Le Yi Jing est l'une des sources fondamentales de la culture chinoise. Il en a accompagné les soubresauts depuis ses origines jusqu'à devenir au XXème siècle un ouvrage de portée universelle. De ses premiers rudiments de l'âge du bronze à son intégration en tant que Classique au corpus littéraire chinois, le Yi Jing a condensé les aspects principaux de cette pensée pour devenir la véritable grammaire du Yin-Yang, le langage commun à toutes les disciplines auxquelles s'intéresse aujourd'hui l'Occident (médecine traditionnelle, arts martiaux, tai-chi chuan & qi gong, feng-shui, calligraphie, etc.).
Pour les personnes intéressées par les cultures orientales cependant, le Yi Jing demeure souvent une énigme. La traduction qui a fait référence pendant des années, celle de Richard Wilhelm (1924) est aujourd'hui dépassée. Après l'éphémère mode des années 60 à laquelle elle a donné lieu, et malgré les tentatives de restitution qui ont suivi, il restait d'actualité d'en donner une version claire, qui ne soit pas réservée aux seuls spécialistes, sans pour autant tomber dans les facilités de vulgarisations qui en abîment le texte et en édulcorent l'esprit.
Cet ouvrage propose une nouvelle traduction de l'original chinois, accompagnée de commentaires actuels, propres à faciliter l'entrée dans le monde des Mutations. Le corps principal du livre est la traduction commentée des 450 paragraphes du texte original (les 64 hexagrammes) et de textes rattachés lors de sa canonisation sous les Han (Grandes et Petites Images, Dixième Aile). Il comprend également :
· des tableaux explicatifs placés à la fin de chacun des 64 chapitres (le déroulement en six temps de l'hexagramme, ses différents sens, les défis qu'il invite à relever), ainsi que des éclairages comparatifs avec d'autres figures · l'explication des deux méthodes permettant d'effectuer des tirages · une étude des 64 figures regroupées par familles nucléaires · un historique intitulé Les quatre temps du Yi Jing · la traduction de plusieurs des commentaires officiels rattachés au livre, les Dix Ailes.
Cet ouvrage se situe dans le prolongement de ce que l'on peut désormais appeler une tradition occidentale du Yi Jing, laquelle a commencé au XXème siècle sous l'impulsion de C.G. Jung. Il invite le lecteur à se positionner de manière juste en toute circonstance, ce qui a toujours été et reste l'objet de cet instrument, qui tient autant de la boussole que du livre. Le lecteur pourra se rendre compte par lui-même que les descriptions fournies par le Yi Jing se révèlent toujours d'une étonnante pertinence. Ni retour à l'obscurantisme, ni démission de la raison, le Classique des Mutations est au contraire un moyen pour comprendre les dispositifs du présent et discerner, dans chaque situation particulière les germes du devenir.
Les deux upanishad (litt. : enseignements, doctrine) présentées dans ce volume sont les plus anciennes et les plus importantes parmi la centaine de textes que compte ce corpus. Elles transmettent à la fois des données essentielles sur le rituel védique, ses formules, ses gestes et son sens, mais elles constituent aussi une source d'information de premier ordre sur les cosmologies des anciens Indiens. Témoins du passage d'une société ancienne très ritualisée à un monde qui se dote d'institutions et de nouvelles conceptions religieuses, elles sont une source d'information précieuse sur l'histoire religieuse, sociale et intellectuelle de l'Inde ancienne.
L'introduction de Patrick Olivelle permet de comprendre ce que sont les upanishad, quand, où et par qui elles ont été composées et d'appréhender leur place dans le corpus védique.
