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Ghyslain Lévy
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Le meurtre d'Abel par son frère Caïn est le premier homicide rapporté par le récit biblique. Il est aussi le premier fratricide à l'origine de l'Histoire humaine. Qu'est-ce qui aveugle de fureur un frère aîné, Caîn, envers son cadet, Abel, pour qu'il lui écrase la tête à coups de pierre ?
Partant de la violence énigmatique de ce mythe originaire, j'ai voulu interroger la complexité du lien fraternel, a priori celui de l'alliance, de l'amitié et de la solidarité. La fraternité ne contribue-t-elle pas aux valeurs démocratiques de nos idéaux républicains ?
L'histoire des jalousies et des rivalités envieuses n'est-elle pas également constitutive de la relation fraternelle, une histoire de violence passionnelle qu'on rencontre d'ailleurs bien souvent dans les cures analytiques ?
Je suivrai dans ce livre l'arrière-plan obscur de la relation entre frères, depuis les haines passionnelles se transmettant dans les familles, à travers les générations, jusqu'aux affrontements guerriers entre « pays-frères ». Notre actualité politique en Europe nous en fournit tous les jours l'illustration.
Je développerai aussi cette scène de l'affrontement mortel des frères comme le tragique grec nous la donne à voir, combat mortel entre les fils d'oedipe, Etéocle et Polynice, eux que leur père avait condamné à s'entretuer. Je prendrai également en compte la rivalité parfois féroce entre soeurs, surgissant souvent à l'occasion de la naissance d'une puinée, et source d'un sentiment d'exclusion, de rejet et de détresse chez l'aînée.
La haine fratricide traverse chaque génération, chaque communauté, chaque groupe, alimentant le désir de se venger, ce que j'examinerai à partir de l'offense ressentie et du sentiment d'injustice aujourd'hui si puissant dans l'espace sociétal.
Il nous faudra regarder un peu plus loin encore quand la destructivité et la jalousie envieuse entre frères, mais aussi le sentiment d'injustice s'étendent sur le plan collectif aux semblables, en des moments de crise tels que nous les avons connus récemment. Le lien de solidarité qui habituellement réunit et rassemble, s'affaisse. La crise collective désagrège alors le collectif, l'atomise en de multiples narcisses étrangers et ennemis les uns des autres. La panique politique et la discorde civile menacent quand le sentiment d'inégalité, d'injustice, vient offenser l'appartenance à un ensemble et le lien de fraternité qui le constitue.
Dans une autre direction, je propose de m'arrêter sur la question du frère, comme un fil rouge dans l'histoire de Sigmund Freud, aussi bien dans son histoire biographique que dans l'histoire de l'écriture de la psychanalyse . On suivra ce fil rouge à partir de cette « lettre au frère » qui renvoie au « Trouble d'un souvenir devant l'Acropole » (1936), et du souvenir de « L'enfant à la bobine » (1920 ) par lequel Freud retrouve son complexe fraternel. Pour conclure c'est dans ma pratique analytique des adolescents et des jeunes adultes, entre désir parricide et fantasme matricide, que j'ai trouvé la question du frère dans des moments d'incandescence. C'est là où le rôle de la psychanalyse est à penser entre un actuel qui s'impose, le temps du mythe qui fait sans cesse retour, et l'inconnu inconscient qui, en chacun de nous, renvoie aux traces refoulées de l'expérience originaire. C'est précisément ce cheminement que je me suis proposé d'écrire dans ce livre autour du malaise dans la fraternité. Ghyslain Levy. -
La vie partielle ; journal clinique par temps de (dé)confinement
Ghyslain Lévy
- Campagne Premiere
- Parcours
- 6 Janvier 2021
- 9782372060622
Dès le 16 mars 2020, premier jour du confinement, Ghylsain Lévy prend des notes quotidiennes aussi bien de l'épreuve de confinement à traverser, que de cette expérience pour lui inédite : se tenir à la pratique quotidienne de séances analytiques par téléphone. Sous forme d'" instantanés photographiques ", ce journal raconte comment cette pratique analytique fut l'occasion de surprises et de créations, et vint interroger des aspects jusque-là convenus de la psychanalyse.
Il saisit aussi la réalité du confinement et du dé-confinement d'un homme qui tente de retenir la vie, de partager l'espoir d'une issue, puis de porter la plus grande attention à ce passage de l'angoisse à la fureur collectives. Les rues vides, le danger de mort qui guette, l'interdit de contact, un retour du sacré, et la violence, comme confusion entre contaminant/contaminé, dévorant/dévoré, vivant/mort, qui infecte les liens et attaque limites et interdits.
Ce journal par ses " déclics photographiques " propose de saisir l'insaisissable actuel pour tenter de résister à cette nouvelle déchirure du monde.
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Comment comprendre notre consentement passif envers la cruauté banalisée d'une réalité quotidienne dont nous entendons les échos terrifiants ? L'époque n'est plus celle de cet amour de la vérité que Freud donnait comme la fin de chaque engagement dans une psychanalyse. L'époque est celle de la vraie pauvreté, de l'homme pouvant être sacrifié à merci, et dont l'autre face est l'indifférence. Dans cet essai d'anthropologie psychanalytique, Ghyslain Lévy analyse, à travers cette indifférence aujourd'hui si partagée, le refus de toute hospitalité au malvenu en nous et la honte de notre humanité fragile, souffrante, vivante. À partir de sa riche expérience clinique, et en s'appuyant sur la littérature et le cinéma, l'auteur nous fait parcourir les lieux de l'indifférence, des maladies du virtuel à la perte du sentiment du chez soi. Survivre à l'indifférence, c'est vivre contre l'indifférence, faire résistance au règne de l'homme-jetable, à la marchandisation des corps et aux solitudes « branchées ». Ghyslain Lévy est psychanalyste, membre du Quatrième Groupe. Il est l'auteur de nombreux livres, dont L'Invention psychanalytique du temps (L'Harmattan, 1996), Au-delà du Malaise. Psychanalyse et barbaries (Érès, 2000), L'Ivresse du pire et Le Don de l'ombre (Campagne Première, 2010 et 2014).
