Cet ouvrage pluridisciplinaire est destiné à accompagner l'enseignement des sciences humaines et sociales au sein des études médicales et des études en santé, de la formation initiale aux Masters et à la formation professionnelle continue. Il s'adresse aux étudiants et à tous ceux qui s'engagent dans les métiers du soin ou qui s'intéressent aux questions épistémologiques, éthiques et sociales impliquées par la médecine contemporaine. Il est principalement l'émanation du Collège des humanités médicales, fondé en 2008, qui réunit les enseignants chercheurs en charge de cet enseignement en France, avec le concours de spécialistes des thématiques abordées.
D'un côté, il est possible de montrer que la maladie est l'unique objet de la médecine scientifique. D'un autre côté, il est évident qu'un malade, toujours sujet, n'est pas réductible à sa maladie. De ces deux constats naît un problème. Quelle en est la source ? Et quels en sont les enjeux éthiques et économiques ?
L'injonction de qualité en tant que simple normalisation des pratiques et l'introduction du productivisme dans les hôpitaux sont-elles adaptées à la pertinence des soins ? Rentabilité et souci de véritable qualité (non quantifiable) ne sont-ils pas contradictoires dès lors qu'un soin n'est évidemment pas un bien de consommation ordinaire ?
Accompagner de réflexion éthique chaque acte médical, y compris le plus courant, peut-il contribuer au maintien d'une médecine oeuvrant à la solidarité nationale ?
La psychanalyse peut-elle orienter l'écoute d'un médecin et permettre une réponse non étroitement biomédicale à la demande d'un sujet ?
Telles sont quelques-unes des questions auxquelles tente de répondre cet essai, qui explore les limites de la médecine scientifique non pour la mettre en cause mais au contraire pour en accroître la pertinence.
Cet ouvrage retrace le lent cheminement de la discipline généraliste de 1945 à nos jours, dans le contexte de fortes transformations du système de santé français : l'avènement de l'assurance maladie, la démultiplication des spécialités médicales, puis la création des CHU, concomitante de multiples avancées scientifiques et technologiques. Le champ de la santé se polarise alors sur les spécialités et l'hôpital ; à l'écart de ce mouvement, la médecine générale devient « un segment dominé du monde médical », nanti d'un double déficit, d'identité et de légitimité.
Cet ouvrage pluridisciplinaire est destiné à accompagner l'enseignement de sciences humaines et sociales au sein de la formation médicale et des formations en santé.
Il s'adresse aux étudiants et à tous ceux qui s'engagent dans les métiers du soin ou qui s'intéressent aux questions épistémologiques, éthiques et sociales impliquées par la médecine contemporaine. Il est principalement l'émanation du Collège des enseignants de sciences humaines et sociales en faculté de médecine et en santé fondé en 2008, qui réunit les enseignants, médecins et non médecins en charge de cet enseignement en France, avec le concours de chercheurs étrangers spécialistes des thématiques abordées.
« On va les soigner en prison! ». Qui n'a entendu cette phrase à l'occasion d'un fait divers tragique? Comme si la mission de la prison (punir et réinsérer) intégrait désormais un nouvel objectif: soigner. Or, la prison, à la différence de l¹hôpital, n'est pas un lieu de soin même si c'est un lieu où l'on soigne.Le face à face du médecin et du patient incarcéré est une situation exemplaire pour toucher du doigt l'ambivalence de la prison, tendue pour ne pas dire déchirée entre ses deux finalités, répressive et préventive, mais aussi l'ambivalence de la médecine, prise à la fois dans la nécessité d'objectiver le corps malade et de s'adresser à une personne.Cette réflexion sur la médecine carcérale défend l'idée que le médecin exerçant en prison est en danger quand, comme ses prédécesseurs du XIXe siècle, il se satisfait d'une approche scientiste, technique, cesse de s'occuper de son patient singulier, s'associe à l'institution pénitentiaire afin d'établir le « profil » des personnes captives, décider de leur vulnérabilité, ou de leur dangerosité, et enferme les personnes dans leur conduite nommée comportement , au lieu de les aider à retrouver du jeu, de la liberté, de la vie.Dans son exercice en milieu pénitentiaire, le médecin peut résister, en faisant ce qu'il sait faire, de la médecine, en luttant contre les dispositifs illusoires qui visent à la transparence, à l'évaluation et à la prévision, et en gardant l'exigence éthique au centre de son métier.Anne Lécu exerce la médecine dans une maison d'arrêt d'Ile de France depuis 1997. Elle a publié Des larmes (Cerf, 2012) et Où es-tu quand j¹ai mal? (avec Bertrand Lebouché, Cerf, 2005).