APPARUS dans l'Histoire au tout début de notre ère, originaires d'une petite région localisée dans le cours supérieur du Dniepr, sur les actuelles Ukraine et Biélorussie, les Slaves, par le biais d'une expansion qui fut particulièrement rapide, ont occupé avant le Xe siècle une très large partie de l'Europe. À l'Ouest, ils se sont installés sur des terres laissées quasi-vides par les Germains. Au Sud, dans le sillage des Goths puis des Bulgares, ils se sont implantés dans l'Empire romain, jusqu'à coloniser une large part des campagnes de la Grèce. À l'Est, ils ont petit à petit repoussé des populations baltiques et finno-ougriennes
Par l'originalité de sa documentation, l'étonnante diversité de ses sources et l'ampleur de son érudition, suétone nous a livré des portraits passionnants des empereurs du 1er siècle de l'empire romain.
Soucieux de présenter la complexité de leur personnalité et de leur caractère, il fouille leur vie privée dans ses moindres détails. avec lui, un nouveau genre littéraire et historique voit le jour : la biographie impériale, qui témoigne de la personnalisation du pouvoir. grâce à suétone, nous découvrons les disgrâces physiques de claude (41-54 ap. j. -c. ), ses talents littéraires ; nous savons tout de néron (54-68 ap.
J. -c. ), jeune empereur perverti par le pouvoir, sanguinaire et cruel, mais aussi esthète et artiste adulé.
Deux mille ans de monothéisme nous ont habitués à croire que Dieu ne pouvait être qu'unique, exclusif, vrai. En revanche, les polythéismes antiques envisageaient la possibilité de faire correspondre entre eux dieux et déesses provenant de différentes cultures (l'Artémis grecque et la Diane romaine, l'Égyptienne Isis et la Grecque Déméter), ou même d'accueillir des divinités étrangères dans leur propre panthéon. Cette disposition à l'ouverture a fait que le monde antique, même s'il a connu les conflits, voire les carnages, est resté étranger à la violence de nature religieuse qui a, au contraire, ensanglanté les cultures monothéistes et continue de le faire. Serait-il possible aujourd'hui de puiser aux ressources du polythéisme pour rendre plus faciles et sereines les relations entre les différentes religions? Si l'on part du principe que les dieux sont nombreux, il n'est plus nécessaire d'affirmer que ceux des autres sont de faux dieux ou des démons... On peut dès lors se demander si l'adoption de certains cadres mentaux propres au polythéisme ne contribuerait pas à réduire, au sein de nos sociétés, le taux de conflictualité entre les diverses religions monothéistes et entre leurs subdivisions internes.
Sacrifices humains, siège de Tenochtitlan, serpent à plumes : la civilisation aztèque a ses images d'Épinal, qui tendent à masquer des réussites plus subtiles. À la tête d'un grand empire politique et économique, mais aussi héritiers des cultures antérieures à la leur dont ils ont brillament fait la synthèse et parfois même amélioré les apports, les Aztèques ont su développer une pensée et une vision du monde profondément originales, qui trouvent des échos jusque dans la culture du Mexique contemporain.
Qui étaient les gnostiques ? Et comment le mouvement gnostique a-t-il influencé le développement du christianisme dans l'Antiquité ? L'Église at- elle rejeté le gnosticisme ? La somme de David Brakke présente une définition inégalée en France sur les gnostiques.
Ce livre offre une incursion éclairante dans les débats les plus récents à propos du « gnosticisme » et de la diversité du premier christianisme. En reconnaissant que la catégorie « gnostique » est imparfaite et doit être reconsidérée, David Brakke plaide pour un rassemblement plus prudent des preuves sur le premier christianisme, connu comme école de pensée gnostique. Il met ainsi en évidence la manière dont le mythe et les rituels gnostiques se sont adressés à des questionnements humains élémentaires (notamment à propos de l'aliénation et du sens), répandant le message d'un Christ sauveur et permettant aux hommes de regagner leur connaissance de Dieu en tant que source ultime de l'être. Plutôt que de dépeindre les gnostiques comme des hérétiques ou comme les grands perdants de la lutte pour la définition du Christianisme, David Brakke soutient la thèse d'une réelle participation des gnostiques dans la réinvention en cours de la religion monothéiste. Si les autres chrétiens ont pu rejeter les idées gnostiques, ils les ont aussi et surtout adaptés et transformés.
