L'Évolution de la connaissance raconte en seize chapitres la fascinante histoire des connaissances de l'humanité.
Retraçant les épisodes clés de l'évolution des sciences et des techniques, de l'invention de l'écriture à l'industrialisation et à la numérisation en passant par la révolution scientifique du début de l'ère moderne, Jürgen Renn analyse comment le savoir se crée et se transforme, comment il se diffuse globalement depuis des millénaires et de quelle manière les économies de la connaissance et les sociétés dans lesquelles elles s'inscrivent s'influencent mutuellement.
Extrêmement riche en matériel et abondamment illustrée, cette somme mobilise une multitude de méthodes et de disciplines, et développe un cadre entièrement nouveau pour la compréhension de l'histoire des sciences comme élément de l'évolution culturelle. Le large regard rétrospectif qu'ose L'Évolution de la connaissance permet ainsi d'aiguiser notre vision des défis complexes auxquels nous sommes confrontés dans l'Anthropocène.
La question de savoir si la société humaine globale parviendra à relever les défis de l'Anthropocène dépendra en grande partie du développement futur de son économie de la connaissance.
Avec Les Somnambules, Arthur Koestler entame l'oeuvre monumentale dans laquelle il analyse la grandeur et les misères de la condition humaine.
Les Somnambules, ce sont les hommes de science - Copernic, Kepler, Brahé, Galilée - qui, progressant péniblement parmi les brouillards des thèses erronées, ont ouvert la voie à l'univers newtonien. En suivant les longs détours du savoir en marche, Arthur-Koestler retrace l'histoire des conceptions de l'Univers, et démontre comment la scission entre la science et la religion a placé l'humanité devant un tragique dilemme dont elle doit sortir.
Le salut se trouve, sans doute, dans une synthèse, car science et religion ne sont pas totalement contradictoires dans leur inspiration profonde. Prenant le contre-pied des idées traditionnelles Arthur Koestler nous donne une réflexion entièrement novatrice en même temps qu'un historique passionnant.
Les Mathématiques comme Métaphore est, au même titre que La Science et l'Hypothèse de Poincaré, un témoignage accessible et rigoureux de la beauté mathématique. Sa première partie constitue une méditation sur l'expérience intime de la pensée algébrique, la vocation d'un chercheur et la fonction sociale de la science. Yuri Manin y livre les clefs de son propre destin en dévoilant les mathématiques comme une métaphore de l'existence.
Dans sa seconde partie, l'ouvrage aborde l'épineuse et récurrente question des relations entre constructions mathématiques, spéculations physiques et algorithmes informatiques. Refusant les positions unilatérales, la réflexion s'installe dans un va-et-vient connectant motifs et figures, évoquant en particulier celle d'Alexandre Grothendieck. Exposant les puissances de l'autre hémisphère du cerveau, la troisième partie élabore une série de conjectures sur le Trickster, les mythes, le langage, la poésie, etc.
Celles-ci complètent les analyses précédentes et s'y réverbèrent. Traversé par le fantôme de la dialectique, Les Mathématiques comme Métaphore offre une magistrale leçon de philosophie mathématique pour non-mathématiciens. Cette édition réunit les textes traduits en anglais, une sélection complémentaire issue de l'édition russe, des textes postérieurs choisis par l'auteur ainsi qu'une postface inédite de Pierre Lochak.
Si l'on admet volontiers que la redécouverte de l'Antiquité a permis aux disciplines humanistes de connaître un nouveau souffle lors de la Renaissance, un préjugé demeure concernant la science de la Renaissance qui aurait au contraire eu à se battre contre la science de l'Antiquité pour éclore, la lutte contre le géocentrisme d'Aristote et Ptolémée étant l'exemple le plus connu.
