L'amateur de tennis reprend les chroniques écrites par Serge Daney pour Libération, de 1980 à 1990. Décor : Roland-Garros, Wimbledon, la Coupe Davis, Bercy. Acteurs : Björn Borg, Ivan Lendl, Chris Evert-Lloyd, John McEnroe, Gabriella Sabatini, Jimmy Connors, Martina Navratilova, Yannick Noah, Steffi Graf, Mats Wilander, Hana Mandlikova, Henri Leconte, Boris Becker..., les arbitres, le public, mais aussi le temps tel que les uns et les autres le maîtrisent ou le subissent.
Ce sont des portraits, ce sont des récits, des commentaires, des questions et des réflexions. C'est une manière de parler de tennis comme on devrait parler de littérature ou de cinéma, par exemple. En moraliste passionné, en critique conscient de tous les devoirs et de tous les enjeux.
Ce troisième volume de La Maison cinéma et le monde poursuit la publication des textes de Serge Daney non recueillis de son vivant, signés de son seul nom et parus, pour l'essentiel, dans le journal Libération, au moment où il devient l'un des responsables du service Culture et de la page Rebonds du quotidien. Il continue d'écrire sur les films qui sortent en salles chaque semaine mais revisite aussi ceux, plus classiques, qu'il passe au crible de la télévision dans sa chronique des " Fantômes du permanent ". Il persévère dans ses voyages et son travail, occasionnel, de grand reporter mais s'engage plus encore dans le décryptage de l'information, de la publicité et des médias.
Si la maison cinéma s'ouvre ici, comme jamais, sur le monde, c'est que de la " Politique des auteurs " Serge Daney a su retenir la politique au moins autant que ses auteurs. Cet art de la mise en scène qu'il a appris des films informe désormais totalement son regard et son écriture critique quel qu'en soit a priori l'objet. En témoignent exemplairement les articles du " Salaire du zappeur " ou les deux séries de textes consacrés à la médiatisation de la révolution roumaine et à celle de la guerre du Golfe.
On trouvera enfin dans ce recueil certaines des mises au point les plus approfondies de Serge Daney sur la Nouvelle Vague et ses suites, sur les relations compliquées du cinéma et de la télévision, sur la photographie et la bande dessinée, et, plus généralement, sur l'opposition de l'image et du visuel.
Le journal, ce fut Libération entre 1981 et 1986, années au cours desquelles on commença à trouver critique l'état du cinéma. En effet, mieux nous savons en quoi le cinéma a été « l'art du XXe siècle », plus nous doutons de son avenir. Et en même temps, plus nous doutons des chances de l'image d'une époque vouée aux dogmes de la communication, mieux nous savons que le cinéma est notre bien le plus précieux, notre seul fil d'Ariane.
Le critique de cinéma serait vite un dinosaure moralisant ou un gardien de musée s'il ne sortait, parfois, de sa tanière. Comme s'il lui fallait travailler à la ciné-critique d'un monde qui aurait moins besoin du cinéma.
C'est pourquoi, ce Ciné-journal fait cohabiter au jour le jour des articles parus dans Libération.
Critiques de films, anciens et récents, éditoriaux, reportages à chaud et récits de voyage dans l'image, du côté de la télévision, de ses emblèmes et de ses effigies.
C'est au tour du cinéma d'être voyagé. »
Ce livre est issu de l'entretien que Serge Daney et Serge Toubiana menèrent ensemble, durant trois jours, en 1991, dans la solitude d'une retraite amicale. Pour Serge Daney, il s'agissait d'envisager enfin sa ciné-biographie, de prendre à bras-le-corps le matériau de sa vie même de ciné-fils et, comme le dit Serge Toubiana, de boucler «sa propre histoire, son itinéraire d'enfant né en 1944 - l'année de Rome ville ouverte et de la découverte des camps - puis d'adolescent et de jeune homme qui, à travers l'amour du cinéma allait écrire sa vie, c'est-à-dire la confondre avec une certaine histoire du cinéma».
Avec ce quatrième et dernier volume de La Maison cinéma et le monde s'achève la publication des écrits de Serge Daney jusqu'ici dispensés dans divers journaux ou revues, catalogues ou programmes souvent introuvables aujourd'hui. Après le temps des Cahiers et les années Libé, voici venu, trop bref mais si intense, le moment Trafi c, du nom de la revue qu'il fonde avec quelques amis (Raymond Belloun, Jean-Claude Biette, Sylvie Pierre et Patrice Rollet) en décembre 1991, alors qu'il se sait déjà condamné par la maladie (le sida). Il ne pourra en concevoir que les trois premiers numéros avant sa mort annoncée, le 12 juin 1992.
C'est le moment où, pressé par le compte à rebours de sa propre vie, Serge Daney porte à incandescence son rapport au cinéma et rédige certains de ses plus beaux textes, avec une ambition affi chée d'écrivain et dans le cadre d'une revue dont il a voulu le moindre détail, de l'absence revendiquée d'éditorial à la méfi ance envers les rubriques habituelles de la critique, en passant par le refus de l'illustration pour l'illustration. L'écriture seule a charge d'y décrire le mouvement des fi lms et de nous apprendre comment vivre avec les images.