De sa naissance aux Ides de Mars 44, la vie de César tient du roman. Elle est à tout coup l'une des plus belles pages de l'Antiquité. Elle devient sous la plume de Suétone un récit enlevé, passionnant, riche en anecdotes et parfois en critiques.
« Charmant, jeune, traînant tous les coeurs après soi », le vers de Racine s'applique parfaitement à l'image que nous avons d'Auguste. Le portrait qu'en donne Suétone est plus sombre: derrière le jeune homme se profile, le tyran ou l'empereur, selon les points de vue : fin lettré, Octave, plus tard Auguste, était un piètre soldat, et son génie militaire et politique n'obère ni la lâcheté, ni la cruauté qu'ose prêter Suétone au grand homme.
Malgré un penchant prononcé pour la petite histoire, le texte de Suétone est un chef-d'oeuvre de vivacité et de véracité.
« Si nous voulons apprendre de première main qui était Moïse et quelle a été sa vie, il nous faut recourir à la lecture du récit biblique. Les autres sources n'entrent pas sérieusement en ligne de compte. Nous ne disposons pas ici du moyen le plus important en d'autres circonstances pour obtenir la vérité historique :
La possibilité de comparer les récits. Ce qui est préservé de la tradition d'Israël concernant les débuts de son histoire est contenu dans ce livre unique ; des peuples avec lesquels Israël est entré en contact au cours de l'exode d'Égypte en Canaan que ce livre relate, aucun fragment d'une chronique remontant à cette époque n'a été conservé, et dans la littérature ancienne de l'Égypte on ne peut trouver aucune allusion à ces événements. Mais le récit biblique lui-même diffère essentiellement dans son caractère de tout ce que nous sommes portés à considérer comme une source historique utilisable ; les événements qu'il rapporte ne peuvent pas s'être passés, tels qu'ils sont rapportés, dans le monde humain avec lequel l'histoire nous a familiarisés. La catégorie littéraire dans laquelle notre pensée historique doit les ranger, c'est la légende, et quand on parle de celle-ci, on admet généralement qu'elle est incapable d'engendrer en nous la représentation d'une succession de faits. » Martin Buber
Élément décisif de la compréhension juive de l'Histoire, l'attente messianique a connu au cours des temps les expressions les plus diverses. Gershom Scholem étudie dans cet ensemble d'essais les mutations profondes qu'elle a subies, l'apparition des nombreuses utopies qu'elle a suscitées, et s'interroge sur le sens de cette idée dans l'oeuvre des maîtres du judaïsme contemporain, comme Buber ou Rosenzweig. À travers ce thème privilégié, il propose une formidable ouverture à la grande tradition culturelle juive.
Hermès Trismégiste, d'après la tradition, avant de quitter notre monde, a laissé aux hommes une sorte de concentré de ses doctrines et enseignements de sagesse : la Table d'Émeraude. C'est ce texte infiniment célèbre chez les hermétistes, mais bien peu lu, parce que l'on n'en trouvait aucune édition, que nous entreprenons de donner aujourd'hui.
On trouvera ici plusieurs versions anciennes du texte, y compris ce qui est le texte le plus ancien accessible actuellement : une version arabe du VIe siècle. Nous lui avons joint divers essais de traductions françaises des XVe-XVIe siècles et plusieurs commentaires d'auteurs aussi prestigieux que Roger Bacon ou Michel Maier, qui témoignent de la fascination que ce texte n'a pas cessé d'exercer depuis qu'il est connu.
Plusieurs illustrations montrent également que la Table d'Émeraude a été une source d'inspiration pour l'iconographie alchimique.
Une grande partie des traductions ici présentées est inédite.
Cet ouvrage explique pourquoi l'on a tort, en général, de croire savoir de quoi il retourne dans le judaïsme et l'expérience juive. Il décrit ceux-ci à partir de l'élément central, la loi juive, précisant comment celle-ci détermine une expérience collective caractérisée par son observance et son étude.
Sur la base d'une telle clarification, l'ouvrage délivre un aperçu sur la place et l'importance dans notre histoire de l'Extermination nazie ; il tente aussi d'éclairer la nature et la fonction de l'Etat d'Israël.
