Haru, un marchand d'art japonais, un homme solitaire, séducteur, amant le temps de dix nuits de Maud, une Française de passage à Kyoto, perd sa légèreté le jour où celle-ci lui interdit d'approcher l'enfant née de leur liaison. Littéralement bouleversé, Haru éprouve un sentiment paternel irrépressible. Il accepte pourtant la cruelle injonction. Par l'entremise d'un photographe dont il achète les services et la discrétion, il va dorénavant passer sa vie à observer sa fille Rose au fil des images volées. À travers cette histoire se dessine la vie d'un Japonais habité de beauté et d'invisibles, un personnage d'une grande intériorité entouré d'amis avec lesquels il traverse désastres, désespoirs et commencements.
Les lecteurs de "Une rose seule" reconnaîtront le personnage de Haru et celui de Rose, sa fille tant aimée, du magnifique Keisuke, de Beth, Sayoko et Paul, les complices. Si "Une heure de ferveur" peut composer un diptyque avec "Une rose seule" (72 000 ex. en édition courante, parution en Babel ce mois de mai), ils peuvent se lire totalement indépendamment.
Un enfant arrive en hiver dans une région de haute montagne. Parisien il découvre la neige pour la première fois. Un décor impensé, impensable se dresse devant lui, cerné de pics et de glaciers qui par instant se dessinent dans l'épaisseur du brouillard. Dans cette vallée isolée en haute montagne, à courte distance du Mont-Blanc, la nature règne en maître au rythme des saisons, ces cycles immuables au cours desquels des hommes et des femmes, des gosses, aux vies modestes mais d'une humanité décuplée par le sens et la nécessité de leurs tâches, vont partager leur monde avec ce citadin, ébahi.
Temps de guerre, temps de tourments, temps de fuite, irruption de la montagne comme recours ; ces pages magnifiques sont une échappée salvatrice.
Valentine Goby donne probablement ici le meilleur de ses romans, la portée de son livre est fascinante. Toute l'altitude d'un écrivain.
Quand le cinéma et la vie s'allient pour fabriquer du romanesque féroce, l'oeil de l'écrivaine s'allume. Qu'ont en commun "Les Oiseaux", "Marnie", "Body Double", "Working Girl", "Le Bûcher des vanités" et "Cinquante nuances de Grey" ? Autrement dit, deux indéboulonnables classiques d'Alfred Hitchcock, la bande image des années 1980 et le plus grand phénomène de porno-soft de notre époque ? Leurs héroïnes : Tippi Hedren, Melanie Griffith, Dakota Johnson, trois femmes activement disparues de mère en fille...
Sur le mode d'une narrative non-fiction réinventée, Hélène Frappat signe une enquête arachnéenne sur le réel proprement surréaliste d'une lignée de stars hollywoodiennes maudites. Et nous fait *voir* comme jamais ce que nous avions pourtant sous les yeux *depuis le début*.
Justine Augier ("De l'ardeur", "Par une espèce de miracle"...) qui pratique et incarne une forme de pudeur et d'éthique littéraire assez uniques voit son projet d'écrire sur la littérature comme lieu de l'engagement entrer en collision avec la maladie et bientôt la mort de sa mère. Alors que la nature même de l'urgence mute, l'intime et l'universel se tressent dans un texte bouleversant de justesse et de clairvoyance. Et qui rappelle le potentiel devenir résistant de chaque lecteur.
À l'intersection du littéraire et du politique un livre bref et fulgurant qui trouve sa place entre Hannah Arendt et Joan Didion. Pas moins.
Pionnier de la pensée écologique, Adam Thobias est sollicité pour prendre la tête d'une "Commission Internationale sur le Changement Climatique et pour un Nouveau Contrat Naturel". De ce hochet géopolitique, pas dupe, il tente de faire une arme de reconstruction massive. Au coeur du dispositif, il crée le réseau Télémaque, indépendant et parallèle, constitué de scientifiques ou d'intuitifs, de spécialistes ou voyageurs, tous iconoclastes, qu'il envoie en missions discrètes, du Pacifique sud à la jungle birmane, de Manaus à Moscou... Tandis qu'à travers leurs récits se dessine l'encéphalogramme affolé d'une planète fiévreuse, Adam Thobias conçoit un projet communautaire aussi alternatif que novateur. Entretenant une intimité générationnelle avec la géographie mouvante et fragile de notre monde en crise, doté d'une foi dans la narration et d'une énergie vitale contagieuses, Pierre Ducrozet se confronte, à bras-le-corps, aux forces motrices et performatives du roman sur les enjeux du contemporain.
