Pourquoi et comment devient-on ethnologue ? Comment les aventures de l'explorateur et les recherches du savant s'intègrent-elles et forment-elles l'expérience propre à l'ethnologue ? C'est à ces questions que l'auteur, philosophe et moraliste autant qu'ethnographe, s'est efforcé de répondre en confrontant ses souvenirs parfois anciens, et se rapportant aussi bien à l'Asie qu'à l'Amérique.
Plus encore qu'un livre de voyage, il s'agit cette fois d'un livre sur le voyage. Sans renoncer aux détails pittoresques offerts par les sociétés indigènes du Brésil central, dont il a partagé l'existence et qui comptent parmi les plus primitives du globe, l'auteur entreprend, au cours d'une autobiographie intellectuelle, de situer celle-ci dans une perspective plus vaste : rapports entre l'Ancien et le Nouveau Monde ; place de l'homme dans la nature ; sens de la civilisation et du progrès.
Claude Lévi-Strauss souhaite ainsi renouer avec la tradition du "voyage philosophique" illustrée par la littérature depuis le XVIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle, c'est-à-dire avant qu'une austérité scientifique mal comprise d'une part, le goût impudique du sensationnel de l'autre n'aient fart oublier qu'on court le monde, d'abord, à la recherche de soi.
Voici l'histoire implacable du pillage d'un continent. Nous suivons, siècle après siècle, et dans le moindre détail, la honte du mécanisme qui a conduit à une dépossession ruinant les nations d'un des espaces les plus prometteurs de l'univers.
On ne s'étonnera pas que les multinationales, monstres hybrides des temps modernes, opèrent avec cohésion en cet ensemble d'îles solitaires qu'est l'Amérique latine. Chaque pays plie sous le poids conjugué de ses divisions sociales, de l'échec politico-économique et une plus profonde misère.
Des forces nouvelles se lèvent. Phénomène de grande conséquence, l'Église, longtemps oppressive, reprend la tradition évangélique des premiers âges et devient porteuse d'espérance : elle est résolument aux côtés des pauvres et des persécutés.
Cet ouvrage essentiel sur l'exploitation de l'homme par l'homme est à l'échelle d'un continent. Ce livre, un grand classique, est lu et commenté dans les universités nord-américaines ; il dénonce le talon d'Achille des États-Unis : l'Amérique centrale et du Sud.
On les appelle Jivaros. Ils préfèrent se dénommer Achuar, les Gens du palmier d'eau. Isolée dans la jungle de haute Amazonie, cette tribu légendaire fut protégée durant des siècles de l'incursion des Blancs par son inquiétante réputation de chasseurs de têtes. Plus qu'une condition de leur indépendance, la guerre est pour ces Indiens une vertu cardinale ; elle donne du prestige, renforce la solidarité, raffermit l'identité ethnique et permet le renouvellement rituel des âmes. Grâce à elle, les Achuar sont encore plusieurs milliers, fiers de leurs traditions et farouchement attachés à leur mode de vie.
Ce livre est une chronique de leur découverte et un hommage à leur résistance. Philippe Descola y relate au quotidien les étapes d'une intimité affective et intellectuelle croissante avec ce peuple dont il a partagé l'existence pendant près de trois années en tant qu'anthropologue. Ce témoignage exceptionnel sur une manière libre et presque oubliée de vivre la condition humaine tire d'une expérience singulière un enseignement pour le temps présent.
Nous les côtoyons tous les jours. Souvent ils sont ivres et peinent à mendier. Ils sentent mauvais, vocifèrent et font un peu peur. Nos regards se détournent. Qui sont ces marginaux au visage ravagé ? Ce sont les clochards. Fous d'exclusion. Fous de pauvreté. Fous d'alcool. Et victimes surtout. De la société et de ses lois. Du marché du travail et de ses contraintes. Mais au-delà, c'est contre la vie même qu'ils se révoltent. Hallucinés, ivres, malades, c'est un autre et impossible ailleurs dont ils s'obstinent à rêver furieusement. Patrick Declerck, psychanalyste et ethnologue, a suivi la population des clochards de Paris durant plus de quinze ans : dans la rue, dans les gares, dans les centres d'hébergement, au Centre d'accueil et de soins hospitaliers de Nanterre, au Samu social. En 1986, dans le cadre de Médecins du Monde, il a ouvert la première consultation d'écoute destinée aux SDF en France.
James agee, après avoir fait ses études à Harvard, a été chargé par le groupe de presse "time-life" d'un reportage de six semaines sur les blancs pauvres de l'Alabama.
Accompagné de Walker Evans - qui deviendra le plus célèbre photographe américain -, ils vont au sein de trois familles tenter d'approcher la vérité. mais qu'est-ce que la vérité d'un homme, d'une société ? N'est-elle pas insaisissable ? Agee nous le fait percevoir. L'intention première est donc un compte rendu. Mais la personnalité fiévreuse de l'auteur va tirer de la vie la plus humble son expression la plus haute.
C'est une protestation contre la réalité, une déchirure, une brûlure intérieure qui inspirent ces portraits dont la tonalité, des plus singulières, bouscule la tradition sociologique. Comment cette pauvreté sans retour et ces détresses intérieures sont-elles possibles ?