Jean-Michel Salanskis donne une idée de ce que l'attitude juive privilégie : la mémoire, le concret, l'humain.
Carnet de guerre d'un officier en première ligne lors du siège le plus long qu'ait connu une capitale à l'époque contemporaine, Vent glacial sur Sarajevo est un témoignage sans concession sur l'ambiguïté de la politique française durant le conflit en ex-Yougoslavie.
Cette « capitale assiégée que nous n'avons pas su protéger », Guillaume Ancel la rejoint en janvier 1995 avec un bataillon de la Légion étrangère. Sarajevo est encerclée depuis déjà trois ans et sa population soumise aux tirs quotidiens des batteries d'artillerie serbes. L'équipe du capitaine Ancel a pour mission de guider les frappes des avions de l'OTAN contre elles. Des assauts sans cesse reportés, les soldats français recevant à la dernière minute les contre-ordres nécessaires pour que les Serbes ne soient jamais inquiétés. Sur le terrain, les casques bleus français comprennent qu'on ne leur a pas tout dit de leur mission et se retrouvent pris au piège.
« Six mois d'humiliation » résume Guillaume Ancel qui dresse un constat sévère des choix faits par le gouvernement d'alors. En témoignant de l'opération à laquelle il a participé, il raconte ces hommes, ces situations, cette confusion et le désarroi qui, jour après jour, ronge ces soldats impuissants.
Les prêtres sont des anges gardiens très discrets. Il est indispensable de leur donner la parole afin de prendre conscience de leurs états d'âme, leurs analyses, leurs espoirs comme leurs doutes. En nous parlant d'eux-mêmes, de leur façon de nous voir et de nous aimer, ils nous parlent de nous. Ils ont tant de choses à dire sur les rapports humains, sur la vie, sur la mort, sur le bonheur et la souffrance. L'Église, traversée par des séismes liés au comportement pédocriminel et sexuel de certains de ses bergers, broie parfois les âmes qu'elle voudrait sauver. Elle a trop longtemps nié cette évidence malheureuse. Tout groupement humain renferme un pourcentage d'individus qui se comportent en barbares, se laissant dominer par le mal dont nous sommes tous porteurs et que nous sommes libres de choisir en renonçant à lui résister. Mais il n'est pas possible de résumer la communauté de nos prêtres à la minorité capable du pire alors même qu'ils avaient décidé de consacrer leur vie et leur pouvoir de bienveillance à leur prochain. De la même manière, l'Église n'a pas de leçons à donner aux autres cultes, à ceux qui ont préféré d'autres symboles que celui de la croix. Paroles de prêtres est nourri par des textes contemporains : témoignages, lettres, journaux intimes ; s'y rajoutent des textes restituant l'évolution du ressenti des prêtres depuis l'Inquisition ainsi que quelques écrits intimes de gens d'Église qui ont marqué l'histoire, que leurs noms aient été médiatisés ou non. Paroles de prêtres n'est pas un témoignage à charge ou à décharge, c'est une pièce à conviction précieuse sur une institution et sur des hommes qui vivent entre deux mondes.
Les religions du monde contemporain se réfèrent presque toutes à un livre que leurs fidèles considèrent comme sacré. L'Avesta, qui servit dans les communautés zoroastriennes d'Iran, d'Inde et dans leur diaspora, semble appartenir à cet ensemble, en témoignant des origines de la religion pré-islamique des tribus iraniennes. Ses textes furent traduits en français par James Darmesteter à la fin du XIXe s. (1892- 1893) et, tout récemment, par Pierre Lecoq (2016).
Quelque chose toutefois exige une attention plus insistante. Presque toujours abordé comme l'expression théorique d'une doctrine religieuse ou le miroir d'une histoire et d'une géographie révolues, l'Avesta est aussi une machine littéraire dont il faut démonter les rouages. C'est-à-dire analyser avec précision le mode de transmission, les particularités de structure et les intentions liturgiques qui ont présidé aux assemblages textuels.
