Les Grecs ont découvert la sphéricité de la Terre, ont su calculer sa circonférence, ont tracé les premières cartes du monde, mais tout ce savoir s'est perdu au Moyen Âge latin, ignorant et étouffé sous le poids d'une Église conservatrice et omnipotente, pour laquelle seule l'idée d'une Terre plate était compatible avec les Écritures. Il fallut attendre les grands navigateurs - Christophe Colomb, Vasco de Gama et Fernand de Magellan -, ainsi que Copernic au XVIe siècle et Galilée au XVIIe siècle (qui le payèrent cher) pour rétablir enfin, par la raison et les observations empiriques, le caractère sphérique de la Terre.
Autant de contre-vérités que Violaine Giacomotto- Charra et Sylvie Nony dénoncent, textes à l'appui, dans un essai concis et didactique. Après un point précis sur les théories grecques antiques relatives à la forme de la Terre, les autrices analysent la transmission de ces savoirs au Moyen Âge, directement depuis le grec ou ensuite par la médiation de l'arabe et du syriaque. Elles nous proposent de lire avec elles les Pères de l'Église mais aussi les manuels et encyclopédies rédigés tout au long du Moyen Âge et utilisés pour l'enseignement dans les écoles cathédrales puis dans les universités, à partir du XIIIe siècle.
Une fois clairement établi que l'idée de la sphéricité de la Terre n'a jamais disparu des cercles éduqués pendant tout le Moyen Âge, pas plus qu'elle n'a suscité l'ire de l'Église, l'ouvrage étudie l'origine du mythe, les arguments de ses partisans et les raisons de son succès. Cette partie nous conduit sous la plume des philosophes des Lumières et des historiens du XIXe siècle, à mesure que le positivisme et la laïcisation de la science gagnent du terrain.
Si nous nous sommes associés, le physicien et le philosophe, pour écrire sur les « idées noires » de la physique, c'est que les choses que la physique qualifie de « noires » sont intrigantes : le ciel noir, le corps noir, le trou noir, la matière noire, l'énergie noire... Que se cache-t-il derrière ces expressions... obscures ? Ce ne sont pas seulement de curieuses appellations, ce sont des idées qui ont joué et jouent encore, parfois, un rôle crucial en physique, comme l'expose l'astrophysicien Roland Lehoucq. En outre, il ne suffit pas d'analyser la manière dont la science change le sens de l'adjectif « noir », il faut aussi exposer comment cet adjectif « colore » l'expression scientifique en retour. C'est pourquoi le philosophe des sciences Vincent Bontems analyse ce que l'adjectif charrie subrepticement de l'imaginaire des ténèbres jusque dans le champ scientifique. L'idée noire devient alors une image noire qui est le motif d'une rêverie savoureuse. Nous expliciterons donc à chaque fois la dénotation de l'adjectif « noir », ce qu'il signifie vraiment pour un physicien, mais aussi sa connotation, c'est-à-dire ce qu'il évoque métaphoriquement, parfois inconsciemment. Couplant l'analyse épistémologique des idées noires à une psychanalyse des images noires, nous suivons ainsi l'exemple du philosophe Gaston Bachelard, qui étudiait déjà en parallèle l'évolution historique de théories de la propagation thermique et les associations d'images lors de divagations sur le feu, la science et l'imaginaire.
Cet ouvrage pluridisciplinaire est destiné à accompagner l'enseignement des sciences humaines et sociales au sein des études médicales et des études en santé, de la formation initiale aux Masters et à la formation professionnelle continue. Il s'adresse aux étudiants et à tous ceux qui s'engagent dans les métiers du soin ou qui s'intéressent aux questions épistémologiques, éthiques et sociales impliquées par la médecine contemporaine. Il est principalement l'émanation du Collège des humanités médicales, fondé en 2008, qui réunit les enseignants chercheurs en charge de cet enseignement en France, avec le concours de spécialistes des thématiques abordées.
