressif qui dénie aux jeunes femmes les acquis de l'émancipation féminine mais leur donne paradoxalement le sentiment d'exister enfin en tant qu'épouse de combattant et mère de "lionceaux", promis au combat comme leurs maris le sont à la mort.
Il faut s'intéresser à l'attrait qu'exerce une telle régression car il est probable qu'il constitue l'un des marqueurs de notre modernité.
En France, les juifs sont inquiets, ils constatent que l'antisémitisme dans le pays s'étend et revêt un tour meurtrier. Les musulmans, eux, sont soupçonnés de passivité ou de compréhension pour le djihadisme, leur intégration bute sur le racisme et les discriminations, et leur seule existence sur notre territoire a relancé les passions relatives à la laïcité. Enfin, notre république est en crise, impuissante bien souvent à se conformer à son propre idéal d'égalité et de fraternité.
Il est temps de transformer cette crise en débat et de repenser le vivre-ensemble. C'est ce que propose ce livre, à partir d'une hypothèse originale : les juifs et les musulmans, au-delà de ce qui les sépare, ne sont-ils pas les mieux placés pour réfléchir à l'aggiornamento du modèle républicain français ? Pour permettre à la France de mieux affronter les grands périls actuels - le terrorisme, le racisme, la haine et l'intolérance - et pour préciser les contours d'un nouveau modèle à même de conjuguer les valeurs démocratiques et le respect ou la reconnaissance des particularismes ?
Farhad Khosrokhavar est spécialiste de la question de l'islam et de la radicalisation, Michel Wieviorka de la violence et de l'antisémitisme. Tous deux montrent par l'exemple comment musulmans et juifs peuvent contribuer à rebâtir activement notre république.
Les thèmes politiques et moraux n'appellent pas nécessairement l'écriture de livres compacts, de traités systématiques. Alain Touraine et Farhad Khosrokhavar adoptent ici la démarche inverse, celle du dialogue. Elle permet à Alain Touraine de pousser sa réflexion sur le sujet, travail qu'il avait initié dans Critique de la modernité (1992) et Pourrons-nous vivre ensemble ? (1997). Farhad Khosrokhavar l'accompagne dans sa réflexion, n'hésitant jamais à exprimer réserves et inquiétudes.
L'un et l'autre constatent que, face aux philosophies de l'histoire en ruines, à la pression de l'intérêt personnel et à l'autosatisfaction des tenants de l'ordre économique, l'individu d'aujourd'hui, pour retrouver le sens de sa vie, se tourne délibérément vers lui-même - et non plus vers le passé, l'avenir ou le présent comme ce fut longtemps le cas. C'est en lui qu'il découvre le désir de se construire comme sujet de sa propre existence. Dès lors, l'action collective s'incarne dans des mouvements plus culturels que sociaux.
On l'aura compris, c'est plus de l'individu que de la société dont parlent ici les sociologues, hantés par une question qui traverse tout le livre : la recherche de soi peut-elle nous apprendre à vivre ?
Alain Touraine et Farhad Khosrokhavar sont directeurs d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et chercheurs au Centre d'analyse et d'intervention sociologiques (CADIS), fondé par le premier.
Plus que jamais l'Iran s'impose comme un sujet majeur de la vie politique internationale contemporaine. La crise qui oppose Téhéran à Washington peut connaître différentes issues. Si le pays ne plie pas face à ce qui est qualifié parfois d'imperium américain, alors il aura prouvé qu'il existe la possibilité d'une certaine forme d'autonomie stratégique pour une puissance moyenne, en tout cas, dans sa zone d'influence traditionnelle. Mais le prix à payer risque d'être considérable pour un pays déjà éprouvé par les effets délétères de sanctions unilatérales et/ou internationales et confronté à des contestations récurrentes du régime.
L'islam radical est devenu mondial et s'intensifie. Face aux multiples questions que se pose le public sur ce sujet, trois spécialistes du terrorisme islamiste dressent un état des lieux des menaces encourues et des ripostes possibles.
Analysant l'aspect géopolitique du jihadisme, Philippe Migaux présente ses différents acteurs, leur longue construction idéologique, leur capacité d'évolution stratégique, leurs modes de pression, leurs vecteurs de communication, leurs filières de contact ou de formation, leurs objectifs, mais aussi leurs dissensions internes et leur fragmentation nouvelle.
Traitant l'angle sociologique, Farhad Khosrokhavar explique comment les jihadistes arrivent à séduire dans le monde musulman comme en Occident, chez les minorités musulmanes comme auprès d'une nouvelle génération de convertis ; pourquoi des femmes sont attirées par cette vision qui, pourtant, les marginalise ; et comment cette version extrémiste de l'islam a pu proposer une forme totalitaire du « tout religieux ».
Abordant l'aspect judiciaire, David Bénichou, juge antiterroriste, analyse les marges de manoeuvre de l'Occident et du monde musulman, et les moyens à mettre en oeuvre pour contrecarrer ce fléau contemporain.
Un ouvrage de référence pour comprendre et mieux combattre cette mouvance meurtrière qui prône la guerre sainte perpétuelle.