La Halle est une fable contemporaine, réaliste et endiablée, qui raconte la cohabitation laborieuse d'hommes et de femmes dans une halle grande comme le monde, où ils viennent travailler, boire, manger et tenter de rêver. Le rêve, pour certains, c'était encore la galerie d'art au premier étage de la Halle. Mais elle fermera ce soir, bientôt remplacée par un supermarché végétalien. Dans le microcosme de la Halle, l'annonce de ce changement de voisinage fait l'effet d'une secousse : bref on en parle, on juge, on prend parti. Depuis son étal et dans l'attente d'une surprise qui tarde à venir, le vendeur de saucissons, ami du galeriste sacrifié, fait la chronique de cette journée où tout s'accélère, révélant quelles illusions, peurs et rancunes agitent la faune de la Halle, si désespérément humaine. Or au procès du sacrifice on ne trouve ni coupables, ni accusés, car c'est la Halle seule, ce Moloch, qui décide du sort des enfants qu'on lui jette. Qui aura le courage d'abattre la bête ?
Faye, ô Faye, qui es-tu ? Un fantasme, un prétexte ? Peut-être. Formellement, une rousse laiteuse, pornstar, la poitrine canon, jolie, un peu peste, assez drôle, à jamais dix-huit ans, et puis l'oubli.
Quelle muse plus parfaite ? Belle, lointaine, obsédante, inaccessible, et pourtant transparente, offerte, assurément banale, vulgaire même : toutes les qualités que cherche le voyeur impuissant pour transcender la condition masturbatoire. Concentrer sur un seul objet l'enfer du désir et tenter de l'exorciser.La définition de la poésie courtoise en somme. Voire, qui sait, de la poésie tout court.
À Faye, le poète est fidèle et rend grâce. En 59 poèmes. Obscènes, délirants, forcément dérisoires, forcément kitsch, forcément sombres: il faut vivre avec son temps. Mais, oui, c'est de l'amour.
Analyse et pamphlet en forme de bilan de la Modernité. L'Histoire, dit-il, est une "guerre de religions" et le grand mensonge de la Modernité est de l'avoir occulté. Un "esprit romantique" a soufflé sur l'humanité, de Rousseau à Hegel, de Marx aux fascismes, de la passion nationale d'hier à la doxa ultralibérale d'aujourd'hui. Or, cette foi prométhéenne dans l'Histoire est morte dans les charniers du XXe siècle. Il nous en reste notre "religion du changement" et sa passion du révisionnisme historique. A cet "esprit romantique", il oppose "le réalisme", largement disparu auquel il rend hommage à travers quelques figures tutélaires, de Saint-Simon à Houellebecq, en passant par Flaubert et Philip Roth.
Petit roman en forme d'autoportrait du jeune homme en artiste raté, Berlin ON/OFF est décliné en trois «vignettes», des monologues vachards et baroques, qui rappelle Thomas Bernard. Chaque vignette propose une immersion courte et violente dans des univers canoniques de l'art, à travers l'oeil d'un narrateur dont on sait juste qu'il est un jeune Français, donc tenu dêtre un Rastignac ou un Sorel. Avec lui, on découvre que son opportunisme naïf l'a entraîné dans le sac de noeuds d'un milieu artistique dégradé par la sociologie de ses acteurs et la mesquinerie de leurs ambitions. Le texte dresse un portrait féroce d'une faune humaine à la fois universelle et propre au grand cirque berlinois. Un livre qui réactualise le genre du Voyage à travers... sur un mode caustique, en jouant sur les clichés.
Les tercets qui composent la Complainte lui donnent un rythme brutal et cadencé, préservant la sincérité de la voix. Le discours du mangeur, haletant et nerveux, fait écho à l'atmosphère urbaine chaotique, mais est aussi tissé d'habitudes et de résignation. Ce héros donquichottesque ne cherche ni à séduire ni à convaincre, simplement à dire ce qu'il a sur le coeur. C'est par ce chant intime qu'un homme sans auditoire accède à sa libération. Un chant qui parle aussi pour les mangeurs, vous, nous, et qui devient universel.