L'ouvrage constitue une synthèse unique sur les cadrans solaires, qui s'adresse aussi bien aux spécialistes les plus exigeants comme aux curieux qui souhaitent découvrir l'histoire d'un instrument qui remonte aux débuts de l'astronomie.
Alors que de l'Antiquité environ 700 cadrans solaires sont connus et conservés dans les musées, la France compte à elle seule plus de 32 000 cadrans construits entre le Moyen âge et aujourd'hui, et comme dans toute l'Europe, la très grande majorité de ces instruments de l'ombre fonctionne encore sur les églises, dans les jardins, sur les bâtiments publics et les maisons privées.
Dans Une histoire de la gnomonique en Occident, Denis Savoie rappelle l'héritage de la gnomonique gréco-romaine puis examine les rares réalisations médiévales qui traduisent le net recul de l'astronomie en Occident. Mais à la fin du Moyen âge et au début de la Renaissance s'amorce un profond changement dans la mesure du temps, avec l'apparition des horloges mécaniques et l'abandon des heures antiques. Le développement des mathématiques, la diffusion des premiers ouvrages imprimés au XVIe siècle, l'augmentation de la précision des cadrans sur lesquels se règlent désormais les horloges, contribuent à massivement diffuser ces instruments qui vont pour longtemps rester la seule façon de connaître l'heure dans les villes et les campagnes. Les cadrans solaires deviennent un domaine de recherche inépuisable et il s'en construit de nombreux types, des portables luxueux de poche jusqu'aux méridiennes dans les cathédrales. Même si le XIXe siècle les relègue au second plan, les cadrans solaires n'ont jamais cessé d'être des objets d'arts souvent ornés de devises mais aussi des instruments pédagogiques indispensable à la compréhension des mouvements du Soleil.
Si tout un chacun sait que Thalès et Pythagore ont laissé leur nom à des théorèmes, que personne n'ignore le cri « Eurêka » d'Archimède sortant de son bain et que tout étudiant en mathématiques connaît les équations diophantiennes peu savent où se trouve énoncé le théorème de Pythagore ou s'il existe un autre théorème qui porte le nom de Thalès.
Cette anthologie mathématique est la première du genre en France.
Accessible à celles et ceux qui sont allergiques aux mathématiques et passionnante pour les mathématiciens chevronnés, elle présente des textes mathématiques, des réflexions sur les mathématiques et des anecdotes sur les mathématiciens de l'Antiquité grécoromaine.
Utilisant le fonds des Belles Lettres, cette anthologie est enrichie par de nombreuses traductions inédites. Le présent ouvrage répond à une double volonté : donner à voir l'altérité des mathématiques de l'Antiquité classique et faire percevoir une partie de l'influence de la pensée non mathématique sur les mathématiques gréco-romaines.
Le Bulletin des Belles Lettres revient avec un nouveau numéro, composé de trois volets comme les précédents : l'un consacré à l'histoire de la maison et l'importance des sources indiennes que nous y publions depuis des décennies, mises à l'honneur dans la "série indienne" lancée en 2022 ; un deuxième à la science et son ancrage humaniste, avec de nombreux textes et articles à l'appui ; un dernier laissant la parole aux lecteurs et aux passeurs de livres, libraires comme bibliothécaires.
D'un côté, il est possible de montrer que la maladie est l'unique objet de la médecine scientifique. D'un autre côté, il est évident qu'un malade, toujours sujet, n'est pas réductible à sa maladie. De ces deux constats naît un problème. Quelle en est la source ? Et quels en sont les enjeux éthiques et économiques ?
L'injonction de qualité en tant que simple normalisation des pratiques et l'introduction du productivisme dans les hôpitaux sont-elles adaptées à la pertinence des soins ? Rentabilité et souci de véritable qualité (non quantifiable) ne sont-ils pas contradictoires dès lors qu'un soin n'est évidemment pas un bien de consommation ordinaire ?
