L'Univers infini dans le Monde des Lumières européennes vient combler une importante lacune dans l'histoire de la cosmologie puisque les travaux de Pierre Duhem sur le système du monde s'arrêtent à Galilée et ceux d'Alexandre Koyré s'étendent jusqu'à Newton et à certains de ses disciples. Quant à l'oeuvre considérable de Jacques Merleau-Ponty sur l'histoire de la cosmologie, elle porte essentiellement sur la cosmologie relativiste du XXe siècle, mis à part son ouvrage intitulé : La science de l'Univers à l'âge du positivisme (1983) qui repart du Kant de la première Critique et se concentre surtout sur l'énergétique du XIXe siècle. Il s'agit donc d'un complément aux travaux d'histoire de la pensée scientifique de Koyré et d'un correctif important concernant l'idée qu'il se faisait des suites de l'histoire de la cosmologie (à partir de 1750 jusqu'en 1830), période qu'il n'a pas eu le temps de traiter véritablement. Cet ouvrage et le précédent intitulé : Dieu, l'Univers et la sphère infinie : penser l'infinité cosmique à l'aube de la science classique (2006) constituent une tranche d'histoire de la pensée cosmologique (et de la conceptualisation de l'infini qui l'accompagne) qui part de la révolution copernicienne et s'étend sur près de trois siècles.
Toutefois, il est possible de se reporter à chacun de ces deux ouvrages séparément, bien qu'ils constituent un tout. On peut remarquer une étude particulièrement étendue et approfondie (en deux chapitres) de l'évolution complexe de la pensée cosmologique de Kant depuis la période précritique jusqu'à l'opus postumum en passant par la trilogie critique.
Enfin, cet ouvrage est susceptible d'intéresser les historiens des sciences (physique, astronomie, cosmologie) et de la philosophie, l'histoire des idées, les dix-huitièmistes et les historiens de la littérature.
L'oeuvre d'Alexandre Koyré, de renommée internationale et inspiratrice incontournable des recherches en histoire de la pensée scientifique, philosophique et religieuse (que ce soit pour la compléter ou s'y opposer) demeure paradoxalement peu étudiée pour elle-même. La féconde originalité de son oeuvre repose sur le projet qu'il s'est efforcé de mener à bien au cours des quarante années durant lesquelles parurent ses écrits. Koyré s'est proposé d'une part de suivre au plus près les divers cheminements de pensée (souvent sinueux) empruntés par les pionniers des temps modernes, depuis le Moyen Âge tardif jusqu'à la fin des Lumières, mais aussi et surtout de mettre en lumière les interactions culturelles décisives qui scandèrent les grandes étapes de l'histoire des idées. Les approches historiques de Koyré ne sont jamais unilatérales : c'est d'ailleurs ce qui en fait une histoire ouverte sur l'ensemble des possibles dont chaque époque a pu disposer dans ses choix. Aucun domaine culturel n'a le monopole exclusif de la vérité : c'est seulement en adoptant une perspective historique très proche de celle de l'école des Annales que Koyré a montré que la recherche de la vérité est fille du temps. Parti de l'étude de la mystique et de l'histoire des religions, Koyré s'est ouvert à l'histoire et à la philosophie des sciences. C'est donc en tant que philosophe instruit par ses longues recherches historiques qu'il a pu dégager les options philosophiques immanentes aux démarches scientifiques effectives (reconnues ou non comme telles par leurs auteurs).
L'objectif de cet ouvrage collectif est d'offrir ici plusieurs études sur les principaux aspects des recherches d'Alexandre Koyré. Cet ensemble s'ouvre sur la présentation exceptionnellement riche, que donne Mme Paola Zambelli, du cheminement intellectuel et des engagements personnels d'Alexandre Koyré.
Ensuite, viennent s'intégrer à ce cadre trois études (G. Jorland, A. Angelini et W.
