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Jonah Lehrer
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Proust était un neuroscientifique sans le savoir
Jonah Lehrer
- Robert Laffont
- 10 Novembre 2011
- 9782221114629
La science a besoin de l'art pour exprimer la dimension du mystère, mais l'art a besoin de la science pour que tout ne demeure pas mystère.
"A l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. D'où avait pu me venir cette puissante joie ?" En citant ces phrases célèbres de Proust, Jonah Lehrer rend hommage à l'immense intuition dont l'écrivain a fait preuve. Grâce aux miettes prophétiques de sucre, farine et beurre, Proust comprit que notre odorat et notre goût portent ensemble le poids de la mémoire.
A l'époque, les physiologistes n'avaient pas la moindre idée du mode de connexion des sens à l'intérieur du cerveau. C'est seulement aujourd'hui que les neurosciences ont confirmé que notre odorat et notre goût sont directement reliés à l'hippocampe, centre de la mémoire à long terme, d'où leur penchant exceptionnellement sentimental. Outre le célèbre écrivain, sept autres artistes précurseurs ont été réunis par Jonah Lehrer dans ce livre.
Tous ont découvert, a-t-il constaté, des vérités bien réelles et tangibles sur l'esprit humain que les neurosciences commencent à peine à décrire. Auguste Escoffier sut capter "l'essence du goût", quand Paul Cézanne mit au jour le "processus de la vision". Dans d'autres registres, les amateurs de musique, de littérature et de poésie découvriront les intuitions profondes qu'eurent Igor Stravinsky, Virginia Woolf ou Watt Whitman...
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Faire le bon choix ; comment notre cerveau prend ses décisions
Jonah Lehrer
- Robert Laffont
- 18 Novembre 2010
- 9782221114636
Dans la tradition occidentale, en particulier dans la vision philosophique issue de Platon, raison et émotion sont opposées : ou bien l'on prend une décision de façon rationnelle, ou bien on la prend « avec ses tripes ». Les deux ne font généralement pas bon ménage. Et l'idée qu'existe un « être rationnel » continue de primer ! Aujourd'hui, les neuroscientifiques décrivent autrement la façon dont notre cerveau élabore ses décisions à l'aide des nouveaux outils d'imagerie cérébrale. Si l'inconscient dicte certaines de nos conduites, ce n'est pas de façon incontrôlée - comme le redoutent certains -, mais en fonction de l'apprentissage des individus. Jonah Lehrer raconte ainsi comment un contrôleur radar (lors de la première guerre d'Irak) avait décidé de lancer un missile contre une cible pour laquelle rien ne prouvait « rationnellement » que ce n'était pas un avion ami. Pourquoi cet homme a-t-il agi ainsi ? Seul un débriefing extrêmement élaboré aura permis aux scientifiques de le comprendre : son inconscient « savait », après des années de pratique du contrôle radar, qu'il s'agissait bien d'un ennemi à abattre, et c'est « avec ses tripes » (une peur incompréhensible, les mains moites, etc.) que ce contrôleur a pris la bonne décision. A l'inverse, Jonah Lehrer montre comment, lors de situations extrêmement stressantes, l'esprit parvient, dans un sursaut remarquable, à mobiliser toutes ses capacités d'analyse rationnelle pour élaborer des décisions vitales. Il décortique ainsi l'exemple d'un pompier aguerri qui, condamné par un feu auquel il était impossible d'échapper, a su allumer au dernier moment, avec un sang-froid hors du commun, un contre-feu qui l'a sauvé. Sa manière d'agir est désormais enseignée dans toutes les escouades. Raison et émotion : c'est ainsi au moyen d'un mélange particulièrement raffiné de ces deux composantes que notre cerveau prend toutes ses décisions. Et aussi, sait « faire le bon choix ». La preuve par les plus récentes découvertes en neurosciences, comme l'explique ici de façon lumineuse le jeune spécialiste américain Jonah Lehrer. Cette façon de voir devrait heurter bien des penseurs !