Accompagner de réflexion éthique chaque acte médical, y compris le plus courant, peut-il contribuer au maintien d'une médecine oeuvrant à la solidarité nationale ?
La psychanalyse peut-elle orienter l'écoute d'un médecin et permettre une réponse non étroitement biomédicale à la demande d'un sujet ?
Telles sont quelques-unes des questions auxquelles tente de répondre cet essai, qui explore les limites de la médecine scientifique non pour la mettre en cause mais au contraire pour en accroître la pertinence.
Un dialogue imaginaire fondé sur des faits réels, par l'un des grands spécialistes de Galilée.
Galilée, l'un des deux plus célèbres scientifiques de l'époque moderne - l'autre étant Newton -, n'a été interviewé, ou plutôt interrogé, qu'une seule fois dans sa vie. Il s'en serait volontiers passé puisque ce fut à l'occasion de son procès.
Sommé de comparaître à Rome devant le tribunal de l'Inquisition pour avoir affirmé que la Terre tourne autour du Soleil, il eut préféré s'exprimer avec la verdeur qui enthousiasmait ses amis.
Mais il comprit qu'il était plus prudent de jouer la comédie. Il le fit avec habileté mais n'en fut pas moins condamné et assigné à résidence dans sa villa d'Arcetri, aux portes de Florence. C'est là qu'un jeune anglais de vingt-huit ans lui rendit visite. Il se nommait John Milton, et nul ne pouvait soupçonner qu'il deviendrait un jour le plus célèbre poète de l'Angleterre.
L'interview qui suit a été suggérée par un témoignage postérieur de Milton. Elle se veut fidèle aux intentions des interlocuteurs.
Galilée accueillit avec plaisir le jeune homme, qui lui était sympathique et auquel il n'hésita pas à dire franchement ce qu'il pensait de son conflit avec l'Eglise et de la censure ecclésiastique en général. Galilée ne passait pas tout son temps dans son laboratoire ou en classe à donner des cours. Nous ferons la connaissance de l'homme tel qu'il était et non tel que la postérité l'a figé. Sa candeur pourra nous surprendre mais elle ne saurait nous décevoir ou nous ennuyer. Nous l'entendrons s'exprimer sur une foule de sujets, les belles femmes qu'il rencontra et le bon vin qu'il but à Venise. Il nous parlera de ses obligations familiales et de la délicate gestion de ses finances personnelles. Il reviendra sur sa conduite lors de la terrible peste que subit Florence de 1630 à 1633. Nous apprendrons également pourquoi de nombreux peintres et poètes faisaient appel à lui. Il nous livrera son opinion sur l'astrologie - qu'il pratiquait - et il nous présentera de façon succincte mais claire ses découvertes en astronomie comme en physique. Il s'en prendra à ceux qui avaient eu l'outrecuidance d'affirmer qu'ils l'avaient devancé. Il dira à Milton comment il voulut sauver l'Eglise d'une grave erreur en la libérant d'une vision périmée de l'univers. Nous verrons aussi le peu de compréhension dont il faisait preuve à l'égard de ses collègues attachés aux catégories qui leur étaient familières, et le mal qu'il eut à mesurer l'ampleur des antagonismes créés par les querelles théologiques. Pionnier de la révolution scientifique, Galilée ne monta sur la rampe, l'oeil rivé à son télescope, que lorsqu'il eut presque cinquante ans. Son chef d'oeuvre, le Dialogue sur les deux plus grands systèmes du monde parut alors qu'il avait soixante-huit ans, et son dernier ouvrage, Discours et démonstrations mathématiques concernant deux sciences nouvelles, verra le jour dans sa soixante-douzième année.
Cet ouvrage retrace le lent cheminement de la discipline généraliste de 1945 à nos jours, dans le contexte de fortes transformations du système de santé français : l'avènement de l'assurance maladie, la démultiplication des spécialités médicales, puis la création des CHU, concomitante de multiples avancées scientifiques et technologiques. Le champ de la santé se polarise alors sur les spécialités et l'hôpital ; à l'écart de ce mouvement, la médecine générale devient « un segment dominé du monde médical », nanti d'un double déficit, d'identité et de légitimité.
