Découvrez le texte fondateur de J.R.R. Tolkien, précurseur des théories sur le conte de fée, le merveilleux et la littérature de Fantasy.
Du conte de fées est l'essai de Tolkien qui correspond le mieux à l'ensemble de son oeuvre créatrice. Il est essentiel à la compréhension des écrits de Tolkien lui-même, et il pose bon nombre de ses principes créateurs, parmi lesquels la sous-création, le concept de Faërie et la valeur de la fantasy. L'objectif de la présente édition est d'ouvrir à l'oeuvre créative et théorique de Tolkien, afin de saisir son raisonnement autour de la littérature dite de Fantasy et le conte de fée.
Cette nouvelle édition française est accompagnée d'une préface de Nathalie Prince, universitaire spécialiste des littératures jeunesse et de Fantasy.
Dans cet essai, Tolkien se pose trois questions : qu'est-ce qu'un conte de fées ? Quelles en sont les origines ? Et surtout : quelle est leur utilité ? Les notions abordées y sont très importantes pour cerner l'importance qu'accorde Tolkien au conte de fées et mieux comprendre l'univers original qu'il a créé au fil de ses ouvrages.
L'Herbe du Diable et la petite fumée est le livre culte de Carlos Castaneda...
Arizona, 1961, rencontre d'un étudiant en anthropologie de l'Université de Californie à Los Angeles, Carlos Castaneda, et d'un indien Yaqui de la province de Sonora, nommé Don Juan. Homme réel ? Présence d'un pouvoir ? Sorcier réincarné ? Inventeur d'un prodigieux roman imaginaire ? On sait seulement de lui qu'il est un homme de connaissance c'est-à-dire l'homme qui maîtrise les « états de réalité non-ordinaire », qui trace un chemin d'une extrême rigueur au milieu des déserts pseudosavants. Parti de la fascination de peyolt dont il croyait tout savoir, Castaneda, accepté comme élève par DonJuan, va apprendre comment s'apprivoise la racine Datura Inoxia, ou encore Jimson Weed : l'herbe du diable, quand on oublie qu'on est un homme pour devenir un chien de lumière errant au Mexique, quand on doit son destin à une cérémonie de lézards, qu'on est un corbeau au vol astral, dix minutes qui durent trois jours...
Ce livre, récit de cette initiation, thèse pour un doctorat en sciences humaines, a été reçu dans le monde entier comme le plus remarquable document de toute la littérature consacrée à la drogue depuis Les Portes de la perception d'Aldous Huxley.
Les quatorze essais regroupés dans ce volume, publiés à l'origine dans divers journaux et revues, couvrent une période allant de 1960 à 1985. James Baldwin y évoque les marches pour les droits civiques, les raisons de son exil en France, ses rencontres avec Martin Luther King, sa critique de l'éducation aux États-Unis ou encore sa célébration de la langue noire. Explorant les tensions et non-dits qui touchent son pays, Baldwin offre une analyse pertinente, sévère et subtile de la société américaine qui n'a rien perdu de son actualité ni de sa nécessité.
Ces textes dressent le portrait d'un homme dont la perspicacité, l'engagement et l'écriture ont ouvert la voie à de futurs grands écrivains noirs américains.
« Je suis entièrement redevable à la prose de James Baldwin. » Toni Morrison
Essai-journal sur les « dépossédés » de Londres, Glasgow et Belfast publié en 1990 en Angleterre, ce livre témoigne des souffrances engendrées par la pauvreté. Robert McLiam Wilson affirme très vite qu'il a entrepris ce livre pour se débarrasser des idées reçues sur la pauvreté et pour battre en brèche la politique thatchérienne et ses effets catastrophiques sur ce que l'on appelle pudiquement « les classes défavorisées » anglaises à la fin des années 80 et au début des années 90. Construit en trois parties (une par ville) et écrit à la première personne, ce livre décrit une succession de rencontres dans des centres d'hébergement ou d'accueil ou des cités habitées par les «dépossédés». Ces rencontres donnent lieu aux réflexions de Robert McLiam Wilson qui a lui aussi fait cette expérience de la misère. D'ailleurs il ne prétend à aucune objectivité : il adopte l'attitude du « nouveau journaliste » à l'américaine où le point de vue subjectif est toujours revendiqué. Robert McLiam Wilson démonte l'un après l'autre tous les préjugés « moraux » qui s'attachent aux « pauvres » et critique l'aspect mensonger et anesthésiant des statistiques. Les nouveaux barèmes mis en place par les économistes thatchériens sont un écran de fumée fallacieux, conçus pour faire croire à une baisse de la pauvreté alors que cette dernière n'a fait qu'augmenter au Royaume -Uni pendant l'ère Thatcher. Mieux, les chiffres ont en eux-mêmes un côté déshumanisant, rassurant, abstrait qui permet d'oublier la réalité brutale de la pauvreté que McLiam Wilson s'attache à décrire avec compassion, humanité, intelligence.
