Lorsqu'elle se marie, Magdalena Van Bereyen est obligée de renoncer à ses rêves d'aventure sur les bateaux de son père, car là n'est pas la place d'une femme. Encore moins au XVIIe siècle, en Hollande. Dans son journal intime, elle confie alors, au fil de ses souvenirs et des tumultes de sa vie d' épouse, les secrets de son âme.
Ce premier roman de Gaëlle Josse, inspiré d'un tableau de l'âge d'or flamand, est le portrait intemporel, empreint de mélancolie et de poésie, de la condition des femmes.
Peut-on réparer l'irréparable, rassemble ceux que l'histoire a dispersés ? Blanche, rwandaise, vit à Bordeaux après avoir fui le génocide des Tutsi de 1994. Elle a construit sa vie en France, avec son mari et son enfant métis Stokely. Mais après des années d'exil, quand Blanche rend visite à sa mère Immaculata, la mémoire douloureuse refait surface. Celle qui est restée et celle qui est partie pourront-elles se parler, se pardonner, s'aimer de nouveau ? Stokely, lui, pris entre deux pays, veut comprendre d'où il vient.
Ode aux mères persévérantes, à la transmission, à la pulsion de vie qui anime chacun d'entre nous, Tous tes enfants dispersés porte les voix de trois générations tentant de renouer des liens brisés et de trouver leur place dans le monde d'aujourd'hui. Ce premier roman fait preuve d'une sensibilité impressionnante et signe la naissance d'une voix importante.
Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au coeur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d'un cirque, entouré d'un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce « fils du vent » va traverser la première moitié du « siècle des génocides », devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d'un peuple sans mémoire. Accompagné de Jag, l'homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de la mystérieuse Yadia, ex-officier de l'Armée rouge, Anton va voyager dans une Europe où le bruit des bottes écrase tout. Sauf le souffle du vent.
À la fois épopée et récit intime, Avant que le monde ne se ferme est un premier roman à l'écriture ample et poétique. Alain Mascaro s'empare du folklore et de la sagesse tziganes comme pour mieux mettre à nu la barbarie du monde.
À 16 ans, Annabelle mène une vie tranquille avec sa mère et son jeune frère, à Blevin, petite commune belge sans histoires. Un jour cependant, l'adolescente est frappée par une révélation:il faut manger différemment, sans viande, sans gras, sans sucre. Et surtout, manger moins. Beaucoup moins. Se «purifier» de toute cette nourriture néfaste et superflue et ainsi, réparer le monde.Violette, démunie devant le délire de sa fille, se débat comme elle peut pour détourner Annabelle de son raisonnement fou.Avec son écriture à la fois simple et fulgurante, ironique parfois, poétique souvent, Marie Claes excelle à nous mettre dans la peau de cette mère et de cette jeune fille. Elle met au jour les mécanismes par lesquels une adolescente tombe dans l'anorexie comme on arrive à une conclusion évidente.Sans jugement, sans pathos, Légère expose la lente déliquescence du corps d'Annabelle, son désir de contrôle devant un monde sur lequel elle n'a aucune prise. Un corps devenu dégoût, un monde devenu insoutenable. Consumer l'un pour réparer l'autre. Une logique aussi insensée qu'implacable.
" Avec Sophie, j'ai tout reçu, et tout perdu. Je me suis cru invincible. Je nous ai crus invincibles. Jamais je n'ai été aussi désarmé qu'aujourd'hui, ni plus serein peut-être." François Vallier, jeune pianiste célèbre, découvre un jour que Sophie, qu'il a aimée passionnément puis abandonnée dans des circonstances dramatiques, est internée depuis plusieurs années. Il quitte tout pour la retrouver.
Confronté à un univers inconnu, il va devoir se dépouiller de son personnage, se regarder en face. Dans ce temps suspendu, il va revivre son histoire avec Sophie, une artiste fragile et imprévisible, jusqu'au basculement.
La musique de nos vies parfois nous échappe. Comment la retrouver ?
En 1831, le jeune Charles Darwin part dans une expédition autour du monde qui restera fameuse et en rapporte son Journal de recherche qui constituera la base de ses théories. Fasciné par les mondes dévoilés dans ces carnets, Denis Silvestre imagine des feuillets oubliés.Des pages qui racontent des îles inimaginables, où les insectes se saluent avec civilité d'un coup de chapeau haut de forme, où les arbres se déplacent à leur gré juchés sur leurs jambes, où tous les êtres vivants copulent librement et constamment. Fable philosophique ou ultime voyage de Gulliver, ces feuillets perdus sont une plongée dans des univers merveilleux où la vie, sous toutes ses formes, gronde.
«Je me réveillais enfin, avide de comprendre.» À West Baltimore dans les années 1980, les gangs et le crack sont le seul horizon des gosses du quartier. Ta-Nehisi est voué lui aussi à devenir un bad boy. Mais son père Paul, ancien Black Panther passionné de littérature, lui fait découvrir Malcolm X et James Baldwin. C'est une révélation. L'adolescent rêveur, égaré dans les frasques d'une famille hors norme, se jure d'échapper à son destin. Épopée lyrique aux accents hip-hop, portée par l'amour et l'ambition, Le Grand Combat est l'histoire magnifique d'un éveil au monde, un formidable message d'espoir.
