Les Cahiers de septembre ont été écrits dans une forme de célébration : celle de voir arriver sur les écrans français une longue liste de beaux films, sinon de grands films.
Les nouveaux longs métrages d'Aki Kaurismaki (dont Jim Jarmusch nous parle depuis New York), Catherine Breillat ou Philippe Garrel côtoient l'irruption du très impressionnant L'Arbre aux papillons d'or du débutant vietnamien Pham Thien An, Le Procès Goldman, passionnante reconstruction de Cédric Kahn, ou Le Gang des Bois du Temple, d'un des cinéastes français le plus intéressants de ces dernières années, Rabah Ameur-Zaïmeche. Tous ces films sont traités longuement dans nos pages, avec critiques, entretiens et autres contributions qui précèdent notre cahier critique, où sont abordées d'autres sorties importantes du mois, comme Le Ciel rouge de Christian Petzold, N'attendez pas trop de la fin du monde de Radu Jude, ou encore notre retour sur les deux films-monstres de l'été, Barbie et Oppenheimer.
L'actualité des ressorties et DVDs s'accompagne d'un long texte sur Raoul Walsh, prolifique et tumultueux, à l'honneur en ce moment à la Cinémathèque française.
Trois hommages viennent clore ce numéro : Jane Birkin, Sophie Fillières et William Friedkin.
Un regard unique sur le processus créatif de Jane Campion, à travers une série d'entretiens réalisés depuis ses débuts à ses projets les plus récents par Michel Ciment, auteur de nombreux livres de référence dans le domaine du cinéma.
Chaque chapitre contient l'analyse d'un film, des courts métrages réalisés pendant ses études de cinéma à l'Australian Film Television and Radio School à son dernier film The Power of the Dog (2021). Une étude biographique et un essai général mettent son oeuvre en contexte.
Cet ouvrage est une sélection des articles critiques les plus importants écrits par Éric Rohmer entre 1948 et 1979, dans des publications aussi différentes que Les Temps modernes, Arts, Combat ou, principalement, les Cahiers du cinéma, dont il fut l'un des principaux critiques depuis sa création, et, entre 1957 et 1963, le rédacteur en chef.
L'essentiel du cinéma est du côté de son ontologie en tant qu'art et non du côté de la spécificité de son langage. Le cinéma ne consiste pas à dire autrement ce que d'autres arts ont pu dire, mais, avec des moyens qui lui sont propres, il dit aussi autre chose : telle est la thèse qui parcourt l'ensemble de ces écrits, jalonnés par la présence constante des noms de Renoir, Murnau, Hitchcock, Rossellini, Dreyer...
Découvrez la nouvelle collection de hors-séries signée Les Cahiers du Cinéma : Les Cineastes.
Composé de textes d'époque, d'approches nouvelles et d'archives inédites, ce numéro embrasse tout l'apport de François Truffaut, cinéaste majeur de la Nouvelle Vague et des deux décennies qui ont suivi. Dans sa jeunesse aux Cahiers, il fut aussi une plume critique aiguisée, dont plusieurs textes vivifiants figurent dans ce hors-série.
Outre un entretien-fleuve de 1980 donné par le cinéaste à la revue, des textes sur lui notamment signés par Godard, Rohmer ainsi que des témoignages de ses collaborateurs et acteurs, et de cinéastes marqués par ses films reviennent sur son travail.
Enfin, des Mistons à Vivement dimanche, chacun de ses films est abordé dans un article ancien ou actuel.
800 numéros ! Pour fêter leur longévité, rare dans l'écosystème fragile des revues, les Cahiers du cinéma invitent le cinéma à « refaire le monde ». Au prisme des films d'hier, d'aujourd'hui et de demain, les utopies politiques, l'urgence écologique, l'intelligence artificielle, la VR sont analysés dans des textes de fond complétés de nombreux entretiens avec des cinéastes, qui interprètent à leur manière l'expression « refaire le monde » : Quentin Tarantino, Wang Bing, Lucrecia Martel, Catherine Breillat, Justine Triet, Wang Bing... Aux critiques et entretiens autour des importantes sorties de juillet et d'août (dont celle de la Palme d'or Anatomie d'une chute) s'ajoute un copieux hommage au cinéaste le plus estival qui fut, Jacques Rozier, disparu fin mai, dont Adieu Philippine est l'un des films les plus importants de la Nouvelle Vague.