Si aucune conclusion ni aucune découverte majeure d'ordre sociologique ou autre ne conclut ce livre, toutes les idées et les théories reçues sont passées à la corbeille : la déconstruction est souvent source de mélancolie. Mais la colère de l'auteur devant la théorie thatchérienne du « trickling down » est tout sauf mélancolique. Cette théorie particulièrement cynique affirmait contre toute évidence que la richesse des très riches finirait bien par rejaillir, magiquement et au bout d'un temps indéterminé, sur les pauvres et les très pauvres. La réalité a prouvé le contraire : les riches se sont enrichis sous Thatcher, les pauvres appauvris. Cet essai a en plus le mérite d'éclairer le personnage de Robert McLiam Wilson. On pourrait presque y lire un fascinant autoportrait involontaire, donné en sus, en contrebande, derrière une enquête minutieuse et éreintante qui met à nu les conditions matérielles de la misère.
Voici enfin publié pour la première fois, plus de soixante-quinze ans après sa rédaction, un reportage signé James Agee que l'on croyait à tout jamais perdu, une enquête sur le métayage du coton dans l'Alabama qui devait donner lieu, plusieurs années plus tard, au célèbre ouvrage Louons maintenant les grands hommes (1941).
En 1936, le magazine Fortune, pour lequel Agee travaille, décide de l'envoyer dans l'Alabama afin de décrire les conditions de vie de trois familles de métayers du coton. Agee insiste pour que le photographe Walker Evans l'accompagne et c'est ainsi que les deux hommes vivront plusieurs semaines durant avec les Burroughs, les Tingle et les Fields. Tandis qu'Evans réalise certains de ses clichés les plus célèbres, Agee décrit minutieusement les existences de ces hommes, femmes et enfants, afin que nous en comprenions parfaitement chacun des aspects, qu'il s'agisse du travail, de la nourriture, des maisons, des vêtements, de la santé, de l'éducation ou des loisirs.
Profondément bouleversé et indigné par les conditions de vie ces trois familles de métayers, Agee a produit un compte rendu journalistique qui émeut par sa beauté et sa virulence, une charge contre le capitalisme qui explique, à n'en pas douter, pourquoi Fortune rejeta l'article et qui demeure, de nombreuses décennies plus tard, d'une féroce actualité.
Les textes que regroupe ce volume sont tantôt des protocoles d'expériences scientifiques menées avec des amis, tantôt des comptes rendus d'ivresse solitaire. Il forme l'ébauche d'un livre sur le haschich qui ne vit pas le jour.
La curiosité de Benjamin, une référence probable à Baudelaire, des motifs personnels, mais surtout l'extension kaléidoscopique de la conscience (" avec le haschisch, nous sommes des êtres de prose de la plus grande puissance "), tous ces motifs convergent dans l'expérience commencée en 1927 et poursuivie surtout dans les années 1930-1931, dont Benjamin dit qu'elle a comporté une " félicité rythmique " semblable à celle de dévider un écheveau savamment embrouillé : félicité dans la quelle réside " le bonheur de toute productivité ".
