De l'extase aux abîmes du péché, Baudelaire explore les dédales de la conscience. Il nous fait partager le drame qui se joue en lui et qui n'est autre que celui de la tragédie humaine.
Recueil condamné par la censure, cette oeuvre est l'archétype d'une nouvelle esthétique où beauté et sublime se côtoient.
La Halle est une fable contemporaine, réaliste et endiablée, qui raconte la cohabitation laborieuse d'hommes et de femmes dans une halle grande comme le monde, où ils viennent travailler, boire, manger et tenter de rêver. Le rêve, pour certains, c'était encore la galerie d'art au premier étage de la Halle. Mais elle fermera ce soir, bientôt remplacée par un supermarché végétalien. Dans le microcosme de la Halle, l'annonce de ce changement de voisinage fait l'effet d'une secousse : bref on en parle, on juge, on prend parti. Depuis son étal et dans l'attente d'une surprise qui tarde à venir, le vendeur de saucissons, ami du galeriste sacrifié, fait la chronique de cette journée où tout s'accélère, révélant quelles illusions, peurs et rancunes agitent la faune de la Halle, si désespérément humaine. Or au procès du sacrifice on ne trouve ni coupables, ni accusés, car c'est la Halle seule, ce Moloch, qui décide du sort des enfants qu'on lui jette. Qui aura le courage d'abattre la bête ?
Le désordre somptueux d'une passion exotique, éclat d'un météore, selon mallarmé ; un ange en exil aux yeux d'un bleu pâle inquiétant, pour verlaine.
Un " éveil génial ", et c'est le bateau ivre, une " puberté perverse et superbe ", puis un jeune homme brièvement " ravagé par la littérature ", le maître d'une " expression intense " aux sujets inouïs - tout cela dans un mince volume, dû au poète touché, puis déserté, par le génie, " aventure unique dans l'histoire de l'art ".
En 1943, François-René Daillie rencontre Maurice Betz, l'un des grands traducteurs de Rilke, et entreprend lui-même ses premières traductions du poète. C'est en 1948 qu'il s'engage dans la traduction des Elégies...
Voici donc le résultat de cinquante années de travail et de perfectionnements. Les dix Élégies n'ont jamais, à notre avis, atteint cette force poétique en version française. C'est à une lecture réellement nouvelle de ce chef-d'oeuvre que nous convie ce livre.
Clefs concours.
S'adressant à tous les candidats aux concours, en particulier Agrégation et CAPES, Clefs concours offre une synthèse par sujet. Conçu comme un repère par rapport aux monographies et aux cours et comme un outil de révision, chaque ouvrage est articulé autour de fiches thématiques permettant de faire le point sur les acquis de la recherche. Synthèse des travaux les plus récents, Clefs concours permet de s'orienter dans la bibliographie et de mettre en perspective l'évolution des savoirs.
Clefs concours Lettres. Tous les titres sont organisés autour d'une structure commune des repères : un rappel du contexte historique et littéraire ; les grandes "thématiques", indispensables à la compréhension des enjeux de l'oeuvre ; le "travail du texte" consacré aux questions de langue, de stylistique et de grammaire ; des outils méthodologiques : chronologie, glossaire, bibliographie ; un système de circulation entre les fiches et les références bibliographiques.
Écrits en 1922 à Muzot, dans le Valais, en « quelques jours de saisissement immédiat » et conjointement aux dernières Élégies de Duino, auxquelles ils sont jumelés, les Sonnets à Orphée, sont une oeuvre magistrale et cristalline de Rilke. Après des décennies de traductions diverses, ils n'ont pas perdu un iota, ou un électron, de leur magnétisme, de leur puissance dionysiaque. Rilke affirme « le chant est existence » et son chant perpétue, en effet, une vibration lyrique de l'existence et de la pensée.
Abdellatif Laâbi est un écrivain imprévisible.
