Georges Duroy, dit Bel-Ami, est un jeune homme au physique avantageux. Le hasard d'une rencontre le met sur la voie de l'ascension sociale. Malgré sa vulgarité et son ignorance, cet arriviste parvient au sommet par l'intermédiaire de ses maîtresses et du journalisme. Cinq héroïnes vont tour à tour l'initier aux mystères du métier, aux secrets de la mondanité et lui assurer la réussite qu'il espère. Dans cette société parisienne en pleine expansion capitaliste et coloniale, que Maupassant dénonce avec force parce qu'il la connaît bien, les femmes éduquent, conseillent, oeuvrent dans l'ombre. La presse, la politique, la finance s'entremêlent. Mais derrière les combines politiques et financières, l'érotisme intéressé, la mort est là qui veille, et avec elle, l'angoisse que chacun porte au fond de lui-même.
« Alors elle songea ; elle se dit, désespérée jusqu'au fond de son âme : "Voilà donc ce qu'il appelle être sa femme ; c'est cela ! c'est cela !" Et elle resta longtemps ainsi, désolée, l'oeil errant sur les tapisseries du mur...
Mais, comme Julien ne parlait plus, ne remuait plus, elle tourna lentement son regard vers lui, et elle s'apeçut qu'il dormait ! Il dormait, la bouche entrouverte, le visage calme ! Il dormait ! »
Le Horla raconte la lente désagrégation d'un esprit, de la dépression à la folie - des maux que connaissait bien Maupassant. Le héros se sent peu à peu envahi par un autre, qui agit à travers lui : le Horla, puissance invisible, inconsciente, qui le manipule. S'installent alors l'incompréhension, la peur, l'angoisse. Jusqu'à l'irréparable.
Prenant la forme du journal intime, la nouvelle illustre ce que Freud nommera l'inquiétante étrangeté, cette intrusion progressive du malaise dans le quotidien. Modèle de nouvelle fantastique, Le Horla est aussi une description clinique du dédoublement de personnalité qui menace toute conscience.
Un couple de commerçants parisiens, les Roland, retirés au Havre. Deux fils : Pierre et son cadet Jean, « aussi blond que son frère était noir, aussi calme que son frère était emporté, aussi doux que son frère était rancunier. » Pierre et Jean ne s'aiment pas, mais la famille vit en paix jusqu'au jour où l'on apprend qu'un vieil ami des Roland a laissé en mourant toute sa fortune à Jean. Pourquoi à Jean seul ?
De ce qui aurait pu être un banal drame de boulevard, Maupassant a fait une tragédie concise et cruelle, où affleure le thème du Double qui va bientôt hanter sa folie. Et le livre contient, sur la mer, les bateaux, la lumière, la campagne normande, quelques-unes des plus belles pages de la littérature impressionniste.
Rouen, occupé par les Prussiens, durant la guerre de 1870. Des bourgeois tentent de fuir la ville en diligence. Parmi eux se trouve une prostituée, celle qu'on surnomme Boule de suif. Tous vont abuser de sa générosité et la forcer à céder au chantage sexuel d'un Prussien. Maupassant dresse ici un portrait inégalé de l'hypocrisie et de la lâcheté humaines. Il condamne sans appel la guerre et la classe dirigeante, paternaliste et profiteuse. Il nous communique toute sa tendresse pour une fille au grand coeur, symbole d'une résistance vouée à l'échec.
Le Maupassant des grands jours, des histoires assez lestes qui, dans la veine de Boule de suif, évoquent des paysans trousseurs de filles, de plantureuses noces normandes, des quincailliers de province que le démon de midi pousse à d'infructueuses tentatives de viol dans des compartiments de chemins de fer. Mais aussi «La Peur», «La Folle», le Maupassant qui en quelques pages touche le fond du coeur humain dans ce qu'il a de plus pitoyable ou cruel. Il n'est guère de portraits de la haine comparables à celui qui, dans «Saint-Antoine», oppose un soldat allemand et un fermier du pays de Caux, et «La Rempailleuse» est peut-être la plus belle histoire d'amour que Maupassant ait jamais écrite.
