Le jour coagulait comme un caillot, cause de notre mort. Le mystère rompait le pain noir. Écume fabuleuse : de ceux à qui nous avons tout donné, qui chantent par nos voix quand des tonalités étonnent.
* Tout poème entame la destruction de la pureté. Un charme immatériel restitue l'immensité de la neige qui a porté sa trace. Ainsi son existence tient-elle du doute absolu.
La foi chrétienne propose une interprétation de la condition humaine selon laquelle le sens de la vie présente est son inscription dans une perspective eschatologique, c'est-à-dire son rapport à une réalité qui est à la fois encore à venir mais qui cependant, en même temps, est déjà présente parmi nous.
Cette réalité est annoncée, dans les textes fondateurs de la foi chrétienne, par l'expression " le Royaume de Dieu ". La foi chrétienne se comprend elle-même comme adhésion, dans la pratique qu'elle inspire à la grande oeuvre de la construction du Royaume de Dieu. L'existence humaine reçoit ainsi une " destinée ", au sens de " destination ". Par ailleurs, à partir de certaines expériences historiques, comme celles de la géométrie ou de la cité, s'est élaborée une perspective qui s'est définie elle-même par le concept de raison.
Cette perspective est de portée eschatologique, en ce sens proprement philosophique qu'elle ouvre sur un horizon indéfini, en lequel s'annonce l'accomplissement de la tâche historique de la construction de la raison. Comment penser le rapport entre ces deux perspectives ? Que nous apprend à ce propos l'histoire dont nous héritons ? Peut-on se borner à reconnaître que l'on se trouve en présence de deux processus totalement différents et dès lors totalement étrangers l'un à l'autre ? Et, d'autre part, si l'on reconnaît que ces perspectives se rencontrent nécessairement, comment penser et vivre cette dualité sans tenter de la ramener à un seul de ses termes ? Mais d'abord, comment, pour chacun d'entre eux, se détermine son essence ? Les textes recueillis dans le présent volume tentent de rencontrer ces questions, en évoquant d'abord ce qu'est " l'univers de la rationalité ", en exposant ensuite la problématique du rapport entre la destinée selon la foi et la destinée selon la raison, en suggérant enfin une interprétation selon laquelle la destinée de la raison est inscrite dans le 'fait chrétien, et en illustrant cette proposition par l'évocation de problématiques plus particulières, concernant les rapports entre foi, science et philosophie.
Après avoir brossé un panorama des fondements de l'éthique économique et sociale, Christian Arnsperger ébauche une analyse inspirée du fonctionnement de la société économique moderne. Catherine Larrère nous invite, pour sa part, à replacer la nature comme médiatrice entre les deux ordres rivaux de l'éthique et de l'économie, pour en faire une demeure accueillante et durable. D'où vient l'inflation contemporaine de la demande d'éthique ? Dans un troisième essai, Jean Ladrière nous livre sa réponse : de l'inefficacité de nos normes usuelles face à l'artificialisation croissante du monde par la science et la technique.
La collection est dirigée par Georges Balandier, professeur émérite à l'Université de Paris Sorbonne, directeur d'études à l'EHESS. Les ouvrages publiés sont des travaux de jeunes chercheurs français en sciences sociales.