Le numéro de mai des Cahiers répond comme chaque année présent au rendez-vous cannois. Un passage en revue des différentes sélections, de la compétition aux sections parallèles permet de voir se dessiner ce qu'il y a de plus prometteur dans la saison cinématographique à venir. Parmi les cinéastes dont nous attendons impatiemment les films, certains partagent avec nos lecteurs des documents de travail inédits : esquisses de Marco Bellocchio pour L'Enlèvement et repérages de Jean-Luc Godard pour un court métrage posthume, Film annonce du film « drôles de guerres », dont nous dévoilons quelques images exclusives.
A l'occasion de cette sélection particulièrement abondante en premiers films, les Cahiers reviennent avec des jeunes et anciennement jeunes créateurs sur ce que cela représente d'ouvrir sa carrière sur la Croisette.
Cette actualité n'éclipse pas pour autant la réjouissante sortie de l'un des films les plus stimulants de l'année, Trenque Lauquen, de l'Argentine Laura Citarella, qui nous a accordé un long entretien. A ses côtés dans le cahier critique, les nouveaux films de Kelly Reichardt et Alexander Sokourov.
Spécialiste de SFX, Doug Chiang, collaborateur de George Lucas, Steven Spielberg, James Cameron ou Robert Zemeckis vient prolonger l'enquête hollywoodienne du numéro d'avril livrant les secrets de son métier dans notre rubrique Au travail.
Au sommaire :
Éditorial Lumière !... ou pas par Marcos Uzal Événement Cannes 2023 Promesses cannoises par Olivia Cooper-Hadjian, Fernando Ganzo et Charlotte Garson Non-compétition officieuse Le Carnet d'image par Nicole Brenez et Fabrice Aragno Une quête d'instabilité entretien avec Todd Haynes La méthode Haynes par Olivia Cooper-Hadjian Un ticket pour l'Afrique par Élisabeth Lequeret Moretti vu de Rome par Cristina Piccino Enfance retrouvée entretien avec Ana Torrent Premier contact par Yal Sadat Quinze jours ailleurs entretien avec Julien Rejl Croquis d'un rapt par Marco Bellocchio Mais aussi :
Film du mois Cahier critique Journal DVD / Ressorties Livres Au travail Avec les Cahiers
La ressortie en salle de tous les films de Jean Eustache est, littéralement, un événement : au-delà du mythique La Maman et la Putain, ressorti l'été dernier, la richesse de cette oeuvre restait jusqu'à présent à la fois objet de culte et relativement secrète, rare sur grand écran. Les Films du Losange exaucent un rêve de cinéphile, et les Cahiers sont au rendez-vous : peu de cinéastes auront été si proches de la revue, biographiquement mais surtout dans l'histoire de ses textes, de ses inquiétudes, de ses approches du cinéma. Nous reparcourons toute sa filmographie, film par film, des Mauvaises Fréquentations aux Photos d'Alix.
Asteroid City de Wes Anderson, à qui nous consacrons notre couverture, a beaucoup divisé à Cannes (festival sur lequel nous revenons sous la forme d'un texte collectif, coup de sonde sur les films majeurs de la saison cinéma à venir). La sortie en salle de ce film avec Scarlett Johansson, Tom Hanks et Jason Schwarzman permettra aux spectateurs d'apprécier sa beauté et sa mélancolie à leur juste mesure. Dans notre entretien exclusif, le cinéaste parle à la fois du sujet du film (« se transplanter soi-même ailleurs ») et des arcanes de sa minutieuse fabrication, documents à l'appui.
Aux côtés de rencontres plus brèves avec des cinéastes aussi variés que Masao Adachi, Telmo Churro et Jean-Pierre Gorin, l'autre entretien du numéro permet de prendre des nouvelles d'un habitué de la revue : Nanni Moretti. Vers un avenir radieux réussit l'improbable pari de regarder le présent sans l'édulcorer, en revisitant un passé : celui du Parti Communiste Italien des années 1950.
Autre âge d'or, cinématographique celui-là : celui du film noir mexicain, dont cinq spécimens brillants font l'objet de restaurations qui sortiront en salle, alliant classicisme formel et critique incisive du Mexique de l'après-guerre.
L'actualité des films, des ressorties, festivals et DVD, ainsi que des hommages à Kenneth Anger et Jean-Claude Biette complètent ce numéro de juin défricheur et voyageur.
« Pourquoi filmer une histoire quand on peut l'écrire ? Pourquoi l'écrire quand on va la filmer ?
