Filtrer
Support
Éditeurs
Langues
Prix
Cnrs
-
Y a-t-il, dans l'acte autobiographique tel qu'on peut l'observer dans un dossier d'avant-textes, quelque chose de spécifique ?
Les treize études ici rassemblées tentent d'apporter des éléments de réponse à cette question.
Les corpus sont variés : de la littérature canonique (Stendhal, Gide) aux " écritures ordinaires ", de la francophonie aux domaines étrangers (Mary McCarthy, Max Frisch, Kafka, Pirandello), des oeuvres les plus travaillées à l'apparente simplicité du journal...
En fonction de quelles règles personnelles, mais aussi de quelles contraintes sociales, s'organise un " chantier d'écriture autobiographique " ? Du brouillon au texte définitif, quel rôle joue le métadiscours, qui prolifère dès qu'il s'agit de parler de soi, et de la difficulté d'en parler ? Vérité ou fiction : sait-on bien même, quand on prend la plume, où l'on en est ? Comment un journal peut-il devenir le lieu, ou le matériau, d'une construction autobiographique ? Et puis comment commencer, et comment finir ?
La comparaison des études ainsi regroupées permettra de réfléchir à ces problèmes.
Chacun mériterait un volume. Examiner ainsi la " genèse du je ", c'est sans doute contribuer, sur le plan spéculatif, à la théorie des genres, mais aussi, plus modestement, ouvrir la vole à un savoir pratique, poser les bases d'un " guide " pour les autobiographes à venir.
-
Récits mêlant l'apprentissage et le voyage, l'éducation et l'amour, le rêve et l'ambition, récits à la croisée de l'histoire et de l'intimité, de la passion et de la confidence, récits au féminin pluriel surtout : tels sont ces journaux rédigés en français, au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, par des jeunes filles russes parties découvrir le monde. Du Journal voyageur et fantastique d'une jeune fille de 16 ans au journal de Nathalie à son ami Louis, les inédits que donne à lire pour la première fois ce recueil sans égal célèbrent avec un humour, une fraîcheur et une audace rares, qui annoncent le Journal de Marie Bashkirtseff, les anciens réseaux de sociabilité aristocratique, l'identité culturelle du Vieux Continent, la grande Europe cosmopolite d'hier. C'est tout un univers disparu que ressuscite ainsi cette anthologie qu'on pourra lire comme un roman.
-
Longtemps restée « angle mort » des études littéraires, la censure n'est en général étudiée que du côté de la réception de l'oeuvre, du point de vue du public. Or quels que soient sa forme, ses objets, ses modalités - du caviardage à la destruction, voire à la « fatwa » -, elle se situe à la croisée de la création et du contrôle qu'exerce la société.
C'est pourquoi, de manière novatrice, les auteurs s'interrogent ici sur les faits de censure en les intégrant au processus de genèse et de création de l'oeuvre, au parcours global de son élaboration. Ces faits recouvrent en effet des interventions d'ordre et d'ampleur fort variables, exerçant souvent une influence déterminante tant sur la forme du texte finalement publié que sur la production à venir de tel écrivain « censuré » : ils s'inscrivent donc au coeur du processus de création. L'étude des brouillons, des manuscrits, des documents inédits, des variantes éditoriales ou de textes environnants (correspondance, entretiens...) est alors riche d'enseignements si l'on veut en comprendre et en mesurer l'impact.
La censure et son corollaire l'autocensure n'épargnent aucun genre littéraire : fiction, essais, poésie, correspondance, autobiographies et journaux personnels ; elles concernent la littérature et son histoire dans sa généralité. Face à l'aspect strictement juridique du problème, les études ici réunies - de Rousseau à Guyotat, d'Emily Dickinson à Violette Leduc - posent les jalons d'une synthèse comparative quant à la portée, aux acteurs, aux modalités, à l'ampleur, au fonctionnement et aux conséquences des faits de censure.