Les principes de l'éthique biomédicale constituent, par leur influence, l'ouvrage majeur de l'éthique médicale contemporaine. Au-delà de son contexte nord-américain d'élaboration, de la déontologie médicale traditionnelle et des théories morales classiques, la réflexion proposée a reconfiguré l'analyse des questions éthiques liées à la relation de soin et au monde de la santé. Depuis la première édition de ce texte (1979), les auteurs n'ont eu de cesse de le remanier et d'en présenter des versions intégrant toujours davantage leurs réponses aux objections et critiques qu'ils recevaient ou se formulaient eux-mêmes. C'est la 5e édition, datant de 2001, qui est ici traduite pour la première fois. Livre en débat, né lui-même des discussions engagées aux États-Unis dans les années 1970, notamment sur l'éthique des essais cliniques, il vise à déterminer des principes-repères susceptibles d'éclairer les pratiques médicales et les argumentations qui les accompagnent dès lors qu'elles engagent un rapport aux normes et aux valeurs : le principe d'autonomie, le principe de non-malfaisance, le principe de bienfaisance et le principe de justice. Le statut de la théorie dans la vie morale, les rapports entre les principes et les éléments factuels, les rapports des différents principes entre eux sont les problèmes qui structurent continûment la réflexion des auteurs. Ainsi s'édifie une approche se voulant fine, souple et rigoureuse de ce qui peut justifier et guider le raisonnement éthique dans les prestations de santé et les relations de soin.
Depuis les attentats des 7 et 9 janvier 2015, l'Espace de réflexion éthique de la région Île-de-France, que dirige l'auteur, a initié au plan national une réflexion sur les « Valeurs de la République, du soin et de l'accompagnement » afin de mieux comprendre comment contribuer à ce besoin de démocratie, à cette exigence de sollicitude et de fraternité qui s'exprime aujourd'hui au vif de notre société. Il assume ainsi, dans son domaine de compétence, une éthique impliquée, engagée et partagée au service des valeurs de la cité.
L'engagement et la responsabilité pris dans les multiples domaines de compétences que recouvrent les pratiques du soin et de l'accompagnement témoignent d'une attention portée aux droits de la personne. Cette sollicitude s'avère d'autant plus exigeante en situation de vulnérabilités.
Les professionnels et les bénévoles associatifs intervenant dans les champs du sanitaire et du médico-social incarnent des valeurs de sollicitude, de solidarité, de justice et d'inclusion. Leur souci du bien commun renforce le lien social. Ils sont ainsi représentatifs, dans l'exercice de leurs missions, d'autres formes d'engagements dont on saisit davantage la signification et l'importance dans les circonstances extrêmes qui menacent la sécurité publique. Ils partagent un même sens du bien commun où servir l'autre s'impose comme une valeur de société, que ce soit dans les champs de l'éducation, de la justice, de la défense, de l'économie ou de la communication.
Quelles sont les valeurs constitutives du soin et de l'accompagnement ?
Que représentent-elles dans la vie démocratique ? Qu'en est-il aujourd'hui de la notion du care tellement sollicitée dans les discours et pourtant si peu intégrée dans les choix politiques ? En quoi l'engagement soignant peut-il contribuer à l'urgence d'une concertation nationale visant à repenser, voire « restaurer », notre projet de société ? Telles seront quelques-unes des questions traitées. Au-delà d'enjeux politiques évidents dans le contexte actuel de fragilisation de notre démocratie, la démarche que propose ce livre vise également à susciter (ou du moins à aviver) une dynamique de réflexion devenue indispensable à l'heure où les évolutions biomédicales, la médicalisation souvent par défaut de questions de société, les normes sociales et les modes de vie actuels pourraient nous inciter à nous désapproprier de la culture du soin et à déserter le champ des valeurs.
