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Belles Lettres
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Les Métamorphoses d'Ovide (43 av. J.-C.-17 ap.) sont pour la poésie latine une sorte de livre des records, de longueur (11995 vers évoquant ou narrant 250 métamorphoses en quelque 150 épisodes), mais aussi de variété des genres, des styles et des procédés narratifs. Couvrant toute l'histoire du monde, du chaos originel au temps d'Auguste où écrit le poète, sorte d'oeuvre-univers dont la structure labyrinthique fait un véritable et fascinant palais des mirages, "Légende dorée" ou "Vatican du paganisme", "Mille et une nuits de l'Antiquité" elles s'ouvrent sur un récit de la Genèse et s'achèvent, après un long et passionnant prêche philosophique prononcé par Pythagore (569-475 av. J.-C.), sur la promesse de divinisation de l'empereur régnant et d'immortalité du poète, après avoir offert au lecteur, sans jamais l'ennuyer, une profusion de récits épiques et de contes burlesques, édifiants, émouvants ou galants dont la postérité n'a cessé de recycler les inépuisables joyaux.
Olivier Sers a traduit Ovide, entreprise sans précédent, vers pour vers, en 11995 alexandrins classiques restituant fidèlement le phrasé et la frappe poétique des hexamètres latins. Pour la première fois le lecteur moderne des Métamorphoses est placé dans la situation même du lecteur antique.
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Des voix s'élèvent de la nuit d'Athènes pour célébrer l'amour. Les invités du banquet d'Agathon - ce sont ses talents de tragédien que l'on fête - livrent tout à tour leur version d'Eros. Le vin lourd et épicé délie les langues. L'invention va atteindre des sommets d'extravagance avec le mythe d'Aristophane. L'intensité dramatique, modulée de main de maître, va crescendo. Enfin, Socrate prend la parole, mais plutôt que de pousser son avantage dialectique, il choisit de rapporter les propos que lui a tenus jadis la prêtresse de Mantinée. C'est unique dans l'oeuvre de Platon, et disons-le rarissime dans l'histoire de la pensée occidentale : c'est à une femme que revient la tâche d'initier le philosophe au mystère de l'amour.
Ce que dit Diotime va changer l'histoire de notre sensibilité ; George Steiner le montre dans la préface : "l' 'Eros authentique est une quête de l'immortalité, notre vie n'est valable que si elle aspire à la vision de la beauté absolue, qui est aussi vérité".
Texte établi et traduit par Paul Vicaire, annoté par François L'Yvonnet.
Préface de George Steiner.
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Jamais, peut-être, socrate ne fut aussi tranquille qu'en cette journée particulière qui s'achève par un arrêt de mort .
Le procès, banal par certains côtés (ce n'est ni la première ni la dernière fois que l'on aura la peau d'un homme libre), a pour nous valeur de symbole. il est l'un des événements fondateurs de notre identité intellectuelle : il décidera de la vocation philosophique de platon. l'histoire de la pensée occidentale porte la marque de cette césure : il y a l'avant et l'après socrate. chaque fois qu'une communauté tente, par la censure, l'ostracisme ou le meurtre, de réduire au silence un étranger moral ou intellec tuel à l'intérieur de ses murs, de bâillonner ou d'effacer ses interrogations intolérables, elle vit une heure socratique.
" (george steiner).
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Le Gorgias est sans doute le plus animé et le plus féroce des dialogues platoniciens. A la faveur de la discussion qui oppose Socrate au sophiste Gorgias et à l'incroyable rhéteur Calliclès, Platon conduit la philosophie en un lieu où on ne voulait pas l'attendre : au sein des assemblées, des tribunaux et des discussions publiques où la question est posée de la "meilleure manière de vivre". A l'encontre de la rhétorique athénienne, la philosophie revendique la prétention exclusive d'être le seul discours éthique. Qu'il s'agisse des plaisirs, dont on ne peut vraiment jouir qu'à la condition de les maîtriser et de les connaître, ou du soin de la cité, qui exige un gouvernement susceptible d'améliorer les citoyens, la philosophie fait ici valoir sa compétence à ordonner les conduites.
