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Jacques Rancière
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En 1818, Jacotot sème un vent de révolution dans l'Europe savante. Non content d'avoir appris le français à des étudiants flamands sans leur donner aucune leçon, il se met à enseigner ce qu'il ignore, proclamant l'émancipation intellectuelle. Jacques Rancière lui rend ici un brillant hommage et ravive une philosophie trop vite oubliée d'une égalité universelle de l'intelligence.
L'instruction est comme la liberté: cela ne se donne pas, cela se prend. Joseph Jacotot -
Tout commence à la tombée de la nuit quand, dans les années 1830, un certain nombre de prolétaires décident de briser le cercle qui place le sommeil réparateur entre les jours du salaire : cercle d´une existence indéfiniment vouée à entretenir les forces de la servitude avec celles de la domination, à reproduire le partage qui destine les uns aux privilèges de la pensée, les autres aux servitudes du travail.
Le rêve éveillé de l´émancipation ouvrière est d´abord la rupture de cet ordre du temps qui structure l´ordre social, l´affirmation d´un droit dénié à la qualité d´être pensant. Suivant l´histoire d´une génération, ce livre met en scène la singulière révolution intellectuelle cachée dans le simple nom de « mouvement ouvrier ». Il retrace ses chemins individuels et collectifs, ses rencontres avec les rêves de la communauté et les utopies du travail nouveau, sa persistance dans la défection même de l´utopie.
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Penser l'émancipation : dialogue avec Aliocha Wald Lasowski
Jacques Rancière, Aliocha Wald Lasowski
- Editions De L'Aube
- Mikros Essai
- 3 Novembre 2023
- 9782815957717
Penser l'émancipation, c'est maintenir ouverte la capacité de changer la vie en démocratie. Un autre monde est possible. Par la redistribution des places dans la société, la résistance à l'économie de marché, la relance écologique, l'engagement des femmes ou encore la mobilisation de la jeunesse.
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On le sait depuis Aristote : ce qui distingue la fiction de l'expérience ordinaire, ce n'est pas un défaut de réalité mais un surcroît de rationalité. Elle dédaigne en effet l'ordinaire des choses qui arrivent les unes après les autres pour montrer comment l'inattendu advient, le bonheur se transforme en malheur et l'ignorance en savoir.
Cette rationalité fictionnelle a subi à l'âge moderne un destin contradictoire. La science sociale a étendu à l'ensemble des rapports humains le modèle d'enchaînement causal qu'elle réservait aux actions d'êtres choisis. La littérature, à l'inverse, l'a remis en cause pour se mettre au rythme du quotidien quelconque et des existences ordinaires et s'installer sur le bord extrême qui sépare ce qu'il y a de ce qui arrive.
Dans les fictions avouées de la littérature comme dans les fictions inavouées de la politique, de la science sociale ou du journalisme, il s'agit toujours de construire les formes perceptibles et pensables d'un monde commun. De Stendhal à João Guimarães Rosa ou de Marx à Sebald, en passant par Balzac, Poe, Maupassant, Proust, Rilke, Conrad, Auerbach, Faulkner et quelques autres, ce livre explore ces constructions au bord du rien et du tout.
En un temps où la médiocre fiction nommée « information » prétend saturer le champ de l'actuel avec ses feuilletons éculés de petits arrivistes à l'assaut du pouvoir sur fond de récits immémoriaux d'atrocités lointaines, une telle recherche peut contribuer à élargir l'horizon des regards et des pensées sur ce qu'on appelle un monde et sur les manières de l'habiter.
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Une fillette et son tueur devant une vitrine, une silhouette noire descendant un escalier, la jupe arrachée d'une kolkhozienne, une femme qui court au-devant des balles : ces images signées Lang ou Murnau, Eisenstein ou Rossellini, iconisent le cinéma et cachent ses paradoxes. Un art est toujours aussi une idée et un rêve de l'art. L'identité de la volonté artiste et du regard impassible des choses, la philosophie déjà l'avait conçue, le roman et le théâtre l'avaient tentée à leur manière. Le cinéma ne remplit pourtant leur attente qu'au prix de la contredire.
Jacques Rancière analyse les formes de ce conflit entre deux poétiques qui fait l'âme du cinéma et montre comment la fable cinématographique est toujours une fable contrariée, qui brouille les frontières du document et de la fiction.
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Dans cet essai, l'auteur interroge le projet qui anime des auteurs comme Flaubert, Mallarmé ou Proust et qui fonde l'acception contemporaine de la littérature. Il analyse la contradiction qui traverse la littérature, rencontrant ainsi le défi d'une parole démocratique qui s'émancipe des règles codifiant son usage.
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Il est question dans ce livre de voyages, de ces contrées toutes proches qui offrent au visiteur l'image d'un autre monde. À travers quelques voyages qui sont ceux de Wordsworth, traversant la Révolution française, de Büchner croisant un pèlerin de l'Utopie saint-simonienne, de Michelet ou de Rilke rêvant de vie réconciliée devant la servante ou l'ouvrière, d'Ingrid Bergman enfin qui incarne la femme du monde découvrant l'autre côté de la société, Jacques Rancière s'interroge sur ces signes par lesquels la réalité se fait reconnaître au regard curieux comme exemplaire de l'idée et sur la façon dont une pensée trouve à s'incarner dans un paysage ou une scène vivante à présentifier un concept.