Au tout début du XVIIe siècle, Nsaku Ne Vunda, ordonné prêtre et baptisé Dom Antonio Manuel, est chargé par le roi des Bakongos de devenir son ambassadeur auprès du pape. En faisant ses adieux à son Kongo natal, il ignore que le long voyage censé le mener à Rome va passer par le Nouveau Monde, et que le bateau sur lequel il s'apprête à embarquer est un navire négrier. De quoi mettre à mal sa foi en Dieu et en l'homme... Wilfried N'Sondé s'empare avec ardeur d'un personnage méconnu de l'Histoire pour dénoncer les horreurs d'une époque d'obscurantisme et exalter la beauté de l'espérance.
Au printemps 2021,un étudiant envoie un mail à son professeure, l'écrivaine Céline Curiol. Tout juste diplômé d'une école de commerce réputée il lui fait part de ses doutes sur l'avenir tout tracé qui lui est réservé. Touchée par ce jeune homme indécis, Céline Curiol décide de lui répondre tant elle se souvient de l'importance qu'avaient représenté pour elle la découverte de "Lettres à un jeune poète" de Rilke au moment où elle sortait elle aussi d'une grande école.
Avec beaucoup de simplicité Céline Curiol s'adresse en huit lettres à ce jeune homme face aux doutes qui le troublent et l'inquiètent. Elle lui transmet ses convictions sur la nécessité de sortir du conformisme et d'accepter le risque pour aborder l'avenir ; ce livre est une véritable invitation à prendre la tangente en imaginant sa vie autrement.
Alors que la vidéo des diplômés d'Agro-ParisTech fait date dans le milieu étudiant, ce livre percutant, mis en composition bien avant l'évènement, est une main tendue à celles et à ceux qui n'osent peut-être pas «sortir des clous», ou «rompre les amarres» ; ceux qui n'osent pas choisir, ou tout simplement s'interroger sur les perspectives de leur orientation professionnelle. Une jeunesse à qui Céline Curiol dit l'importance du doute tout comme Merleau-Ponty lançait : «Ce n'est pas un être positif mais un être interrogatif qui définit la vie».
La journaliste et réalisatrice Stefania Rousselle ne croyait plus en l'amour. Elle avait couvert une série d'événements tragiques, des attaques terroristes de novembre 2015 à la montée de l'extrême droite. Sa relation personnelle s'était effondrée. Sa foi en l'humanité était ébranlée. Elle décida alors de partir seule sur les routes de France pour dormir chez des inconnus et leur poser la question à laquelle tout le monde cherche une réponse : c'est quoi l'amour ?
D'un boulanger en Normandie à un berger dans les Pyrénées, d'un élagueur en Martinique à une factrice dans les Alpes, "Amour" est un recueil de témoignages poignants et profonds, accompagnés de belles photographies (une centaine).
Xavier, un archéologue ferroviaire se perd en pleine nature sur les traces de ces lignes de chemin de fer abandonnées qui ont emporté avec elles des villages et de petites communautés humaines désormais dispersées. Benoît, son frère, presque un jumeau, n'est jamais très loin. A la disparition de leur mère, bien que présentant des troubles autistiques, c'est lui qui saura recomposer ce qu'ils n'avaient pas vu, connu de cette femme. Quant à Clara, l'amie de Xavier, elle travaille à une thèse sur les écrivains qui un jour décident de ne plus écrire, là aussi des lignes s'interrompent.
Que faisons-nous de l'existence des disparus ? Pourquoi les choses s'arrêtent, disparaissent ? Un roman où l'image que nous gardons des disparus se libère des émotions, les transformant en personnages inoubliables qui nourrissent nos imaginaires et enchantent nos vies. Un livre singulier, d'une intense délicatesse.