Cette double question n'est oiseuse qu'en apparence. Elle s'est posée très précisément à moi.
L'idée de ces contes m'est venue à un âge où je ne savais pas encore si je serais cinéaste.
Si j'en ai fait des films, c'est parce que je n'ai pas réussi à les écrire. Et si, d'une certaine façon, il est vrai que je les ai écrits - sous la forme même où on va les lire - c'est uniquement pour pouvoir les filmer. Ces textes donc, ne sont pas "tirés" de mes films. Ils les précèdent dans le temps, mais j'ai voulu d'emblée qu'ils fussent autre chose que des "scénarios". C'est ainsi que toute référence à une mise en scène cinématographique en est absente. Ils ont eu, dès le premier jet, une apparence résolument littéraire. » Éric Rohmer.
Puisant dans des films célèbres et très divers, sélectionnés dans toute l'histoire du cinéma, classique ou récent, ce livre rend compte d'une histoire du scénario au cinéma et décèle les tendances actuelles des cinémas américain, français et asiatique. Ces scénarios sont des modèles actuels et vivants, réservoirs d'exemples dans leurs irrégularités et par les aléas de leur écriture.
Le parti pris de cet ouvrage est qu'au fond, les histoires sont toujours les mêmes, ce dont se réjouit son auteur qui y voit le signe d'une solidarité de l'expérience humaine à travers l'espace et le temps. Ce qui est en revanche indéfiniment neuf, c'est l'art de la narration, l'art du conte, dont le scénario est une application particulière au cinéma.
Cette narration repose sur des techniques utilisées dans tout scénario, des « trucs », des procédés très pratiques.
Loin de les ériger en normes, l'auteur s'attache aussi à montrer comment il est possible de les retourner, les dévier ou les renouveler.
Michel Chion inventorie les éléments constitutifs d'un scénario, les ressorts dramatiques, les procédés de construction et de narration, les fautes possibles. qu'il est toujours permis de commettre.
Les quatorze films de référence sont Le Testament du Docteur Mabuse, Le Port de l'angoisse, L'Intendant Sansho, L'Invasion des profanateurs de sépulture, À travers le miroir, Taxi Driver, Pauline à la plage, Thelma et Louise, Chute libre, Pulp Fiction, Un jour sans fin, In the Mood for Love, L'Emploi du temps et Uzak.
Carl Dreyer est reconnu comme l'un des maîtres du cinéma à travers cinq oeuvres majeures qui traversent le siècle des années 20 aux années 60, du muet au parlant : La Passion de Jeanne d'Arc (1928), Vampyr (1932), Dies Irae (1943), Ordet (1955), Gertrud (1964).
Cinéaste danois né à Copenhague en1889, et mort dans la même ville en 1968, il n'en a pas moins réalisé une grande partie de ses films dans d'autres pays d'Europe. Grand styliste, reconnaissable entre tous, il est influencé dans sa jeunesse par les films de Griffith, et ses sources d'inspiration puisent largement dans la culture scandinave, littérature, théâtre. Enfant abandonné, il est élevé par des parents adoptifs d'un milieu protestant très rigoriste, deux autres éléments qui marqueront tout autant son oeuvre.
Très jeune Dreyer affiche sa volonté d'indépendance et de nouveauté, il pratique l'aéronautique, est journaliste et fait son premier film à 29 ans en 1918 : Le Président.
Ses débuts l'amènent à voyager du Danemark en Suède, en Allemagne, en Norvège où il réalise successivement ses films jusqu'en 1926. Puis c'est en France, après le succès du Maître du logis qu'il réalise La Passion de Jeanne d'Arc et Vampyr. Après l'échec de ce dernier film, il réalise sa grande trilogie danoise, adaptation de trois pièces de théâtre scandinaves. : Dies Irae, Ordet, Gertrud. L'influence de Dreyer sur les générations successives de cinéastes est manifeste et ne se dément pas.
Jean Sémolué, fréquente l'oeuvre de Dreyer depuis de nombreuses années. Il l'a connu et interviewé à plusieurs reprises. Il a approché nombre de ses collaborateurs et acteurs pour mieux pénétrer la méthode du cinéaste.
Son ouvrage passe de l'analyse des films à la biographie de l'auteur, du récit de ses rencontres avec le cinéaste, aux témoignages de ses proches. Il est illustré de magnifiques photogrammes très précisément sélectionnés en noir et blanc qui restituent la puissance et la singularité de la mise en scène de Dreyer.