Seule, une jeune femme prend l'avion pour Téhéran. Du dédale des rues aux marchés fourmillants, elle plonge dans la vie iranienne et se lie à Tala, qui vient de perdre sa mère dont elle ignore le passé. Quel secret cette femme gardait-elle enfoui? Leur quête les mène, avec la petite Bijan, jusqu' aux rivages de Qeshm, «l'île longue» au sable noir et d'argent. C'est là, entre mer et désert, que se révèle à elles le prix de la liberté.
A travers son écriture envoûtante, Victoire de Changy démêle les fils d'une histoire intime et politique et confirme son talent d'auteure.
Dans cette petite ville du Kansas, tout le monde envie les filles Roanoke. Elles sont belles, jeunes et riches. Elles vivent avec leurs grands-parents dans le domaine familial, au milieu des champs de blé. Leur vie semble douce. Mais il y a quelque chose de pourri au royaume des Roanoke. Camilla, Penelope, Eleanor, toutes les filles de la lignée ont connu des fins tragiques. Quand sa cousine Allegra disparaît à son tour, Lane se lance à sa recherche, sans se douter qu'elle va déterrer les plus noirs des secrets de famille.
Plongée étouffante dans un huis-clos familial, Les Filles de Roanoke est un véritable page-turner atmosphérique et haletant. Amy Engel aborde avec talent le poids des non-dits et le poison insidieux de l'inceste, dans la lignée des romans gothiques contemporains de Joyce Carol Oates.
À Tibhirine, en 1938, des moines français s'installent dans un monastère perdu des contreforts de l'Atlas algérien. Les récoltes de leurs jardins sont généreuses et ils partagent avec leurs voisins les fruits qui s'y épanouissent - jusqu'à ce que les blessures béantes de l'Algérie ruinent cette harmonie.
Dans son deuxième roman, David Hennebelle revient sur la vie et la mort des moines de Tibhirine au cours de la décennie noire des années 1990. Il raconte avec grâce le quotidien ardent de ces chrétiens venus accomplir leur quête d'absolu en pays musulman. Des années d'engagement et de dévotion célébrées dans une ode aux paradis perdus, une peinture lumineuse bientôt noircie par l'aveuglement des hommes.
À bord d'un grand voilier, un homme laisse derrière lui le ciel gris et bas de Belgique, les paparazzis, les salles de concert enfumées. Sur les îles Marquises, il veut devenir un autre et retrouver le paradis perdu de l'enfance. Mais il reste toujours le plus grand : Jacques Brel.
Roman biographique et onirique, Mourir n'est pas de mise redonne vie avec grâce et émotion aux quatre dernières années mythiques de Jacques Brel, entre grandes fêtes, vie solitaire, compositions, échappées sur mer ou dans les airs. Des années de beauté, de gravité, d'une vie réinventée, tel un conte merveilleux et cruel.
Camille a 23 ans quand, lors d'un séjour en Espagne, un coup de tonnerre vient tout ébranler : d'abord des symptômes anodins, une confusion qui s'installe, le brouillage complet, la douleur, et puis un diagnostic : rupture d'anévrisme. Des mots terribles mais, curieusement, il y a quelque chose d'apaisant à nommer enfin les choses. Et tandis que ses sens puis ses facultés n'en finissent plus de lui échapper, que son corps devient comme étranger, Camille recourt à l'écriture pour essayer de capturer cette expérience intime extrême et renouer avec elle-même.
Avec toutes les ressources de l'art et de la philosophie, cette autofiction littéraire décortique et recompose cette chose organique et abstraite à la fois qui se joue dans le cerveau. Entre expérience médicale et démonstration virtuose des pouvoirs de l'écriture, ce premier roman est le récit fascinant d'une jeune femme qui affronte avec humour et intelligence la dilution - provisoire ? - d'elle-même.
La fabuleuse saga du clan Kabakoff est la chronique, sur trois générations, de la fin du XIXe siècle aux années 1960, d'une famille juive de Memphis haute en couleur. Stern, narrateur compulsif, grand inventeur d'histoires, recycleur de mythes rafistolés, élève les tribulations de cette famille de losers attendrissants au rang d'épopée moderne.
Lorsqu'Antoine la rencontre et qu'ils tombent amoureux, c'est comme si le désir venait combler tous les manques. La vie prend les couleurs d'un bonheur simple, c'est le temps d'une ivresse nouvelle et, un moment, chacun pense avoir échappé à ses secrets d'enfance.
Mais bientôt, une tension sourde apparaît, un trouble qui remonte loin dans leurs histoires et qui s'installe. Jusqu'à ce que quelque chose entre eux se fissure et éclate. Et s'il y avait une ligne à ne pas franchir?