En 1884, lorsqu'il publie les Contes, Maupassant est devenu un homme riche et un auteur comblé. Mais il n'a rien perdu de l'agressivité qui lui faisait naguère écrire à Flaubert : « Je trouve que 93 a été doux... Il faut supprimer les classes dirigeantes aujourd'hui comme alors, et noyer les beaux messieurs crétins avec les belles dames catins. » Il n'y a pas que des crétins et des catins dans les Contes. Il y a aussi un « ivrogne », un « lâche », un « parricide » (qui a d'ailleurs toutes les raisons de l'être), quelques cocus, quelques farces de haute graisse, une superbe histoire corse (La Vendetta). Et même des honnêtes gens et un couple heureux. Le tout décrit avec cette concision aiguë et décapante où se reconnaît le caractère unique d'un écrivain qui disait de lui-même : « Je ne pense comme personne, je ne sens comme personne, je ne raisonne comme personne. »
Peut-être parce qu'il la constatait dans sa famille et la pressentait en lui, peut-être aussi parce que l'époque est celle des grands aliénistes, de Charcot en particulier dont (quelques années avant Freud) il suivit assidûment les leçons à la Salpêtrière, Maupassant est le premier écrivain du siècle dernier à avoir abordé de front le problème de la folie, non comme un délire romantique mais en termes de clinique et de peur. Le Horla, c'est l'Autre, notre frère nocturne, le Double qui s'insinue en nous, nous caresse, nous épie, donne à chacun de nos gestes leur versant négatif et pervers.Notre Double, notre frère, mais aussi notre rival : l'extraterrestre dont la prochaine venue signifiera la fin du règne de l'homme. Le conte de la folie s'achève ainsi en cauchemar parapsychique et en roman d'anticipation.Nouvelles incluses : Le Horla, Amour, Le Trou, Le Marquis de Fumerol, Le Signe, Le Diable, Les Rois, Au bois, Une famille, Joseph, L'Auberge et Le Vagabond.
«Les bourgeois, enfin, se dispersèrent...
Seul, un homme errait toujours, M. Tourneveau, le saleur, désolé d'attendre au prochain samedi ; et il espérait on ne sait quel hasard, ne comprenant plus, s'exaspérant que la police laissât fermer un établissement d'utilité publique qu'elle surveille et tient sous sa garde.
Il y retourna... et s'aperçut que sur l'auvent une pancarte était collée. Il alluma bien vite une allumette-bougie et lut ces notes tracées d'une grande écriture inégale : "Fermé pour cause de première communion." Alors il s'éloigna, comprenant bien que c'était fini.»
Dans sa plus célèbre nouvelle, Maupassant décrit le sacrifice d'une prostituée au grand coeur : elle se donne contre sa volonté à un officier allemand, pour permettre à une diligence occupée par des bourgeois de continuer son voyage. D'abord suppliée par eux, elle n'est bientôt plus que l'objet de leur mépris. La lâcheté de la classe dirigeante et le courage des humbles, la résistance et la collaboration, la France de 1870 en annonçait d'autres.
Maison close où règne la vie réglée des habitués, lieu de débauche plein de bienséance bourgeoise, la maison Tellier est comme un deuxième foyer. Un jour, elle ferme «pour cause de première communion»... À la manière de Toulouse-Lautrec, Maupassant donne une image joyeuse des prostituées. Mais sa nouvelle fit polémique : la scène des prostituées communiant à l'Église choqua. Elle résume pourtant l'opinion de Maupassant, qui, contre l'hypocrisie moralisante, préfère célébrer les pulsions et les passions.
