L'Évolution de la connaissance raconte en seize chapitres la fascinante histoire des connaissances de l'humanité.
Retraçant les épisodes clés de l'évolution des sciences et des techniques, de l'invention de l'écriture à l'industrialisation et à la numérisation en passant par la révolution scientifique du début de l'ère moderne, Jürgen Renn analyse comment le savoir se crée et se transforme, comment il se diffuse globalement depuis des millénaires et de quelle manière les économies de la connaissance et les sociétés dans lesquelles elles s'inscrivent s'influencent mutuellement.
Extrêmement riche en matériel et abondamment illustrée, cette somme mobilise une multitude de méthodes et de disciplines, et développe un cadre entièrement nouveau pour la compréhension de l'histoire des sciences comme élément de l'évolution culturelle. Le large regard rétrospectif qu'ose L'Évolution de la connaissance permet ainsi d'aiguiser notre vision des défis complexes auxquels nous sommes confrontés dans l'Anthropocène.
La question de savoir si la société humaine globale parviendra à relever les défis de l'Anthropocène dépendra en grande partie du développement futur de son économie de la connaissance.
Les Grecs ont découvert la sphéricité de la Terre, ont su calculer sa circonférence, ont tracé les premières cartes du monde, mais tout ce savoir s'est perdu au Moyen Âge latin, ignorant et étouffé sous le poids d'une Église conservatrice et omnipotente, pour laquelle seule l'idée d'une Terre plate était compatible avec les Écritures. Il fallut attendre les grands navigateurs - Christophe Colomb, Vasco de Gama et Fernand de Magellan -, ainsi que Copernic au XVIe siècle et Galilée au XVIIe siècle (qui le payèrent cher) pour rétablir enfin, par la raison et les observations empiriques, le caractère sphérique de la Terre.
Autant de contre-vérités que Violaine Giacomotto- Charra et Sylvie Nony dénoncent, textes à l'appui, dans un essai concis et didactique. Après un point précis sur les théories grecques antiques relatives à la forme de la Terre, les autrices analysent la transmission de ces savoirs au Moyen Âge, directement depuis le grec ou ensuite par la médiation de l'arabe et du syriaque. Elles nous proposent de lire avec elles les Pères de l'Église mais aussi les manuels et encyclopédies rédigés tout au long du Moyen Âge et utilisés pour l'enseignement dans les écoles cathédrales puis dans les universités, à partir du XIIIe siècle.
Une fois clairement établi que l'idée de la sphéricité de la Terre n'a jamais disparu des cercles éduqués pendant tout le Moyen Âge, pas plus qu'elle n'a suscité l'ire de l'Église, l'ouvrage étudie l'origine du mythe, les arguments de ses partisans et les raisons de son succès. Cette partie nous conduit sous la plume des philosophes des Lumières et des historiens du XIXe siècle, à mesure que le positivisme et la laïcisation de la science gagnent du terrain.
Si nous nous sommes associés, le physicien et le philosophe, pour écrire sur les « idées noires » de la physique, c'est que les choses que la physique qualifie de « noires » sont intrigantes : le ciel noir, le corps noir, le trou noir, la matière noire, l'énergie noire... Que se cache-t-il derrière ces expressions... obscures ? Ce ne sont pas seulement de curieuses appellations, ce sont des idées qui ont joué et jouent encore, parfois, un rôle crucial en physique, comme l'expose l'astrophysicien Roland Lehoucq. En outre, il ne suffit pas d'analyser la manière dont la science change le sens de l'adjectif « noir », il faut aussi exposer comment cet adjectif « colore » l'expression scientifique en retour. C'est pourquoi le philosophe des sciences Vincent Bontems analyse ce que l'adjectif charrie subrepticement de l'imaginaire des ténèbres jusque dans le champ scientifique. L'idée noire devient alors une image noire qui est le motif d'une rêverie savoureuse. Nous expliciterons donc à chaque fois la dénotation de l'adjectif « noir », ce qu'il signifie vraiment pour un physicien, mais aussi sa connotation, c'est-à-dire ce qu'il évoque métaphoriquement, parfois inconsciemment. Couplant l'analyse épistémologique des idées noires à une psychanalyse des images noires, nous suivons ainsi l'exemple du philosophe Gaston Bachelard, qui étudiait déjà en parallèle l'évolution historique de théories de la propagation thermique et les associations d'images lors de divagations sur le feu, la science et l'imaginaire.