Dans ce roman saisissant, Marie Simon fait le récit d'une implosion. Elle écrit la façon dont l'histoire individuelle façonne les êtres, jusqu'à parfois tout contaminer : les bonheurs intimes, la vie psychologique et la façon d'aimer.
"Léo est devenu vieux.
Les vieux oublient, s'étouffent, font répéter, voient trouble, tombent, n'en veulent plus, en veulent encore, ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour, font des miettes, oublient de prendre leurs médicaments, nous engueulent tant qu'on serait tenté de les engueuler à notre tour, pètent sans le savoir, répondent quand on n'a rien demandé, demandent sans attendre de réponse, échappent puis répandent, ont mal, rient de moins en moins, gênent le passage, s'emmerdent, souhaitent mourir et n'y parviennent pas..." À la retraite, le narrateur décide d'adopter Léo, 99 ans, que rien ne prédestinait à venir s'installer chez lui.
C'est le début d'une grande aventure, faire de tour petits riens. De silences qui veulent dire beaucoup, de tendresse, de rires pour conjurer le déclin... Mon vieux et moi, est-ce que ça peut durer toujours, comme dans les romans d'amour ?
" Il regarde l'océan et l'horizon barré par les autres terres de l'archipel, dont il connaît par coeur la carre. Là-bas, ce doit être Maio, Boa Vista, São Nicolau, et derrière Fogo. Près des rivages, des îlots se détachent, des rochers affleurent. N'est-ce pas, sur une plus grande échelle, la même chose que les creux et les bosses qu'il repère sur le sol qui l'entoure? Les îles, les continents, sont les hauteurs émergées d'un immense paysage dont la mer envahit les parties les plus basses. Emerveillé, comme s'il rêvait ces visions pourtant extraordinairement réelles, Darwin est assis à l'ombre d'une falaise de lave. Les roches plates, rendues brûlantes par le soleil, descendent dans la mer, parcourues de failles et de nervures. Dans les trous d'eau laissés par la marée où poussent des coraux s'agite une vie minuscule... (...) Il fera tout pour participer, avec les Lyell, les Humboldt, à l'aventure scientifique. Mais pour cela, il ne suffit pas de collectionner, il finir écrire." En 1832, Darwin n'en est encore qu'au début d'une longue expédition qui l'enverra au-delà des Galápagos via le Cap-Vert, Valparaiso... A elle seule, c'est un véritable roman d'aventures et de découvertes. Sur le terrain, il est dans son élément, accumulant les observations. Un quart de siècle plus tard, elles lui serviront à faire éclater - lui pourtant si discret - le scandale d'une nouvelle vérité scientifique. Puisant aux sources originales, cette biographie extrêmement vivante retrace le parient chemin d'un homme qui a changé notre vision du monde.
"Aujourd'hui encore, je n'arrive toujours pas à m'expliquer comment il a fait son compte, mais voilà : après avoir émis une longue onomatopée, il s'est essuyé les mains sur sa chemise avant de retourner derrière le volant.
J'ai alors entendu un léger clic et elle a démarré. Je ne suis jamais parvenu à couper le contact." Pas facile de vendre sa vieille bagnole. On a beau expliquer que c'est une Allemande, avec 300 000 kilomètres au compteur, autant espérer un miracle.
Ou un Polonais. C'est vrai qu'il a une dégaine bizarre, mais ce Polonais-là est providentiel ! Avec Pierre Gagnon, on finit toujours par choisir le meilleur côté de ce que la vie nous réserve.
Ses héros ont leurs fêlures, leur grain de folie, mais ils réussissent ce petit miracle : nous consoler de nos propres fragilités humaines.
« Il s'installa au volant, éteignit les phares et alluma une cigarette. Pour la première fois de sa vie, il venait de voir un cadavre. » Une route sombre et enneigée. Un verre de trop. Un vélo qui zigzague. Henrik Mörk commet l'irréparable. Que faire ? Dissimuler le corps et quitter les lieux ? Alerter la police ? Refusant de mettre en péril sa famille et sa carrière, Mörk choisit la fuite.
Il se laisse pousser les cheveux et la moustache, porte des verres teintés, ne fréquente plus les lieux publics. La crainte d'être reconnu ne le lâche pas. Il ne dort plus, ne vit plus. Il est temps d'agir.
Unanimement considéré comme le chef-d'oeuvre d'Anders Bodelsen, Mauvais calcul, roman noir d'une incroyable justesse psychologique, fait enfin son retour en librairie, dans une nouvelle traduction.
Dans un monde privé de la lumière du soleil depuis trente ans, deux hommes décident de partir à la recherche des derniers vestiges de l'humanité. Premier roman.
La biodiversité, les écosystèmes et les services rendus par la nature, ou encore le biomimétisme font partie des enjeux de demain. Mais la transition écologique et solidaire va au-delà de ces sujets savants. Elle nécessite de repenser en profondeur notre relation à la nature, d'interroger et de transformer nos habitudes, notre sensibilité et notre culture. La littérature peut, elle aussi, nous aider à nous représenter cette transition pour mieux l'opérer.