Sans doute écrit au moment où Platon fondait à Athènes l'Académie (autour de 387), le Gorgias veut être le protocole éthique d'un engagement politique ; il débat donc des conditions du gouvernement de soi et des autres.
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Les deux fils d'oedipe, Etéocle et Polynice, se sont entre-tués au combat. Leur oncle Créon, le roi de Thèbes, décide que le cadavre de Polynice - qui a trahi sa patrie - demeurera exposé sans sépulture. La jeune Antigone, sa soeur, viole volontairement le décret : elle est arrêtée, et récidive. Pour elle, les lois immuables de la conscience, les "lois non écrites", se situent au-dessus des décrets des hommes. Antigone est celle qui désobéit, celle qui dit non, celle qui va au-devant de la mort.
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Phèdre est un des nombreux dialogues socratiques transmis par Platon. Il y est question de la beauté et de l'amour, entendu comme désir, dans un premier temps, puis de la beauté d'un discours et de la rhétorique dans un second temps. L'amour comme la rhétorique peuvent éléver la beauté de l'âme mais ils peuvent tout aussi bien l'abaisser, en s'attachant seulement au plaisir et à la domination d'autrui. Au contraire, celui qui, à travers l'être aimé ou à travers le beau discours, contemple des idées pures, gagnera en sagesse et en beauté.
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L'Âne d'or ou Les Métamorphoses
Apulée
- Belles Lettres
- Classiques En Poche
- 12 Juin 2007
- 9782251799933
Jubilant dans le baroque aux confins de l'érotisme, du fantastique et de la mort, Les Métamorphoses d'Apulée (IIe siècle), seul roman latin dont nous possédions le texte intégral, racontent à la première personne les tribulations d'un naïf trop curieux qu'une opération de sorcellerie ratée a transformé en âne mais qui n'en pense pas moins, et tissent dans tous les styles la trame parodique d'une comédie humaine dont le dénouement est procuré par l'intervention d'Isis-Reine, Déesse Éminentissime. "Ce livre est un chef-d'oeuvre. Il me donne à moi des vertiges et des éblouissements ; la nature pour elle-même, le paysage, le côté purement pittoresque des choses sont traités là à la moderne et avec un souffle antique et chrétien tout ensemble qui passe au milieu. ça sent l'encens et l'urine, la bestialité s'y marie au mysticisme, nous sommes bien loin encore de ça nous autres comme faisandage moral." (Gustave Flaubert, 1852)
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Lettres, maximes et sentences
Epicure
- Belles Lettres
- Classiques En Poche
- 16 Février 2024
- 9782251455266
Les désirs de l'homme sont illimités ; sitôt satisfaits, il en faut davantage. C'est contre cette course folle qu'Épicure appelle chacun à limiter ses désirs (non pour se mortifier, mais afin de pouvoir les satisfaire pleinement), ou plutôt à comprendre qu'ils sont déjà limités, de fait et par la nature même. Seule notre imagination les ouvre à l'infini, nous vouant ainsi à la poursuite perpétuelle de ce qui nous manque et qui ne pourrait, une fois atteint, nous combler.
Épicure est celui qui « fixa des bornes au désir comme à la crainte ». À la crainte, puisqu'il nous aide à comprendre que ce qui nous effraie le plus - les dieux, la mort - n'est pas à redouter (ceux-là parce qu'ils ne s'occupent pas de nous, celle-ci parce qu'elle n'est rien). Et aux désirs, en nous apprenant à y distinguer trois catégories différentes : les désirs naturels et nécessaires, qui visent essentiellement à supprimer la douleur et sont pleinement satisfaits lorsque celle-ci a disparu. Ces désirs sont toujours bons et le plus souvent faciles à assouvir ; les désirs naturels et non nécessaires (le désir sexuel, les désirs esthétiques, etc.). Il n'y a pas lieu de les condamner, mais il est dangereux d'en devenir esclave ou même de les laisser indéfiniment s'accroître ; les désirs ni naturels ni nécessaires, qu'Épicure appelle aussi les désirs vains ou vides (gloire, pouvoir, honneurs, richesse, luxe, etc.) , qui deviennent illimités et cessent en cela d'être naturels.