Cet ouvrage pluridisciplinaire est destiné à accompagner l'enseignement de sciences humaines et sociales au sein de la formation médicale et des formations en santé.
Il s'adresse aux étudiants et à tous ceux qui s'engagent dans les métiers du soin ou qui s'intéressent aux questions épistémologiques, éthiques et sociales impliquées par la médecine contemporaine. Il est principalement l'émanation du Collège des enseignants de sciences humaines et sociales en faculté de médecine et en santé fondé en 2008, qui réunit les enseignants, médecins et non médecins en charge de cet enseignement en France, avec le concours de chercheurs étrangers spécialistes des thématiques abordées.
L'Univers infini dans le Monde des Lumières européennes vient combler une importante lacune dans l'histoire de la cosmologie puisque les travaux de Pierre Duhem sur le système du monde s'arrêtent à Galilée et ceux d'Alexandre Koyré s'étendent jusqu'à Newton et à certains de ses disciples. Quant à l'oeuvre considérable de Jacques Merleau-Ponty sur l'histoire de la cosmologie, elle porte essentiellement sur la cosmologie relativiste du XXe siècle, mis à part son ouvrage intitulé : La science de l'Univers à l'âge du positivisme (1983) qui repart du Kant de la première Critique et se concentre surtout sur l'énergétique du XIXe siècle. Il s'agit donc d'un complément aux travaux d'histoire de la pensée scientifique de Koyré et d'un correctif important concernant l'idée qu'il se faisait des suites de l'histoire de la cosmologie (à partir de 1750 jusqu'en 1830), période qu'il n'a pas eu le temps de traiter véritablement. Cet ouvrage et le précédent intitulé : Dieu, l'Univers et la sphère infinie : penser l'infinité cosmique à l'aube de la science classique (2006) constituent une tranche d'histoire de la pensée cosmologique (et de la conceptualisation de l'infini qui l'accompagne) qui part de la révolution copernicienne et s'étend sur près de trois siècles.
Toutefois, il est possible de se reporter à chacun de ces deux ouvrages séparément, bien qu'ils constituent un tout. On peut remarquer une étude particulièrement étendue et approfondie (en deux chapitres) de l'évolution complexe de la pensée cosmologique de Kant depuis la période précritique jusqu'à l'opus postumum en passant par la trilogie critique.
Enfin, cet ouvrage est susceptible d'intéresser les historiens des sciences (physique, astronomie, cosmologie) et de la philosophie, l'histoire des idées, les dix-huitièmistes et les historiens de la littérature.
« On va les soigner en prison! ». Qui n'a entendu cette phrase à l'occasion d'un fait divers tragique? Comme si la mission de la prison (punir et réinsérer) intégrait désormais un nouvel objectif: soigner. Or, la prison, à la différence de l¹hôpital, n'est pas un lieu de soin même si c'est un lieu où l'on soigne.Le face à face du médecin et du patient incarcéré est une situation exemplaire pour toucher du doigt l'ambivalence de la prison, tendue pour ne pas dire déchirée entre ses deux finalités, répressive et préventive, mais aussi l'ambivalence de la médecine, prise à la fois dans la nécessité d'objectiver le corps malade et de s'adresser à une personne.Cette réflexion sur la médecine carcérale défend l'idée que le médecin exerçant en prison est en danger quand, comme ses prédécesseurs du XIXe siècle, il se satisfait d'une approche scientiste, technique, cesse de s'occuper de son patient singulier, s'associe à l'institution pénitentiaire afin d'établir le « profil » des personnes captives, décider de leur vulnérabilité, ou de leur dangerosité, et enferme les personnes dans leur conduite nommée comportement , au lieu de les aider à retrouver du jeu, de la liberté, de la vie.Dans son exercice en milieu pénitentiaire, le médecin peut résister, en faisant ce qu'il sait faire, de la médecine, en luttant contre les dispositifs illusoires qui visent à la transparence, à l'évaluation et à la prévision, et en gardant l'exigence éthique au centre de son métier.Anne Lécu exerce la médecine dans une maison d'arrêt d'Ile de France depuis 1997. Elle a publié Des larmes (Cerf, 2012) et Où es-tu quand j¹ai mal? (avec Bertrand Lebouché, Cerf, 2005).