Pourquoi la santé ? Le sujet est piégé, à la fois pour des raisons politiques (le poids idéologique et prescriptif qu'il porte avec lui) et théoriques (sa relative imprécision, sans doute irréductible). Mais justement : si les philosophes ne le prennent pas en charge, en l'analysant et en le situant historiquement, ils l'abandonnent à ceux qui, pressés par la nécessité de prises de décision, voire orientés par des projets volontaristes, risquent d'en faire un usage funeste. Le présent travail prend ainsi en charge une analyse, historiquement étayée et procédant par l'examen d'un certain nombre d'exemples précis de maladies, des notions mêmes de santé et de maladie (au-delà de celles de « normal » et de « pathologique »), ce qui fait sa spécificité au sein du champ actuel d'études en matière de philosophie de la santé.
On présente ici un ensemble de travaux consacrés à une discipline que l'on propose d'appeler histoire de la pensée médicale : par là, nous voulons marquer que notre but est de nous livrer non pas à une histoire de type « positiviste » de la médecine, mais à une reconstitution de l'imaginaire des médecins ; c'est ce que Galien appelait philosophie médicale. On a préféré retenir le titre Poétiques du corps, pour faire droit à tout l'imaginaire que recèle cette visée, car ce qui est décrit ici ce sont les efforts de l'imagination réglée par une pratique, la définition d'une pensée créatrice et qui prétend à l'autonomie.
La seconde partie de l'ouvrage regroupe des travaux qui éclairent la survie des textes médicaux antiques aussi bien dans le courant hippocratique que dans la constitution, au XIXe siècle, de la psychiatrie française.
Depuis une quinzaine d'années, la médecine personnalisée est le nouvel horizon des politiques de santé à l'échelle internationale. Sa définition ne fait toutefois l'objet d'aucun consensus. Il s'agit de manière générale d'un grand programme qui doit mobiliser tous les acteurs de la santé - chercheurs, cliniciens, pouvoirs publics, industriels, associations de patients - autour d'un objectif commun : améliorer le diagnostic et la prise en charge des malades grâce aux nouvelles technologies du séquençage des génomes, de l'analyse des biomolécules et de la modélisation informatique. D'importants crédits lui sont consacrés, notamment dans la recherche en cancérologie et certaines pathologies chroniques. La médecine personnalisée est ainsi la promesse d'une application massive des connaissances et des technologiques biomédicales dans la clinique, au bénéfice des patients. Ses buts semblent par conséquent indiscutables. Et pourtant.
La médecine personnalisée ne manque pas de susciter des perplexités. La notion elle-même peut surprendre : en quoi prétend-elle se démarquer de ce que les médecins font depuis toujours, à savoir adapter leurs diagnostics et leurs prescriptions à chaque patient ? S'agit-il d'un nouveau paradigme médical, et si oui en quoi consiste-t-il exactement ? En quoi une médecine fondée avant tout sur la capacité technologique à acquérir, à stocker et à traiter des méga-données peut-elle être dite « personnalisée » ? Ne s'agit-il pas plutôt d'une intensification de la médecine scientifique, d'une médecine moléculaire qui repose plus que jamais sur de l'impersonnel (des technologies de pointe, des algorithmes statistiques, des modèles informatiques) ? Que devient le patient dans ce grand programme qui intéresse avant tout les industriels et les autorités de santé ? Les enjeux éthiques de la médecine personnalisés, pourtant épineux, sont-ils suffisamment pris en considération ?
L'ouvrage questionne cette tension entre une médecine ultratechnologique qui confère une signification moléculaire à la personne, et une médecine qui entend d'abord être une médecine du soin, centrée sur le patient. Entre les deux, le conflit de valeurs est-il indépassable ? La médecine personnalisée n'est-elle pas l'occasion de renouveler en profondeur les termes de l'opposition entre la médecine comme science et de la médecine comme art ? C'est ce que l'ouvrage entend discuter.
L'étude porte sur les conceptions philosophiques, physiologiques et cliniques mises en jeu par la question des troubles psychiques chez Galien de Pergame ; elle se fonde sur le commentaire de textes collectés dans l'ensemble du corpus disponible.
