Le désert exerce sur l'homme un attrait particulier, vu l'étonnante diversité des paysages et l'immensité des lieux. Les témoignages anciens d'écrivains de renom, à la rencontre du désert, attestent l'impact que cet espace eut sur leur sensibilité.
La monotonie d'un village tranquille et de paysans laborieux est rompue par un événement insolite : la jeune fille en vue bien belle après la correction de son bec de lièvre, était amoureuse de l'idiot du village qui passe son temps à voler des grenades dans les vergers et à les fourguer au bord de la route. Hakma la mère qui régente la famille, Harmoun, le beau père violent, l'oncle Malki qui héberge la tribu dans son réduit à Casablanca pour en tirer profit et M'biriqua la tante qui gaspille l'argent en faisant la nouba, s'interposent mais finissent par se soumettre, car le grenadier a un atout dans la manche. Pour on ne sait quelle raison, Rehoule, un potentat du coin qui fait dans les fruits et légumes, prend le grenadier pour mascotte. Une course est ouverte. Qui sera le premier à se rapprocher du grenadier pour bénéficier des largesses de Rehoule ?
Une petite ville de l'Oriental marocain bientôt assaillie par des foules en tous genres : professionnels du forage, transporteurs de dynamite, mais aussi escrocs à la petite semaine et demandeurs d'emploi en files ininterrompues accourent de tout le Maroc à la recherche de l'or noir. Dans le même temps, et à quelques kilomètres de là, son Altesse Cheik Zaïd Ibn Soltane a jeté son dévolu sur la ville de Missour pour y construire le Centre de sauvegarde de l'outarde Houbara, son volatile favori. Rapidement, les outardes seront intoxiquées par les émanations venant des sites de forage voisins. Du pétrole ou de l'outarde, qui sortira vainqueur de ce roman haletant, construit à la façon d'un thriller ?
Des années de plomb, Said Biba en a gardé comme séquelle une hantise qui frise la paranoïa. Il intègre l'administration dans un service de contrôle des marchés, avec un sentiment de faute comme une sorte d'usurpation.
La lettre venait de Haïfa ; elle avait été postée le 22 juillet 1947. « Je t'ai déjà parlé du bateau et du capitaine, un poivrot qui ne payait pas de mine, mais une véritable providence. Sans lui, nous aurions coulé par le fond plus d'une fois. On aurait dit que le diable était à nos trousses. D'abord la mer, déchaînée sans répit, du premier au dernier jour et l'embarcation qui s'arrêtait plus de temps qu'elle n'avançait. L'Angélus, c'est le nom du rafiot ! On en riait au début, étant donné le délabrement de ce tas de ferraille, même que c'était un peu sacrilège selon certains passagers par trop superstitieux. Moi, je ne crois pas tellement à ce fatras. La pogne et le savoir- faire du capitaine qui manoeuvrait les commandes du bateau comme un boucanier, voilà ce qui nous avait sauvé. »
A l'origine de cette pérégrination, la mort d'un enfant mordu par un chien malade. L'événement est présenté comme une césure entre la période de Fès, vecue dans l'insouciance, la prodigalité et le plaisir, et la période Casablanca marquée par la peur. Mise en quarantaine et dirigée sur un hôpital spécialisé de Casablanca, la "famille du chien", vit cette réquisition comme une déportation vers un camp de la mort.