La leçon d'Épicure : jouir le plus possible, mais en désirant le moins possible (puisqu'on ne désire, à la limite, que ce dont on a naturellement besoin). -
L'assemblée des femmes
Aristophane
- Belles Lettres
- Classiques En Poche
- 6 Septembre 2024
- 9782251455716
« Si donc vous m'en croyez, vous pouvez encore être sauvés. C'est aux femmes qu'il nous faut abandonner la cité », dit Praxagora au peuple athénien (v. 209- 211). Pour sauver Athènes, les femmes, déguisées en hommes, proposent de changer les lois. Fatiguées de subir les conséquences de l'incompétence des hommes, les femmes, qui d'ordinaire s'occupent de diriger la maison, vont prendre le pouvoir. Tout est désormais mis en commun, les biens, les enfants, les partenaires sexuels : le pouvoir masculin, la propriété, le mariage sont abolis. Fini le débat politique à l'assemblée, c'est l'économie du ménage qui triomphe. À condition de respecter les nouvelles lois, les hommes bénéficieront de l'administration des femmes : nourris, habillés, ils pourront s'adonner aux plaisirs de l'amour et de l'oisiveté, abandonnant la politique qui, dorénavant, est subordonnée au monde domestique.
Comédie grinçante, dans laquelle Aristophane propose à ses concitoyens de rire de la corruption et de l'impéritie des dirigeants de la cité, de la mentalité d'assistés de l'ensemble du peuple, l'Assemblée des femmes, représentée en 392 avant notre ère, nous montre que le projet utopique d'une cité dirigée par des femmes, véritable monde à l'envers où le pouvoir est féminisé, est voué à l'échec. -
Qu'adviendrait-il des hommes si, un jour, les femmes s'emparaient du pouvoir ? les athéniens du vème siècle n'hésitaient pas à répondre : la mort.
C'est ce fantasme, ce cauchemar qu'aristophane met en scène dans lysistrata. pour sauver athènes et toute la grèce, les femmes décident de dire non à la guerre. quel moyen plus ingénieux pour convaincre leurs maris que la grève du sexe et la prise de l'acropole ? auparavant soumises au désir et à l'autorité de leurs époux, les femmes d'athènes luttent maintenant pour restaurer les vraies valeurs du mariage civique, seul garant de la pérennité de la cité.
Dans ce carnaval qu'est la comédie ancienne, les hommes cèdent : ils font la paix pour faire l'amour et pour se réapproprier le politique qui, le temps d'une pièce de théâtre, était l'affaire des femmes.
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Fascinantes bacchantes ! le terme n'est pas trop fort.
L'orient, la musique, le rythme des tympanons, la promesse de la délivrance, bacchus enfin, et l'errance des ménades dans la montagne, à la chasse au gibier. à la chasse à l'homme ?
Serait-il possible que fût là, sous la main, la solution de nos misères ? est-ce donc l'evangile ? y aurait-il une bonne folie ? hélas, l'histoire tragique fonctionne et décide. la bonne et la mauvaise folie ne sont que le recto verso indissociable d'une même illusion.
Pourtant, bacchus est là, qui sourit.
Le vieil euripide se retire de cette histoire sur la pointe des pieds. tout est prêt pour un recommencement.
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Auteur favori aux Enfers ? Commence une quête qui va confronter le dieu fantasque aux dures réalités du monde des ombres : des grenouilles qui le célèbrent dans un grotesque chant moderniste, un monstre puant, des coups. L'art ne sert alors à rien.
Chez les morts, Dionysos doit arbitrer un conflit entre Eschyle et Euripide. Aristophane offre aux spectateurs un concours tragique qui n'a jamais eu lieu, puisque Euripide a commencé sa carrière juste après la mort d'Eschyle. Le combat analyse des poétiques opposées et montre leurs ridicules : l'art sublime d'Eschyle, qui produit de la réalité grandiose, mais abrutit les spectateurs; ou au contraire l'art d'Euripide, qui prétend enseigner le langage et la dialectique aux Athéniens, mais qui, trop subtil, les rend inefficaces et fourbes.