Au plus proche de l'autobiographie, Nancy Huston nous livre ici le récit de sa toute première enfance, cette période si étrange où son père va soudain demander à sa jeune femme, pourtant déjà mère de trois enfants, de quitter la maison, de partir. Puisqu'elle ne se décide pas à renoncer à ses études, qu'elle se sépare de ses enfants et ne demande plus jamais à les revoir. Commence alors une tout autre vie pour la petite, une vie heureuse malgré tout, mais cet abandon habitera à jamais son imaginaire. Un texte fondamental dans la trajectoire littéraire de Nancy Huston.
Magnus Wallace, militant écologiste, parcourt les mers à bord de l'Arrowhead pour arraisonner les navires baleiniers qui braconnent en zones protégées. Un combat pour les droits de l'animal, une insurrection singulière qui force l'admiration, racontés dans un roman qui célèbre la beauté du vivant et la nécessité d'une prise de conscience.
Si les passionnés de la "petite reine" ont aujourd'hui quelque nostalgie des exploits authentiques, ils ne manqueront pas de saluer celui de gleb travine, ouvrier soviétique qui, en 1927, seul, sans assistance d'aucune sorte, accomplit à vélo un tour de l'urss.
Parti du kamtchatka (extrême pointe sibérienne de l'urss), il gagne vladivostok, traverse le caucase et l'asie centrale, la crimée, l'ukraine, atteint mourmansk d'oú il s'élance dans une stupéfiante épopée arctique, roulant sur la banquise, se nourrissant de ce qu'il parvient à chasser ou pêcher, s'amputant lui-même de ses orteils gelés par le froid polaire. quatre ans plus tard, le centaure de l'arctique, "l'homme qui chevauche un renne de fer" - ainsi que le décrivent les autochtones -, a bouclé son périple, et il ramène le précieux journal oú il a consigné les péripéties du voyage.
Hélas, staline est au pouvoir, les exploits individuels sont proscrits - et le livre qu'écrira travine sera mis à l'index. traducteur d'ermites dans la taïga (de vassili peskov, actes sud, 1992), coauteur de l'exploration de la sibérie (avec antoine garcia, actes sud, 1996), auteur d'une biographie de gagarine et de divers ouvrages et traductions, yves gauthier a retrouvé le fameux livre de travine.
Il restitue ici cette exceptionnelle aventure humaine.
30 décembre 1989, Stan et Pascal arrivent à Berlin pour quelques jours. Au pied du Mur que Berlinois et visiteurs sont occupés à détruire dans la liesse générale, ils rencontrent une fille à la peau brune et aux yeux vairons, Maya, qui subjugue immédiatement Stan. C'est avec elle et ses colocataires d'un appartement communautaire qu'ils passent le réveillon. Déjà installés tous deux dans des vies grises malgré leur jeunesse, Stan et Pascal sont conquis par la ferveur d'un peuple vivant une formidable réconciliation nationale. Il leur semble que les mots «espoir» et «fraternité» prennent là un sens sublimé par la possibilité soudaine de leur application dans la réalité du monde. Ils décident de rester à Berlin.
Berlin, ville magique où tout paraît possible en cette année 1990, abrite les débuts du groupe de rock que Stan et Pascal montent avec Clémentine, mais surtout les soubresauts d'une passion entre Stan et Maya, la jeune femme fiévreuse qui peint inlassablement ses rêves et ses terreurs. Fille d'un exilé cubain et d'une Allemande, Maya a grandi à Iéna, en RDA, dans une ambiance plombée de crainte et de suspicion. Son enthousiasme face aux grands mouvements de l'Histoire n'a d'égale que sa déception quand la menace néonazie semble fleurir tout à coup sur les décombres du bloc de l'Est.
Résolue à venger son frère, à qui une redoutable fratrie de crapules a tranché la langue sans oublier de le défigurer, Vénérande, jeune paysanne au coeur aride, s'adjoint les services de L'Infernu, tueur à gages réputé pour son efficacité et sa sauvagerie. Ensemble, ils s'embarquent à travers les montagnes corses du XIXe siècle dans une bouleversante épopée sanguinaire aux allures de western peuplé d'hommes sans Dieu condamnés à ne prouver leur humanité que dans le funeste chaos des armes.