Les Dimanches d'un bourgeois de Paris est une longue nouvelle, ou mieux encore un petit roman-feuilleton, qui met en scène un personnage comique car ridicule : un petit-bourgeois, employé de ministère (comme Maupassant), vieux garçon. Stéréotype du conformisme et de la bêtise, il pense comme ses collègues et s'offusque des opinions radicales. Se condamnant lui-même à la solitude et à une vie sans ambition, il a pour seule échappée la lecture de romans d'aventures. Que fait un bourgeois le dimanche, quand il ne travaille pas ? Il s'ennuie. Notre héros décide donc, sur les conseils de son médecin, de partir s'aérer à la campagne, autour de Paris. Ce sera pour lui une véritable expédition. Tous les dimanches, il va vivre des aventures, ou plutôt des mésaventures, où il se retrouvera le dindon de la farce : il se fait avoir par une femme qui s'avère être une prostituée ; il se saoule avec un pécheur alcoolique martyrisé par sa femme... Chaque sortie dominicale le renforce dans sa solitude et dans son ridicule. Maupassant compose un anti-roman d'aventures et un anti-récit de voyage, aussi drôle que Bouvard et Pécuchet.
Un crime a été commis : dans un bois, près de l'étang où elle se baignait, une fillette est retrouvée violée et étranglée. Qui a pu commettre un tel acte? Les recherches piétinent. Jusqu'à ce que la conscience du meurtrier vienne le tourmenter sans relâche. Sur une trame de fait divers, Maupassant tisse une analyse sociale et psychologique aussi fine qu'implacable : chacun porte en lui des désirs refoulés et des pulsions qui pourraient conduire à une issue fatale. En pénétrant dans sa tête, il nous montre le coupable non comme un monstre mais - plus inquiétant encore - comme un homme.
Canotage sur les eaux tranquilles de la Seine, pêche au gros le long des côtes normandes sur une mer déchaînée, chasse sur des marais gelés, navigation au long cours : l'aventure, humaine et amoureuse, exaltante et cruelle, se noue au fil de l'eau...
Laissez-vous emporter par le courant de la prose à la fois enchanteresse et tumultueuse de Maupassant!
Comment à force de bluff, de supposés miracles et de faux certificats délivrés par des médecins complaisants on parvient à fabriquer une ville d'eaux et à lotir au plus haut prix un paysage entier en exploitant la crédulité des uns et en s'appuyant sur la malhonnêteté des autres.
Le conflit de la bourgeoisie locale, du propriétaire paysan âpre et rusé et de la banque, de l'affairisme parisien. un des plus cruels portraits du corps médical que l'on ait jamais faits et une histoire sentimentale peut-être plus cruelle encore. en démontant les rouages de la spéculation foncière, en analysant le mécanisme de la concentration capitaliste à la fin du xixe siècle, maupassant a écrit, avec mont-oriol, le plus moderne de ses romans.
Un concours de vertu est organisé. Aucune femme de la région n'étant assez vertueuse aux yeux de Mme Husson, c'est le doux Isidore qui est récompensé. Mais, une fois couronné, le «Rosier» tombe dans la débauche... La nouvelle illustre les bonnes actions manquées : celui qui devait être un exemple de vertu se retrouve être un modèle de dépravation ; les notables qui l'on encensé sont ridiculisés. L'ironie de Maupassant s'exerce contre la sottise et l'hypocrisie. Jamais, chez lui, critique ne s'est faite aussi acerbe sous des dehors aussi souriants.
Maupassant - comme Toulouse-Lautrec en peinture - a fait de la sexualité à la fois sa vie et son oeuvre. Dans ces onze nouvelles, choisies parmi bien d'autres, mettant en scène des «filles publiques» - leurs peines, leurs joies, leurs obligations -, il décrit une société du libre échange dont le moteur est l'argent et où circulent les corps, les pulsions, les désirs. Son ironie féroce épingle toute la société de la fin du XIXe siècle, et d'abord l'hypocrisie, le cynisme et la lâcheté de la bourgeoisie. Au-delà du réalisme cru, ces nouvelles ont un charme particulier, car Maupassant nous conte des histoires sombres, tendres et édifiantes.
and les femmes sont coquettes et légères, quand les hommes sont attirants et volages, Maupassant entrouvre les rideaux des chambres pour nous permettre d'assister aux jeux de la séduction et de l'amour.
Quelques nouvelles audacieuses et pleines d'humour pour émoustiller le lecteur...