Dionysos choisit Eschyle : Athènes, tout près d'être défaite dans sa guerre avec Sparte (hiver 405), a besoin d'un auteur qui rappelle un âge ancien et meilleur. Le vieil Eschyle remonté sur terre servira à dénoncer le présent. C'est la comédie qui décide, souverainement, de ce que vaut la tragédie et des besoins politiques de la cité.
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Le genre des héroïdes, inspiré d'Ovide, connaîtra une vaste fortune. Composées entre 25 et 16 avant notre ère, les Héroïdes d'Ovide forment un recueil de quinze lettres imaginaires envoyées par des héroïnes malheureuses à l'homme qui les a délaissées - ces figures féminines célèbres de la mythologie gréco-romaine sont montrées alors qu'elles adressent un ultime message d'amour à leur époux ou à leur amant lointain -, c'est aussi l'échange de trois couples mythiques (Hélène/Pâris, Héro/Léandre, Cydippe/Acontius) qui livrent ainsi leur correspondance secrète. Les Héroïdes sont donc au confluent de la poésie épique, de la lettre, de l'élégie. Les plus célèbres sont celles de Pénélope à Ulysse ou d'Ariane à Thésée. Ovide renouvelle l'esprit de l'élégie amoureuse en imaginant une correspondance entre des héros et des héroïnes hérités de la mythologie grecque qui expriment des sentiments de souffrance ou de deuil propres au lyrisme intime.
Ainsi le lecteur contemporain d'Ovide découvrait-il de nouveaux aspects à ces épisodes illustres de la fable antique, présentés à lui du point de vue de l'intimité des héros : ces lettres comblent les vides de l'histoire connue par l'Iliade, l'Odyssée ou par les tragédies grecques et livrent un aperçu inédit d'un personnage ou d'un événement, laissant librement s'exprimer la plainte ou la rêverie de l'épistolier en d'infinies variations. -
La Médée mythique était une magicienne aux pouvoirs redoutables, plusieurs fois criminelle. Ici, elle s'impose la catastrophe. Pour faire payer son infidélité à Jason, elle devient meurtrière de leurs enfants. Euripide a sans doute inventé ce crime.
Elle ne se contente pas de se venger, mais anéantit le monde pour lequel son mari la quitte : elle désagrège la jeune rivale en même temps que son père, le roi de Corinthe, et, avec ses enfants, elle détruit le passé. Rien ne doit en rester, puisqu'il a été nié. Dans cette tragédie, elle est le divin. Petite-fille du Soleil, elle s'était donnée librement à un mortel ; elle se reprend, mais dans un désastre qui la touche aussi.
Euripide a choisi de ne pas mettre en scène la magie, mais la virtuosité avec laquelle l'étrangère parle les mots des Grecs, pour tuer. Contrairement à ce que disait Nietzsche, la dialectique ne dénature pas la tragédie, elle la renforce.
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Juvénal (60-140) se plut à opposer la dépravation de son temps aux moeurs plus chastes et droites des Romains de la République. Après s'être voué d'abord à la rhétorique, cet ami de Martial commença en effet à composer des satires vers l'âge de quarante ans, lorsque la chute de Domitien, puis le règne de Trajan et surtout d'Hadrien lui permirent d'exprimer le fond de son coeur en dénonçant surtout les abus dont il était témoin dans un art partagé entre le réalisme et l'outrance, l'emphase déclamatoire et la concision du proverbe. Juvénal fut poète politique, doublé d' un véritable philosophe et d'un moraliste d'inspiration stoïcienne.
Son oeuvre est un peu plus importante que celle de Perse : seize satires, dont les premières attaquent des travers précis et dont les dernières développent des thèmes moraux plus généraux. Ainsi la troisième satire évoque les embarras de la Ville, la sixième les femmes, la huitième les nobles ou la dixième les voeux...
Cette nouvelle traduction permet d'apprécier la souplesse de la composition des Satires en même temps que leur véhémence, tout en parachevant le travail entamé par Olivier Sers avec La Fureur de voir (Belles Lettres, 1999) et sa nouvelle traduction, très remarquée, dans la même collection, du Satiricon de Pétrone (2001).