Homme divin pour certains, dieu pour ses disciples, Pythagore - celui qui a été annoncé par la Pythie est en tout cas un personnage mythique dont la fin mystérieuse se perd dans les limbes de la mémoire des quelques disciples qui lui ont survécu et de leurs successeurs.
De mathématiques, il est ici peu question, de théories des nombres, un peu, mais c'est surtout de Pythagore lui-même, de ses disciples et du mode de vie de la secte qu'il s'agit. On apprendra toutes les merveilles qu'il a accomplies, on suivra toutes les étapes de l'initiation mystérique de la secte et on trouvera les seuls fragments véritables de son enseignement (les fameux - symboles -) qui nous soient parvenus.
Aux travers de textes qui datent du IIIe siècle après J.-C. et recueillent une longue tradition bio-doxographique qui remonte probablement aux Mémoires pythagoriques eux-mêmes (les - aide-mémoire -, ces écrits secrets, rédigés en langage symbolique, que les survivants de la secte composèrent pour ne pas laisser disparaître l'enseignement du Maître, et qui finirent, avec le temps, par être divulgués), on trouvera plusieurs listes des akousmata, ainsi que des interprétations de ceux-ci. On y apprendra quelles étaient les pratiques et règles (végétarisme, respect des êtres animés, interdiction des sacrifices sanglants) auxquelles se soumettaient ces hommes à la piété rare et au savoir divin. Car, c'est le dieu pythien qui parlait par la bouche de Pythagore, dont le nom pouvait aussi provenir du fait qu'- il annonçait la vérité non moins que le Pythien -. Il faut donc s'efforcer de garder vivante la tradition que nous révèlent ces textes que leur rareté rend d'autant plus précieux aux chercheurs de sagesse et de vérité.
Plusieurs des traductions présentées ici sont inédites.
Depuis les attentats des 7 et 9 janvier 2015, l'Espace de réflexion éthique de la région Île-de-France, que dirige l'auteur, a initié au plan national une réflexion sur les « Valeurs de la République, du soin et de l'accompagnement » afin de mieux comprendre comment contribuer à ce besoin de démocratie, à cette exigence de sollicitude et de fraternité qui s'exprime aujourd'hui au vif de notre société. Il assume ainsi, dans son domaine de compétence, une éthique impliquée, engagée et partagée au service des valeurs de la cité.
L'engagement et la responsabilité pris dans les multiples domaines de compétences que recouvrent les pratiques du soin et de l'accompagnement témoignent d'une attention portée aux droits de la personne. Cette sollicitude s'avère d'autant plus exigeante en situation de vulnérabilités.
Les professionnels et les bénévoles associatifs intervenant dans les champs du sanitaire et du médico-social incarnent des valeurs de sollicitude, de solidarité, de justice et d'inclusion. Leur souci du bien commun renforce le lien social. Ils sont ainsi représentatifs, dans l'exercice de leurs missions, d'autres formes d'engagements dont on saisit davantage la signification et l'importance dans les circonstances extrêmes qui menacent la sécurité publique. Ils partagent un même sens du bien commun où servir l'autre s'impose comme une valeur de société, que ce soit dans les champs de l'éducation, de la justice, de la défense, de l'économie ou de la communication.
Quelles sont les valeurs constitutives du soin et de l'accompagnement ?