Ce volume rassemble la plupart des textes autobiographiques de Walter Benjamin. De 1906 à sa mort, Benjamin, sans avoir, semble-t-il, tenu régulièrement de journal, obéit à sa propre injonction : " Ne laisse passer aucune pensée incognito, et tiens ton carnet de notes avec autant de rigueur que les autorités tiennent les registres des étrangers. " Ce registre, Benjamin l'ouvre à l'occasion de voyages (Italie), d'une rencontre importante (Brecht) ou lorsque affluent les souvenirs d'enfance : c'est alors la Chronique berlinoise, d'autant plus précieuse qu'elle n'est rythmée que par l'épiphanie du souvenir. On sait que Benjamin proscrivait le " je " de ses textes ; s'il semble déroger à cette règle ici, c'est au moyen de la note, où celui qui écrit se tait pour laisser parler les choses et fixer les idées au moment où elles surgissent. Ces textes, souvent fragmentaires, témoignent par leur diversité de la cohérence d'une pensée ; ils ne livrent pas seulement les matériaux infatigablement recherchés des chantiers à venir, ils donnent à lire le parcours d'une vie où les crises personnelles font souvent entendre leur écho.
Ce volume prend sa place naturelle après Trois pièces radiophoniques déjà parues dans la même collection. Il regroupe en effet les émissions destinées à la jeunesse réalisées par Benjamin avant la main-mise des nazis sur la radio.
Ici, Benjamin cherche à renouveler le conte. " Comment ? Par des récits qui semblent inspirés de Baudelaire et de Kafka, des récits qui associent curieusement l'escroquerie et la catastrophe et qui, comme en passant, traduisent la vision benjaminienne de l'Histoire comme une catastrophe continue. De qui est-il question ? De brigands et de charlatans, de sorcières au bûcher, d'escrocs, d'imposteurs, de marginaux, de personnages suspects comme Cagliostro ou Faust, de bootleggers de la Prohibition, et même d'un faux messie blasphémateur, le fameux Sabbataï Zevi dont Benjamin a découvert l'existence grâce à son ami Gershom Scholem. Autant de personnages qui cherchent à survivre dans un contexte général de catastrophe : le tremblement de terre de Lisbonne, les inondations du Mississippi, la destruction de Pompéi, etc. Les contes pour enfants de Benjamin ne sont pas des contes de fée, ils adressent plutôt un avertissement aux jeunes gens, un avertissement prophétique [...]. En cela, ces contes de la catastrophe imminente demeurent fidèles à la vocation des contes traditionnels qui, dans l'esprit de Benjamin et d'Ernst Bloch, doivent aussi être des récits d'émancipation, animés malgré tout par un principe d'espérance, ô combien fugitif, à l'opposé des mythes asservissants. " (Jean Lacoste, La Quinzaine littéraire) Que Benjamin ait été aussi un conteur, on le savait déjà. Mais ici, à travers les prismes de l'enfance et la profusion labyrinthique de récits hantés par le merveilleux, c'est le projet d'une pédagogie libre qui s'énonce familièrement, à la façon des devinettes. Tant dans le " je me souviens " berlinois qui ponctue le livre que dans l'évocation d'évènements lointains, ces " lumières " pour enfants clignotent pour tous comme le butin enjoué de ce collectionneur d'histoires qu'était Benjamin.
Les trois pièces que rassemble ce recueil sont des travaux réalisés par Walter Benjamin pour la radio, peu avant son exil. Ils articulent plusieurs plans fondamentaux de son expérience. Tout d'abord, ils donnent une dimension pratique à la question des moyens de reproductibilité technique abordée quelques années plus tôt. Ensuite, ils sont contemporains du rapport à Brecht et par conséquent à la question de la possibilité d'un théâtre didactique moderne. Enfin, ils sont, et la pièce consacrée à Lichtenberg notamment, à mettre au compte de cette activité de sauvegarde que, parallèlement à sa grande exploration du Paris de Baudelaire, Benjamin allait entreprendre. Il ne pouvait accepter qu'avec l'usage nazi de la langue et de la culture, ce soit toute une culture, justement, qui soit ensevelie.
Si l'homme est bien « l'existant qui présente », alors il lui aura fallu inventer les outils et les formes de cette présentation : le langage, le dialogue, la représentation. Mais quels sont les enchaînements et les limites de ces formes ? Et comment le théâtre, qui les rassemble, peut-il, via l'espacement de la scène, ne pas les trahir ?
Ce sont ces questions qui trament les deux dialogues ici reproduits : Scène, qui fut publié en 1992 dans la Nouvelle revue de Psychanalyse, et Dialogue sur le dialogue, qui date de 2004 et qui en fut le prolongement.