Le journal, ce fut Libération entre 1981 et 1986, années au cours desquelles on commença à trouver critique l'état du cinéma. En effet, mieux nous savons en quoi le cinéma a été « l'art du XXe siècle », plus nous doutons de son avenir. Et en même temps, plus nous doutons des chances de l'image d'une époque vouée aux dogmes de la communication, mieux nous savons que le cinéma est notre bien le plus précieux, notre seul fil d'Ariane.
Le critique de cinéma serait vite un dinosaure moralisant ou un gardien de musée s'il ne sortait, parfois, de sa tanière. Comme s'il lui fallait travailler à la ciné-critique d'un monde qui aurait moins besoin du cinéma.
C'est pourquoi, ce Ciné-journal fait cohabiter au jour le jour des articles parus dans Libération.
Critiques de films, anciens et récents, éditoriaux, reportages à chaud et récits de voyage dans l'image, du côté de la télévision, de ses emblèmes et de ses effigies.
C'est au tour du cinéma d'être voyagé. »
Dans ce numéro, nous prenons des nouvelles des cinéastes encore en pleine préparation. Pedro Almodóvar, Alain Guiraudie, Catherine Breillat, Wang Bing, Whit Stillman, Sophie Fillières et d'autres nous font la primeur de documents sur leurs films à venir. Cette incursion qui ne présume rien de l'oeuvre telle qu'elle nous reviendra une fois montée, étalonnée, distribuée, « sortie », prolonge une rubrique récurrente dans les Cahiers depuis 2020, « Au travail », qui donne la parole à des techniciens à l'endroit où le « métier » s'articule à l'esthétique.
L'événement de ce mois de mars peut surprendre : il s'agit de la diffusion, sur Arte, de la série de Marco Bellocchio Esterno notte, parfait contrechamp à son film tourné il y a vingt ans sur l'enlèvement et l'assassinat d'Aldo Moro, Buogiorno, notte. Dans un entretien, le cinéaste revient sur son goût pour une théâtralité tantôt discrète tantôt expressionniste et la possibilité que le rythme de la série lui donne de détailler comme jamais ses personnages, diffractant les points de vue sur un traumatisme national.
Nous accordons aussi une place importante à Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras, portrait tout aussi diffracté de la photographe Nan Goldin, figure de l'underground américain dont le militantisme ouvre davantage au collectif qu'à un art autocentré ; et nous conversons autour d'À pas aveugles, dans lequel Christophe Cognet invite à penser des photographies réalisées clandestinement au sein des camps de concentration et d'extermination, clichés inconnus pour la plupart des spectateurs de ce documentaire.
C'est également une pluralité des approches qui marque la présence transversale dans nos pages de Jean-Luc Godard et de Paul Vecchiali : pour le premier, le livre composite et vivant de Nicole Brenez et ses documentaires projetés à la BPI entrent en écho avec une rétrospective consacrée à son comparse Jean-Pierre Gorin à Cinéma du Réel. Pour le second, mort le 18 janvier dernier, les souvenirs de sa capacité de travail et d'inventivité inextinguible, telle que se la remémorent ses acteurs, mis à contribution dans ce cinéma libre et « diagonal ».
Les sorties réjouissantes des nouveaux films de Joanna Hogg, Clément Cogitore et Sophie Letourneur, des entretiens avec Ana Katz, Patrick Wang et Michael Roemer et deux livres importants sur deux immenses acteurs du cinéma classique complètent ce numéro.
Ce volume regroupe de nombreux textes publiés par les Cahiers du cinéma de 1967 à nos jours, des témoignages et documents dus aux collaborateurs et amis du cinéaste ainsi que des articles d'autres grands noms du cinéma.
Dans une première partie, Hans Helmut Prinzler livre une biographie détaillée de Lubitsch qui s'organise en deux temps : sa vie en Allemagne et sa vie en Amérique. Cette première partie se termine sur un texte du cinéaste, qui explique sa vision de la mise en scène.
Les deuxième et troisième parties sont constituées d'un ensemble de textes qui permettent de comprendre et d'appréhender le travail de Lubitsch - François Truffaut, Lotte Eisner, Jean Narboni, Charles Tesson, Bernard Eisenchitz - au delà de ses films les plus connus comme Shop around the corner ou To be or not to be.
Enfin, Wolfgand Jacobsen clôt cet ouvrage par une filmographie complète et commentée.