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En 63 avant notre ère, la République romaine vit des heures explosives. Les divisions politiques, l'accroissement de la misère, l'omniprésence de la violence touchent tous les degrés de la société. Il ne manque qu'un chef pour cueillir les fruits de la déliquescence de l'État, provoquer une révolution et précipiter Rome dans les affres d'une guerre civile. Ce meneur, dévoré de haine et d'ambition, est un patricien ruiné, charismatique et débauché, Lucius Sergius Catilina. Face à lui, un « homme nouveau », un consul qui manie l'art oratoire avec maestria, un avocat qui a su faire de ses phrases des armes redoutables, Cicéron. En quatre discours, ce maître des mots va chasser Catilina, retourner le peuple et du moins croit-il sauver la République.À travers ces Catilinaires, c'est l'histoire du plus formidable complot jamais ourdi contre l'État romain qui s'écrit, pour la plus grande gloire de leur auteur.
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Les Deipnosophistes, livre XII : Les plaisirs
Athenee
- Belles Lettres
- Classiques En Poche
- 5 Février 2025
- 9782251456836
Né en 170 après J.-C. en Égypte, Athénée appartenait à la communauté grecque de Naucratis. Il vécut pourtant à Rome. Voilà à peu près les seuls renseignements dignes de foi que nous ayons sur l'auteur des Deipnosophistes, ou Banquet des sophistes, précieux témoignage à la fois d'une forme littéraire et d'un mode de sociabilité particulièrement fécond dans l'Antiquité : le banquet. À la fin du repas, les convives abordent des sujets très variés et font entendre les fragments d'oeuvres qu'ils connaissent par coeur, mais dont la voix s'est effacée pour nous. Les Deipnosophistes constituent donc une sorte de bibliothèque fantôme.
Consacré aux plaisirs, le livre XII offre une réflexion, entièrement menée par Athénée, sur les individus célèbres pour s'être adonnés au plaisir. Selon lui, le plaisir est lié à toutes sortes de vices. Les hommes s'enivrent et perdent souvent toute virilité en se fardant et en se parfumant. Et surtout, le plaisir estsource d'une hubris qui peut conduire au meurtre - les histoires violentes abondent dans ce livre. Dans la dernière histoire, le lien entre plaisir et folie offre une conclusion piquante : le plaisir ne serait-il jamais si grand que lorsqu'on a perdu la raison ? -
De la vieillesse ; Caton l'Ancien
Cicéron
- Belles Lettres
- Classiques En Poche
- 4 Avril 2003
- 9782251799698
Lorsqu'il écrit le Cato Maior, au début de l'an - 44, à l'heure où la République agonisante s'apprête à succomber sous les dagues des assassins de César, Cicéron éprouve cruellement le poids des ans (il a soixante-deux ans).
Il imagine un court dialogue philosophique qu'il situe à l'époque glorieuse de Rome, en - 150. Les jeunes Scipion Émilien et Laelius prennent du vieux et toujours vigoureux Caton (quatre-vingt-quatre ans) une leçon de vie. Les réflexions prêtées à l'ancien censeur de - 184 agissent sur l'auteur de ce traité Sur la vieillesse comme un élixir de jouvence et une consolation dans ses malheurs personnels et ses déceptions politiques.
Des propos forts et clairs, à l'image du caractère bien trempé du personnage principal pour conjurer la peur de vieillir.
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Vies des douze Césars : Claude, Néron
Suétone
- Belles Lettres
- Classiques En Poche
- 9 Octobre 1996
- 9782251799049
Suétone nous a livré des portraits passionnants des empereurs du Ier siècle de l'Empire romain. Soucieux de présenter la complexité de leur personnalité et de leur caractère, il fouille leur vie privée dans ses moindres détails. Avec lui, un nouveau genre littéraire et historique voit le jour : la biographie impériale. Ce livre nous présente Claude (41-54 ap. J.-C.) et Néron (54-68 ap. J.-C.).
