« Eux » ce sont les hommes qui ont traversé la vie de Maureen Wendall et l'ont marquée à jamais. Howard, le père, qui leur rend la vie infernale : renvoyé pour fraude de la police, il sombre dans l'alcool avant de mourir écrasé sous une tonne d'acier à l'usine. Jules, le grand frère tant aimé, qui disparaît à l'entrée de l'adolescence pour essayer de fuir le contexte familial sordide et flirte avec la pègre sans même s'en rendre compte. Mais « Elles », sont-elles vraiment leurs victimes ou leurs complices passives mais dévouées ? Ainsi Loretta, la mère, dont le premier amant fut assassiné d'une balle dans la tête par son propre frère alors qu'ils venaient de faire l'amour. Hantée par cet univers de violence masculine, elle ne cessera pour autant de refuser à ses filles la chance de se sortir de leur milieu, semblant prendre plaisir à leur imposer la compagnie des hommes veules qu'elle se choisit. À travers l'histoire de cette famille maudite, Joyce Carol Oates dépeint trente ans de drames, de conflits, de violence, d'amour et de folie dans le décor sordide mais grouillant de vie des bas-fonds de Detroit. Elle met son intelligence cruelle et son impitoyable lucidité au service d'une vaste fresque qui s'étend de la Dépression des années 1930 aux émeutes raciales de 1967 et dont la puissance n'a d'égale que le brio du style.
Joyce Carol Oates
Je vous emmène
« En ce début des années soixante, nous n'étions pas encore des femmes mais des jeunes filles. Fait qui, sans ironie aucune, était considéré comme un avantage. » Ainsi commence cette chronique de la vie d'un campus américain à l'époque où le seul diplôme reconnu pour une demoiselle qui se respecte était une bague de fiançailles.
Que se passe-t-il dans ce petit monde édulcoré quand une jeune femme pas comme les autres s'éprend d'un étudiant noir alors que la ségrégation raciale bat son plein ? Voilà le point de départ de ce tableau d'une Amé-rique avant la tempête, encore perdue dans ses rêves d'innocence.
Bien plus qu'une réflexion critique sur une période souvent évoquée avec nostalgie, Je vous emmène retrace le parcours d'une jeune fille indépendante, à la fois vulnérable et rebelle. Pleine d'humour et de doutes, c'est dans l'écriture qu'elle trouvera sa place et construira son identité en dehors des modèles offerts.
À Mont-Ephraim, petite ville des États-Unis située dans l'État de New York, vit une famille pas comme les autres : les Mulvaney. Judd, le cadet, Marianne « Bouton » jeune fille belle et modeste, Mike le « mulet » sportif et fonceur, Patrick le scientifique pragmatique, et leurs parents, Corinne et Michael, aussi aimants qu'extravagants.
Au milieu des animaux - chevaux, chiens, chats - et du désordre ambiant, ils cohabitent dans une ferme respirant le bonheur, où les corvées elles-mêmes sont vécues de manière cocasse, offrant ainsi aux autres l'image d'une famille parfaite, comme chacun rêverait d'en avoir.
Jusqu'à cette nuit de 1976 où le rêve vire au cauchemar... Une soirée de Saint-Valentin arrosée. Un cavalier douteux. Des souvenirs flous et contradictoires. Le regard des autres qui change. La honte et le rejet. Un drame personnel qui devient un drame familial.
En dressant le portrait de la dissolution d'une famille idéale, Joyce Carol Oates épingle l'hypocrisie d'une société où le paraître règne en maître et érige en roi les princes biens-pensants ; où un sourire chaleureux cache souvent un secret malheureux, où il faut se taire, au risque de briser l'éclat du rêve américain.