Si l'on admet volontiers que la redécouverte de l'Antiquité a permis aux disciplines humanistes de connaître un nouveau souffle lors de la Renaissance, un préjugé demeure concernant la science de la Renaissance qui aurait au contraire eu à se battre contre la science de l'Antiquité pour éclore, la lutte contre le géocentrisme d'Aristote et Ptolémée étant l'exemple le plus connu.
Il n'en est rien. Les travaux de Copernic et Galilée se sont justement fondés sur des recherches de la science hellénistique qu'ils assumaient parfaitement. Loin de s'opposer à la science grecque, la Renaissance s'est appuyée sur elle pour pouvoir faire émerger la science dite moderne. Outre l'exemple de la gravitation, l'auteur démontre, avec des sources et citations très précises, qu'il en va de même pour l'idée de gravitation, la théorie des marées, l'atomisme et la notion de molécule. Il remarque enfin que la volonté de nous éloigner de la science grecque a mené au cours du XXe siècle à des dérives non-scientifiques de la science contemporaine (avec l'usage irrationnel de la physique quantique) et à un oubli progressif de la méthode démonstrative (avec la dégéométrisation des mathématiques). Le retour à une connaissance de la science grecque ainsi qu'à la langue grecque permettrait aujourd'hui de réconcilier scientifiques et littéraires dans une perspective aussi bien culturelle que scientifique.
Les Mathématiques comme Métaphore est, au même titre que La Science et l'Hypothèse de Poincaré, un témoignage accessible et rigoureux de la beauté mathématique. Sa première partie constitue une méditation sur l'expérience intime de la pensée algébrique, la vocation d'un chercheur et la fonction sociale de la science. Yuri Manin y livre les clefs de son propre destin en dévoilant les mathématiques comme une métaphore de l'existence.
Dans sa seconde partie, l'ouvrage aborde l'épineuse et récurrente question des relations entre constructions mathématiques, spéculations physiques et algorithmes informatiques. Refusant les positions unilatérales, la réflexion s'installe dans un va-et-vient connectant motifs et figures, évoquant en particulier celle d'Alexandre Grothendieck. Exposant les puissances de l'autre hémisphère du cerveau, la troisième partie élabore une série de conjectures sur le Trickster, les mythes, le langage, la poésie, etc.
Celles-ci complètent les analyses précédentes et s'y réverbèrent. Traversé par le fantôme de la dialectique, Les Mathématiques comme Métaphore offre une magistrale leçon de philosophie mathématique pour non-mathématiciens. Cette édition réunit les textes traduits en anglais, une sélection complémentaire issue de l'édition russe, des textes postérieurs choisis par l'auteur ainsi qu'une postface inédite de Pierre Lochak.
L'ouvrage constitue une synthèse unique sur les cadrans solaires, qui s'adresse aussi bien aux spécialistes les plus exigeants comme aux curieux qui souhaitent découvrir l'histoire d'un instrument qui remonte aux débuts de l'astronomie.
Alors que de l'Antiquité environ 700 cadrans solaires sont connus et conservés dans les musées, la France compte à elle seule plus de 32 000 cadrans construits entre le Moyen âge et aujourd'hui, et comme dans toute l'Europe, la très grande majorité de ces instruments de l'ombre fonctionne encore sur les églises, dans les jardins, sur les bâtiments publics et les maisons privées.
Dans Une histoire de la gnomonique en Occident, Denis Savoie rappelle l'héritage de la gnomonique gréco-romaine puis examine les rares réalisations médiévales qui traduisent le net recul de l'astronomie en Occident. Mais à la fin du Moyen âge et au début de la Renaissance s'amorce un profond changement dans la mesure du temps, avec l'apparition des horloges mécaniques et l'abandon des heures antiques. Le développement des mathématiques, la diffusion des premiers ouvrages imprimés au XVIe siècle, l'augmentation de la précision des cadrans sur lesquels se règlent désormais les horloges, contribuent à massivement diffuser ces instruments qui vont pour longtemps rester la seule façon de connaître l'heure dans les villes et les campagnes. Les cadrans solaires deviennent un domaine de recherche inépuisable et il s'en construit de nombreux types, des portables luxueux de poche jusqu'aux méridiennes dans les cathédrales. Même si le XIXe siècle les relègue au second plan, les cadrans solaires n'ont jamais cessé d'être des objets d'arts souvent ornés de devises mais aussi des instruments pédagogiques indispensable à la compréhension des mouvements du Soleil.