Entre la personne devenue malade et le médecin qui la soigne se noue une relation singulière, dont l'éthique médicale contemporaine, mettant fin au paternalisme, suggère qu'il devrait s'agir d'une relation d'égal à égal. Ce livre analyse la double signification du concept de soin : soin de soi du point de vue de la personne malade, soin du malade par le médecin. Son but est de montrer comment ces deux aspects du soin ne cessent de se correspondre dans une relation certes égalitaire, mais aussi asymétrique.
Soin et souci de soi s'apparentent car tous deux mettent en jeu une relation profonde à la temporalité : le malade se soigne s'il a le souci de son devenir, dont la forme la plus haute est l'amour de soi. Chez certaines personnes, l'entrée dans la maladie conduit à une ambivalence de l'esprit qui les en empêche, et ceci est source d'angoisse. Le médecin soigne : ce livre suggère qu'il ne s'agit pas seulement pour le médecin d'apporter un traitement, mais aussi d'aider le patient à mettre fin à cette ambivalence. Pour cela, il met en oeuvre vis-à-vis du patient dont il a le souci une forme d'amour compatible avec le respect de son autonomie.
Ainsi se construit pas à pas une théorie du soin dans laquelle les concepts d'empathie, de sympathie, d'autonomie, de respect, de confiance et, finalement, de personne humaine trouvent leur véritable place.
« Ce n'est plus une vie », « je veux encore vivre, même avec cette maladie », « ma vie n'a plus de valeur » : confronté à la maladie, à la déchéance physique, à la perte provisoire ou définitive de certaines capacités, chacun d'entre nous peut être conduit à énoncer de tels propos. Quoi de plus délicat cependant, que l'évaluation de la valeur de la vie ? Cet ouvrage aborde le sens et la portée de cette réflexion dans une situation où elle s'impose dans toute sa radicalité : celle des décisions de maintien ou d'interruption de la vie prises au chevet du patient dans les hôpitaux. En choisissant d'aborder ainsi la question de la valeur de la vie, ce livre fait le pari qu'une approche philosophique nourrie par une rencontre avec l'univers de la médecine contemporaine éclairera davantage le sens de cette notion, son fondement et ses limites, qu'une approche abstraite de tout contexte.
La démarche cherche aussi à établir un dialogue entre philosophes et médecins en proposant une analyse des différents contextes thérapeutiques où une décision de maintien ou d'interruption de la vie doit être prise. À la lumière de cette analyse, l'ouvrage propose une réflexion critique sur les usages de l'idée de valeur de la vie pour en désavouer la pertinence et en nier la légitimité éthique. Les patients, malades mais aussi citoyens, doivent forger en concertation avec les médecins d'autres critères pour fonder une décision aussi déterminante que celle de maintenir ou d'interrompre le cours d'une vie humaine.
La maladie d'Alzheimer inquiète, angoisse, bouleverse.
Elle remet en question l'identité personnelle et notamment l'autonomie, altérant l'existence en termes de choix, de relation à l'autre, d'expression de la volonté et de la pensée. Elle impose aux sujets malades de nouvelles règles de décision ; elle demande une adaptation du milieu et des autres à ce nouveau mode d'être. Ce livre réunit les interrogations de différents acteurs (médecin, cadre infirmier, psychologue, sociologue, philosophe, juriste) sur celte question difficile et les problèmes qui en découlent.
Quelle représentation se fait-on de la maladie ? Que va susciter son annonce ? Quelle place nos sociétés, nos institutions, nos prévisions de santé publique peuvent-elles accorder au statut de la personne dite " démente " ? Que peut être l'accompagnement d'un patient dont on pense qu'il est " déchu " de son identité et d'une partie de ses droits ? L'enjeu de celte réflexion pluridisciplinaire est d'une part épistémologique, en exposant l'écart existant entre l'image de la maladie, sa conception scientifique, la réalité vécue, et d'autre part éthique, en invitant à ne pas confondre entrée dans la dépendance et perte d'autonomie.
Cet ouvrage défend le principe d'un respect de l'autonomie propre à motiver soignants et " aidants " vers plus d'écoute, de confiance, de nuances, d'échanges, de compréhension et de sollicitude.