On dirait que sa devise est de ne pas être là où le lecteur l'attend. Le présent ouvrage en est la parfaite illustration. S'agit-il d'un livre de mémoires, d'un journal intime, d'une relation de voyages, d'un récit avec un dosage ingénieux d'autobiographie et de fiction de soi ? A moins qu'il ne s'apparente au genre des confessions, dans le sillage de saint Augustin et de Rousseau ? Voilà autant de vraies-fausses pistes où Laâbi, le sourire en coin, engage le lecteur.
Son souci ? Faire en sorte que ce dernier mette ses pas dans les siens, devienne témoin et partie prenante de la nouvelle aventure littéraire et humaine qu'il lui propose. Imprévu, de l'aveu de l'auteur, ce livre interroge avec un humour parfois ravageur nos modes de perception, de lecture, et nos questionnements. Traversée fulgurante des saisons de la vie, quête spirituelle, témoignage à vif, il nous replonge (chose cette fois prévisible venant de Laâbi) dans les convulsions de notre époque et ses combats salutaires.
Les murs de la salle d'exposition sont couverts de tableaux, ils sont tous tellement beaux qu'on ne sait plus où donner de la tête, devant lequel s'attarder. Alors, on ne s'attarde pas.
Dans la pénombre, au fond d'une salle, est accroché un seul petit tableau, l'assistance est silencieuse, recueillie. Il s'agit d'un dessin de Raphaël, une vierge belle à se damner. Je m'arrête devant la devanture d'un kiosquier. Les étagères ploient sous le poids des journaux, des revues, souvent jamais lues. Le marchand de journaux est débordé, il n'a plus de place.
Je viens d'acheter un nouveau poste, il me garantit 1350 stations. Je ne peux plus entendre ma radio préférée, il y a trop de stations, elles se brouillent.
Sur l'appareil qu'on m'a offert, je peux stocker plus de 1000 chansons.
Mon nouveau téléviseur me promet 500 chaînes.
Je suis arrêté dans un embouteillage depuis plus d'une heure, il y a trop de voitures.
J'ai voulu acheter les sonates pour piano de Mozart, il y a 50 interprétations. Comment choisir ?
Au supermarché, j'ai compté 40 marques de gâteaux secs. Je n'en ai pas acheté.
Le prince a 400 femmes dans son harem, il a l'embarras du choix. Chaque soir, il hésite, se morfond. Quand il choisit une brune, il pense aux blondes, quand il choisit une blonde, il pense aux brunes.
J'ai le syndrome du harem. J'ai le choix, j'ai surtout l'embarras du choix.
J'imagine une forêt hirsute, les arbres sont côte à côte, trop serrés, ils s'étouffent, la forêt va bientôt mourir.
On va couper quelques arbres pour mon nouveau livre.
Il sort une centaine de livres par jour, je pense à mon petit livre. Au bout d'une semaine, il va disparaitre, écrasé par 600 livres.
Mon prochain livre, je vais l'appeler TROP.
« [.] Votre roman, madame, c'est un cadeau que vous faites à ma patrie, et je suis heureux d'être le premier à pouvoir vous en dire merci. Rarement, une lecture romanesque m'a tant ému. Ce livre est plein d'échos, de chants et de rumeurs : encore une fois, comment n'être pas fier que vous ayez trouvé que seule notre langue pouvait les faire entendre ? Vous prendrez donc place dans la littérature française, et puisse votre exemple être compris ! » ARAGON.
Tels sont les termes de la lettre d'Aragon à Melpo Axioti, le 3 octobre 1948, à la réception de République-Bastille, le roman qu'elle écrivit quand elle était à Paris, avant d'être expulsée vers l'Allemagne de l'Est. Elle ne l'a publié ni en français, ni en grec, et n'en a plus jamais reparlé par la suite. Le livre est bouleversant, le verbe saisissant. Il raconte, au lendemain de la guerre, l'expérience parisienne d'une jeune femme grecque, Lisa. Il y a tout d'abord ce regard étonné que l'étrangère porte sur l'espace, l'architecture ou les habitudes des Français tout en s'appropriant les coutumes du pays. On nous dit ensuite l'histoire récente de la Grèce, celle des destructions causées par la guerre, des exécutions, de la famine athénienne de l'hiver 1940 qui tua 300 000 habitants. Au fil des pages, Lisa révèle son passé de résistante, d'amante aussi, depuis l'âge de douze ans, de son jeune instituteur jusqu'à la rencontre de Georges, le Parisien.