Yoshikata yoda fut le scénariste de tous les grands films de kenji mizoguchi: les contes de la lune vague après la pluie, l'intendant sansho, les amants crucifiés, le héros sacrilège, la rue de la honte, et bien d'autres.
A partir de 1948, et pendant près de vingt ans, il devient le compagnon de route du cinéaste, et bientôt son ami. son ouvrage est un recueil de souvenirs personnels, de documents précieux et de réflexions sur mizoguchi, qui composent une sorte de documentaire sur l'homme et son art: ses rêves, ses joies, ses peines, sa vision du monde, son style, sa méthode de travail, ses rapports avec ses collaborateurs, sa vie.
Depuis un long et mythique voyage pour interviewer les plus grands cinéastes américains dans les années 1980, partir rencontrer ceux qui font le cinéma hollywoodien est devenu un horizon permanent pour les Cahiers du cinéma. C'est particulièrement important aujourd'hui où Hollywood semble plus que jamais avoir une place incertaine dans le paysage cinématographique mondial : les plateformes, la crise des salles, la délocalisation des productions... Il était capital d'interroger cinéastes, producteurs et exploitants pour comprendre que ce cinéma hollywoodien est justement le plus conscient des enjeux esthétiques et industriels qui comptent aussi en France. Dans cette enquête qui le mène des studios Warner aux universités où se forment les jeunes cinéastes américains, Yal Sadat a longuement conversé avec David Lynch, avec Walter Hill, David Robert Mitchell ou encore John Carpenter, dans un entretien fleuve. De Mullholland Drive à Invasion Los Angeles, en passant par Under The Silver Lake et Driver, ces cinéastes ont dessiné un imaginaire de Los Angeles au cinéma que notre envoyé spécial retrace à travers une fine analyse de cette ville-décor.
À ces 40 pages s'ajoutent nos habituelles critiques des sorties du mois (films d'Ari Aster, Alain Cavalier, Lucie Borleteau, Nicolas Philibert...), ainsi que des livres et dvds et un entretien fourni avec Céline Bozon sur son travail de cheffe opératrice.
Pour clore le numéro, invitation est faite à l'écrivaine Nathalie Léger de livrer sa vision de Jeanne Dielman de Chantal Akerman, qui ressort en salles restauré après sa désignation comme Meilleur film de l'histoire par un tonitruant sondage lancé fin 2022 par Sight & Sound.
Tim Burton, jeune dessinateur introverti chez Walt Disney, est devenu l'un des cinéastes majeurs des années 2000. Inventeur d'Edward aux mains d'argent, de Beetlejuice, de Mister Jack, créateur de la série des Batman, réalisateur d'Ed Wood, Mars Attacks !, Sleepy Hollow, Big Fish, ou encore Charlie et la chocolaterie, Les Noces funèbres et Sweeney Todd, Tim Burton a su faire coïncider son univers personnel avec quelques-unes des figures les plus populaires du cinéma américain. L'excentricité de son talent n'est pas incompatible avec les responsabilités quasi industrielles des budgets hollywoodiens d'aujourd'hui. Même un projet comme Alice au pays des merveilles, réalisé sous les fourches caudines de Disney, ne rencontre son intérêt que parce qu'il offre des liens émotionnels forts avec son univers intime. Il demeure l'un des rares cinéastes hollywoodiens à pouvoir réunir tous les publics, des adolescents à la critique, des movie fans aux artistes les plus conceptuels.
Aux photos de film et de tournage, s'ajoutent des dessins de Tim Burton qui donnent au lecteur les clés de son univers féerique et coloré.
La petite bibliothèque des cahiers du cinéma poursuit la réédition des textes essentiels d'andré bazin.
Après orson welles, c'est aujourd'hui charlie chaplin qui reparaît en édition de poche.
La première édition de ce livre parut en 1972, au moment où chaplin lui-même décida de remettre en circulation la totalité de son oeuvre, alors que de nombreux films étaient invisibles depuis longtemps. bazin disparu en 1958, c'est françois truffaut qui fut à l'origine de cette édition. il demanda alors à eric rohmer de compléter l'ouvrage en écrivant sur le dernier film que réalisa chaplin en 1967 : la comtesse de hong kong.
[...] " l'oeuvre de chaplin, bazin la connaissait comme sa poche, on s'en rendra compte en lisant ce livre, mais je puis y ajouter le merveilleux souvenir d'innombrables séances de ciné-clubs où j'ai vu bazin présenter à des ouvriers, des séminaristes ou des étudiants le pèlerin, le vagabond ou d'autres " trois bobines " qu'il connaissait par coeur et qu'il décrivait par avance sans que l'effet de surprise en fût altéré ; bazin parlait de chaplin mieux que personne, et sa dialectique vertigineuse ajoutait au plaisir.