Que représentent-elles dans la vie démocratique ? Qu'en est-il aujourd'hui de la notion du care tellement sollicitée dans les discours et pourtant si peu intégrée dans les choix politiques ? En quoi l'engagement soignant peut-il contribuer à l'urgence d'une concertation nationale visant à repenser, voire « restaurer », notre projet de société ? Telles seront quelques-unes des questions traitées. Au-delà d'enjeux politiques évidents dans le contexte actuel de fragilisation de notre démocratie, la démarche que propose ce livre vise également à susciter (ou du moins à aviver) une dynamique de réflexion devenue indispensable à l'heure où les évolutions biomédicales, la médicalisation souvent par défaut de questions de société, les normes sociales et les modes de vie actuels pourraient nous inciter à nous désapproprier de la culture du soin et à déserter le champ des valeurs.
L'organisation chronologique de cet ouvrage en trois parties (Moyen-Âge, Renaissance, Âge classique) découle d'une thèse dont on a voulu explorer quelques aspects bien précis - thèse dont la pertinence et la valeur se mesurent à la richesse et à la cohérence des travaux rassemblés ici. On peut l'énoncer ainsi : si la mesure des mouvements célestes tend à se confondre, à partir du XVIIe siècle, avec une théorie générale du mouvement des corps dans l'espace, cette assomption de l'espace constitué à la fois comme objet de la science astronomique et comme son moyen, recouvre une approche fondamentalement différente de l'astronomie comme science du mouvement céleste dans le temps, un temps dont l'unitotalité constitue l'être du monde (d'où l'équivalence sémantique de mundus et de saeculum). Cette astronomie, pré-moderne, accaparée par la tâche d'établir une concordance générale des temps (moyennant l'établissement d'un calendrier universellement valable urbi et orbi), n'envisageait pas qu'il pût y avoir la moindre divergence entre l'histoire humaine et celle de la nature.
Le divorce consommé entre science, culture et humanisme, caractéristique de notre époque moderne, pourrait bien trouver dans cette mutation essentielle du rapport de l'astronomie à l'histoire et au temps un principe d'explication unitaire, dont ce volume montre toute la fécondité.
Consacré à un moment décisif de l'histoire de l'algèbre, le présent ouvrage contient l'édition critique, la traduction française et le commentaire d'un sommet des mathématiques arabes : l'oeuvre algébrique de Sharaf al-Dn al-s (actif autour de 1170).
En se fondant sur l'établissement rigoureux de toutes les sources disponibles et en replaçant cette oeuvre dans son contexte historique et mathématique, Roshdi Rashed révèle comment son auteur tisse de nouveaux rapports entre algèbre et géométrie et porte la théorie des équations algébriques à un niveau qui ne sera dépassé que cinq siècles plus tard, avec Descartes et Fermat. À ce titre, ce livre est un ouvrage indispensable pour tous les historiens des mathématiques arabes des mathématiques tout court. Initialement paru en 1986 et depuis trop longtemps indisponible, il a fait l'objet d'une relecture attentive à l'occasion de sa seconde édition.
La figure de Steve Jobs (1955-2011) et l'histoire d'Apple à la lumière des grands mythes modernes et antiques et à l'aune de la mythologie populaire américaine. C e livre est le premier ouvrage français sur Steve Jobs.
Explorer le mythe Steve Jobs, comprendre et décrypter comment un gamin génial de la Silicon Valley devient en quelques années un modèle, une source d'inspiration pour les entrepreneurs du monde entier, tel est l'angle d'approche de cette première biographie française du mythe contemporain.
Les biographies se multiplient, le sujet a été traité au cinéma, on parle même d'un opéra. Steve Jobs s'est employé tout au long de sa vie à mettre en scène sa marque et à forger sa propre légende avec une réussite insolente. Il a su innover, renaître après avoir connu l'échec, devenir l'objet d'une fascination presque religieuse, modeler l'univers des nouvelles technologies et créer une communauté planétaire d'utilisateurs et de fans. D'où provient cette énergie, cette vision, cette capacité à anticiper les envies des millions de consommateurs qui sont devenus adeptes de la marque à la pomme ?