Dévastée par la mort de sa mère, disparue dans un accident de voiture dont elle s'estime responsable, Jenna, quinze ans, a tout à reconstruire. Elle essaie de sortir de l'état cotonneux qui est devenu son quotidien. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Crow, le garçon solaire qui va tout faire pour l'aider. Encore faut-il que l'adolescente blessée accepte la main tendue... « Un roman d'une rare intensité sur l'autodestruction adolescente, au dénouement fort et optimiste. » Publishers Weekly « Un livre puissant, à ne pas manquer. Fascinant. » School Library Journal
joshua seigl est maître de son destin. la quarantaine, cultivé, écrivain estimé, riche, homme à femmes confortablement installé dans sa demeure de rochester, état de new york. que pourrait-il bien manquer à ce tableau parfait ? sans doute un petit peu de désordre, lequel ne tarde pas à faire son irruption dans le quotidien de siegl sous les traits d'alma busch, embauchée pour prendre soin de lui à la suite d'une maladie. rien ne prédestinait cette femme pauvre, illettrée, recouverte de tatouages, paumée, à rentrer dans le monde de siegl. et pourtant, un homme comme lui peut-il résister à l'envie de jouer le pygmalion et de sauver une âme perdue oe
le maître dans ce couple improbable n'est pourtant pas celui qu'on croit. car si lui est plein de bienveillance paternaliste à l'égard d'alma, la petite créature apparemment fragile qu'elle est se révèle au fil du temps haineuse, antisémite et sûre de sa supériorité. et tandis que sa santé se détériore, siegl se sent de plus en plus dépendant de sa protégée au passé trouble.
ce huis-clos érotique réunit deux visages de l'amérique : l'élite cultivée, européenne, urbaine, et les exclus du système, analphabètes, sans ressources ni perspective. deux mondes qui se croisent mais ne se connaissent pas, et qui surtout ne parviennent pas à se comprendre. sans doute le roman le plus controversé de joyce carol oates.
Une gigantesque demeure dans la région de Chautauqua, près du mythique Lac Noir. Six générations d'une même famille l'habitent au cours du xixe siècle : les fortunés et influents Bellefleur. Ils possèdent une multitude de terres, emploient leurs voisins et pèsent sur le gouvernement. Groupe excentrique et prolifique, ils composent un clan des plus bigarrés : un tueur en série, un allumé qui part se terrer dans les montagnes à la recherche de Dieu, un noctambule inquiétant, un brillant scientifique, une enfant singulière, sont autant de personnages qui viennent animer la vie domestique.
Après la naissance de sa fille Germaine, Leah, une jeune femme délicate, décide de restaurer l'empire des Bellefleur, tandis que son mari, Gideon, incorrigible pilote qui cherche son propre plaisir dans des activités égoïstes, s'en éloigne indéniablement, jusqu'à finir par détruire la lignée toute entière dans un acte macabre final.
Avec Bellefleur, Joyce Carol Oates signe un roman baroque, foisonnant et riche qui, d'un rythme lancinant, nous entraîne dans les pénombres des consciences. En mélangeant événements magiques et historiques, elle nous livre une réflexion sur les limites de la liberté individuelle dans une société américaine cloisonnée où les origines et les racines entravent les destins.
Hantises est un recueil de seize nouvelles fantastiques dans lequel on retrouve tout l'art de conter de Joyce Carol Oates. Dans la nouvelle éponyme, Melissa, une adolescente, et sa meilleure amie, la précoce Mary Lou, s'amusent à explorer des maisons à l'abandon. Mais la ferme des Minton est un endroit dans lequel les deux jeunes filles n'auraient jamais dû s'aventurer et, des années plus tard, Melissa, toujours habitée par l'effroyable souvenir de cette maison, ne sait que trop bien à quel point il peut être dangereux de transgresser les interdits... Dans La Poupée, Florence Parr reçoit, à l'occasion de son quatrième anniversaire, une magnifique maison de poupée. Quarante ans plus tard, alors qu'elle est au volant de sa voiture, Florence découvre la réplique grandeur nature de la maison de poupée de son enfance qui l'avait tant marquée. Rassemblant tout son courage, elle décide de sonner à la porte de la maison. C'est le début d'un inquiétant voyage au c½ur de ses souvenirs et de ses peurs. Histoires de fantômes, terrifiantes intrigues psychologiques, les nouvelles de ce recueil dépeignent un monde cauchemardesque, où la violence fait son intrusion dans le quotidien sans cirer gare. Une manière pour Joyce Carol Oates de revisiter la réalité américaine et sa psyché, tout en rendant un brillant hommage aux grands maîtres du genre fantastique que sont Edgar Allan Poe et Henry James. Frissons garantis.
