Nul n'ignore que la science a longtemps été le domaine exclusif d'Homo mathematicus, que les femmes savantes sont ridicules et que les ingénieures ne sont pas légion. Mais si les sciences dures marchent à la testostérone, c'est aussi que leur histoire a été écrite par des hommes, attentifs à prouver par X + Y que les femmes sont génétiquement incapables de rigueur logique et d'abstraction. Pourtant, de la femme de Cro-Magnon à Dian Fossey et d'Emilie du Châtelet à Ada Lovelace, les femmes sont omniprésentes au coeur de la science. Cette impertinente galerie de portraits qui leur est consacrée remet à leur place les mythes sexistes qui voilent durablement, au préjudice de tous, la moitié féminine de la science.
- Les jouets sont-ils des objets futiles, tout juste bons à amuser les enfants ?C'est sans doute le cas pour la plupart des enfants, mais pas pour tous. Certains trouvent dans leurs jouets une puissante source d'inspiration capable d'engendrer, des années plus tard, les théories physiques les plus fracassantes. Simples amusements, les jouets sont aussi porteurs de vérités fondamentales sur l'espace et le temps. Chardin, ici pris pour guide, sut traduire les abimes de réflexion où plongent les enfants qui font tourner une toupie ou édifient un château de cartes.Les grands secrets de la physique se sont ainsi révélés au XVIIe siècle à Isaac Newton, qui comprit la nature de la lumière avec un prisme de verre, lequel était à son époque un jouet, et au XIXe à James Maxwell, qui trouva dans sa fine connaissance des toupies les analogies qui lui permirent d'unifier l'électricité et le magnétisme. Quant à Albert Einstein, il fait remonter ses premières interrogations sur l'espace et le temps aux châteaux de cartes, aux boussoles et aux machines à vapeur miniatures de son enfance.On comprend mieux dès lors pourquoi circulent tant de légendes sur les enfants prodiges à l'origine de grandes inventions, et pourquoi l'antique mythe de Dionysos, fils de Zeus tué par les Titans, fait mention d'une poignée de jouets - celle précisément qui semble suivre fidèlement depuis toujours les petits d'homme dans leur initiation aux secrets du monde.Ce petit livre n'est pas un recueil d'histoire des sciences, ni un manuel de physique, une monographie de Chardin ou une étude mythologique. C'est tout cela à la fois, pimenté d'un hommage sincère toujours, poétique souvent, à la lucidité du regard enfantin.
- Nicolas Witkowski, physicien de formation, journaliste et éditeur scientifique, a publié plusieurs livres au Seuil, de La Baignoire d'Archimède (1996) à Trop belles pour le Nobel (2005), et dirigé L'Etat des sciences (La Découverte, 1991) et le Dictionnaire culturel des sciences (Regard, 2001).
Ceci n'est pas un dictionnaire des sciences.
C'est un "dictionnaire", certes, mais qui commence avec absinthe et finit à zoroastre. et s'il y est bien question de "science", ce n'est surtout pas celle des scientifiques et des manuels scolaires ou universitaires, celle qu'il faut vulgariser au prétexte qu'elle serait inaccessible. ceci est un recueil d'un bon millier d'articles, résultat de 97 regards croisés sur ce qui, dans la science, son histoire, ses personnages, ses lieux, ses idées - et surtout autour d'elle, dans ses contacts avec l'art, la littérature, l'économie, la politique ou la religion, a paru susceptible d'intéresser l'homo sapiens sapiens du xxie siècle.
La plus totale liberté de ton est ici mise au service d'une recherche assidue de la clarté. tout jargon, masque ordinaire de l'incompréhension, a été impitoyablement chassé, au même titre que ces figures de style signifiant qu'un savant s'adresse, du coeur de la science, à un ignorant avide de savoir. les sciences (toutes ou presque, et pas seulement occidentales) sont ici envisagées, non pas de l'intérieur comme c'est la coutume, mais de l'extérieur, depuis ces lieux oú, au contact des autres domaines du savoir et de la culture, elles prennent tout leur sens.
Le big bang de la cosmologie et l'adn de nos cellules sont bien là, mais la poésie et l'alchimie ont aussi leur place ; les mathématiques et la biologie moléculaire, mais aussi le mesmérisme et les anges. avec en prime l'utilité et la subtilité, la beauté et l'ignorance, nombre de personnages inattendus et quelques dizaines d'images emblématiques de la science : la raison, fut-elle scientifique, ne peut se passer de l'imaginaire, ni la science de sa fiction.
C'est à renouer les liens perdus entre les sciences et la culture que se consacre cet ouvrage, dans l'espoir un peu fou mais essentiel de voir la science, aujourd'hui gravement coupée de ce qui devrait être "son" public, c'est-à-dire chacun de nous, devenir plus intelligible. n. w.