Telle est l'ambition de ce livre faisant état des évolutions de la recherche européennes sur ces questions, depuis ses origines au XVIIIe siècle jusqu'à ses dernières avancées au XXIe siècle, qui ont révolutionné les thèses couramment admises jusqu'alors.
Après deux tentatives sous les dynasties Tang et Yuan, le christianisme pénètre en Chine en 1582 pour la troisième fois, suscitant un fort engouement parmi certains lettrés.
Notre auteur, Xu Dashou, reçoit de son père une éducation confucéenne, puis pratique le bouddhisme. Il étudie ensuite le christianisme auprès des missionnaires jésuites et de la jeune communauté chrétienne de Hangzhou. Au décès de sa mère, il plonge dans une grave crise religieuse et familiale, qui le fait rompre définitivement avec le christianisme. Il publie ainsi en 1623 l'Aide à la réfutation de la sainte dynastie contre la doctrine du Seigneur du Ciel.
La profondeur d'analyse de Xu Dashou avait attiré l'attention du grand sinologue français Jacques Gernet, qui en avait traduit de nombreux fragments dans Chine et Christianisme. Nous présentons ici pour la première fois l'ensemble du texte, avec de nombreuses annotations.
Ce texte de controverse permettra au lecteur de mesurer les difficultés de compréhension que le christianisme a rencontrées en Chine. Plus profondément, ces difficultés soulèvent d'importantes questions philosophiques et théologiques entre pensées occidentale et chinoise, questions qui restent toujours d'actualité.
Ces textes du franciscain Pierre de Jean Olivi (1248-1298), rédigés dans les dernières années de sa carrière, offrent une version scolastique de la doctrine chrétienne sur la nature et le statut de la Bible hébraïque. Quatre questions disputées portent sur la pertinence des différents types de préceptes. Suit un dossier composite, sans doute constitué par le théologien en vue de la rédaction des questions ou d'un traité perdu ou jamais écrit. Sous des angles variés, ces textes visent à rendre raison des lois de l'Ancien Testament, imparfaites quoique données par Dieu et dont le christianisme se présentait comme l'accomplissement.
La contribution d'Olivi à la réflexion sur la « Loi ancienne » est marquée par sa dépendance envers Thomas d'Aquin et par l'usage du Guide des égarés de Maïmonide, enrôlé dans l'effort scolastique de rationalisation de la Loi et de construction du sens chrétien. Dans le contexte languedocien de la fin du XIIIe siècle, l'usage et la discussion des interprétations maïmonidiennes suggèrent la possibilité de contacts avec des juifs réels. Outre les différents niveaux de contexte (biographique, scolastique, local), la présentation traite des singularités matérielles des textes et des vicissitudes de leur transmission, et envisage les représentations des juifs produites par le discours sur la Loi.
Livrant la pensée sur le judaïsme d'un théologien majeur de la fin du XIIIe siècle, ces textes intéressent tout à la fois l'histoire du travail scolastique, celle des approches chrétiennes de la Bible hébraïque et celle des relations entre juifs et chrétiens au Moyen Âge.
Mullâ Sadrâ Shirazi (c. 1571-1636) a enseigné dans l'Iran safavide du XVIIe siècle. Fondateur de l'école de Shiraz, il est sans conteste le plus grand penseur de la tradition shiite.
Son oeuvre, colossale, offre une synthèse de toutes les sources et traditions grecques, iraniennes et islamiques. Partant de la tradition aristotélicienne, nourri des falasifa Farabi (872-950) et Avicenne (980-1037), il intègre à sa réflexion la mystique orientale de Sohrawardi (1155-1191) et celle d'Ibn Arabi (1165-1191). Le Commentaire du Verset de la Lumière se penche sur un passage essentiel du Coran (24 : 35) tout en débordant largement la glose religieuse. Richement annotée, l'édition de Christian Jambet est une somme pour quiconque souhaite être initié à la pensée de Mullâ Sadrâ ou l'approfondir.