Les dix nouvelles de ce recueil sont des coups de sonde lancés dans une réalité temporelle bien précise, l'Amérique des années 1970, et explorent parallèlement une réalité beaucoup plus générale : l'homme et la femme saisis au coeur même du mariage, lieu par excellence de leur union et de leur désunion.
Dans ce huis-clos, l'auteur nous révèle de terribles frustrations, voire des névroses, conduisant à des tragédies sans cris ni larmes dont les enfants (on peut songer à Salinger) sont souvent les témoins muets et lucides. Mais la tonalité relativement noire de ces textes n'épuise pas le prisme d'un univers où l'imaginaire, l'humour et la compassion (c'est notamment le cas du plus long d'entre eux, Un mariage sacré, véritable petit chef-d'oeuvre) créent un climat d'envoûtement.
Le talent aigu de Joyce Carol Oates, manifesté avec éclat depuis son premier recueil, Corps (1973), se déploie ici avec une souveraine maîtrise. Il place cette romancière par ailleurs si féconde au premier rang des nouvellistes de son pays et de littérature mondiale.
Toute l'oeuvre de J.C. Oates est publiée aux Editions Stock.
Cette saveur amère de l'amour Hammond, petite ville au nord de l'Etat de New York, dans l'Amérique des années cinquante. Entre blancs et noirs, la barrière est infranchissable, même dans les quartiers les plus pauvres, même si les enfants se côtoient à l'école et si une attirance existe entre adolescents des deux races. Une situation qui bascule le jour où, pour sauver Iris la blonde, agressée par un minable "petit blanc", Jinx le noir devient un meurtrier.
Un lien tragique va dès lors unir les jeunes gens, seule sanction de cet acte qui n'a pas eu de témoin. Les années s'écoulent. Iris survit au divorce de ses parents, à la dérive de sa mère. Elle change de ville et de milieu. Jinx, à la suite d'un accident, renonce au basket, sa passion, et aux études. Il choisit de devenir "un crétin de négro ignorant". Enfermés chacun dans un rôle mensonger, il leur reste la certitude que "personne n'est aussi proche de nous que nous le sommes l'un de l'autre".
Une fois encore, la puissance d'écriture, l'ironie et l'acuité du regard de J.C. Oates forcent l'admiration. Celle que les Américains tiennent pour leur meilleur peintre de la réalité contemporaine donne ici l'un de ses plus grands romans.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Sophie Mayoux.
Corky A quarante-deux ans, Jerome Corcoran, "Corky" pour ses amis et connaissances, est selon toute apparence un homme qui a réussi sa vie : promoteur immobilier florissant, conseiller municipal à l'avenir politique prometteur, grand séducteur de dames, ami fidèle et généreuxà Sa vaste demeure, ses costumes coûteux et les énormes pourboires qu'il distribue lui confirment la distance qu'il a si soigneusement établie entre lui et l'histoire de sa famille (laquelle inclut un père assassiné et une mère folle à lier) qu'il préfère oublier. Corky peut penser que ses pénibles débuts sur Irish Hill, un des quartiers les plus moches de Union City, sont désormais loin derrière lui, mais, au cours d'un week-end de 1992, cette belle illusion, en même temps que beaucoup d'autres, sera complètement détruite. Dans la longue liste des femmes proches de Corky, une seule compte plus pour lui que ses propres intérêts ou appétits : Thalia, sa belle-fille. Thalia qui deviendra l'agent de sa chute, dans un drame compliqué mêlant corruption, chantage et scandale politique, le tout couronné par un acte d'une violence explosive.
C'est une étonnante plongée dans l'âme masculine qu'accomplit ici avec un extraordinaire brio Joyce Carol Oates, nous donnant ainsi son livre le plus ambitieux et le plus réussi.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude Seban
Zombi oe Il pose bien un peu un problème à son professeur de père, et à sa mère - qui l'adore - mais ni l'un ni l'autre ne croient une seconde à l'accusation d'agression sexuelle sur un mineur dont il est l'objet.