Pendant plus de cent ans, les physiciens ont pris pour parole d'évangile l'affirmation de John Keat selon laquelle la « beauté est vérité ».
Qu'ils soient en train d'évaluer l'existence des trous noirs ou qu'ils prédisent de nouvelles découvertes au CNES, les physiciens croient que les meilleures théories sont belles, naturelles et élégantes. Ce standard sépare les théories popularisées des théories bonnes à jeter. Malheureusement, comme le démontre Sabine Hossenfelder, ce standard a également fait obstacle à toute avancée théorique majeure en physique depuis plus de quarante ans.
Dans Lost in Maths, Sabine Hossenfelder explore comment cette préoccupation moderne pour la beauté nous aveugle et nous empêche de voir le monde naturel tel qu'il est. Aiguillés par le seul critère esthétique, les physiciens ont conçu de nouvelles théories ahurissantes, inventé une douzaine de nouvelles particules et déclaré que les lieux éloignés dans l'espace sont connectés par des vortex. Mais l'observation scientifique a été incapable de confirmer presque toutes ces idées - en fait, la plupart ne peuvent même pas être testées. Pour échapper à ce cul-de-sac théorique, les physiciens doivent repenser leurs méthodes d'analyse. Lost in maths nous rappelle que ce n'est qu'en embrassant la réalité telle qu'elle est, sans essayer de l'enjoliver ou de la structurer a priori, que la science peut déchiffrer l'univers.
Le Cri d'Archimède exprime l'orgueil joyeux de l'inventeur. Ou du poète. Ou du clown. Ou de l'enfant qui vient de résoudre un rébus. Autant de créations. Mais qu'est-ce que créer ? Y a-t-il un lien entre la création littéraire et la découverte scientifique ? Entre ces dernières et l'inspiration comique ? Pour Arthur Koestler, ce lien se trouve dans ce qu'il nomme " l'acte bisociatif ", autrement dit le bond novateur qui, en reliant soudain des systèmes de référence jusqu'alors séparés, nous fait vivre ou comprendre le réel sur plusieurs plans à la fois. Contribution fondamentale à la psychologie moderne, cette histoire des découvertes scientifiques se double d'un essai remarquable sur la création littéraire et artistique.
Publié en allemand en 1934, Genèse et développement d'un fait scientifique est l'un des textes les plus importants jamais écrits en épistémologie.
Avec lui, Fleck inaugure ce qu'on appelle aujourd'hui la sociologie ou l'histoire sociale des sciences et entreprend d'élaborer une théorie de la connaissance qui sera reprise dans les années 60-70 par Thomas Kuhn.
A partir du cas idéalement complexe de l'histoire de la syphilis et, plus particulièrement, de la « réaction » de Wassermann, Ludwik Fleck élabore une vision extrêmement originale de l'activité de recherche et de la production de nouveaux savoirs scientifiques.
Fort de sa propre expérience de bactériologiste et d'immunologiste, Fleck montre que les « faits scientifiques » sont construits par des groupes de scientifiques qui définissent autant de « collectifs de pensée ». Chaque collectif possède un « style de pensée » spécifique, avec des normes, une conceptualité et des pratiques particulières. Fleck s'intéresse au fonctionnement du collectif, à l'incommensurabilité des faits scientifiques produits par différents collectifs, aux conséquences de cette incommensurabilité, ainsi qu'aux transformations des styles de pensée.
La pensée riche et complexe qu'il propose intègre des analyses qui, portant aussi bien sur la psychologie des chercheurs que sur leurs techniques matérielles ou sociales, s'intéressant à la recherche médicale comme aux conditions de l'élaboration d'une théorie de la connaissance, rendent compte de la réalité de la production des savoirs scientifiques au moment où émergent les technosciences.
Si tout un chacun sait que Thalès et Pythagore ont laissé leur nom à des théorèmes, que personne n'ignore le cri « Eurêka » d'Archimède sortant de son bain et que tout étudiant en mathématiques connaît les équations diophantiennes peu savent où se trouve énoncé le théorème de Pythagore ou s'il existe un autre théorème qui porte le nom de Thalès.
