Jean hugues Barthélemy
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L'enseignement le plus profond de la catastrophe écologique mondiale en cours est une inversion historique du sens même de l'utopie. À l'origine, ce terme qualifiait les projets sociopolitiques qui ne pourraient trouver de lieu (topos) en ce monde pour se réaliser. Mais aujourd'hui, c'est le monde lui-même, condition de tous les lieux, qui s'apprête à devenir impossible, parce que la transformation du capitalisme en consumérisme surproductiviste a fait de nos sociétés des sociétés du Désir incapables d'intégrer en profondeur un fait pourtant incontournable : l'inexorable destruction de l'équilibre de la biosphère par un mode de vie incompatible avec une Terre dont les ressources sont limitées, et le climat, modifiable. Dans ce contexte, en vertu duquel sont requises en réalité de «nouvelles Lumières», le programme de l'écologie humaine consiste en un Grand Décentrement permettant de prendre en charge la question que les marxistes n'ont pas voulu penser : celle des fondements du droit lui-même, qui sont à réinventer pour un âge écologique de la pensée et de l'action politiques.
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Simondon ou l'encyclopédisme génétique
Jean-hugues Barthélemy
- Puf
- Science, Histoire Et Societe
- 30 Avril 2008
- 9782130566779
Le regain progressif d'intérêt dont a bénéficié depuis 1990 la pensée de gilbert simondon (1924-1989) s'est encore renforcé, depuis 2006, par la publication de textes inédits du philosophe français, ainsi que par celle, enfin unifiée, du grand oeuvre de simondon, jusque-là publié en deux parties : sa thèse principale pour le doctorat d'état, intitulée l'individuation à la lumière des notions de forme et d'information.
La présente étude se propose de revenir sur ce texte fondateur, origine de l'individu et sa genèse physico-biologique comme ensuite de l'individuation psychique et collective, pour en dégager à la fois l'originalité et l'actualité, mais aussi pour mieux comprendre finalement le classique de l'auteur, sa thèse complémentaire : du mode d'existence des objets techniques. on découvrira la portée du " nouvel encyclopédisme " dont simondon se voulait l'initiateur.
Il apparaîtra alors que dans le sillage de son directeur de thèse, georges canguilhem, avec d'autres modalités et insistances que lui, simondon ne rejette le " facile humanisme " que par exigence d'un humanisme difficile qui sache d'une part faire dériver l'homme du vivant, d'autre part intégrer la technique à la culture.
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Penser la connaissance et la technique après Simondon
Jean-hugues Barthélemy
- L'Harmattan
- 1 Juin 2005
- 9782747585866
Second volet de Penser l'individuation, Penser la connaissance et la technique après Simondon poursuit et achève l'exégèse de l'ensemble de l'oeuvre de Simondon, mais en donnant à cette exégèse un tour plus polémique. Aujourd'hui découverte ou redécouverte par un nombre croissant de philosophes et scientifiques, la pensée de Simondon ne s'est pas contentée de réhabiliter la philosophie de la nature sous la forme d'une ontologie génétique non-objectivante. Elle a aussi voulu réhabiliter d'une part l'analogie, d'autre part la technique.
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Gilbert Simondon (1924-1989) est devenu de manière posthume l'un des grands penseurs français du XXe siècle, au fil de la redécouverte récente de son oeuvre.
Simplement considéré de son vivant comme un penseur de la technique original mais difficile, il s'impose aujourd'hui comme l'initiateur d'un « nouvel encyclopédisme » ayant vocation, via un dialogue central avec la cybernétique, à unifier les sciences au sein d'une philosophie de la nature mais aussi à renouveler l'humanisme, ce dernier étant défini par lui comme une lutte évolutive contre différents types successifs d'aliénation.
A partir d'une prise en compte inédite de l'ensemble de l'oeuvre, l'auteur expose ici :
- la « question générale de l'individuation » telle que Simondon la pose et la traite dans les trois grands champs théoriques auxquels s'applique son « Encyclopédisme génétique » : la différence entre « le physique et le biologique », la question du « transindividuel » et celle de l' « objet technique » ;
- la capacité de cette pensée à dépasser les dualités notionnelles sujet/objet et matière/forme mais aussi les grandes alternatives classiques liées aux trois champs théoriques évoqués : l'alternative entre mécanisme et vitalisme, celle entre psychologisme et sociologisme, et celle opposant humanisme et technicisme ;
- la question de la « crise du sens » telle que la réinterprète Simondon, et son lien, via la question de l'information, avec le projet d'une « Cybernétique universelle » à portée ultimement socio-politique, ouvrant ainsi sur les postérités de Simondon.
