Abdo Wazen est né à Beyrouth en 1957. Auteur de six recueils poétiques en
langue arabe, l'un récit érotique : Le Jardin des sens (1993) - censuré à sa
sortie au Liban pour « luxure et libertinage » - et de plusieurs essais
consacrés à des mystiques comme Hallâj, saint Jean de la Croix et Thérèse
d'Avila, il est aussi traducteur en arabe de nombreux poètes français, dont
Baudelaire, René Char, Pierre-Jean Jouve, Prévert... Il est rédacteur en chef
des pages culturelles du quotidien panarabe Al-Hayat. Une poésie hantée par les
thématiques de la perte, du vide et de la mort mais qui célèbre aussi la
passion amoureuse. Premier recueil du poète libanais Abdo Wazen traduit en
langue française et présenté en édition bilingue. Ses Yeux Lorsqu'elle a fermé
les yeux Elle n'a pas senti la lumière qui Durcissait tel le sel. Elle a fermé
les yeux pour éclairer leur forêt, Pour étreindre la nuit et ses anémones, Pour
cacher le ciel qui s'étend dans leur vastitude. Lorsque l'ombre obscure lui est
apparue Elle a fermé les yeux pour la capturer. Mais elle ne les a plus jamais
ouverts. « Dans les poèmes d'Abdo Wazen le bonheur et la douleur de vivre se
côtoient de très près et se lient intimement, sans que jamais la seconde ne
parvienne à offusquer le premier. [...] Il prend avec ferveur l'exacte mesure
du séjour humain et tient entre ses mains la rose de la lumière en ouvrant pour
nous le livre du jour. » Jean-Michel Maulpoix.
Le 4 août 2020 à 18 heures, deux explosions retentissent dans le port de Beyrouth provoquant de nombreux morts et d'importants dégâts matériels. Abdo Wazen dans des poèmes déchirants raconte.
Le poète Abdo Wazen livre un récit intimiste d'une grande finesse sur son expérience de la douleur physique et de la mort, quand, avant une opération chirurgicale à coeur ouvert, il a vu défiler devant lui sa vie et son âme échapper à son corps condamné.
« Les courts récits de ce recueil n'ont pas de fin, nous dit Abdo Wazen. J'écrirai peut-être un jour des textes qui leur ressemblent, tant que je continuerai à être une personne qui rêve et qui retranscrit ses rêves ou des morceaux choisis de ses rêves.
Tous les textes que contient ce livre « ouvert » sont soit des rêves au sens propre, soit des rêveries, des rêves éveillés, diurnes, comme ceux que l'individu décide d'imaginer, de fantasmer ou de « fabriquer », dans des états de semi-éveil ou de conscience amoindrie.
Ce sont des relations de rêves que je me suis attaché à rédiger pendant des années. Et parmi eux, des rêves que j'ai faits il y a des années, et qui demeurent dans ma mémoire par leur impact sur ma psyché et parce que je les aime ou qu'ils m'effraient. Parfois, je raconte ces rêves tels quels, d'autres fois je me base sur des fragments pour tisser une narration. D'autres fois encore, je me contente d'utiliser des images, des scènes, des visages entrevus dans un rêve, comme matériau pour inventer des textes oniriques.
Ainsi, aucun texte n'a été écrit hors du contexte du rêve, rêve nocturne ou diurne. Mais dans les deux cas, le rêve visionné sera toujours différent du rêve mis en mots. Lorsque je retranscris un rêve, c'est comme si je le rêvais à nouveau, mais au travers des mots.
Rêver est une chose, relater un rêve en est une autre. Avec ce livre, je ne me pose pas en conteur de rêves mais en écrivain de rêves, ou en rêveur à l'intérieur même de la langue, un interprète onirique de mes propres rêves. »