Les quatre traités de "l'Art de l'esprit" sont avec le Laozi et le Zhuangzi les textes fondateurs du taoïsme.
Ecrits au cours de la période effervescente des Royaumes Combattants, entre le IVe et la fin du IIe siècle avant notre ère, ils mêlent sous forme de strophes versifiées et de prose libre des considérations, conseils et célébrations sur le Tao, la Puissance, l'Essence et le Souffle, ou encore la formation de l'univers et de l'être humain. Ces quatre essais formulent un mode de vie inédit, tourné vers la captation et la concentration des ressources intérieures pour développer un état d'omnipotence permettant au sage, ou au souverain, de régner sur le monde entier sous le Ciel.
Ce régime implique un art de se nourrir, de s'exprimer ou de combattre précisé dans des termes qui marqueront toute l'histoire des pratiques de soi en Chine. Cet ensemble d'exercices spirituels, respiratoires et gymniques devait permettre de convertir la force physique en énergie spirituelle. La lecture et la méditation de ces traités mêmes de "1'Art de l'esprit" devait à l'époque faire partie intégrante de ces exercices destinés à parfaire le soi et pleinement déployer sa nature.
Le bouddhisme est une composante majeure des religions chinoises dont l'influence a rayonné dans toute l'Asie orientale.
Le livre de Kenneth Ch'en propose une histoire du bouddhisme en Chine des premiers siècles de notre ère aux premières années de la République populaire. Après avoir résumé les traits essentiels du bouddhisme indien et les principaux aspects de la pensée chinoise sous les Han, l'auteur retrace l'implantation et les débuts hésitants du bouddhisme. Il en raconte ensuite l'évolution, d'une phase d'acclimatation et de croissance entre le IIIe et le VIe siècle jusqu'à l'éclosion d'une véritable maturité aux VIIe et VIIIe siècles, suivie d'un lent déclin à partir du Xe.
L'auteur a mis à la disposition de ses lecteurs le fruit d'une recherche approfondie appuyée sur la lecture de nombreux ouvrages en langues européennes et orientales. C'est le seul ouvrage général en langue européenne sur cette religion.
Kenneth Ch'en a été professeur de bouddhisme chinois au Center for Buddhist Studies de l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Il est également auteur de The Chinese Transformation of Buddhism (1964) et de plusieurs articles ayant trait à la philosophie et l'histoire du bouddhisme chinois ancien.
Dans le taoïsme comme dans toutes les traditions religieuses, l'hagiographie est un genre majeur. Les récits sur la vie des saints et des dieux constituent en effet des exposés aisément accessibles des principaux aspects de la religion, dont sa doctrine, sa morale et sa liturgie. Ils sont mobilisés comme outil de propagation et de prédication et donnent à voir les valeurs fondamentales et le modèle de vie de cette religion.
Au sein de la longue tradition hagiographique taoïste qui s'étend sur deux millénaires, les Vies des saints exorcistes se consacrent à un type particulier qu'elle définissent : les pratiquants des nouveaux rites exorcistes qui connaissent un grand succès à partir du XIe siècle. Ces saints nouent une alliance fusionnelle avec des divinités martiales effrayantes, et ces couples ainsi formés vivent au sein du peuple dont ils soignent les malheurs avant de monter au Ciel et devenir des dieux. Deux ouvrages complets, datés du XIe et du XIIIe siècle, sont traduits ici, ainsi que onze récits plus courts qui tous se présentent comme des variations sur un même modèle de vie qui représente tout un pan encore peu connu de la culture chinoise depuis un millénaire.