Aujourd'hui, des malades atteints de pathologies graves pour lesquelles les alternatives thérapeutiques sont limitées ou inexistantes réclament, non plus tant une protection contre les essais cliniques, qu'un droit d'y participer. Cette nouvelle revendication est le point de départ de la présente enquête, à la fois historique, juridique et sociologique, qui montre comment s'est formée, dans les normes et dans les pratiques, du XVIIIe au XXe siècle, la distinction entre l'animal de laboratoire et le sujet humain. Entre les cobayes et les hommes. La première partie de l'ouvrage décrit la formation, de part et d'autre du " procès des médecins " de Nuremberg (1946-1947), d'un consensus normatif international en réponse aux crises sanitaires, accidents et scandales qui émaillent l'histoire des essais médicaux sur l'être humain. La seconde partie détaille la situation en France, l'émergence d'une législation sur les recherches biomédicales, les paradoxes qui persistent dans la loi et les réalités nouvelles, sociologiques et scientifiques, qu'elle doit affronter. L'ouvrage montre l'urgence d'un nouveau contrat social en matière de recherche biomédicale, articulant respect de l'autonomie, équité d'accès et protection des personnes. Et il propose des solutions.
Cet ouvrage pluridisciplinaire est destiné à accompagner l'enseignement de sciences humaines et sociales au sein de la formation médicale. Il s'adresse aux étudiants de médecine et à tous ceux qui s'engagent dans les métiers du soin ou qui s'intéressent aux questions épistémologiques, éthiques et sociales posées par la médecine contemporaine. Les nouvelles relations entre soignants et patients, l'interrogation sur l'identité scientifique de la médecine, le développement spectaculaire des techniques médicales, l'exigence d'une sensibilisation aux enjeux éthiques et bioéthiques du soin face à l'évolution des demandes, individuelles et sociales, et aux perspectives ouvertes par les sciences du vivant appellent une réflexion spécifique. Fournir des repères historiques et conceptuels à cette réflexion, interroger les présupposés de la pensée médicale, évaluer les multiples responsabilités liées au soin, promouvoir l'indépendance du jugement, le sens des problèmes et la clairvoyance critique sont les objectifs de l'introduction des sciences humaines dans le monde médical. L'ambition de ce recueil est d'y contribuer. Sans prétention encyclopédique, il invite le lecteur à s'approprier les questions à partir de regards croisés et à prendre ainsi la mesure de la diversité et de la complexité des problèmes humains de la médecine. Les auteurs, médecins et non médecins, sont des spécialistes des thèmes abordés travaillant aussi bien en sciences humaines (comme anthropologues, économistes de la santé, historiens, juristes, philosophes, psychanalystes, psychologues, sociologues) que dans le monde de la santé (en biologie, cancérologie, génétique, gériatrie, médecine générale, médecine interne, neurologie, neurochirugie, psychiatrie, rééducation fonctionnelle, et dans les soins infirmiers). Le projet résulte notamment de la collaboration de responsables et enseignants en sciences humaines et sociales des facultés de médecine d'Amiens, Angers, Brest, Créteil, Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Nantes, Paris VII, Strasbourg, Tours. Le livre se compose d'une centaine d'études présentées par thématiques, de plusieurs annexes « ressources » (chronologies, références littéraires et cinématographiques, textes de référence en éthique et bioéthique) et d'un index analytique.
The Foundations of Bioethics (1986) inscrit la bioéthique dans un cadre très large. L'auteur prend acte de l'impossibilité, dans les sociétés contemporaines, de parvenir à un consensus général en éthique : il n'existe pas de conceptions du monde rationnellement défendables, universellement recevables et dotées de contenu concret. Dans les sociétés laïques et pluralistes, les gens se rencontrent comme des étrangers moraux dont les valeurs et les normes diffèrent du tout au tout.
Sous la seule condition que la résolution des désaccords peut prendre une forme pacifique, Hugo Tristram Engelhardt, Jr distingue deux principes, différents mais complémentaires, qui permettent de reconstruire à nouveaux frais une bioéthique acceptable. Le principe d'autonomie met en avant la liberté, caractérisée non comme une valeur à promouvoir, mais comme une condition de possibilité de l'éthique.
