Sciences humaines & sociales
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Guy Debord (1931-1994) a suivi dans sa vie, jusqu'à la mort qu'il s'est choisie, une seule règle. Celle-là même qu'il résume dans l'Avertissement pour la troisième édition française de son livre La Société du Spectacle : «Il faut lire ce livre en considérant qu'il a été sciemment écrit dans l'intention de nuire à la société spectaculaire. Il n'a jamais rien dit d'outrancier.»
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«Ces Commentaires pourront servir à écrire un jour l'histoire du spectacle ; sans doute le plus important événement qui se soit produit dans ce siècle ; et aussi celui que l'on s'est le moins aventuré à expliquer. En des circonstances différentes,je crois que j'aurais pu me considérer comme grandement satisfait de mon premier travail sur ce sujet, et laisser à d'autres le soin de regarder la suite. Mais, dans le moment où nous sommes, il m'a semblé que personne d'autre ne le ferait.»
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Ces fiches de lecture de Guy Debord sont la preuve irréfutable que l'histoire est un pivot essentiel du processus d'élaboration de son oeuvre. Elles font le lien entre le «?lyrisme humain?», thème qui lui est cher, et la lecture philosophique des phénomènes qui déterminent la vie des hommes par l'adjonction d'une analyse socio-historique dont le grand mérite est de contraindre à ne se satisfaire ni de sa pensée ni de ses sentiments. L'étude de l'histoire invite en effet à prendre la hauteur que requiert notre appartenance à un mouvement global de l'humanité dont il importe de comprendre les rouages. On mesure à travers ce livre à quel point cette étude de l'histoire fut une matière importante pour Debord, à la fois pour son contenu, mais aussi pour les méthodes d'investigation mises en oeuvre. Il s'intéresse ainsi par exemple à ce qui fonde les analyses d'Ibn Khaldoun et de Thucydide. Cet intérêt pour la méthode ne peut que nous renvoyer à sa réflexion sur les meilleurs moyens à mettre en oeuvre dans son travail de critique sociale. Par ailleurs, ces fiches indiquent une phase de lecture plus intensive des livres d'histoire à partir de la fin des années 1960. Cette hypothèse peut se trouver confortée par le fait que s'y lit aussi à plusieurs reprises un regard critique et rétrospectif sur l'idée de révolution, en lien avec les événements de Mai 1968.
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La lecture de Marx et de Hegel fut déterminante dans le processus de réflexion ayant mené à l'écriture de La Société du spectacle. Guy Debord, s'il s'inscrivait dans la tradition de la pensée marxienne, n'était pourtant ni marxiste ni hégélien. Mais il a trouvé chez ces philosophes deux formes de pensée radicales qui répondaient pleinement à ses préoccupations. À l'instar du système théorique de Hegel, capable d'appréhender dans un seul mouvement tout ce qui gouverne l'existence humaine, il s'est attaché à produire une analyse de la société marchande qui s'applique à l'ensemble de son mode de fonctionnement. Quant à Marx et à son entourage, leur parcours et leurs idées constituent pour lui un modèle pour l'organisation de l'activité politique et révolutionnaire de l'Internationale situationniste.
Néanmoins, les spécificités de chaque auteur, et l'existence de deux dossiers de fiches de lecture bien distincts dans les archives de Guy Debord, ont été respectées dans ce volume constitué de deux parties : la première consacrée à Marx, la seconde à Hegel, l'une et l'autre faisant l'objet d'une postface revenant sur les apports précis de chacun à son oeuvre.
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La réflexion sur la stratégie est au coeur de la pensée de Guy Debord.
Héritiers du dadaïsme, du surréalisme puis du lettrisme, lui et ses compagnons de route ont cherché un nouveau passage vers une contestation aussi large que possible des conditions de vie dans nos sociétés modernes. Ils n'ont eu de cesse de porter concrètement la lutte hors du champ de l'art, dans le domaine de la vie quotidienne :
La révolution doit être d'abord la modification des perspectives au sein de cette vie. Les propositions théoriques de Guy Debord s'accompagnent ainsi tout au long de l'aventure d'un violent désir d'action pour faire changer la face d'un monde dont il rejette les faux-semblants, avec en ligne de mire la mise en oeuvre effective de son projet révolutionnaire. Le Jeu de la guerre imaginé par Debord dès le milieu des années 1950 témoigne de la place qu'a occupée dans sa réflexion la nécessité de penser stratégiquement tout projet d'action, quel qu'il soit.
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Ces cinq enregistrements réalisés par Guy Debord couvrent une période de neuf ans qui s'étend des prémices de l'Internationale lettriste (1952-1957) à la fin de la première époque de l'Internationale situationniste (1957-1961), époque de la recherche d'un terrain artistique véritablement nouveau à partir de la réunification de la création culturelle d'avant-garde et de la critique révolutionnaire de la société.
Ces documents sonores nous font entendre la voix singulière de Guy Debord, et s'il a pu dire plus tard que rien d'important ne s'est communiqué en ménageant un public, en 1953 il constatait : « Bien sûr, les auditeurs n'existent pas, c'est une illusion collective, comme Dieu quand il était à la mode. »
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Correspondance t.5 ; janvier 1973-décembre 1978
Guy Debord
- Fayard
- Essais Fayard
- 5 Octobre 2005
- 9782213627069
« L'époque ne demande plus seulement de répondre vaguement à la question Que faire ? [...] II s'agit maintenant, si l'on veut rester dans le courant, de répondre, presque chaque semaine, à la question : Que se passe-t-il ? [...] Le travail principal qui me paraît à envisager maintenant - comme contraire complémentaire de La Société du spectacle qui a décrit l'aliénation figée (et la négociation qui y était implicite) -, c'est la théorie de l'action historique. C'est faire avancer, dans son moment qui est venu, la théorie stratégique. À ce stade, et pour parler ici schématiquement, les théoriciens de base à reprendre et développer ne sont plus tant Hegel, Marx et Lautréamont que Thucydide-Machiavel-Clausewitz. » On verra, pour ce faire, comment tout au long de ces six années d'une correspondance riche en analyses et en projets divers - l'étroite collaboration qui s'est établie entre un éditeur et son auteur a rendu possible cette nouvelle stratégie. C'est ainsi que, par la voie du cinéma, Gérard Lebovici offrait à Guy Debord un champ plus vaste où il serait libre de s'exprimer. Trois films seront réalisés durant cette période.