Il n'en est rien. Les travaux de Copernic et Galilée se sont justement fondés sur des recherches de la science hellénistique qu'ils assumaient parfaitement. Loin de s'opposer à la science grecque, la Renaissance s'est appuyée sur elle pour pouvoir faire émerger la science dite moderne. Outre l'exemple de la gravitation, l'auteur démontre, avec des sources et citations très précises, qu'il en va de même pour l'idée de gravitation, la théorie des marées, l'atomisme et la notion de molécule. Il remarque enfin que la volonté de nous éloigner de la science grecque a mené au cours du XXe siècle à des dérives non-scientifiques de la science contemporaine (avec l'usage irrationnel de la physique quantique) et à un oubli progressif de la méthode démonstrative (avec la dégéométrisation des mathématiques). Le retour à une connaissance de la science grecque ainsi qu'à la langue grecque permettrait aujourd'hui de réconcilier scientifiques et littéraires dans une perspective aussi bien culturelle que scientifique.
Pendant plus de cent ans, les physiciens ont pris pour parole d'évangile l'affirmation de John Keat selon laquelle la « beauté est vérité ».
Qu'ils soient en train d'évaluer l'existence des trous noirs ou qu'ils prédisent de nouvelles découvertes au CNES, les physiciens croient que les meilleures théories sont belles, naturelles et élégantes. Ce standard sépare les théories popularisées des théories bonnes à jeter. Malheureusement, comme le démontre Sabine Hossenfelder, ce standard a également fait obstacle à toute avancée théorique majeure en physique depuis plus de quarante ans.
Dans Lost in Maths, Sabine Hossenfelder explore comment cette préoccupation moderne pour la beauté nous aveugle et nous empêche de voir le monde naturel tel qu'il est. Aiguillés par le seul critère esthétique, les physiciens ont conçu de nouvelles théories ahurissantes, inventé une douzaine de nouvelles particules et déclaré que les lieux éloignés dans l'espace sont connectés par des vortex. Mais l'observation scientifique a été incapable de confirmer presque toutes ces idées - en fait, la plupart ne peuvent même pas être testées. Pour échapper à ce cul-de-sac théorique, les physiciens doivent repenser leurs méthodes d'analyse. Lost in maths nous rappelle que ce n'est qu'en embrassant la réalité telle qu'elle est, sans essayer de l'enjoliver ou de la structurer a priori, que la science peut déchiffrer l'univers.
Le Cri d'Archimède exprime l'orgueil joyeux de l'inventeur. Ou du poète. Ou du clown. Ou de l'enfant qui vient de résoudre un rébus. Autant de créations. Mais qu'est-ce que créer ? Y a-t-il un lien entre la création littéraire et la découverte scientifique ? Entre ces dernières et l'inspiration comique ? Pour Arthur Koestler, ce lien se trouve dans ce qu'il nomme " l'acte bisociatif ", autrement dit le bond novateur qui, en reliant soudain des systèmes de référence jusqu'alors séparés, nous fait vivre ou comprendre le réel sur plusieurs plans à la fois. Contribution fondamentale à la psychologie moderne, cette histoire des découvertes scientifiques se double d'un essai remarquable sur la création littéraire et artistique.
Publié en allemand en 1934, Genèse et développement d'un fait scientifique est l'un des textes les plus importants jamais écrits en épistémologie.
Avec lui, Fleck inaugure ce qu'on appelle aujourd'hui la sociologie ou l'histoire sociale des sciences et entreprend d'élaborer une théorie de la connaissance qui sera reprise dans les années 60-70 par Thomas Kuhn.
A partir du cas idéalement complexe de l'histoire de la syphilis et, plus particulièrement, de la « réaction » de Wassermann, Ludwik Fleck élabore une vision extrêmement originale de l'activité de recherche et de la production de nouveaux savoirs scientifiques.
Fort de sa propre expérience de bactériologiste et d'immunologiste, Fleck montre que les « faits scientifiques » sont construits par des groupes de scientifiques qui définissent autant de « collectifs de pensée ». Chaque collectif possède un « style de pensée » spécifique, avec des normes, une conceptualité et des pratiques particulières. Fleck s'intéresse au fonctionnement du collectif, à l'incommensurabilité des faits scientifiques produits par différents collectifs, aux conséquences de cette incommensurabilité, ainsi qu'aux transformations des styles de pensée.