Formel et d'application universelle, il proscrit l'usage de la violence, privée ou étatique, à l'encontre des choix innocents, c'est-à-dire des choix qui ne causent pas de préjudice aux personnes. Le principe de bienfaisance, fondé sur la sympathie et l'intérêt pris à la traduire en acte, indique à quelles conditions on peut ou doit faire le bien d'autrui. Concret, il ne peut se réaliser effectivement que dans le cadre de communautés diverses, avant tout des communautés de croyants, où il prend des formes elles-mêmes diverses, éventuellement aberrantes aux yeux des membres des autres communautés.
La bioéthique reconstruite sur ces fondements est parfois conforme au sens commun et à la sagesse immémoriale des médecins et des patients ; mais elle en diffère souvent de façon radicale, en particulier par l'accent mis sur l'autonomie des personnes, par opposition à la condition qui est celle des êtres humains.
Touchant 10 à 12 % des adultes et 3 à 10 % des enfants, la migraine est quasiment devenue banale.
Pourtant, une vaste enquête menée en France montre que 60 % des migraineux ne sont pas conscients de l'être, refusant de reconnaître leur souffrance et incapables de lui donner un nom.
Pourquoi, alors qu'existent désormais des unités de soins et des sociétés consacrées à la migraine, est-il aussi difficile de s'avouer migraineux ?
Ce livre examine les raisons historiques pour lesquelles le statut de patient migraineux ne va pas de soi. Si la plainte migraineuse semble avoir dès longtemps existé, et si un terme désigne les « migraineux » dès le IIe siècle après J.C., en revanche la migraine, elle, est un objet tardivement construit, qui n'a pas toujours été pensé comme une maladie à part entière, ni même comme une maladie. Davantage, médecins et malades se sont parfois accordés pour la considérer comme étant dans l'ordre des choses et sans intérêt.
Mais si elle n'est rien qu'un fait divers médical, comment expliquer, alors, qu'elle a eu la puissance de convoquer tant de modèles explicatifs, de susciter des thérapies aussi ingénieuses, de donner lieu à une si riche iconographie ?
C'est le récit de ce paradoxe entre une maladie qui ne parvient pas à se nommer, qui semble invisible et une maladie qui produit tant de noms pour se raconter, tant d'images pour se montrer, qu'on lira dans cette biographie utile à tous ceux qui voudraient mieux comprendre, à travers le témoignage de l'histoire, les vies migraineuses.
En 1991 éclate en France le scandale du sang contaminé: plusieurs centaines de malades sont contaminés par le sida et l'hépatite C en recevant des dérivés sanguins et des transfusions de sang. Les dirigeants des établissements de transfusion, en particulier ceux du Centre National de la Transfusion Sanguine, et les pouvoirs publics sont mis en cause pour ne pas avoir pris les précautions nécessaires pour protéger la population.
Souvent présentée comme la première crise sanitaire française, l'affaire du sang contaminé a conduit les responsables politiques à réorganiser l'administration sanitaire en France de manière à accroître la sécurité des produits de santé.
Quelles sont les origines de cette crise? Est-elle le résultat de négligences? Les intérêts financiers l'ont-ils emporté sur la protection de la santé publique? Faut-il considérer le sang comme un médicament? Derrière l'idéal de la transfusion sanguine comme expression d'une solidarité nationale se dissimulent bien des conflits.
Ce livre analyse les nombreux dysfonctionnements de l'organisation de la transfusion sanguine provoqués par l'industrialisation des produits sanguins ainsi que par les intérêts divergents des médecins, des industriels de la transfusion, des malades, des donneurs de sang, des pouvoirs publics. Richement documenté, il est le premier à proposer une étude historique de l'une des plus graves crises sanitaires françaises.