Terrorisé par un contrôle de police sur les quais de la gare de Lyon, Clovis Nzila vient de sauter dans un train de banlieue. Sans-papiers, clandestin, il s'assied au hasard d'un wagon surchauffé et tente de maîtriser sa peur. Face à lui, une femme l'observe, accepte en retour ses regards indiscrets, ne semble pas effrayée par sa triste apparence. Attentive, elle engage la conversation, perçoit le désespoir de ce jeune Africain... Ensemble, ils vont plonger sans retenue dans un mirage, convaincus de renaître des cendres du passé.
Après Le Coeur des enfants léopards, un premier roman très remarqué (prix Senghor de la création littéraire ; prix des Cinq Continents de la francophonie), Wilfried N'Sondé nous livre ici le récit d'une rencontre sur le mode d'une ballade sombre et lumineuse.
C'est dans un petit port du Sud de la France, où elle s'est installée pour raisons de santé, que Florence fait la connaissance de Florian. Peintre vieillissant, instable, réputé fou et pyromane, il n'aime rien tant que brûler et voir se consumer ses propres dessins. Encouragée par la psychiatre qui le «suit» de loin, Florence accepte de se mettre à son service. Et bientôt se forme autour d'eux, et de l'atelier aménagé pour l'artiste, un petit cercle d'amitié.
Peindre le Déluge - et peut-être le livrer aux flammes -, tel est le grand oeuvre que projette désormais Florian. De jour en jour, de mois en mois, il entraîne ses compagnons dans la folle entreprise de ce tableau démesuré qui les requiert corps et âme, qui les épuise et pourtant les transcende. Car cette oeuvre est, comme notre monde, traversée par la violence des siècles, par le désastre et la splendeur d'une humanité toujours renaissante.
L'art et la folie, le rêve et le délire, la vulnérabilité et l'inépuisable nécessité de créer, tels sont quelques-uns des chemins qu'Henry Bauchau propose à notre réflexion, et qu'il illumine d'une écriture aussi profonde que d'une magnifique fluidité...
Judith et Janet ont 70 ans, elles vivent à New York depuis de nombreuses années. Seules aujourd'hui, sans mari, ces femmes ne sont pas dévastées, elles poursuivent leur chemin tant il est vrai qu'un être demeure le même d'un bout à l'autre de son existence. Un roman d'une grande acuité sur le vieillissement, d'une surprenante empathie pour le troisième âge de la femme, sur la gravité du temps qui passe mais aussi et surtout sur l'incroyable énergie de la plupart d'entre elles face à l'étrange phénomène qui change nos corps mais pas nos âmes. Nos têtes dirait-on, dans lesquelles s'agite tout ce que nous sommes, inchangé, depuis l'enfance.
Ils ont traversé la France en diagonale, de la frontière italienne à la Bretagne, fuyant des frayeurs ou des souvenirs suffisamment taraudants pour les pousser à quitter le pays au plus vite. Les voilà à Saint-Malo, Lucky et le Petit qui ont poussé comme des frères, à la vie à la mort, et s'en sont toujours sortis en se serrant les coudes. Une fille qui s'est entichée de Lucky se colle à eux, déséquilibrant leur relation. Le Petit la voudrait loin, ou bien plus près de lui.
L'idée est simple et folle : ils décident de voler un voilier de plaisance pour rallier l'Angleterre en traversant la Manche. Ils ont grandi au bord du calme bleu de la Méditerranée, ne connaissent pas grand-chose de la mer, mais la Fille, en bonne Bretonne, a naguère pris quelques cours de voile.
L'aventure paraît belle : d'ici deux jours, ils boiront une Guinness dans un bar à marins et une vie nouvelle commencera.
Tombé en disgrâce dans le tout-Paris des galeries d'art, Victor-Vong, métis franco-khmère, débarque à Phnom-Penh décidé à fourguer (aux autorités, à l'ambassade, au Palais royal, à tous les mécènes possibles) son nouveau projet "de prestige" : 90 portraits de Cambodgiens anonymes pour célébrer le bientôt quatre-vingt-dixième anniversaire du monarque, Norodom Sihanouk. Drôle, édifiant, glaçant, le roman de Marc Trillard confronte un artiste débrouillard et désinvolte aux séquelles ultrasensibles du drame cambodgien.