Mais c'est aussi le moment ultime où, en toute conscience, Serge Daney fait le point sur son existence de ciné-fi ls et de passeur dans les entretiens approfondis qu'il accorde alors à Art Press, à Esprit, aux Inrockuptibles, au Monde ou à 24 images et qui constituent les compléments indispensables à ceux de Persévérance ou d'Itinéraire d'un ciné-fi ls.
Serge daney, en bon journaliste, écrivait au jour le jour et dans l'urgence.
Le brio de ses critiques dans les colonnes des cahiers du cinéma, de libération ou de trafic, la violence de ses interventions, alliée à un sens exacerbé de l'actualité, ont trop souvent dissimulé aux yeux de ses lecteurs les plus attentifs le fil rouge de ses partis pris, cette basse plus continue de sa cinéphilie oú la permanence de ses goûts l'a généralement protégé de l'impermanence de ses doutes, bref quelque chose comme l'invariance de sa pensée derrière les variations de ses idées.
Le montage de ses textes induit par la forme même du livre (cet " editing " commun en anglais au cinéma et à l'édition, d'oú surgit l'étincelle du sens) permet d'en dégager les lignes de forces plus secrètes pour en laisser apparaître les soubassements profonds, éthiques, on le sait, plus encore qu'esthétiques. ce premier volume consacré essentiellement au temps des cahiers, de 1962 à 1981, raconte les années d'apprentissage de serge daney, sa découverte conjointe du cinéma et du monde, son engagement résolument politique, la fascination naissante des médias, en rassemblant enfin la plupart de ses articles, souvent rares ou inaccessibles, parfois inédits, toujours décisifs dans l'élaboration de sa réflexion.
Adaptation Nicolas Bouchaud, Éric Didry et Véronique Timsit d'après Itinéraire d'un ciné-fils, un entretien avec Régis Debray.
C'est à notre propre rapport à l'art que nous renvoie Daney. L'art du côté du présent et de la vie‚ c'est-à-dire du côté de l'expérience. Il suffit de se souvenir que le cinéma prend sa source dans notre enfance et qu'un photogramme aperçu en passant à l'entrée d'une salle peut changer sensiblement le cours des choses en nous. Imaginons donc un acteur jouant un spectateur...
The writings of one of the greatest film critics of his generation on the auteur approach of the French New Wave to a more structural examination of film.
One of the greatest film critics of his generation, Serge Daney wrote for Cahiers du Cinéma before becoming a journalist for the daily newspaper Libération. The writings collected in this volume reflect Daney's evolving interests, from the auteur approach of the French New Wave to a more structural examination of film, psychoanalysis, and popular culture. Openly gay throughout his lifetime, Daney rarely wrote explicitly about homosexuality but his writings reflect a queer sensibility that would influence future generations. In regular intellectual exchanges with Gilles Deleuze, Félix Guattari, and Roland Barthes, Daney wrote about cinema autobiographically, while lyrically analyzing the transition from modern cinema to postmodern media. A noted polymath, Daney also published books about tennis and Haiti's notorious Duvalier regime. His criticism is open and challenging, polyvocal and compulsively readable.
« Tous les articles de ce recueil ont été écrits, entre 1970 et 1982, pour les Cahiers du cinéma. L'idée de travailler pour une autre revue ne m'a simplement jamais effleuré. Le paradoxe de ces textes - à peine retouchés - est qu'ils ont été écrits avec le souci de «faire le point» sur la situation de la revue tout au long de la décennie, prise entre ses goûts et ses dégoûts spontanés, sa légende d'hier et son passé récent, tel mot clé et tel autre. Il y a un drôle de «nous» dans ces textes, un «on» facile, un «je» bizarre et tardif. Ils suivent pas à pas (ce «nous», ce «on» et ce «je»), en faisant la théorie de chaque pas, les impasses et les métamorphoses d'une problématique «maison», héritée par-delà 1968 d'André Bazin et des Cahiers dits «jaunes». Des embryons théoriques jouxtent des polémiques oubliées, des évaluations sauvages voisinent avec un peu de lenteur pédagogique. Des cris provisoires n'empêchent pas d'entendre, discret mais off, le bruit d'une page qui se tourne. » Serge Daney, 1983.
(À l'occasion de la première publication du recueil)
Du temps qu'il y avait encore des cinémas dans les quartiers, la direction de la salle se rappelait parfois à la vigilance des spectateurs, les tirant de leur torpeur ébahie.
Un carton en noir et blanc, un intertitre fatal, demandait aux spectatrices de ne pas oublier la réalité de tous les jours, à savoir leur sac à main, oublié là, dans l'obscurité, à leurs pieds et exposé à l'abjection d'un vol. qui ne se souvient d'avoir vaguement tremblé pour ces sacs ? et qui n'en a pas voulu à la " direction " de procéder à une dé-sublimation si triviale ? d'autant que les années passaient et que, malgré l'éternel retour du terrible mot " recrudescence ", ce n'étaient pas les sacs à main qui disparaissaient mais bel et bien les salles de cinéma.