Oe Il est un cas pour le psychiatre-expert auprès des tribunaux chargé de le suivre, qui se sent néanmoins encouragé par la qualité toujours plus positive de ses rêves et de sa franchise à en discuter.
Oe Il est le plus exquis et le plus attentif des garçons pour sa riche grand-mère de moins en moins capable de lui refuser quoi que ce soit.
Oe Il est le plus vrai et le plus abominablement terrifiant des tueurs-psychopathes jamais imaginés dans un roman dont on se demande par instants comment l'auteur a pu trouver, avec autant de talent, les mots pour l'écrire.
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claude Seban.
Son père, elle l'adorait. Ce pilote, marqué par les horreurs de la guerre du Vietnam, Ingrid ne l'a pourtant connu qu'au cours d'apparitions fulgurantes, jusqu'au jour où il s'est enfui. Elle sera élevée par une mère jeune et ravissante, passionnément éprise de son mari mais qui - parce qu'elle vit seule dans un monde d'hommes, et n'existe que par leur regard, leur admiration ? - va prendre une succession d'amants.
Meurtrie par ces années d'enfance, vécues dans un monde vibrant de violence, perdue comme sa mère dans le souvenir magnifié du fugitif, Ingrid devient une adolescente affamée d'affection et d'amour. Persuadée d'être méprisable, en dépit ou à cause de sa beauté, elle va jusqu'au bout de la haine de soi. Elle se donne à qui la trouve désirable, se mutile, se drogue, finit par tomber entre les mains du gourou d'une secte satanique, qui lui fait connaître l'ignominie à l'état pur. C'est à deux doigts de la mort qu'elle trouvera au fond d'elle-même le désir de vivre et d'aimer différemment, "de savoir qu'elle existe même lorsqu'elle ne souffre pas".
Un livre ravageur, d'une brutalité largement rachetée par la lente guérison, superbement décrite, d'un être arrivé au bout de l'enfer. Du très grand Oates, dans la veine de Zombie et de Confessions d'un gang de filles.
Jusqu'où ira une femme amoureuse pour rappeler à elle son fiancé enfui ? Jusqu'où mène l'amour ? Jusqu'à quels sommets de cruauté, de perversité, de séduction ? Tel est le thème central des Mystères de Winterthurn.
A la fin du xixe siècle, au manoir de Glen Mawr, situé dans la ville de Winterthurn à l'est des Etats-Unis, vit l'étrange famille Kilgarvan qui se compose de trois filles : Georgina, l'aînée, dite "La Nonne bleue", et ses deux demi-soeurs qu'elle élève seule, la sage et studieuse Thérèse et la jolie, fantasque et perverse Perdita. A l'aube d'une journée de mai, la Nonne bleue s'en va mystérieusement en ville acheter cinquante livres de chaux vive. Peu après, on retrouvera le bébé de sa cousine Abigaïl, venue quelques jours en visite, égorgé près du lit de sa mère. La vérité sur ce meurtre atroce, mieux aurait-il valu, sans doute, ne pas la découvrir Douze ans plus tard, cinq jeunes filles sont retrouvées mortes, atrocement mutilées, près de Winterthurn. Et, douze ans après, c'est le pasteur, sa mère et une de ses paroissiennes qui sont sauvagement assassinés à coups de hache. Chaque fois, la clé de ces mystères épouvantables va être la même, nous le devinons bien : jusqu'où ose aller une femme amoureuse oe Joyce Carol Oates sait décrire comme personne ce qu'il y a de plus noir au fond des êtres. Elle sait aussi toucher notre imagination dans ses zones d'ombres les plus secrètes. De cette société rigide du tournant du siècle, elle dénonce inexorablement les tabous et les interdits.
Les mystères de Winterthurn est un livre foisonnant, frémissant, étrange et somptueux, où le diabolique frôle parfois le comique dans la plus pure tradition du roman noir. On y retrouve tout le talent, tous les accents de l'auteur de Bellefleur et de La Légende de Bloodsmoor.