La Page arrachée est le roman du métissage. Entre Juliette, Française issue d'un milieu petit bourgeois du Sud de la France et Faouzi, Marocain illettré au passé douloureux, une vie commune est-elle possible ? Ils approchent l'un et l'autre de la soixantaine et ont une histoire, une culture, une religion à assumer et à faire accepter à leurs entourages. Ces obstacles se dressent comme autant de défis à vaincre. Les enfants de Faouzi, un garçon et une fille, transportent une partie du destin de leur père. Celui-ci sera-t-il en mesure d'apaiser les vieilles querelles, de dissiper les mensonges ? Comme une parabole, l'apprentissage sur le tard de la lecture permet à Faouzi d'approcher la vérité, de retrouver sa fille, et de vivre pleinement avec Juliette.
Rabindranath Thakur dit Tagore (1861-1941). Né à Calcutta dans une famille de lettrés opposés au système des castes, Tagore devient célèbre à seize ans en rédigeant une oeuvre qu'il fait passer pour celle d'un poète indien du XVIIe siècle. Il écrit aussi la première nouvelle en langue bengalie. Après des études de droit en Angleterre, il revient au Bengale en 1880. Infatigable voyageur, engagé en faveur de l'indépendance de l'Inde et d'un changement de la condition des femmes, il reçoit en 1913 le prix Nobel de Littérature qui assoit durablement son oeuvre parmi les plus importantes de la littérature mondiale. Ayant touché à tous les genres (poésie, romans, théâtre, musique et même peinture) c'est néanmoins sa poésie qui fit l'admiration de André Gide, Maurice Maeterlinck, Pierre Jean Jouve, Henri Bergson, Thomas Mann, Bernard Shaw et de beaucoup d'autres.
Qui est Mathieu Grimaud, le narrateur de cette étrange histoire qui, quinze ans après l'incendie de sa chambre, reste persuadé que sa mère a voulu se débarrasser de lui ? Et qui est Mathilde Grimaud, cette mère distante, ex-ministre et présidente d'entreprise, qui a pour seule amie son assistante ? Que cherche Irène, l'assistante dévouée, auprès d'une femme qu'elle vénère et jalouse tout à la fois ? Les trois personnages cohabitent dans un hôtel particulier, avenue Montaigne à Paris, entourés d'une armée de domestiques. Les vies de Mathieu, Irène et Mathilde sont bousculées par l'arrivée d'un quatrième personnage, Olivier Legendre, dont Mathieu est secrètement amoureux. À partir de là, l'histoire de famille bascule inéluctablement dans la tragédie et la folie, et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Publié pour la première fois en 1968, indisponible en librairie depuis longtemps, Une adolescence au temps du Maréchal est le livre essentiel pour comprendre le parcours d'Augiéras.
Il débute avec l'entrée de son auteur en onzième, au Collège Stanislas, à Paris, et s'achève sur son engagement, en 1958, dans une compagnie méhariste dans le sud algérien. Le Paris qu'Augiéras découvre enfant est une ville sinistre qu'il prend en aversion, et c'est avec soulagement qu'il s'installe, en 1933, à Périgueux. Dès 1938, à treize ans, il délaisse le collège pour la bibliothèque municipale où il découvre Gide, Nietzsche et Rimbaud.
En 1941, il entre dans un des mouvements de jeunesse qui prolifèrent sous Pétain mais, dès 1942, il s'en détache pour devenir acteur dans un théâtre ambulant puis gardien de jeunes délinquants. S'engageant, en 1944, au cinquième dépôt de la flotte à Toulon, il se retrouve à Alger où il ne s'attarde guère, pressé de rejoindre le sud qu'il pressent être son véritable pays. De la rencontre avec son oncle à El Goléa au retour à Périgueux, dans une langue précise et jubilatoire, Augiéras nous fait partager son amour panthéiste du monde, sa foi en un être humain débarrassé de la servitude du christianisme..