Au point que le carton fatidique qui semblait veiller sur nous et sur nos sacs commence à nous manquer. comme le cinéma.
Le journal, ce fut Libération entre 1981 et 1986, années au cours desquelles on commença à trouver critique l'état du cinéma. En effet, mieux nous savons en quoi le cinéma a été « l'art du XXe siècle », plus nous doutons de son avenir. Et en même temps, plus nous doutons des chances de l'image d'une époque vouée aux dogmes de la communication, mieux nous savons que le cinéma est notre bien le plus précieux, notre seul fil d'Ariane.
Le critique de cinéma serait vite un dinosaure moralisant ou un gardien de musée s'il ne sortait, parfois, de sa tanière. Comme s'il lui fallait travailler à la ciné-critique d'un monde qui aurait moins besoin du cinéma.
C'est pourquoi, ce Ciné-journal fait cohabiter au jour le jour des articles parus dans Libération.
Critiques de films, anciens et récents, éditoriaux, reportages à chaud et récits de voyage dans l'image, du côté de la télévision, de ses emblèmes et de ses effigies.
C'est au tour du cinéma d'être voyagé. »
«Tous les articles de ce recueil ont été écrits, entre 1970 et 1982, pour les Cahiers du cinéma. L'idée de travailler pour une autre revue ne m'a simplement jamais effleuré. Le paradoxe de ces textes - à peine retouchés - est qu'ils ont été écrits avec le souci de faire le point sur la situation de la revue tout au long de la décennie, prise entre ses goûts et ses dégoûts spontanés, sa légende d'hier et son passé récent, tel mot clé et tel autre. Il y a un drôle de nous dans ces textes, un on facile, un je bizarre et tardif. Ils suivent pas à pas (ce nous, ce on et ce je), en faisant la théorie de chaque pas, les impasses et les métamorphoses d'une problématique maison, héritée par-delà 1968 d'André Bazin et des Cahiers dits jaunes. Des embryons théoriques jouxtent des polémiques oubliées, des évaluations sauvages voisinent avec un peu de lenteur pédagogique. Des cris provisoires n'empêchent pas d'entendre, discret mais off, le bruit d'une page qui se tourne.» Serge Daney.
L'amateur de tennis reprend les chroniques écrites par Serge Daney pour Libération, de 1980 à 1990.
Décor : Roland-Garros, Wimbledon, la Coupe Davis, Bercy. Acteurs : Bjorn Borg, Ivan Lendl, Chris Evert-Lloyd, John McEnroe, Gabriella Sabatini, Jimmy Connors, Martina Navratilova, Yannick Noah, Steffi Graf, Mats Wilander, Hana Mandlikova, Henri Leconte, Boris Becker..., les arbitres, le public, mais aussi le temps tel que les uns et les autres le maîtrisent ou le subissent. Ce sont des portraits, ce sont des récits, des commentaires, des questions et des réflexions. C'est une manière de parler de tennis comme on devrait parler de littérature ou de cinéma, par exemple. En moraliste passionné, en critique conscient de tous les devoirs et de tous les enjeux.
En juin 1992, serge daney laisse de nombreux écrits inédits, des notes, les fragments d'un journal irrégulièrement tenu de 1988 à 1991, des projets d'articles, des articles non publiés.
Ce volume les réunit sous un titre tiré d'un film qu'il aimait. ce sont des réflexions, des questions, des hypothèses. ce sont des textes qui parlent du cinéma, bien sûr, et des images. de ceux qui les font ou les défont. ils parlent de politique, ils parlent de la vie, du monde et de son mouvement. on y lit une morale, des désirs, des colères violemment exprimées, une pensée en continuel déplacement, libre.
Avec ce deuxième volume de la maison cinéma et le monde s'amorce la publication des années libé de serge daney.
Nommé en 1981 responsable du service cinéma d'un journal qui change alors de formule, il quitte la rédaction en chef des cahiers afin de se consacrer totalement à l'écriture au quotidien. pour reprendre une expression propre au tennis qu'il aimait tant, il peut désormais " monter au filet " et répondre chaque jour aux films qui sortent en salle comme à ceux qu'il revoit à la télévision, au " cinéma voyagé " qu'il couvre dans les festivals comme aux lieux qu'il découvre par la même occasion.
à libération sa passion de l'image n'a d'égale que celle d'une réalité, géographique, politique, sociale, qu'il ne côtoyait jusqu'ici que dans les intermittences de l'écriture. le cinéma et le monde se font ainsi pleinement écho. que ce soit à propos des sports, de la publicité ou des médias en général, serge daney donne enfin toute la mesure de son extraordinaire intelligence critique en multipliant, dans les colonnes du journal, les angles d'attaque et les partis pris mais en le faisant toujours du seul point de vue du cinéma, selon cette double éthique du bien-voir et du bien-dire qui porte sa signature, si immédiatement reconnaissable, et dont tous ses articles, même les plus modestes, même les plus anecdotiques, gardent l'inaltérable empreinte.