Le christianisme a-t-il été une menace pour la culture gréco-romaine ? Au-delà de ce questionnement, ce livre engage une réflexion sur le rapport du christianisme naissant avec l'idée même de culture, telle qu'elle existait avant le christianisme et telle qu'elle s'est modifiée par la suite. En passant en revue chacune des disciplines du septénaire constituant les arts libéraux, c'est-à-dire le socle culturel de tout lettré que les Grecs nomment egkuklios paidéia (grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, musique, astronomie), ce livre montre que, si la culture grecque suscite des oppositions - elle apparaît souvent comme l'expression du polythéisme ou des prétentions des Grecs à atteindre le savoir sans Dieu -, elle peut aussi être défendue par les chrétiens en tant qu'elle forme l'esprit et le rend capable de comprendre les données de la foi. Les auteurs patristiques reprennent ainsi à leur compte une conception ancillaire de la culture qui avait déjà cours dans certains courants philosophiques grecs, mais qui suppose un tri : la culture peut servir d'introduction à la foi, à condition qu'on n'en prenne que ce qui est bon.
Mais au-delà de cette réflexion qui vise à déterminer ce qui, de la culture, doit être sauvé ou rejeté, les auteurs chrétiens tendent à présenter la doctrine chrétienne comme une culture à part entière, et dissocient pour la première fois dans l'histoire la notion de culture de celle d'hellénisme. Paradoxalement peut-être, ils donnent ainsi corps à une idée de culture globale dont christianisme et hellénisme n'apparaissent en définitive que comme deux composantes possibles. La réflexion des auteurs chrétiens aboutit donc à la fois à une relativisation du concept de culture - passage de la culture, forcément grecque, aux cultures, la grecque et les barbares - et à son extension - passage de telle ou telle culture à la culture en général : devient « culture » tout ce qui contribue à nourrir l'esprit, qu'il soit grec ou non. Le christianisme, à l'issue de cette étude, n'apparaît plus tant comme un obstacle à la transmission de l'idéal grec et romain de culture que comme un vecteur essentiel dans la façon dont la notion de culture s'est frayée un chemin jusque dans la Modernité.
La polémique religieuse représente une page importante dans l'histoire des relations entre juifs et chrétiens. L'Antiquité en a laissé de nombreux témoignages littéraires, dont des dialogues mettant aux prises un juif et un chrétien. Ces textes se présentent en général comme des comptesrendus de débats réels. Les deux adversaires discutent sur les points essentiels de désaccord : Jésus est-il le Messie ? L'Évangile s'est-il substitué à la Loi juive ? Qui, des juifs ou des chrétiens, est le peuple de Dieu ? Mais, composés par des chrétiens, ces dialogues ont toujours pour but de montrer la supériorité du christianisme. Ils sont adressés avant tout aux chrétiens et servent à les instruire dans la foi.
Le Dialogue de Timothée et Aquila, composé par un auteur inconnu, peut-être sous le règne de Justinien (vie s.), constitue, en grec, le témoin le plus important de ce genre littéraire dans l'Antiquité tardive. Le texte se présente comme la relation d'un débat organisé à Alexandrie entre le chrétien Timothée et le juif Aquila. Au terme d'une controverse consacrée avant tout à la question du Christ, le juif admet sa défaite et reçoit le baptême. Reflétant davantage une discussion idéale qu'une controverse réelle, le texte est un témoignage capital sur la façon dont les chrétiens se représentaient leur position par rapport au judaïsme à la fin de l'Antiquité.
Cet ouvrage offre la première traduction française du dialogue dans sa forme longue, munie d'une introduction et d'un index biblique.
Les Dialogues de Meou-Tseu pour dissiper la confusion auraient été composés par un lettré obscur, maître Meou, vivant dans la partie méridionale de l'empire des Han finissant. Versé à l'origine dans les Classiques et le Laozi, ce maître fait figure de premier lettré converti, et tente, à l'aide d'une rhétorique puisée dans la tradition classique chinoise, de préparer la voie pour l'enseignement, étrange et étranger, du Bouddha.
Ses dialogues formeront plus tard un modèle pour les nombreuses controverses qui contribuèrent à définir les « trois enseignements », confucianisme, bouddhisme et taoïsme. Au lecteur contemporain, ils permettent de ressentir et de comprendre l'étonnement, l'intérêt, la confusion ou encore l'hostilité qui pouvaient exister au moment de cette incomparable rencontre entre Chine des Han et bouddhisme indien.