Cette anthologie mathématique est la première du genre en France.
Accessible à celles et ceux qui sont allergiques aux mathématiques et passionnante pour les mathématiciens chevronnés, elle présente des textes mathématiques, des réflexions sur les mathématiques et des anecdotes sur les mathématiciens de l'Antiquité grécoromaine.
Utilisant le fonds des Belles Lettres, cette anthologie est enrichie par de nombreuses traductions inédites. Le présent ouvrage répond à une double volonté : donner à voir l'altérité des mathématiques de l'Antiquité classique et faire percevoir une partie de l'influence de la pensée non mathématique sur les mathématiques gréco-romaines.
Le Bulletin des Belles Lettres revient avec un nouveau numéro, composé de trois volets comme les précédents : l'un consacré à l'histoire de la maison et l'importance des sources indiennes que nous y publions depuis des décennies, mises à l'honneur dans la "série indienne" lancée en 2022 ; un deuxième à la science et son ancrage humaniste, avec de nombreux textes et articles à l'appui ; un dernier laissant la parole aux lecteurs et aux passeurs de livres, libraires comme bibliothécaires.
Un dialogue imaginaire fondé sur des faits réels, par l'un des grands spécialistes de Galilée.
Galilée, l'un des deux plus célèbres scientifiques de l'époque moderne - l'autre étant Newton -, n'a été interviewé, ou plutôt interrogé, qu'une seule fois dans sa vie. Il s'en serait volontiers passé puisque ce fut à l'occasion de son procès.
Sommé de comparaître à Rome devant le tribunal de l'Inquisition pour avoir affirmé que la Terre tourne autour du Soleil, il eut préféré s'exprimer avec la verdeur qui enthousiasmait ses amis.
Mais il comprit qu'il était plus prudent de jouer la comédie. Il le fit avec habileté mais n'en fut pas moins condamné et assigné à résidence dans sa villa d'Arcetri, aux portes de Florence. C'est là qu'un jeune anglais de vingt-huit ans lui rendit visite. Il se nommait John Milton, et nul ne pouvait soupçonner qu'il deviendrait un jour le plus célèbre poète de l'Angleterre.
L'interview qui suit a été suggérée par un témoignage postérieur de Milton. Elle se veut fidèle aux intentions des interlocuteurs.
Galilée accueillit avec plaisir le jeune homme, qui lui était sympathique et auquel il n'hésita pas à dire franchement ce qu'il pensait de son conflit avec l'Eglise et de la censure ecclésiastique en général. Galilée ne passait pas tout son temps dans son laboratoire ou en classe à donner des cours. Nous ferons la connaissance de l'homme tel qu'il était et non tel que la postérité l'a figé. Sa candeur pourra nous surprendre mais elle ne saurait nous décevoir ou nous ennuyer. Nous l'entendrons s'exprimer sur une foule de sujets, les belles femmes qu'il rencontra et le bon vin qu'il but à Venise. Il nous parlera de ses obligations familiales et de la délicate gestion de ses finances personnelles. Il reviendra sur sa conduite lors de la terrible peste que subit Florence de 1630 à 1633. Nous apprendrons également pourquoi de nombreux peintres et poètes faisaient appel à lui. Il nous livrera son opinion sur l'astrologie - qu'il pratiquait - et il nous présentera de façon succincte mais claire ses découvertes en astronomie comme en physique. Il s'en prendra à ceux qui avaient eu l'outrecuidance d'affirmer qu'ils l'avaient devancé. Il dira à Milton comment il voulut sauver l'Eglise d'une grave erreur en la libérant d'une vision périmée de l'univers. Nous verrons aussi le peu de compréhension dont il faisait preuve à l'égard de ses collègues attachés aux catégories qui leur étaient familières, et le mal qu'il eut à mesurer l'ampleur des antagonismes créés par les querelles théologiques. Pionnier de la révolution scientifique, Galilée ne monta sur la rampe, l'oeil rivé à son télescope, que lorsqu'il eut presque cinquante ans. Son chef d'oeuvre, le Dialogue sur les deux plus grands systèmes du monde parut alors qu'il avait soixante-huit ans, et son dernier ouvrage, Discours et démonstrations mathématiques concernant deux sciences nouvelles, verra le jour dans sa soixante-douzième année.