Symbole de beauté et de légèreté, mais aussi emblème de l'âme et de la métamorphose, le papillon a toujours voleté de la futilité à la gravité, de l'inconstance à la profondeur, et du libertinage à la métaphysique. Chaque époque lui a donné un ses particulier en respectant toujours cette ambivalence. La nôtre a choisi de papillonner entre la science du hasard et le tatouage coquin. Ce sont les voies multiples et inattendues du papillon-symbole que retrace cet ouvrage. Des mystiques hollandais du XVIIe siècle à Jules Michelet et Marcel Proust, de Jérôme Bosch à Salvador Dali et jean Dubuffet, des folies romantiques du peintre Fuseli aux méditations savantes du naturaliste Jean-Henri Fabre, de l'antique Psyché à la moderne Lolita, le papillon a toujours su s'adapter à l'air du temps et offrir un reflet fidèle de nos angoisses les plus secrètes. Le papillon ? un symbole décidément pas comme les autres, dont l'éternel retour dans la mode, l'art, la science, la littérature et tous les secteurs de la culture, souligne l'importance immémoriale.
De réchauffement climatique en scandale sanitaire et d'OGM en catastrophe nucléaire, la science et la technique sont devenues des questions pleinement politiques, tandis que la " technoscience " vient interroger les concepts moraux les mieux ancrés. Pourtant, ce qui devrait susciter un intérêt soutenu ne génère souvent que la résignation de " n'y rien comprendre " - ce qui laisse le champ libre aux lobbies de la technologie et aux bluffs scientifiques les plus éhontés. Qu'y puis-je, direz-vous, si la science m'a toujours été présentée comme rébarbative et " chiantifique ", et si la parole des experts, même de mauvaise foi, couvre la mienne quand je tente de m'exprimer à ce sujet ? Et puis, cela me concerne-t-il vraiment ? Un seul remède : se plonger dans ce dictionnaire, qui vise moins à " faire passer " de l'information qu'à donner les outils nécessaires pour dégonfler les prétentions excessives de la technoscience. De " abeille " à " zz " en passant par " sérendipité " et " post-humanisme ", c'est tout le domaine de la science et de la technologie qui se révèle non seulement comme digne d'être exploré mais aussi comme susceptible d'être squatté efficacement : les théories les plus décoiffantes, les idées les moins convenues et les personnages les plus inattendus font de ce domaine un incomparable tremplin pour l'imagination, et incitent à pénétrer sans crainte dans ce que tant d'autres aimeraient continuer à considérer comme une chasse gardée.
L'histoire des sciences traditionnelle paraît souvent rassembler ce que l'histoire a de plus ennuyeux, et la science de plus retors.
Cette histoire de la Raison qui prétend, à coups de héros inspirés et de glorieuses découvertes, ignorer celles, parallèles, de la déraison et des sentiments est comme un conte de fées sans ogre qui ne ferait même pas frémir les enfants. D'oùla nécessité d'une histoire " sentimentale " des sciences, susceptible de remettre un peu de désordre dans le musée poussiéreux de nos certitudes sur l'élaboration des Bavoirs.
On y rencontrera un pionnier aveugle du cinéma, des Naturphilosophen politiquement incorrects, un Denis Papin fabriqué sur mesure, un Maupertuis étendu pour le compte, un chirurgien éventrant les crapauds et scrutant le sexe des sorcières, un Newton fabriquant des cerfs volants à pétards, un Voltaire tranchant la tête d'une douzaine d'escargots et un maître d'école suisse illuminant d'une formule magique le coeur de l'atome.
Des idées les moins géniales de Léonard de Vinci aux intuitions les plus fructueuses des savants romantiques, on suivra les imprévisibles linéaments de la pensée savante et l'on prendra la mesure de la profondeur vertigineuse à laquelle plongent ses racines poétiques, mystiques et magiques.
Ceux qui avouent ne rien comprendre à la science ont au moins entendu parler de la pomme de newton, du chaînon manquant ou de la baignoire d'archimède.
Mais savent-ils qu'une femme se cache derrière la pomme, que nombre de chaînons manquent toujours à la biologie contemporaine et qu'archimède trempait aussi dans des affaires d'armementoe sont-ils bien conscients que le terme "big bang" est né d'une méchante plaisanterie et que frankenstein n'est pas la créature couturée que l'on croit ?
Cette anthologie, par-delà l'histoire des sciences, nous conte des histoires de science, et fait le point sur les grands mythes qui nous tiennent lieu de bagage scientifique.
Elle montre que ces images d'epinal ont non seulement une logique propre, mais aussi dressent un tableau plus ressemblant que nature du monde savant et des points de friction de la pensée scientifique et du sens commun.