D'un côté, il est possible de montrer que la maladie est l'unique objet de la médecine scientifique. D'un autre côté, il est évident qu'un malade, toujours sujet, n'est pas réductible à sa maladie. De ces deux constats naît un problème. Quelle en est la source ? Et quels en sont les enjeux éthiques et économiques ?
L'injonction de qualité en tant que simple normalisation des pratiques et l'introduction du productivisme dans les hôpitaux sont-elles adaptées à la pertinence des soins ? Rentabilité et souci de véritable qualité (non quantifiable) ne sont-ils pas contradictoires dès lors qu'un soin n'est évidemment pas un bien de consommation ordinaire ?
Accompagner de réflexion éthique chaque acte médical, y compris le plus courant, peut-il contribuer au maintien d'une médecine oeuvrant à la solidarité nationale ?
La psychanalyse peut-elle orienter l'écoute d'un médecin et permettre une réponse non étroitement biomédicale à la demande d'un sujet ?
Telles sont quelques-unes des questions auxquelles tente de répondre cet essai, qui explore les limites de la médecine scientifique non pour la mettre en cause mais au contraire pour en accroître la pertinence.
La moelle épinière et l'encéphale sont faits de mêmes constituants histologiques (neurones, glie, vaisseaux, méninges) et ont en commun les mêmes grands processus pathologiques (vasculaires, tumoraux, inflammatoires, infectieux, etc.).
Cependant, les particularités anatomiques et physiologiques de la moelle impriment à sa pathologie des caractères propres. Ceux-ci concernent la sémiologie clinique et radiologique, mais aussi la fréquence relative des maladies. Ainsi, par exemple, les hémorragies et les métastases sont infiniment plus rares dans la moelle que dans l'encéphale.
C'est cette spécificité de la pathologie médullaire qui justifie l'inventaire précis et actualisé proposé dans cet ouvrage.
La richesse de l'iconographie y reflète bien la place stratégique de l'imagerie dans la démarche diagnostique.
Le Traité de Neurologie est né de la volonté de neurologues de la communauté francophone de mettre à la disposition de leurs collègues des connaissances qui sont trop souvent dispersées dans des ouvrages spécialisés, rançon de l'évolution naturelle de la discipline. Le choix de l'édition par fascicules répond à un double objectif : permettre la parution d'ouvrages consacrés à des pathologies regroupées par grands thèmes, sous l'autorité d'un ou de plusieurs coordinateurs, et faciliter ultérieurement leur réédition sans nuire à l'ensemble.
Le Traité de Neurologie constituera, du fait du nombre et de la diversité de ses fascicules, un ouvrage de référence en neurologie, reflet de la richesse et de la vitalité de cette discipline.
A partir de plusieurs histoires cliniques issues de leur pratique quotidienne, les auteurs, neurologues, tentent d'éclairer, dans sa complexité, le "symptôme somatomorphe" : symptôme qui, prenant la forme d'un symptôme du corps, n'est pourtant pas associé à une lésion pouvant en rendre compte.
Formation de l'inconscient, au même titre que le rêve ou le lapsus, le symptôme somatomorphe motiverait jusqu'à un tiers des demandes adressées au médecin, habituellement mal préparé à y répondre. Vérifier qu'il ne s'agit pas d'une pathologie organique constitue sa principale intervention. Tout en tenant compte des avancées récentes des neurosciences, les auteurs restituent dans leur pertinence clinique des concepts mis au jour par Freud puis Lacan pour comprendre les éléments constitutifs de ce type de symptôme et le sens qu'il peut avoir.
À partir de cet héritage, ils proposent au médecin de porter intérêt à l'histoire que lui raconte le sujet en se gardant bien d'interpréter à sa place. A l'horizon de cette position, la considération de la singularité absolue de chaque sujet apparaît comme un impératif éthique qui permet d'entendre la véritable demande adressée au soignant, et, par là, de soutenir un accompagnement thérapeutique.