Pour faire d'une pierre deux coups - conquérir la belle Hana, relancer la carrière politique de son frère - Eliel décide de mettre sa conception jusqu'au-boutiste de la parité à l'épreuve du suffrage universel. Du sexe est un roman provocateur, drôle, vertigineux, sur la place de l'homme, de la femme et du désir dans une société postlibérale électrisée par la "théorie" du genre.
LE POINT DE VUE DES EDITEURS Là où l'amour devient prison, où le désir tourne à l'obsession, où le père trouve si belles ses filles et la mère trop séduisante la sienne, là où seule la magie noire fait revenir l'époux infidèle, là sont les ogres.
Ceux qui insidieusement, avec application, s'emparent de vous, vous étouffent, vous empêchent de vivre pour mieux vous posséder, et vous plongent dans une irréparable dépendance. En neuf nouvelles, pénétrantes et vénéneuses, Muriel Cerf dit la dévoration. Comme une entomologiste, elle observe ces liens si odieux mais si riches, si riches car si odieux, qui par une lente alchimie produisent la désagrégation de soi.
Alors que dans le verrou, paru chez Actes Sud en février 1997, elle se livrait, autour de la possession et de la souffrance qu'elle engendre, à une ample variation polyphonique, elle convoque ici une économie de moyens, une efficacité narrative, une brièveté saisissante, jouant une fois encore de la palette narrative qui fait d'elle un écrivain hors pair.
L'être qui jusqu'alors vous aimait vous lance un matin au visage un mot, une phrase ou même une porte et termine ainsi votre histoire dans l'instant.
À moins que ce ne soit vous qui, par courage ou par folie, en décidiez, mais finalement c'est la même chose, l'amour bascule vers la rupture. Pour Alain Conlang, la solitude est une angoisse, l'abandon une obsession, et il lui semble préférable de vivre un amour sans passion plutôt que de ne rien vivre du tout. Malgré son humour et sa bonne éducation, il constate que son point de vue est par beaucoup partagé et, anticipant sur la rupture, il met au point une méthode : comment survivre au chagrin d'amour ou ne plus souffrir pour de mauvaises raisons.
Photocopiée, distribuée, sa méthode remporte un immense succès. Alain Conlang devient gourou, homme d'affaires, analyste à ses heures et de plus en plus amoureux. Dans ce troisième roman, Ilan Duran Cohen s'impose encore davantage dans le territoire du tendre et de l'humour. La singulière aventure d'Alain Conlang au coeur de la vie des autres, ses errances amoureuses et sa fragilité atavique viennent ici faire écho à l'extrême sensibilité d'une relation familiale dépeinte avec la délicatesse d'une douce métaphore.
"Que peut la littérature devant l'ampleur du drame ? Rien, mais surtout pas se taire." Certains des auteurs qui interviennent ici ont écrit dans l'immédiateté du séisme qui a ravagé Haïti le 12 janvier 2010.
D'autres, dans les semaines suivantes, ont voulu révéler (parfois à demi-mot) l'impact de cette catastrophe dans leur vie, leur imaginaire, leur citoyenneté, leur identité. Ensemble, ces témoignages publiés à chaud par Le Point et ces textes de création ne prétendent rien d'autre qu'exprimer une nécessité : Haïti parmi les vivants. Ce livre est le fruit de la collaboration du magazine Le Point, des éditions Actes Sud et de l'Atelier Jeudi soir à Port-au-Prince.
Il est publié et vendu au profit de la reconstruction culturelle et éducative en Haïti.
Bernard vient d'être abandonné par la jeune femme qu'il aime, la belle Elma qui ne voyait plus en lui, photographe contemplatif de naissance, qu'un intellectuel rêveur trop peu attentif à sa beauté.
Bernard est malheureux, d'autant qu'Elma, tout amoureuse d'un autre, passe son temps à lui adresser des messages de regrets. Du temps de sa jeunesse, Bernard a approché Stan, Stanislas Rodanski, le poète. Comment ne pas penser à lui quand l'amour devient une sorte de dévastation ? Le regard en maraude, Bernard prend le train pour Lyon.