Deux moments de haute intensité du travail en commun mené par les deux philosophes.
« Jardins et routes : ce titre paisible surprend, appliqué à un journal de la « drôle de guerre » et de la campagne de France de septembre 1939 à juillet 1940. C'est que l'auteur, glorieux soldat de la guerre précédente, a, selon sa devise, « mûri dans les tempêtes », et que ce quadragénaire s'intéresse, ni à la technique de la destruction ni à la recherche de la supériorité, mais à ce qui survit après toutes les batailles : le fleuve, les roseaux, les rigueurs intemporelles d'un hiver presque semblable aux autres ; le calme des vastes plaines françaises et la splendeur des jardins, à peine troublés par l'agitation et le passage des guerriers et des fugitifs ; les témoignages d'une très ancienne civilisation, qui a connu bien d'autres épreuves et en connaîtra encore. ». (Henri Plard)
« Réunissant les chroniques de « choses vues » et d'événements de la vie personnelle d'Ernst Jünger, deuils, doutes, rencontres et aventures, ces journaux de guerre et d'occupation, qui couvrent la période de sa vie au presbytère de Kirchhorst dans le Hanovre de 1939 à 1948, ont aussi le caractère ésotérique d'un voyage initiatique. Ce dernier aspect apparaît plus clairement que jamais dans ce dernier volume, à la fois descente aux Enfers et, même aux pires moments, contact avec les sources de la vie profonde : le retour au pays natal, celui de l'enfance, où les villes sont détruites, mais la campagne et les rythmes de l'existence paysanne immuables ; le retour auprès des siens, dont la sollicitude et la tendresse le protègent à travers les misères et les dangers de l'occupation ; enfin, retour au passé et tentative de ressaisir dans la mémoire les débuts d'un glissement vers l'abîme du nihilisme absolu, dont Jünger touche le fond, avec tous ses compatriotes, en 1945.
Selon ses centres d'intérêt, le lecteur trouvera dans ce volume, [enrichi d'un texte intitulé le « feuillets de Kirchhorst »], un témoignage sur des faits mal connus en France, les premières années de l'après-guerre en Allemagne ; la relation d'un itinéraire spirituel ; ou, plus profondément, un dessin qui peut s'appliquer à toute existence en esprit, un art de mourir pour renaître, selon le précepte du vieux Goethe. » (Henri Plard)
Trente-cinq ans après la publication de son premier recueil d'essais, le désormais classique Contre l'Interprétation, Susan Sontag a choisi plus de quarante textes plus ou moins longs, écrits ces vingt dernières années. Ces textes montrent un champ profond et varié d'intérêts, de passions, d'observations et d'idées. Accent tonique témoigne de l'engagement sans faille de ce grand écrivain américain face aux problèmes moraux et esthétiques les plus importants de la fin du XXème siècle et fournit une analyse brillante et claire de l'enjeu, dans ce nouveau siècle, de la survie de cet héritage.
Cet essai a paru en mars 1961, au moment le plus tragique de la guerre d'Algérie : au lendemain du référendum sur l'autodétermination, qui ouvrait la voie à une négociation sur l'indépendance, et à la veille de l'insurrection du " quarteron de généraux ", comme l'avait baptisé le général de Gaulle, décidé à mobiliser les Européens pour conserver l'Algérie française.
Revenu d'Algérie, où il avait été professeur à Oran de 1958 à 1960, Pierre Nora avait écrit à la hâte ce petit livre, mélange qui tenait du pamphlet de citoyen en colère, du récit d'une expérience vécue et de l'analyse historienne. Il pointait pour la première fois et avec éclat les ambiguïtés d'un supernationalisme illusoire et flamboyant, dans une situation qui tenait à la fois d'une indéniable appartenance protectrice à la Métropole et d'une domination coloniale inavouée.
Une réaction inattendue lui vint de Jacques Derrida, dont il avait été le condisciple en khâgne et qui était resté un ami. En cinquante pages manuscrites truffées de notes, celui-ci, pour l'unique fois de sa vie, prenait appui sur ce livre pour se mettre à jour avec son Algérie natale. Ce texte est pour la première fois présenté aux lecteurs, dans cette nouvelle édition des Français d'Algérie.