Joyce Carol Oates est sans doute la plus douée et la plus féconde des jeunes romancières américaines d'aujourd'hui. Traduite dans le monde entier, elle a publié treize romans ou recueils de nouvelles en France, tous aux Editions Stock. Citons les plus récents : Bellefleur 1981, Amours profanes 1982, Une éducation sentimentale en 1983, La Légende de Bloodsmoor en 1985 et L'homme que les femmes adoraient en 1986.
1891. abraham licht, escroc patenté autant qu'élégant, vient établir à muirkirk (nouvelle-angleterre) sa dynastie d'éblouissants filous. tel un patriarche biblique, licht voit dans ses enfants le moyen de parvenir à l'immortalité, et il les expédie dans le monde avec mission de soulager de leur argent les très riches et les très crédules. mais ces leçons n'auront que des effets provisoires encore que remarquables. un à un les enfants de papa licht le laisse plus ou moins tomber.
Mon coeur mis à nu est un roman somptueux, foisonnant, cruellement comique, où oates refait la preuve qu'elle sait, comme personne, explorer de manière quasi-diabolique les replis les plus secrets de l'âme et du corps humain, tout en dépeçant l'histoire avec allégresse.
Joyce Carol Oates Johnny Blues Depuis ce jour de 1960 où elle est arrivée à Willowsville, une convenable bourgade de loeEtat de New York, à bord doeune Cadillac rose saumon conduite par un gamin de onze ans, la famille Heart noea cessé de susciter questions et passions. Et si la mère, une blonde à la réputation sulfureuse, opère vite des ravages parmi les adultes, John Reddy, son fils, beau et taciturne, va peu à peu séduire la jeunesse de la ville.
Or, un soir, quand loeun des « amis » de Mme Heart est tué doeun coup de revolver dans la chambre à coucher de la belle, John Reddy soeenfuit. Traqué par la police, arrêté, emprisonné, jugé, acquitté, il devient alors héros national, et loeobjet doeun véritable culte pour ses camarades de lycée qui, trente ans plus tard, au cours de leurs réunions doeanciens élèves, continuent de mesurer leur vie à sa légende. Coupable ou non coupable, qui était vraiment John Reddy oeoe A travers les conjectures du narrateur se dessine un impitoyable portrait de cette Amérique à la fois absurde et généreuse, toujours en quête de héros, dont Joyce Carol Oates sait magistralement sonder les mystères.
A Salthill-sur-Hudson, on roule en limousine et on cultive les orchidées.
On est beau, on est riche et on vit hors du temps dans un enclos idyllique. Personne ne pouvait imaginer que la mort accidentelle de Adam Berendt, le sculpteur aimé de la commune, allait faire basculer ce petit coin de paradis dans l'enfer. Sa disparition délie les langues et met en lumières des liens insoupçonnés entre cet homme sans histoire et les autres habitants. Il apparaît bientôt que Berendt n'était pas si inoffensif et retiré qu'il en avait l'air. Un manège de personnages et de destins se met à tourner à folle allure, la comédie humaine est lancée.
Ce livre, placé sous le signe d'Edgar Allan Poe dont Oates partage l'amour du fantastique et de l'horreur, comporte vingt et une nouvelles. Le thème qui les relie est la frontière floue entre le bien et le mal. Joyce Carol Oates traite ce sujet sous tous ses aspects dans des styles et des tonalités d'une variété impressionnante. Parfois réaliste, souvent d'un comique grinçant mais toujours avec une admirable économie de moyens, elle raconte la vie d'hommes et de femmes aux prises avec leurs contradictions et leurs obsessions. L'infidélité sexuelle, les tricheries, les malhonnêtetés routinières, les secrets de familles, les ambitions revues à la baisse, les magouilles du journalisme à scandale, l'attachement érotique aux armes à feu, la peine de mort : autant d'angles d'approche qui permettent à Oates de disséquer l'âme humaine.
Chronique de moeurs, Infidèle constitue aussi une critique sociale acerbe dans une Amérique en quête de repères où les laissés pour compte comme les privilégiés tentent de trouver une issue à la violence.