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Les Cahiers Simondon fêtent leur cinquième anniversaire, en cette année 2013 où se tiendra la Décade internationale « Simondon et l'invention du futur » (Cerisy-la-salle). C'est pourquoi nous avons voulu revenir au « duo franco-italien » qui a marqué la naissance même, voici déjà plus de dix ans, du mouvement réellement collectif - et devenu, depuis, international - de redécouverte de l'oeuvre de Simondon.
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Ce numéro 4 des Cahiers Simondon est ambitieux sur le plan proprement exégétique : il s'agit de proposer des articles de fond apportant un éclairage nouveau sur l'oeuvre de Simondon, dont la redécouverte est encore récente.
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Les articles réunis dans ce numéro traitent des thématiques suivantes : perception et imagination dans les Cours de Psychologie de Simondon, la question de l'analogie, la comparaison entre les pensées dites "ontogénétiques" de Piaget et de Simondon, la confrontation entre les critiques que Simondon et Heidegger adressent à la tradition ontologique occidentale, l'examen d'un malentendu avec Agamben, et une réflexion sur Penser après Simondon et par-delà Deleuze.
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Ce troisième numéro dresse d'abord un bilan de la redécouverte récente du lien central de Deleuze à Simondon. Il confronte ensuite Simondon à Arendt sur la question décisive du travail, à Dufrenne sur celle de l'esthétique. Enfin, Jean-Hugues Barthélémy dialogue avec le dernier ouvrage de Xavier Guchet à propos du mode d'unité de l'ensemble de l'oeuvre, et Vincent Bontems clôt ce volume en évoquant les activités de l'Atelier Simondon qu'il anime à l'École normale supérieure de Paris.
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Quelques-uns des meilleurs spécialistes se sont réunis pendant deux années de séminaire pour partager et discuter leur compréhension de tel ou tel aspect de la pensée du grand philosophe français Gilbert Simondon (1924-1989), reconnu comme visionnaire sur certaines des principales questions actuelles de la philosophie : le rapport humanité/animalité, la question de la technique et de sa place dans la culture, l'urgence de nouvelles Lumières face à la crise du sens et aux nouvelles formes d'aliénation, etc.
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Cahiers simondon numero 6
Jean-hugues Barthélemy
- L'Harmattan
- Cahiers Simondon
- 15 Janvier 2015
- 9782343052076
Pour ce qui sera fort probablement leur dernier numéro sous forme papier, les Cahiers Simondon consacrent d'abord un dossier à trois enjeux de la pensée simondonienne de la technique. Le premier enjeu est celui de l'élaboration d'une "technologie" en tant qu'elle pourrait posséder une dimension normative. Le second enjeu est celui d'une refonte de la notion d'information par-delà la théorie de l'information et la cybernétique. Le troisième enjeu est celui d'une interprétation simondonienne des nanotechnologies.
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La société de l'invention ; pour une architectonique philosophique de l'âge écologique
Jean-hugues Barthélemy
- Editions Materiologiques
- 13 Septembre 2018
- 9782373611847
L'urgence et l'importance dramatiques de la question écologique n'ont d'égale que l'incertitude sur sa signification philosophique profonde. Plutôt donc que de partir du problème écologique radical auquel l'humanité devra se confronter durant les prochaines décennies, il s'agit de montrer que si la philosophie parvient à opérer une régression refondatrice depuis la brûlante «?question animale?» jusqu'à la question architectonique du sens et de sa crise (première partie), alors le philosopher peut se hisser à la hauteur des enjeux écologiques du siècle en se réinventant dans toutes ses dimensions, comprises désormais comme dimensions du sens lui-même. Mais cette pluridimensionnalité du sens ne pourra être pensée sans contradiction que si l'individu philosophant s'interroge dans le même temps sur ce qu'impliquait, à son insu, son propre rapport au faire-sens des significations - les mal nommées «?re-présentations?» (seconde partie).
Milieu de tous les milieux qui s'y laissent penser, le sens est alors le non-ob-jet d'une écologie philosophique fondamentale recevant ici le nom d'écologie humaine, expression vieille d'un siècle qui, pour la première fois, se met à désigner une méthode archiréflexive par laquelle l'individu philosophant parvient à déjouer le piège de son intention[n]alité en tant que structure d'oubli de sa propre non-originarité. En découlent une redéfinition des domaines épistémo-ontologique, politico-économique et pédagogico-axiologique de la philosophie et de leurs liens, mais aussi un humanisme décentré reconnaissant des droits à tout sujet sensitivo-émotif au moins. Car le droit n'est plus ici un «?système de la compatibilité des libres-arbitres?» qui serait axiologiquement fondé, mais il est le système de la compatibilité des besoins en souffrance, la responsabilité juridique reposant sur l'être-en-dette économique en tant que régime de normativité qui n'est ni ontologique ni axiologique. Telles sont les voies d'une future mais vitale réinvention sociale qui puisse aussi définir une Société de l'invention théorique et pratique.