Cette enquête sur l'immense demande de quantification dans le monde moderne examine le développement des significations culturelles de l'objectivité depuis plus de deux siècles. Comment devons-nous tenir compte du prestige actuel des méthodes quantitatives et de leur puissance ? La réponse habituelle est que la quantification est considérée comme souhaitable dans l'enquête sociale et économique depuis ses succès dans l'étude de la nature.
Cette justification ne satisfait pas Theodore Porter. Pourquoi, demande-t-il, le genre de succès obtenus dans l'étude des étoiles, des molécules ou des cellules devrait-il être un modèle attrayant pour la recherche sur les sociétés humaines ? Et d'ailleurs comment faut-il comprendre l'omniprésence de la quantification dans les sciences de la nature ? Selon Porter, nous devrions orienter notre regard dans la direction opposée : en comprenant l'intérêt pour la quantification dans les affaires, le gouvernement et la recherche sociale, nous apprendrons quelque chose de nouveau sur son rôle dans la psychologie, la physique et la médecine.
L'Univers infini dans le Monde des Lumières européennes vient combler une importante lacune dans l'histoire de la cosmologie puisque les travaux de Pierre Duhem sur le système du monde s'arrêtent à Galilée et ceux d'Alexandre Koyré s'étendent jusqu'à Newton et à certains de ses disciples. Quant à l'oeuvre considérable de Jacques Merleau-Ponty sur l'histoire de la cosmologie, elle porte essentiellement sur la cosmologie relativiste du XXe siècle, mis à part son ouvrage intitulé : La science de l'Univers à l'âge du positivisme (1983) qui repart du Kant de la première Critique et se concentre surtout sur l'énergétique du XIXe siècle. Il s'agit donc d'un complément aux travaux d'histoire de la pensée scientifique de Koyré et d'un correctif important concernant l'idée qu'il se faisait des suites de l'histoire de la cosmologie (à partir de 1750 jusqu'en 1830), période qu'il n'a pas eu le temps de traiter véritablement. Cet ouvrage et le précédent intitulé : Dieu, l'Univers et la sphère infinie : penser l'infinité cosmique à l'aube de la science classique (2006) constituent une tranche d'histoire de la pensée cosmologique (et de la conceptualisation de l'infini qui l'accompagne) qui part de la révolution copernicienne et s'étend sur près de trois siècles.
Toutefois, il est possible de se reporter à chacun de ces deux ouvrages séparément, bien qu'ils constituent un tout. On peut remarquer une étude particulièrement étendue et approfondie (en deux chapitres) de l'évolution complexe de la pensée cosmologique de Kant depuis la période précritique jusqu'à l'opus postumum en passant par la trilogie critique.
Enfin, cet ouvrage est susceptible d'intéresser les historiens des sciences (physique, astronomie, cosmologie) et de la philosophie, l'histoire des idées, les dix-huitièmistes et les historiens de la littérature.
Homme divin pour certains, dieu pour ses disciples, Pythagore - celui qui a été annoncé par la Pythie est en tout cas un personnage mythique dont la fin mystérieuse se perd dans les limbes de la mémoire des quelques disciples qui lui ont survécu et de leurs successeurs.
De mathématiques, il est ici peu question, de théories des nombres, un peu, mais c'est surtout de Pythagore lui-même, de ses disciples et du mode de vie de la secte qu'il s'agit. On apprendra toutes les merveilles qu'il a accomplies, on suivra toutes les étapes de l'initiation mystérique de la secte et on trouvera les seuls fragments véritables de son enseignement (les fameux - symboles -) qui nous soient parvenus.
Aux travers de textes qui datent du IIIe siècle après J.-C. et recueillent une longue tradition bio-doxographique qui remonte probablement aux Mémoires pythagoriques eux-mêmes (les - aide-mémoire -, ces écrits secrets, rédigés en langage symbolique, que les survivants de la secte composèrent pour ne pas laisser disparaître l'enseignement du Maître, et qui finirent, avec le temps, par être divulgués), on trouvera plusieurs listes des akousmata, ainsi que des interprétations de ceux-ci. On y apprendra quelles étaient les pratiques et règles (végétarisme, respect des êtres animés, interdiction des sacrifices sanglants) auxquelles se soumettaient ces hommes à la piété rare et au savoir divin. Car, c'est le dieu pythien qui parlait par la bouche de Pythagore, dont le nom pouvait aussi provenir du fait qu'- il annonçait la vérité non moins que le Pythien -. Il faut donc s'efforcer de garder vivante la tradition que nous révèlent ces textes que leur rareté rend d'autant plus précieux aux chercheurs de sagesse et de vérité.