Tega) qui analysent plus particulièrement les méthodes et approches philosophiques employées par Alexandre Koyré dans ses diverses recherches historiques. Une deuxième partie rassemble des contributions revisitant des temps forts de l'histoire et de la philosophie des sciences vus par Koyré (J. Biard, J.-.J Szczeciniarz, A. Brenner,) tout en comparant son approche à celles dont il s'est inspiré ou qu'il a inspirées (B. Bensaude-Vincent, F. Fruteau, M. Ferrari). Enfin, une dernière série d'études porte plus précisément sur des points d'histoire de la philosophie et d'histoire des idées (P. Redondi, E. Faye, A. Guimarães Tadeu de Soares, J. Seidengart).
L'ouvrage s'achève sur la publication d'une conférence inédite d'Alexandre Koyré datant de 1946 et intitulée « Galilée », ce qui donne l'occasion de retrouver la parole vivante et passionnée d'un auteur, qui, bien que très savant, savait se mettre à la portée de ses divers auditoires et de ses lecteurs.
Ernst Cassirer (1874-1945) est l'un des plus grands philosophes allemands du XXe siècle qui fait fond sur l'histoire de la culture occidentale traditionnelle, tout en s'efforçant d'être en phase avec les bouleversements de son temps pour en élucider le sens. C'est sous l'angle de sa philosophie de la culture que le présent numéro de la revue aborde la pensée de Cassirer, ouvrant sur les formes symboliques principales que sont le langage, la pensée mythique, la religion, l'art et la connaissance scientifique. Si d'autres productions humaines symboliques ne font pas partie de sa philosophie de la culture (le droit, l'économie, la politique, la technique, etc.), il resterait à savoir si ces dernières sont des formes symboliques en son sens ou autrement. Cet ouvrage rassemble une série de travaux qui font la lumière sur les problèmes essentiels que soulève, de nos, jours, le projet cassirérien d'une philosophie de la culture, soucieuse de réconcilier les approches scientifiques de l'humain et la fonction critique de la philosophie.
Selon la conception antique et médiévale de l'univers, le ciel ne saurait être infini, puisqu'il tourne...
À la suite du renversement copernicien, qui immobilisa la sphère des étoiles et mit la Terre en mouvement, la question de l'infinité cosmique s'imposa. Plutôt favorable au finitisme, Copernic préféra laisser cette interrogation aux philosophes, puisqu'elle ne changeait rien à ses mesures angulaires ni à ses tables astronomiques. Partant de cette idée prometteuse d'infini, des savants de toute l'Europe ouvrirent de nouvelles perspectives aux préoccupations métaphysiques, théologiques et scientifiques de l'époque. En abandonnant la centralité, la réflexion déboucha sur une pluralité infinie de centres, puisque, « dans la sphère infinie, le centre est partout et la circonférence nulle part ».
Malgré les censures de l'Inquisition, la plupart des grandes philosophies contribuèrent à l'essor de cette nouvelle conception de l'univers, qui, conjointement, inspira aussi la littérature de l'époque où foisonnaient les voyages cosmiques à travers la multiplicité des mondes.
De Dieu à l'Univers, puis à l'Esprit qui les pense : voilà l'itinéraire que Jean Seidengart emprunte dans ce livre qui retrace, avec rigueur, les étapes d'une refonte de l'idée d'infini à l'aube des temps modernes et de la révolution scientifique.
"Ce ne seront point, ô Filoteo, les rumeurs de la foule, l'indignation du vulgaire, les protestations des idiots, le mépris de tel ou tel satrape, la stupidité des insensés, l'idiotie des cuistres, les affirmations des menteurs, les plaintes des méchants et la détraction des envieux qui me priveront de ta noble vue et me soustrairont à ta divine conversation. Persévère, cher Filoteo, persévère ; ne te décourage pas et ne recule pas sous prétexte qu'avec le secours de multiples machinations et artifices le grand et solennel sénat de la sotte ignorance menace et tente de détruire ta divine entreprise et ton grandiose travail. Et sois assuré qu'à la fin ils verront tous ce que je vois." Giordano Bruno