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Les Suppliantes brosse l'histoire lyrique de cinquante malheureuses filles de Danaos qui, pour échapper au mariage forcé avec leurs cousins égyptiens, trouvent refuge dans le sanctuaire d'Héra en Argolide. Par leur dérobade et le sang du meurtre des prétendants, les suppliantes ne fourniront pas de lignées glorieuses, à l'exception de Hypermnestre désobéissant à son père. Dans cette tragédie, Eschyle, non sans une certaine ambiguïté, pose la question fondamentale du mariage et du droit comme socle social.
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Les dieux ont un jour quitté les assemblées des mortels et ne leur ont plus permis de les rejoindre dans la lumineuse clarté du jour. La poésie, par l'harmonie musicale de ses accords et de ses images, a pour mission de chanter la nostalgie de ces temps bénis.
Catulle est le grand-prêtre de cette anamnèse exaltante et mélancolique. En même temps qu'il reconstruit ce monde onirique des bénédictions enfuies, il est contraint de le déconstruire par les réalités individuelles et collectives. De là, cette égale intensité dans l'enthousiasme des chants d'amour et dans la virulence des attaques satiriques. L'unité de l'oeuvre de Catulle, d'apparence si composite, réside dans cet engagement lyrique de l'individu qui oppose aux laideurs du réel les souvenirs lumineux de l'idéal. L'alliance de la grâce et de la trivialité donne à cette poésie une saveur unique dans la littérature antique. -
Les tragédies de Sénèque ont inspiré directement, et parfois littéralement, Shakespeare, Corneille et Racine, et pourtant, jusqu'au XXe siècle, on les tenait pour injouables et leur réputation était exécrable auprès des critiques.
Tout a changé à partir de 1932 où Georges et Ludmilla Pitoëff ont monté Médée, suscitant l'enthousiasme d'Antonin Artaud qui dès lors vit en lui « le plus grand auteur tragique de l'histoire [...]. Je pleure en lisant son théâtre d'inspiré, et j'y sens sous le verbe des syllabes crépiter de la plus atroce manière le bouillonnement des forces du chaos ».
Aujourd'hui, on ne se pose plus la question de savoir si Sénèque est jouable, on le joue.
L'écriture versifiée est un élément scénique majeur de ces textes dont une grande partie était chantée, voire dansée. C'est entre autres pour cette raison qu'on les trouvera traduits ici, non seulement vers pour vers, mais avec la même variété métrique que dans le texte original.
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Si le lecteur, qui tient en mains ce livre, n'aime pas la légèreté, l'élégance, la grâce, le badinage, s'il ignore que 1e sérieux est compatible avec la futilité, qu'il ne l'ouvre pas, et qu'il condamne son auteur comme il condamnerait les " illustres bergers ", théophile, tristan, ou encore la fontaine, marivaux, choderlos de laclos.
Que cet improbable lecteur, que l'imagination ne concevrait pas, si de nombreux critiques n'avaient reproché aux amours d'ovide leur légèreté, sans voir leur grâce, leur futilité sans percevoir leur sérieux, que ce lecteur donc évite aussi de regarder les tableaux de fragonard et qu'il se méfie de mozart. si, malgré cet avertissement, il ouvre le livre, qu'il se réjouisse, comme il y est invité par l'épigramme liminaire, que l'édition nouvelle de l'oeuvre soit plus brève que la première.
Aux autres lecteurs, qui aiment mozart et fragonard, les amours. apportent le plaisir, la voluptas, que le poète a éprouvé lui-même, en se jouant de tous les lieux communs et de tous les interdits pour révéler les mille et une surprises du désir amoureux et pour harceler sous les flèches de cupidon la société compassée et hypocrite qui l'entoure.
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Odyssée Tome 3 ; chants XVI à XXIV
Homère
- Belles Lettres
- Classiques En Poche
- 19 Octobre 2001
- 9782251799599
"Ithaque t'a donné le beau voyage : sans elle, tu ne te serais pas mis en route.
Elle n'a plus rien d'autre à te donner. Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé. Sage comme tu l'es devenu à la suite de tant d'expériences, tu as enfin compris ce que signifient les ithaques.".