La pensée riche et complexe qu'il propose intègre des analyses qui, portant aussi bien sur la psychologie des chercheurs que sur leurs techniques matérielles ou sociales, s'intéressant à la recherche médicale comme aux conditions de l'élaboration d'une théorie de la connaissance, rendent compte de la réalité de la production des savoirs scientifiques au moment où émergent les technosciences.
Le « Traité des figures célestes » est le plus ancien écrit chinois sur les sciences célestes, touchant au fil du pinceau à des domaines aussi divers que la cosmologie, l'astronomie, l'astrologie, le calendrier, l'hémérologie, l'harmonie musicale et la gnomonique. À l'instar du Livre II de l'Histoire naturelle de Pline sur la cosmologie et la météorologie, cet écrit forme le chapitre trois du Maître de Huainan, un monument littéraire à caractère encyclopédique compilé au milieu du IIe siècle avant notre ère.
Si les « Figures célestes » ne sont pas sans évoquer les traités spécialisés sur l'astronomie et le calendrier compilés au siècle suivant et inclus dans les Histoires officielles de la dynastie Han, les calculs savants y sont peu présents et les exposés techniques introduits de manière souvent très allusive. En revanche, une large place est dévolue à la notion de souffle vital (qi), aux cycles d'alternance du yin et du yang et des cinq éléments, à des mythes et à des légendes, et une attention particulière est portée aux applications divinatoires du calendrier.
La présente traduction a largement bénéficié de la découverte récente, dans les tombes des élites locales du IVe au IIe siècle, d'un nombre considérable de manuscrits astrologiques, de recueils d'hémérologie et de calendriers. Ces témoignages vivants des écrits en circulation à l'époque dans la société permettent aujourd'hui de mieux comprendre l'organisation d'ensemble des « Figures célestes » et d'en élucider de nombreux passages obscurs. La quatrième partie de l'introduction fournit tous les éléments utiles pour guider la lecture de la traduction, et les commentaires font découvrir, chemin faisant, ces fascinants manuscrits encore largement inédits auxquels les auteurs ont puisé, d'une manière ou d'une autre, pour composer leur traité.
Cette enquête sur l'immense demande de quantification dans le monde moderne examine le développement des significations culturelles de l'objectivité depuis plus de deux siècles. Comment devons-nous tenir compte du prestige actuel des méthodes quantitatives et de leur puissance ? La réponse habituelle est que la quantification est considérée comme souhaitable dans l'enquête sociale et économique depuis ses succès dans l'étude de la nature.
Cette justification ne satisfait pas Theodore Porter. Pourquoi, demande-t-il, le genre de succès obtenus dans l'étude des étoiles, des molécules ou des cellules devrait-il être un modèle attrayant pour la recherche sur les sociétés humaines ? Et d'ailleurs comment faut-il comprendre l'omniprésence de la quantification dans les sciences de la nature ? Selon Porter, nous devrions orienter notre regard dans la direction opposée : en comprenant l'intérêt pour la quantification dans les affaires, le gouvernement et la recherche sociale, nous apprendrons quelque chose de nouveau sur son rôle dans la psychologie, la physique et la médecine.
Les principes de l'éthique biomédicale constituent, par leur influence, l'ouvrage majeur de l'éthique médicale contemporaine. Au-delà de son contexte nord-américain d'élaboration, de la déontologie médicale traditionnelle et des théories morales classiques, la réflexion proposée a reconfiguré l'analyse des questions éthiques liées à la relation de soin et au monde de la santé. Depuis la première édition de ce texte (1979), les auteurs n'ont eu de cesse de le remanier et d'en présenter des versions intégrant toujours davantage leurs réponses aux objections et critiques qu'ils recevaient ou se formulaient eux-mêmes. C'est la 5e édition, datant de 2001, qui est ici traduite pour la première fois. Livre en débat, né lui-même des discussions engagées aux États-Unis dans les années 1970, notamment sur l'éthique des essais cliniques, il vise à déterminer des principes-repères susceptibles d'éclairer les pratiques médicales et les argumentations qui les accompagnent dès lors qu'elles engagent un rapport aux normes et aux valeurs : le principe d'autonomie, le principe de non-malfaisance, le principe de bienfaisance et le principe de justice. Le statut de la théorie dans la vie morale, les rapports entre les principes et les éléments factuels, les rapports des différents principes entre eux sont les problèmes qui structurent continûment la réflexion des auteurs. Ainsi s'édifie une approche se voulant fine, souple et rigoureuse de ce qui peut justifier et guider le raisonnement éthique dans les prestations de santé et les relations de soin.