Les deux dialogues composant ce volume appartiennent à ce moment où, pour les auteurs, l'interrogation philosophique sur le politique croisait les faisceaux de questions mises en avant par la psychanalyse.
À la lumière de l'approche freudienne du phénomène politique, ce sont les conditions de possibilité de l'existence collective qui sont interrogées.
Dès lors qu'a pu être éloignée l'imposition d'une Figure (Dieu, Père, Chef, Peuple), comment et sur quoi étayer un être-ensemble capable d'échapper au délitement et à la panique ?
Ces Carnets de guerre 1914-1918 constituent un texte de première importance, qui permet de porter un regard neuf sur les débuts de l'écrivain.
Entre ces Carnets, notes prises sur le vif par un jeune engagé volontaire de dix-neuf ans, dans une quinzaine de petits carnets d'écolier qu'il portait constamment sur lui, même en pleine bataille, et les Orages d'acier, cette réécriture raffinée, rédigée après la défaite allemande par un brillant débutant qui découvre peu à peu les ressources de la littérature, il y a toute la différence entre un témoignage brut et une oeuvre d'art.
On connaissait depuis longtemps l'existence de ces petits carnets qui ont servi de matière première à Orages d'acier et aux deux autres récits que Jünger a tirés de cette expérience de la guerre, Feu et Sang et Le Boqueteau 125, mais ils n'ont été édités en Allemagne qu'à l'automne 2011. La première étude universitaire exhaustive à leur sujet avait été celle d'un jeune chercheur anglais, John King, publiée en 2003 sous un titre volontairement provocateur à propos d'un auteur considéré comme un apologiste sans réserve de la guerre. Il s'agit d'une phrase extraite des Carnets 1914-1918, et qu'on n'attendait pas d'Ernst Jünger : Quand donc cette guerre de merde va-t-elle enfin se terminer ?
Déjà dans ce titre, la nouveauté de l'oeuvre éclate, par rapport aux textes connus de Jünger. Par ailleurs, les différentes allusions de Jünger à ces carnets, souvent tachés de boue ou de sang selon ses propres termes, laissaient croire qu'il s'agissait de notes hachées, quasi sténographiques, arrachées à l'action et presque illisibles telles quelles. Or ce n'est pas du tout le cas ; il s'agit d'un texte généralement bien rédigé et très fort émotivement, même s'il ne témoigne pas encore de la maîtrise stylistique acquise plus tard par l'écrivain. En tant que témoignage direct, on peut même le considérer comme plus intéressant que les oeuvres littéraires que Jünger a ensuite publiées à partir de lui, car son authenticité est évidemment bien plus grande. En soi, ces Carnets mériteraient notre attention, même s'ils n'avaient pas été rédigés par un grand écrivain. Malgré ses quatorze blessures, Jünger est constamment reparti en première ligne, et il est l'un des rares témoins du conflit à avoir jour après jour enrichi sa chronique, quatre années durant sur le front, à Verdun et sur la Somme.
Ces carnets présentent par ailleurs un double intérêt en tant qu'oeuvre de Jünger. Ils révèlent d'abord des aspects inconnus ou volontairement voilés de sa personnalité complexe : sa brève idylle amoureuse avec une jeune Française, pudiquement évoquée dans Orages d'acier, est ainsi plus largement développée ; de même, les aspects terre-à-terre de la vie quotidienne du soldat (mauvaise nourriture, beuveries, bagarres, passages au bordel etc.) sont beaucoup plus présents ; et l'on découvre un aspect bien plus frondeur du lieutenant Jünger par rapport à la hiérarchie militaire que l'on n'en pouvait juger d'après les oeuvres publiées.
« La plume est plus forte que l'épée. » Nous aimerions le croire, mais est-ce bien vrai ?
Quel est le poids de la parole face aux armes ? C'est la question que pose Frank Westerman. Pour tenter d'y répondre, il entraîne le lecteur dans des situations très variées, comme dans un road movie, avec du suspense et non sans une pointe d'humour.