Plusieurs des traductions présentées ici sont inédites.
Dix ans après la disparition de Pierre Souffrin, le présent recueil lui rend hommage en rassemblant une partie significative de son oeuvre originale d'historien et, dans une moindre mesure, d'éditeur/traducteur. Trop dispersée, car publiée par fragments, cette Oeuvre ne retrouve en réalité sa cohérence et son sens véritable que rassemblée. Les textes donnés à lire ici, une vingtaine au total, présentent l'essentiel de ses écrits en Histoire des sciences et permettent de se faire une idée assez précise des principaux champs de recherche qu'il a abordés ainsi que de l'exigence intellectuelle et de la rigueur avec lesquelles il a mené ses travaux.
D'un écrit à l'autre de ce recueil, quatre grands axes et quelques thèmes principaux peuvent être distingués:
1- le statut et les modalités d'intervention du concept de vitesse dans la science pré-classique, fort différents de ceux qui voient le jour au XVIIe et XVIIIe siècles 2- la tradition, au Bas Moyen-Âge et à la Renaissance en particulier, tant de la Geometria practica que de ce qu'il aimait à définir comme la Physica practica, dont la vitalité et l'importance elle-même, assurément de tout premier plan dans les applications techniques "concrètes" à ces époques, ont été longuement et presque constamment sous-estimées par les historiens 3- l'ecdotique des figures et des textes scientifiques ainsi que leur traduction, dont les historiens des sciences ont souvent eu tendance à négliger la valeur et le sens exacts, non moins que les inéluctables implications et retombées épistémologiques 4- la théorie galiléenne des marées, enfin, dont bien des historiens ont cru pouvoir se moquer, alors même que Galilée trouvait à très juste titre dans les marées une preuve du mouvement de la terre et Pierre Souffrin a montré que cette théorie, évidemment en soi cohérente, met à jour ce qu'on peut appeler « l'effet galiléen » résultant du double mouvement de la terre, effet parfaitement illustré par la « machine à marées » qu'il a construit pour le rendre visible.
Les écrits rassemblés ici montrent donc à la fois la diversité des recherches et des travaux menés par Pierre Souffrin et l'originalité profonde de sa démarche, marquée par un refus élevé au rang de méthode des lieux communs ou des idées reçues et, partant, par une lecture nouvelle, et bien souvent nettement plus attentive et philologiquement avertie, de textes jusque là non compris, voire considérés à tort comme erronés ou fautifs (d'Oresme à Alberti et à Galilée), et pourtant fondamentaux pour la naissance de la science moderne qu'il n'arrêta jamais de questionner.Après son intégration au C.N.R.S. (1958), et sa thèse remarquée sur Hydrodynamique d'une atmosphère pertubée par une zone convective sous-jacente (1966), Pierre Souffrin (Paris, 1935 - Nice, 2002) a mené sa recherche en astrophysique, puis en histoire des sciences surtout à l'Observatoire de Côte d'Azur et à l'Université « Sophia Antipolis » de Nice, dont il fut vice-Président de 1981 à sa démission en 1987.
Jusqu'il y a peu, l'Homo sapiens était une espèce en voie d'extinction, ne comptant que quelques dix mille individus; en 58 000 ans il est devenu le Maître du monde. Comment rendre compte d'un tel renversement de fortune ? Comme nos ancêtres fabriquaient des outils il y a deux millions d'années déjà, on propose ici l'invention de demain pour l'expliquer. Car le futur n'est pas une partie naturelle de la flèche du temps, c'est un artefact et quel artefact ! La capacité à faire des plans individuels et à les partager avec ses semblables rendrait tout animal invicible, or l'homme en a le monopole. L'à-venir est une source inépuisable de possibilités, l'homme en réalise suffisamment pour encombrer la Terre et son âme. Résultat: il y a trop de mots dans ce monde, trop de bons sentiments et de lois et de races de chiens et de Grands Hommes auxquels la Patrie est reconnaissante. Les sources de la société de consommation remontent à l'âge de pierre, quand un homme dit à son confénère: « À demain ! »