Manger cinq fruits et légumes par jour, surveiller son poids, ne pas fumer, faire de l'exercice physique, ne pas abuser de l'alcool, contrôler sa sexualité pour éviter le Sida et autres maladies sexuellement transmissibles, prendre garde aux addictions, lutter contre le cancer, le diabète, les accidents de la route : telles sont quelques-unes des injonctions qui envahissent au quotidien nos vies privées.La définition des conduites à risques est aujourd'hui configurée par les experts de la santé publique à partir d'une rhétorique du contrôle et du gouvernement des corps.Le citoyen, le patient, voit son espace de vie, même le plus intime, largement codifié ou normé par ces diverses incantations de la politique de prévention au moment même où la loi (texte du 4 mars 2002 sur la « démocratie sanitaire ») veut faire du citoyen un acteur autonome, responsable, capable de bien gérer son « capital santé » (homo medicus), le tout dans le contexte culturel d'une modernité où s'ancrent la recherche de la santé parfaite et la culture du corps.L'ambition de cet essai est de proposer une réflexion sur le débat qui se développe à cet égard en santé publique à la lumière des sciences sociales.Nicolas Tanti-Hardouin, Professeur d'Économie de la santé, enseigne les sciences sociales de la santé et la santé publique au Laboratoire de Santé Publique de la Faculté de Médecine de Marseille (Aix-Marseille Université).
La médecine scientifique connaît à la fois un spectaculaire développement de ses performances, dues aux innovations biotechnologiques, et une contestation sans précédents. À l'heure du rêve de « santé parfaite », les médecines alternatives, ou des pratiques candidates au titre de « médecine », se multiplient, rencontrent un succès croissant, faisant même figure de thérapies complémentaires dans les pays développés, quand elles ne servent pas parfois, hors d'Europe, à réactiver des médecines traditionnelles.
L'ouvrage vise à comprendre ces phénomènes en commençant par reconstituer le contexte de la médecine dominante, qui n'a jamais pu se réduire à une science parce qu'elle a affaire avant tout à des hommes malades et pas seulement à des maladies. Il s'agit ensuite de restituer la complexité de ces médecines alternatives, leurs thèmes de prédilection, le portrait de leurs adeptes, le mélange d'imaginaires et de rationalité qui traverse leurs discours et leurs pratiques.
Ces analyses autorisent-elles à les rejeter comme des leurres, voire comme des impostures, ou, au contraire, encouragent-elles, sous certaines conditions, à plaider en faveur de leur réévaluation dans nos systèmes de santé ? La question est abordée en fonction des grands défis de notre époque et des mutations générales de la rationalité contemporaine.
A partir de plusieurs histoires cliniques issues de leur pratique quotidienne, les auteurs, neurologues, tentent d'éclairer, dans sa complexité, le "symptôme somatomorphe" : symptôme qui, prenant la forme d'un symptôme du corps, n'est pourtant pas associé à une lésion pouvant en rendre compte.
Formation de l'inconscient, au même titre que le rêve ou le lapsus, le symptôme somatomorphe motiverait jusqu'à un tiers des demandes adressées au médecin, habituellement mal préparé à y répondre. Vérifier qu'il ne s'agit pas d'une pathologie organique constitue sa principale intervention. Tout en tenant compte des avancées récentes des neurosciences, les auteurs restituent dans leur pertinence clinique des concepts mis au jour par Freud puis Lacan pour comprendre les éléments constitutifs de ce type de symptôme et le sens qu'il peut avoir.
À partir de cet héritage, ils proposent au médecin de porter intérêt à l'histoire que lui raconte le sujet en se gardant bien d'interpréter à sa place. A l'horizon de cette position, la considération de la singularité absolue de chaque sujet apparaît comme un impératif éthique qui permet d'entendre la véritable demande adressée au soignant, et, par là, de soutenir un accompagnement thérapeutique.
Expérience et médicalisation.
Qu'est-ce que la douleur ? Quel lien peut-on établir entre son étude biomédicale et l'expérience de chacun ? Sur le fond d'une présentation critique de l'apport de plusieurs disciplines scientifiques (biologie évolutionniste, neurosciences) et approches philosophiques (philosophies antique et classique, phénoménologie, analyse du problème corps-esprit), cet essai examine la difficile prise en compte de la douleur par la médecine. Parmi les questions privilégiées : le lien entre travail clinique et empathie, l'évaluation, la durée et la chronicité de la douleur, l'éthique des décisions médicales, le travail pluridisciplinaire, l'articulation entre douleur et souffrance, la fin de vie. Au terme de cet examen, qui dénonce aussi bien les pièges du dolorisme passé que les présupposés de l'algophobie contemporaine, l'auteur détermine de façon précise le sens et les enjeux actuels des approches médicales et philosophiques de la douleur.