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Ce premier volume de la correspondance de Guy Debord couvre la période allant de la fondation en 1957 de l'Internationale situationniste, jusqu'à sa IVe Conférence en 1960.
On y verra se préciser, au fil des jours, l'unique objectif d'une entreprise qui, en s'appuyant sur les éléments les plus radicaux de l'avant-garde et à travers la construction de situations, voulait " par tous les moyens, même artistiques ", le bouleversement complet de tous les aspects de la vie.
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Correspondance t.4 ; janvier 1969 - décembre 1972
Guy Debord
- Fayard
- Essais Fayard
- 6 Octobre 2004
- 9782213620589
En épigraphe aux Notes pour servir à l?histoire de l?I.S. de 1969 à 1971, parues en 1972 dans La Véritable Scission, Guy Debord plaçait deux citations ; l?une tirée de L?Idéologie allemande : «Les individus sont tels qu?ils manifestent leur vie. Ce qu?ils sont coïncide donc avec leur production, aussi bien par ce qu?ils produisent que par la manière dont ils le produi-sent» ; l?autre, des Mémoires du cardinal de Retz : «L?on a plus de peine, dans les partis, à vivre avec ceux qui en sont qu?à agir contre ceux qui y sont opposés.» C?est sur la base de telles réalités qu?un débat d?orientation, au sein même de l?I.S., fut engagé au début de 1970 pour provoquer une «véritable scission» dans l?I.S. Mais aussi, et à plus forte raison, «dans le vaste et informe mouvement de contestation» empreint d?idéologie et, par là même, sujet à toutes les récupérations ou manipulations possibles. L?Italie, en premier lieu, connaîtra dès cette époque bombes et autres formes éprouvées du terrorisme d?Etat.
Ce volume 4 de la Correspondancede Guy Debord témoigne de tout cela et, de manière tout aussi exemplaire, de l?emploi «fait du temps» qui, de l?aveu même de l?auteur, «composait un ensemble qui ressemblait aux plus heureux désordres» de sa jeunesse. -
Commentaires sur la société du spectacle ; préface à la quatrième édition de « la société du spectacle »
Guy Debord
- Gallimard
- Blanche
- 2 Octobre 1992
- 9782070728077
«Ces Commentaires pourront servir à écrire un jour l'histoire du spectacle ; sans doute le plus important événement qui se soit produit dans ce siècle ; et aussi celui que l'on s'est le moins aventuré à expliquer. En des circonstances différentes,je crois que j'aurais pu me considérer comme grandement satisfait de mon premier travail sur ce sujet, et laisser à d'autres le soin de regarder la suite. Mais, dans le moment où nous sommes, il m'a semblé que personne d'autre ne le ferait.»
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Correspondance Tome 3 ; janvier 1965 - décembre 1968
Guy Debord
- Fayard
- Documents Fayard
- 8 Janvier 2003
- 9782213613703
Pour l'Internationale situationniste, les années qui vont de 1965 à 1968 sont marquées par une implication déterminante dans ce que l'on pourra appeler le cours de l'Histoire.L'I.S. va se retrouver, malgré le boycott ou la récupération de ses thèses, au centre du débat culturel (politique et artistique) de l'époque. Situation qu'elle mettra à profit en faisant publier simultanément La Société du spectacle et le Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations ; et en inspirant divers scandales qui marqueront de leur empreinte l'explosion de Mai 68.
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" Rien n'est égal dans de tels contrats ; et c'est justement cette forme spéciale qui les rend si honorables.
Ils ont choisi en tout leur préférence. Tous sont faits pour inspirer confiance d'un seul côté : celui qui pouvait seul avoir mérité l'admiration. Tous ces contrats, en outre, n'auront pas manqué d'être assez bien calculés pour satisfaire à ce qu'il y a de luxueux dans quelques-uns de mes besoins, en restant incontrôlables à tous les points de vue ; ni sans avoir jamais révélé rien de trop, fût-ce implicitement.
Solo vivimos dos dias (" Nous n'avons que deux jours à vivre "). C'est un principe naturellement peu favorable à la spéculation financière. "
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Cette correspondance, riche d'enseignements sur la personnalité et le rôle actif que joua Guy Debord, éclaire par des faits réels la compréhension du mouvement révo-lutionnaire le plus radical et le plus exemplaire du XX e siècle.
Ce tome 2 couvre une période qui va de septembre 1960 à décembre 1964. Elle c o rrespond aux premières années de l'In t e rnationale situationniste. Le processus de la rupture, qui a caractérisé le mouvement situationniste, se poursuit et se précise.
On retrouve dans ces lettres, la clarté et la rigueur de celui qui, n'usant que de l ' a rme qu'il s'est donnée a, jusqu'au bout, défendu ses idées contre toutes les formes de compromission spectaculaire.
Guy Debord, penseur révolutionnaire le plus important de la deuxième moitié du XX e siècle, est le fondateur de l'Internationale situationniste et l'auteur notamment de La Société du spectacle, Panégyrique, la véritable scission.