[...] de quoi est fait charlot, pourquoi et comment a-t-il dominé et influencé cinquante ans de cinéma - au point qu'on le distingue nettement en surimpression derrière le julien carette de la règle du jeu, comme on distingue henri verdoux derrière archibald de la cruz, et comme le petit barbier juif qui regarde brûler sa maison dans le dictateur revit vingt-six ans plus tard dans le vieux polonais de au feu les pompiers de milos forman ? voilà ce que bazin a su voir et faire voir.
" françois truffaut
Pour les dictionnaires, Kenneth Anger se situe quelque part dans la rubrique " cinéma expérimental ", figure de l'underground américain, avec à ses côtés Andy Warhol, et il reste davantage connu pour son récit scandaleux, Hollywood Babylone, paru en 1959 chez Pauvert.
Dans sa filmographie pourtant, plusieurs titres sont devenus des films-cultes : Inauguration of the pleasure Dome (1956), rituel érotico-mythologique à la manière de ceux qu'organisait au début du siècle le Mage Aleister Crowley dans son abbaye sicilienne ; Scorpio Rising (1963), mi-document mi-fiction sur les milieux des motards new-yorkais, sur fond de pop music ; Invocation of my Demon Brother (1969), tourné à San Francisco et monté à Londres sur une musique de Mick Jagger.
Kenneth Anger est le premier cinéaste à avoir transcrit frontalement à l'écran les fantasmes homosexuels. Remarqué lors d'un voyage à Paris par Cocteau, il a travaillé quelque temps en France, toujours en butte à al censure américaine. En 1996, une rétrospective de ses films à Paris, a permis à toute une partie de la critique de prendre la mesure de son oeuvre. Pour Olivier Assayas, nul doute que Kenneth Anger est un maillon indispensable pour comprendre le cinéma contemporain.
Tout son cinéma est traversé par la question de la magie du cinéma et des rituels par lesquels elle advient ou au contraire disparaît des images.
Cet Eloge de Kenneth Anger trouve sa place dans l'itinéraire d'Olivier Assayas, qui fut critique aux Cahiers du cinéma avant de devenir réalisateur, ente autre, de Fin août, début septembre, de L'eau froide. Il s'en explique ainsi dans la préface de cet ouvrage : " Il y a une sorte de triptyque, Irma Vep (le film), Eloge de Kenneth Anger (le livre) et enfin HHH.
Le documentaire que j'ai consacré à Hou Hsiao-Hsien, qui sont trois moments d'une réflexion sur le cinéma ; pas le cinéma avec une majuscule, mais le cinéma avec une minuscule, celui plus modeste d'une pratique individuelle, et les questions très singulières qu'il pose à l'existence consciente et inconsciente de chacun ".
Gus van sant a profondément transformé notre regard sur la jeunesse américaine.
En 2003, le jury du festival de cannes, bouleversé par la transposition de la fusillade du lycée de columbine qu'il livre avec elephant, lui décerne la palme d'or. son parcours est fait de métamorphoses successives, des quartiers populaires de portland, " sa " ville, filmée d'abord en noir et blanc dans mala noche jusqu'au san francisco des années 70, reconstitué pour faire revivre la lutte de harvey milk pour les droits des homosexuels.
A la fin des années 80, il représente le jeune auteur indépendant par excellence avec drugstore cowboy, my own private idaho, even cowgirls get the blues. son univers peuplé d'une nouvelle génération d'acteurs ( matt dillon, river phoenix, keanu reeves. ) affirme son identité homosexuelle et mêle les influences du western classique, de la culture " beat ", de la peinture hyperréaliste et des écoles contemporaines de la photographie américaine.
Au milieu des années 90, l'auteur se mue en artisan des studios avec will hunting et a la recherche de forrester. psycho marque le tournant qui le conduit vers gerry, elephant, last days et paranoid park et le statut d'un artiste protéiforme au moment oú l'on découvre qu'il peint, photographie, compose et interprète. l'oeuvre de gus van sant est à la fois neuve et prise dans le mouvement d'une génération.
Chacune de ses périodes place le cinéaste au meilleur poste d'observation, dans l'oeil du cyclone, à partir duquel il ressent et donne à voir les contours du temps présent.