Enfant, Frank Westerman a été témoin, dans la petite ville où il habitait, de la prise d'otages d'un train par des Moluquois. Il nous fait revivre de façon poignante les différentes actions des rebelles moluquois et les longues et patientes négociations qui les accompagnent. Plus tard, comme correspondant, il a assisté aux représailles russes face à la terreur tchétchène. Il compare différentes approches : la méthode douce, dite « approche hollandaise », qui consiste à négocier, à gagner du temps pour tenter de convaincre les terroristes de renoncer à leur action et pour éviter à tout prix la violence et la méthode dure, celle de Poutine, contre les Tchétchènes par exemple, lors de la prise d'otages au théâtre de Moscou, qui a fait 128 morts, et de l'école de Beslan - 331 morts dont 150 enfants.
Frank Westerman prend un café avec un ex-preneur d'otages qui se confie longuement à lui. Il assiste avec le personnel navigant de la KLM à un stage d'entraînement comprenant une simulation de prise d'otages, puis à un stage pour apprendre à gérer la violence au personnel de différents corps de métiers régulièrement exposés à des situations critiques. À Paris, Frank Westerman assiste à une biennale rassemblant les experts du monde entier en matière de terrorisme. Les informations apportées sur l'évolution du terrorisme par Guy Olivier Faure, professeur en négociation internationale, permettent au lecteur de se forger une opinion sur l'évolution du terrorisme et sur les réponses possibles.
Dans cet essai, Frank Westerman, sans donner de réponse catégorique, invite le lecteur à réfléchir avec lui sur le terrorisme et sur la façon de l'affronter.
« Être emporté en pleine jeunesse par 1914 n'a pas été une expérience moins abominable qu'en 1939... en 1918, tous mes amis proches, sauf un, étaient morts. » C'est en ces termes que J.R.R. Tolkien répondait aux critiques qui voyaient dans Le Seigneur de
La maladie comme metaphore/le sida et ses metaphores la maladie comme metaphore/le sida et ses metaphores Kafka pensait que la tuberculose était le « germe de la mort », Georg Grodeck affirmait que « ce qui n'est pas fatal n'a rien à voir avec le cancer ». A partir de métaphores suscitées par le cancer, Susan Sontag analyse aussi bien les sources médicales et psychiatriques que les textes littéraires, de l'Antiquité aux temps modernes, de Keats à Dickens, Baudelaire, James à Mann, Joyce, Mansfield et Auden. Battant en brèche la théorie du XIXè siècle qui suppose un type de personnalité prédisposé psychologiquement à la tuberculose, elle examine et conteste les interprétations psychologiques de notre siècle qui ne sont qu'un spiritualisme sublimé. Elle démystifie les fantasmes idéologiques qui démonisent certaines maladies et, par extension, culpabilisent les malades. En observant la rhétorique qui s'inspire de l'art militaire dès que les théoriciens de la politique (de Machiavel à Hitler, en passant par Nietzsche, Marinetti, Gramsci et Trotski) emploient l'imagerie de la maladie, Susan Sontag dénonce dans un essai aussi vif qu'argumenté cet abus de langage qui ferait de la maladie une métaphore. Après le cancer, le sida réactive le spectre de l'épidémie dont le monde moderne se croyait débarrassé. Certains en font la « peste » de notre temps, le chà¢timent infligé par Dieu aux groupes « déviants » ; pour les néo-conservateurs, l'apocalypse rôde, les exclusions s'imposent, la « moralisation des moeurs » balaie leur « libération » des années 30. Susan Sontag dénonce ce catastrophisme qui justifie un contrôle accru de l'Etat à travers le sida. Elle propose une réflexion extraordinaire d'intelligence et de culture historique, littéraire, philosophique, sur la propension qu'a l'homme à s'emparer d'une maladie pour y greffer les métaphores les moins innocentes. susan sontag Susan Sontag est née en 1933 à New York. A l'à¢ge de trente ans, elle publie son premier roman, Le Bienfaiteur (Le Seuil, 1965), une étude sur la formation de la personnalité. Dans les années 60, elle écrit pour différents magazines et revues. Très engagée à gauche, figure de la scène new-yorkaise, elle est proche d'intellectuels français comme Roland Barthes, auquel elle a consacré un livre (L'écriture même :
à propos de Roland Barthes Christian Bourgois). Elle publie en 1977 un essai, Sur la photographie où elle s'interroge sur la différence entre réalité et expérience. Elle défend le concept de « transparence », autrement dit de l'évidence de l'oeuvre, avant toute interprétation. Elle publie également de nombreux romans, dont L'Amant du volcan (1992) et En Amérique (1999) pour lequel elle a reçu le National Book Award. Par ailleurs, le Prix Jérusalem lui a été attribué en 2001 et le Prix de la Paix des libraires à Francfort en 2003 pour l'ensemble de son oeuvre. Elle est morte le 28 décembre 2004. Traduit de l'anglais (états-Unis) par Marie-France de Paloméra et Brice Matthieussent La publication de ce titre au format de poche s'inscrit dans un programme de publication de titres inédits et épuisés de Susan Sontag aux éditions Bourgois de 2008 à 2011. PAGE 1 PAGE 1
L'acte de création repose-t-il sur une nécessité ? Et si oui, laquelle ? Si « créer, c'est jouir », de quelle nature est le désir qui préside à la naissance comme à l'amour des oeuvres ? Telles sont les questions autour desquelles Paul Audi a choisi de rassembler dans ce livre, parfois léger et parfois grave, des essais composés par lui au cours des dix dernières années.