Une morte vêtue de blanc supplie qu'on la coiffe, un loup monstrueux attaque les chasseurs, un enfant rêve de la mort de son père, une pierre tombale se soulève... Hallucinations, cauchemars ou phénomènes surnaturels ? Des cimetières aux châteaux hantés, Maupassant nous attire aux confins de la folie et de la peur.
Le roman raconte l'histoire d'une femme du monde, froide et sans coeur, frigide ou lesbienne peut-être, comme maupassant en a connu, qui se livre ici plus que dans aucun de ses romans.
Le héros, face à cet être fascinant et redoutable, prend une autre maîtresse, qui ne lui suffit guère. il est dévasté par une passion amoureuse, violente, mélancolique et cruelle.
C'est un roman douloureux, écrit par un maupassant déjà malade, et qui dit comme un adieu aux femmes qui ont été le désir, le tourment, et les victimes de sa vie. on y voit le personnage de l'artiste qui se dégrade, écrit de moins en moins, face à la femme moderne, produit d'une société parvenue à un point critique.
Comme dans le remarquable sur l'eau, c'est un aspect inattendu de l'art de maupassant, dans la longue durée du roman, qui se révèle ici.
Un autre Maupassant différent de celui des contes normands et de La Maison Tellier. Un Maupassant qui, à travers l'histoire du peintre Olivier Bertin, projette son obsession du déclin, tente de se libérer de l'angoisse qui saisit tout créateur lorsque s'approche l'heure du bilan. Histoire d'un homme qui cherche à retrouver dans la fille de sa maîtresse sa jeunesse perdue, Fort comme la mort est aussi un grand roman social qui analyse les mécanismes et les rites de ce monde du faux-semblant, de l'ennui, de la stérilité du coeur que l'on appelle le grand monde. On a dit:Paul Bourget, mais la lucidité, déjà, est celle de Proust.
Maupassant part de Marseille le 9 juillet 1881 pour l'Algérie en insurrection. Il y reste de juillet à septembre, envoyant des chroniques qui, assez profondément revues, complétées et modifiées, seront réunies et publiées en volume, en 1884, par l'éditeur Havard, sous le titre Au soleil. Sept ans plus tard, en octobre 1888, Maupassant part de Marseille pour visiter Alger, Constantine, Biskra. Il séjourne ensuite à Tunis, du 11 au 16 décembre, et se rend de Tunis à Kairouan ; en novembre 1889, jusqu'en décembre, c'est de nouveau Alger, la Kroumirie, Tunis. Du long voyage de l'écrivain, coupé par des séjours à Paris, datent les articles qui concernent l'Afrique du Nord, devenus chapitres de La Vie errante ; ils sont complétés par un voyage en Italie et Sicile, et un séjour en Bretagne.
Ce journal ne contient aucune histoire et aucune aventure intéressantes.
Ayant fait, au printemps dernier, une petite croisière sur les côtes de la méditerranée, je me suis amusé à écrire chaque jour ce que j'ai vu et ce que j'ai pensé. en somme, j'ai vu de l'eau, du soleil, des nuages et des roches - je ne puis raconter autre chose - et j'ai pensé simplement, comme on pense quand le flot vous berce, vous engourdit et vous promène. guy de maupassant.
La petite Roque (Nouv. éd. rev.) / Guy de Maupassant Date de l'édition originale : 1896 Ce livre est la reproduction fidèle d'une oeuvre publiée avant 1920 et fait partie d'une collection de livres réimprimés à la demande éditée par Hachette Livre, dans le cadre d'un partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, offrant l'opportunité d'accéder à des ouvrages anciens et souvent rares issus des fonds patrimoniaux de la BnF.
Les oeuvres faisant partie de cette collection ont été numérisées par la BnF et sont présentes sur Gallica, sa bibliothèque numérique.
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Nous avons cherché à concilier la reproduction fidèle d'un livre ancien à partir de sa version numérisée avec le souci d'un confort de lecture optimal. Nous espérons que les ouvrages de cette nouvelle collection vous apporteront entière satisfaction.
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