Histoire et pratique de l'astronomie ancienne combine la science la plus exacte avec des pratiques d'observation très simples pour mettre le lecteur en contact direct avec les astronomes anciens. Tout en retraçant l'histoire des idées astronomiques depuis les origines babyloniennes jusqu'à l'orée du XVIIe siècle, l'ouvrage se concentre sur la période grecque, lorsque les astronomes ont mis au point les idées géométriques et philosophiques qui ont déterminé le développement de l'astronomie.
L'auteur approche cette histoire à travers les détails concrets de la pratique astronomique ancienne.
Soigneusement organisé et généreusement illustré, ce livre enseigne à ses lecteurs comment faire de la véritable astronomie en employant la technique même des Anciens. Il contient des modèles pour construire quelques instruments astronomiques simples, comme un astrolabe ou un équatoire. James Evans fournit aussi une critique des sources utilisées pour reconstruire l'astronomie ancienne et son histoire. L'ouvrage comprend en outre de longues citations tirées de textes anciens, une documentation méticuleuse, et des discussions sur le rôle de l'astronomie dans diverses cultures. Cet ouvrage est actuellement l'histoire la plus complète de l'astronomie jusqu'à Kepler (1571-1630).
Jusqu'il y a peu, l'Homo sapiens était une espèce en voie d'extinction, ne comptant que quelques dix mille individus; en 58 000 ans il est devenu le Maître du monde. Comment rendre compte d'un tel renversement de fortune ? Comme nos ancêtres fabriquaient des outils il y a deux millions d'années déjà, on propose ici l'invention de demain pour l'expliquer. Car le futur n'est pas une partie naturelle de la flèche du temps, c'est un artefact et quel artefact ! La capacité à faire des plans individuels et à les partager avec ses semblables rendrait tout animal invicible, or l'homme en a le monopole. L'à-venir est une source inépuisable de possibilités, l'homme en réalise suffisamment pour encombrer la Terre et son âme. Résultat: il y a trop de mots dans ce monde, trop de bons sentiments et de lois et de races de chiens et de Grands Hommes auxquels la Patrie est reconnaissante. Les sources de la société de consommation remontent à l'âge de pierre, quand un homme dit à son confénère: « À demain ! »
Si la dépendance au tabac est un phénomène reconnu, la nicotine est-elle pour autant la substance responsable de cette dépendance ? Cet ouvrage entreprend de montrer, sans présupposer de connaissances spécifiques chez le lecteur, l'invalidité de la thèse répandue du caractère addictif de la nicotine en la confrontant aux démonstrations expérimentales qui prétendent l'établir. Il expose les erreurs méthodologiques, les biais d'interprétation et le rôle néfaste du principe d'autorité qui ont conduit à l'affirmation de cette thèse.
Pourquoi le monde scientifique s'est-il attaché à défendre ce que l'éminent spécialiste du tabac qui préface ce livre appelle l'une des plus grandes impostures de notre temps ? La lutte anti-tabac peut-elle être efficace si elle repose sur une fausse compréhension de la dépendance ? Telles sont les deux questions fondamentales que posent cette enquête.
Cet examen critique de la littérature de recherche plaide au final d'une part pour la reconnaissance du caractère complexe de la dépendance tabagique et du rôle majeur qu'y jouent vraisemblablement les motivations, deux aspects que tend à occulter l'incrimination d'une substance, d'autre part pour la nécessité aussi bien éthique qu'épistémologique d'une science scrupuleuse, et critique à l'égard de tout dogmatisme.