Les auteurs ont mobilisé autant les mythes anciens que les mythologies américaines. Ils se sont plongés au coeur de l'histoire d'une marque porteuse de symboles forts et incarnée comme rarement par son fondateur. Steve Jobs est mort il y a trois ans, en octobre 2011, son aura est intacte. Apple poursuit son développement dans le respect de la dynamique insufflée par son créateur, son ombre tutélaire. Qui sont ses héritiers ? Qui sont les entrepreneurs visionnaires d'aujourd'hui, mus par la même faim de conquête et la même « folie » innovatrice ? Très accessible, Steve Jobs, figure mythique apporte des réponses, ouvre des pistes. Une approche originale qui crée des ponts inédits entre la pop culture du XXIe siècle et les mythologies antiques.
« Ce n'est plus une vie », « je veux encore vivre, même avec cette maladie », « ma vie n'a plus de valeur » : confronté à la maladie, à la déchéance physique, à la perte provisoire ou définitive de certaines capacités, chacun d'entre nous peut être conduit à énoncer de tels propos. Quoi de plus délicat cependant, que l'évaluation de la valeur de la vie ? Cet ouvrage aborde le sens et la portée de cette réflexion dans une situation où elle s'impose dans toute sa radicalité : celle des décisions de maintien ou d'interruption de la vie prises au chevet du patient dans les hôpitaux. En choisissant d'aborder ainsi la question de la valeur de la vie, ce livre fait le pari qu'une approche philosophique nourrie par une rencontre avec l'univers de la médecine contemporaine éclairera davantage le sens de cette notion, son fondement et ses limites, qu'une approche abstraite de tout contexte.
La démarche cherche aussi à établir un dialogue entre philosophes et médecins en proposant une analyse des différents contextes thérapeutiques où une décision de maintien ou d'interruption de la vie doit être prise. À la lumière de cette analyse, l'ouvrage propose une réflexion critique sur les usages de l'idée de valeur de la vie pour en désavouer la pertinence et en nier la légitimité éthique. Les patients, malades mais aussi citoyens, doivent forger en concertation avec les médecins d'autres critères pour fonder une décision aussi déterminante que celle de maintenir ou d'interrompre le cours d'une vie humaine.
Ce livre est la première étude d'ensemble consacrée aux sphères célestes, depuis leur invention par les grecs au ive siècle avant j.-c., jusqu'à leur disparition à l'aube des temps modernes.
Pendant de longs siècles, d'étranges objets peuplant l'immense espace compris entre la lune et le firmament étoilé ont évolué dans le ciel et fait tourner la fabrique du monde. la prise en compte de ces corps constitutifs de la machinerie du ciel relève d'abord de l'astronomie physique, mais leur existence concerne plus encore, pendant la période médiévale, les philosophes - il leur incombe notamment d'en scruter l'essence mystérieuse et d'en imaginer les propriétés -, ainsi que les théologiens, qui inscrivent toute l'économie du salut dans l'édifice cosmique auquel ils ont ajouté la couronne du ciel empyrée.
C'est à étudier la naissance et la vie des sphères célestes, ces êtres singuliers et improbables que jamais oeil humain ne vit, ni oreille n'entendit, que le lecteur est ici invité.
Deuxième partie du monde des sphères, la fin du cosmos classique a pour objet la mort des sphères célestes, dont la naissance et la vie ont été étudiées dans le premier tome.
Les orbes porteurs des planètes ont été les premiers à disparaître de la machinerie du ciel, lorsque leur existence s'est trouvée contredite par une série de phénomènes célestes spectaculaires. l'étude du débat passionné qui mit aux prises les meilleurs astronomes, dans le dernier quart du xvie siècle, est l'occasion d'un réexamen du rôle central que l'historiographie a prêté jusqu'ici à tycho brahe.