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Le premier de ces axes : CRUAUTÉ ET TRAVAIL DE CULTURE concerne le travail de culture, cette instance psychique tant individuelle que collective, qui fait résistance à la déshumanisation de notre réalité commune. Dans cette perspective des questions aujourd'hui incontournables y sont explorées : comment penser la cruauté psychique à l'aune des désastres génocidaires du siècle ? La psychanalyse n'est-elle pas une des formes de ce travail de culture qui fait aujourd'hui résistance quand elle prend le risque de s'affranchir d'une vision " thérapeutique " singulière, et traiter dans le sujet ce qui fait le roc de la réalité humaine ? Les auteurs de ce livre entrent en dialogue avec une pensée qui refuse tout enfermement dans des logiques binaires, des oppositions simples, mais une pensée qui cherche à saisir ses propres mouvements d'alternance, d'allers-retours, de dépassement, dans une volonté de se tenir toujours à la lisière, de s'adresser à des cliniques de la lisière, à des situations extrêmes, entre vie et mort, à des expériences de survie aux limites.
Un second axe : L'AMOUR, LE DÉSIR, LA MORT s'est dégagé de ces différents travaux, autour des figures littéraires comme le Dr. Hyde, Don Juan, Marilyn Monroe. Des figures à partir desquelles sont explorées les puissances vitales des pulsions anarchistes dont Nathalie Zaltzman avait eu l'intuition, face à la destructivité singulière et collective.
Don Juan, figure rebelle par excellence, en vient ici à incarner le caractère indomptable des pulsions, et le véritable sens du désir humain, toujours réglé sur l'horizon de la mort comme sa condition. On y interrogera l'amour à partir de la question que pose l'hystérique comme question fondatrice de la psychanalyse, ici à partir de la figure révoltée de Marilyn Monroe et de la force subversive d'un refus de s'aliéner à l'ordre patriarcal mortifère.
Un troisième axe : CONSTRUIRE SA RÉALITÉ HUMAINE ouvre sur une interrogation plus large par la question que pose la réalité à partir d'une exploration des théories des pulsions de mort, sur la volonté de mort comme participant en chacun de nous à une réalité psychique qui s'avère primaire, intraitable, et qui conduira Nathalie Zaltzman à une réflexion ultime sur la place du mal dans la vie psychique tant individuelle que collective.
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Les nouvelles formes du malaise contemporain dévoilent une perte globale du sens, en ces lieux où la jouissance du pire signe la force d'une pulsion de cruauté qui se déchaîne partout où il est possible d'exercer son pouvoir de négation de l'humain. L'ivresse du pire désigne cette surenchère sans frein à repousser toujours plus la limite, à gagner dans le progrès de l'horreur, en s'engageant dans la spirale de la destruction et de l'auto-destruction, à s'abolir tout en " zappant les autres ". À partir de la clinique actuelle et la haine du sujet dont celle-ci témoigne, il s'agit ici de rappeler en quoi l'ombre des catastrophes totalitaires du xxe siècle est tombée sur le moi individuel comme sur les conditions collectives faites aujourd'hui à la vie psychique de l'ensemble humain. Dans un environnement dominé par la virtualisation de l'autre, quand il s'agit de déformer la perception de la réalité pour la rendre encore supportable, demeure-t-il un reste indestructible de l'homme dans l'homme qui puisse résister à ce " rien de pire " ? Ghyslain Lévy est psychanalyste, membre du Quatrième Groupe.
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Le projet de L'Alge rie, traverse es s'est formule autour d'une question partage e : l'heure n'est-elle pas venue en Alge rie d'un ve ritable renouveau apporte par les oeuvres de culture ? La vitalite , la diversite , l'impertinence de ces dernie res en te moignent. Elles de bouchent sur une nouvelle page en train de s'e crire, non seulement en Alge rie mais aussi au coeur de la relation complexe entre l'Alge rie et la France.
Les diffe rentes ge ne rations d'e crivaines et d'e crivains, d'artistes, de psychanalystes, de chercheuses et chercheurs en litte ratures, en anthropologie ou en histoire re unies a l'occasion d'un Colloque de Cerisy, le lieu me me ou se dit depuis si longtemps la foisonnante diversite des cultures, ont concouru a une rupture avec les versions convenues de l'Histoire, avec les me moires encore enferme es dans des clivages post- traumatiques et des fixations nostalgiques.
Cet ouvrage rend compte de leurs travaux, avec l'enthousiasme et la passion des e changes entre celles et ceux qui savent combien le passe s'e crit toujours au futur, car il est riche de possibles a faire advenir.
Traverser, c'est multiplier les voies du sens et de l'interpre tation, chercher des chemins de biais; traverser, c'est traduire pour acce der a d'autres formes d'alte rite . L'esprit des traverse es anime ce livre, depuis le pouvoir cre ateur de la me taphore, afin de dire autrement l'Alge rie et sa re alite pre sente et a venir. -
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L'invention psychanalytique du temps
Levy Ghyslain
- L'Harmattan
- Psychanalyse Et Civilisations
- 3 Mai 2000
- 9782738443236