Ces Courts Voyages nous invitent ainsi à repenser les rapports entre les images et les savoirs, l'utopie et le réel, la littérature et la politique.
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Les mots de l'histoire ; essai de poétique du savoir
Jacques Rancière
- Points
- Points Essais
- 2 Octobre 2014
- 9782757846209
Une histoire, au sens ordinaire, c'est une série d'événements qui arrivent à des sujets généralement désignés par des noms propres. Or la révolution de la science historique a voulu révoquer le primat des événements et des noms propres au profit des longues durées et de la vie des anonymes. C'est ainsi qu'elle a revendiqué en même temps son appartenance à l'âge de la science et à l'âge de la démocratie.
Les historiens veulent connaître les choses en les dépouillant de leurs noms trompeurs. Mais les choses de l'histoire ont cette propriété déroutante de s'évanouir quand on veut les rendre à leur simple réalité.
Il apparaît alors que l'histoire, pour devenir science sans se perdre elle-même, a besoin de quelques tours de littérature.
C'est cette poétique du savoir que Jacques Rancière se propose d'étudier dans ce livre : comment un discours se soustrait-il à la littérature pour se donner un statut de science et le signifier ?
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Chroniques des temps consensuels
Jacques Rancière
- Points
- Points Essais
- 2 Novembre 2017
- 9782757869659
Le consensus n'est pas la paix des esprits et des corps. Nouveau racisme et épurations ethniques, guerres humanitaires et guerre à la terreur sont au coeur des temps consensuels, tout comme les fictions cinématographiques de la guerre totale et du mal radical ou les polémiques autour du génocide nazi. Le consensus est une carte des opérations de guerre, une topographie du visible, du pensable et du possible qui a une fin bien précise : montrer qu'il n'y a qu'une seule réalité à laquelle nous sommes tenus de consentir. Ce qui s'oppose à cette entreprise s'appelle simplement la politique. Ces chroniques cherchent à rouvrir un espace qui la rend pensable.
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«Parler du politique et non de la politique, c'est indiquer qu'on parle des principes de la loi, du pouvoir et de la communauté et non de la cuisine gouvernementale.Le politique est la rencontre de deux processus hétérogènes. Le premier est celui du gouvernement. Il consiste à organiser le rassemblement des hommes en communauté et leur consentement et repose sur la distribution hiérarchique des places et des fonctions. Je donnerai à ce processus le nom de police.Le second est celui de l'égalité. Il consiste dans le jeu des pratiques guidées par la présupposition de l'égalité de n'importe qui avec n'importe qui et par le souci de la vérifier. Le nom le plus propre à désigner ce jeu est celui d'emancipation.»Jacques Rancière.
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La nuit des proletaires ; archives du reve ouvrier
Jacques Rancière
- Hachette Education
- Hachette Pluriel
- 12 Janvier 2005
- 9782012792357
Tout commence à la tombée de la nuit quand, dans les années 1830, un certain nombre de prolétaires décident de briser le cercle qui place le sommeil réparateur entre les jours du salaire : cercle d'une existence indéfiniment vouée à entretenir les forces de la servitude avec celles de la domination, à reproduire le partage qui destine les uns aux privilèges de la pensée, les autres aux servitudes du travail.
Le rêve éveillé de l'émancipation ouvrière est d'abord la rupture de cet ordre du temps qui structure l'ordre social, l'affirmation d'un droit dénié à la qualité d'être pensant. Suivant l'histoire d'une génération, ce livre met en scène la singulière révolution intellectuelle cachée dans le simple nom de « mouvement ouvrier ». Il retrace ses chemins individuels et collectifs, ses rencontres avec les rêves de la communauté et les utopies du travail nouveau, sa persistance dans la défection même de l'utopie.
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La parole muette ; essai sur les contradictions de la litterature
Jacques Rancière
- Hachette Education
- Hachette Pluriel
- 12 Janvier 2005
- 9782012792197
Jacques Rancière interroge ici le projet qui sous-tend l'émergence de la « littérature » par opposition à la définition classique et normative des belles-lettres. Avec cet avènement qui coïncide peu ou prou avec le romantisme, se défont les privilèges de la représentation : au primat de la fiction s'oppose le primat du langage, à la hiérarchie des genres, l'égale dignité des sujets représentés, à la parole en acte, le modèle de l'écriture. Se démarquant à la fois de la critique de Sartre qui récuse les jeux formels avec le langage au nom de l'engagement, et des lectures de Blanchot qui souscrit à une vision quasi mystique de la littérature, Jacques Rancière propose une interprétation nouvelle de cette mutation.
La contradiction qui traverse la « littérature » rencontre en effet le défi d'une parole démocratique qui s'émancipe des règles codifiant son usage. A la fois tentation aristocratique et vision d'une communauté à venir, la littérature est cette contradiction, cette « parole muette ». Il n'y a pas d'autre vie spirituelle, pas d'autre royaume des oeuvres que la coulée infinie de l'encre sur l'aplat des pages, que le corps incorporel de la lettre errante qui s'en va parler à la multitude sans visage des lecteurs de livres.
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Réflexion sur l'identité du philosophe qui tente de répondre à la question : qui peut philosopher oe, tout en analysant comment le philosophe est perçu par ses concitoyens depuis l'époque de Platon à aujourd'hui.