La sphère des fixes, elle, a résisté plus longtemps. bien que théoriquement sans nécessité dans les systèmes prônant la mobilité de la terre, certains auteurs l'ont conservée parce qu'elle leur permettait de penser encore le monde comme totalité une et ordonnée. en ce sens, copernic et kepler sont restés fidèles à la figure idéale du cosmos héritée des grecs. en revanche, bruno, gilbert, galilée et descartes, pour d'autres raisons philosophiques ou théologiques, n'ont pas hésité à faire éclater l'enveloppe protectrice du monde, et à affronter en pensée un univers immense, sans forme ni limite, expression nécessaire, ou seulement probable, de la puissance infinie de dieu.
Le traité Du ciel est l'un des plus importants traités de cosmologie que nous a transmis l'antiquité. aristote y livre une physique générale du domaine où se trouvent les astres, et s'emploie à montrer que l'univers obéit à des lois physiques et structurelles qui ont un caractère nécessaire et dans lequel les données de l'expérience n'ont que peu d'importance.
Ce traité a connu une influence exceptionnelle : c'est en partant de ce modèle de l'univers que Ptolémée constituera son système géocentrique, schéma qui ne sera remis en question qu'avec les découvertes de Copernic. La cosmologie d'aristote a ainsi servi de base à un système qui traversa près de deux millénaires.
Les deux générations qui suivent la publication du De revolutionibus de Copernic ont longtemps passée pour calmes, voire dénuées d'inventivité. Il n'en est rien. Autour de l'année 1588, paraissent simultanément les travaux de Tycho Brahe, Roeslin, Ursus, Rothmann etc. Or tous ces astronomes se retrouvent dans la décennie suivante mêlés à une violente querelle sur le système géo-héliocentrique, sorte de compromis destiné à valider les acquis coperniciens sans avoir à accepter ses nouveautés révolutionnaires en physique ou dans le domaine de l'interprétation de l'Ecriture. Qui est l'inventeur exact de ce nouveau système ? Où et quand cela a-t-il eu lieu ? quelles sont les moyens de prouver les prétentions des divers intervenants au débat ? Telles sont quelques unes des questions abordées dans les textes, souvent passionnés, issus de cette crise.
Nous publions, dans un premier volume, une série de travaux consacrés à la notion de priorité et de nouveauté en matière d'astronomie au XVIe s., ainsi qu'une courte narration des origines de la querelle, en nous appuyant sur un riche ensemble de documents tous traduits in-extenso (en général pour la première fois).
Le second volume donne une nouvelle édition du texte peut-être le plus important issu de cette crise : le Contra Ursum de Kepler (ca. 1600-1601). Kepler, mêlé malgré lui à cette querelle (il ne croit pas au système géo-héliocentrique), est obligé par son employeur, Tycho Brahe, de composer un ouvrage pour défendre, du point de vue scientifique, les prétentions de Brahe. Il s'en tire avec honneur et compose un ouvrage où, en particulier, il fonde l'histoire de l'astronomie. L'ouvrage est demeuré inédit à la suite de la mort de Brahe en 1601. Nous donnons une édition entièrement neuve de ce texte, accompagnée d'une série de chapitres qui en montrent l'intérêt encore actuel, une traduction française et un large ensemble de notes.
On présente ici un ensemble de travaux consacrés à une discipline que l'on propose d'appeler histoire de la pensée médicale : par là, nous voulons marquer que notre but est de nous livrer non pas à une histoire de type « positiviste » de la médecine, mais à une reconstitution de l'imaginaire des médecins ; c'est ce que Galien appelait philosophie médicale. On a préféré retenir le titre Poétiques du corps, pour faire droit à tout l'imaginaire que recèle cette visée, car ce qui est décrit ici ce sont les efforts de l'imagination réglée par une pratique, la définition d'une pensée créatrice et qui prétend à l'autonomie.
La seconde partie de l'ouvrage regroupe des travaux qui éclairent la survie des textes médicaux antiques aussi bien dans le courant hippocratique que dans la constitution, au XIXe siècle, de la psychiatrie française.