En s'appuyant sur certains phénomènes (la pulsion, l'incarnation, le sexe, le désespoir, l'amour, l'esprit), l'auteur cherche ici à éclairer la façon dont l'alliance de l'éthique et de l'esthétique pourrait encore dresser des pôles de résistance à une époque, la nôtre, où le simulacre est devenu le seul mode de représentation agréé et où la pulsion de mort règne sur la culture dite dominante.
Né en 1963, Paul Audi est normalien, agrégé de philosophie, docteur en philosophie. Il est à ce jour l'auteur d'une thèse sur J.-J. Rousseau, d'une quinzaine d'ouvrages et d'une trentaine d'articles, dont la plupart sont consacrés aux relations entre l'éthique et l'esthétique en Occident, au cours des Temps Modernes. Estimant que ces relations ne peuvent être prises en compte sans que l'on s'interroge en même temps sur les tenants et les aboutissants de la subjectivité humaine, Paul Audi vise à fonder sur cette base une « éthique de la création » à laquelle, depuis son ouvrage Créer, il donne le nom d' « Esth/éthique ».
Le Sida, à l'inverse du cancer, renoue avec la sombre tradition enfouie de l'épidémie, à laquelle le monde moderne croyait avoir échappé depuis l'épidémie de grippe espagnole du début du XXe siècle. Le Sida réactive le fantasme de la peste, divise de nouveau le monde entre " eux " et " nous ", encourage les exclusions, ségrégations, racismes divers. Certains en font le châtiment infligé par Dieu aux groupes " déviants ", pour les néo-conservateurs l'apocalypse rôde. Susan Sontag explore les métaphores liées au Sida et dénonce le catastrophisme justifiant un contrôle accru de l'Etat. Cet essai brillant, d'une grande intelligence, aussi simple qu'incisif, explore toutes les rhétoriques qui se sont greffées sur cette maladie.
Situé dans les années 1950, en Virginie-Occidentale et en Corée, Lark et Termite est une histoire du pouvoir de la perte et de l'amour, de mondes parallèles, des répercussions de la guerre, de secrets de famille, de rêves, de fantômes, des liens invisibles, presque magiques, qui nous unissent et nous renforcent.
Quatre voix alternent pour dévoiler, au gré de leurs émotions, les secrets de cette histoire familiale. Au centre du récit : Lark, une adolescente radieuse ; son jeune frère handicapé, Termite, à la sensibilité hors du commun ;leur tante Nonie, qui les élève avec dévouement. En écho, nous parvient la voix du caporal Leavitt, le père de Termite, piégé dans le chaos des premiers mois de combat de la guerre de Corée. Au fil de leurs pensées surgissent et s'évaporent les mystères familiaux, marqués par l'amour de Lola, la mère des deux enfants, pour le soldat Leavitt.
« Ce roman est taillé comme un diamant, avec la même authenticité vive et des éclairs de lumière. » (Alice Munro) « Lark et Termite est un livre extraordinaire et lumineux. C'est une surprenante prouesse de l'imagination. » (Junot Díaz)