En partageant la vie rigoureuse des Esquimaux polaires, les Inuits, en mangeant avec eux l'hiver ces oiseaux d'été qui ont pourri sous les pierres, en écoutant, durant trois mois de nuit polaire, leurs légendes d'un rare pouvoir imaginaire, leurs récits dramatiques d'expéditions au pôle avec Peary, Cook, leurs fameuses expéditions avec Knud Rasmussen, Jean Malaurie est devenu l'interprète de la grandeur de leur civilisation. De la pierre à l'homme, du chasseur individualiste au groupe communaliste : tel est l'itinéraire. Comme Jean Malaurie (premier Français à avoir atteint, le 29 mai 1951, le pôle géomagnétique Nord en traîneau à chiens), on se sent devenir militant en découvrant que cette société du pôle, d'esprit chamanique, qui vivait durement mais heureuse et libre depuis des millénaires, est agressée par une gigantesque base nucléaire.
Est ainsi posé le problème universel de la défense des minorités traditionnelles. Témoignage vécu d'une de ces violentes confrontations de civilisation que connaît de nos jours l'Arctique, ce livre n'est pas seulement l'oeuvre de référence sur le peuple esquimau dans son passé héroïque et son présent difficile : il crée, sans conteste, un genre littéraire absolument nouveau. Il a été traduit en vingt langues, et adapté, à deux reprises, à la télévision française.
Le livre le plus diffusé au monde sur le peuple inuit. C'est " le " classique.
Que peut apporter le regard triple du médecin, de l'archéologue et de l'anthropologue au vaudou ? Depuis presque quinze ans, Philippe Charlier sillonne les pistes du Bénin. Il y a acquis suffisamment de matière, de données, d'expériences pour proposer ce récit immersif et analytique.
Au-delà de montrer et d'expliciter que le vaudou est une religion à part entière avec ses codes, ses clergés, ses mythes et ses rituels domestiques et collectifs, on portera un regard nouveau, incisif, pragmatique et original sur cette croyance - et ses actions de « sorcellerie » associées - dans son territoire d'origine, l'Afrique sub-saharienne.
C'est sous les portiques de l'agora d'athènes qu'on aimerait lire ou entendre lire ''l'été grec", témoignage passionné, approche vivante de la grèce, chronique heureuse de vingt années d'amour avec une terre, un peuple et une histoire.
Toutes les grèce sont contenues ici : celle d'hésiode et de sophocle, celle des hymnes byzantins et des chants médiévaux de digénis, celle des mémoires de makryannis et des kleftika, ces chants épiques de la guerre d'indépendance, et celle des poètes et des écrivains d'aujourd'hui. il fallait bien ces vingt années de mémoire grecque pour que cette terre si visitée retrouve enfin son vrai visage et nous révèle en sa vie quotidienne, ses gestes, sa langue et ses passions, le fil secret qui relie eschyle à séféris, homère à elytis, et pindare à ritsos.
Mais le plus rare peut-être en ce beau livre où passe un souffle libertaire est que l'érudition de l'auteur n'ait en rien entamé l'étonnement, la jeunesse et l'acuité de son regard.
La grande aventure du pôle Nord, les expéditions, les découvertes, l'évolution de la vie des Esquimaux du XIXe siècle à nos jours.
On les appelle Guayaki, Rats féroces. Eux-mêmes se dénomment Aché, les Personnes. Silencieux et invisibles, ces nomades parcourent la forêt tropicale à l'est du Paraguay. C'est ce qui leur a permis d'échapper si longtemps au sort de leurs voisins sédentaires : esclavage, mort, disparition.
L'auteur a vécu un an dans leur intimité... Les incidents et anecdotes cocasses ou tragiques tracent peu à peu le portrait de ces Guayaki, paillards quand ils peuvent, graves lorsqu'il le faut : fête du miel, de l'amour, conflit au sein des bandes, meurtres, sacrifices, anthropophagie (ils se libèrent de leurs défunts en les mangeant). À la douceur succède la cruauté. Cette culture disparue repose sur la fidélité des Indiens à leurs anciens rites, et, au-delà, aux mythes de leur origine et de leur destin, qui suscitent en nous d'étranges échos.
Ce livre est une chronique qui n'esquive aucun des problèmes que pose à l'ethnologie cette population indienne. De l'écologie très particulière d'une société de chasseurs à la logique la plus secrète de leur pensée, c'est le tout d'un univers culturel inconnu qui se révèle ici, sous le regard d'un des grands ethnologues français.
« Le vodou haïtien n'est pas un amalgame de croyances maléfiques où se pratique la magie noire, où on charcute des poupées à coups d'aiguille. Il est un lieu d'apprentissage, une approche du sacré avec ses règles rigoureuses, ses cérémonies établissant une alliance féconde avec l'invisible. Le vodou, tel que je l'ai vu pratiquer et tel que je le pratique moi-même, est un mode de vie communautaire épanouissant, en même temps qu'une cosmogonie, une conception de l'homme en liaison avec ses origines spirituelles et sacrées.
Un jour, je mourrai, après une bataille incessante contre des préjugés et des systèmes de vie défiant le sens commun. J'espère simplement que l'amour et l'attention avec lesquels mes initiateurs m'ont élevée me permettront de continuer ce combat qui était le leur. »
L'hebdomadaire The Observer a réalisé un sondage auprès des dix plus remarquables explorateurs britanniques : " Quel est donc le plus grand explorateur contemporain ? " Réponse unanime : Wilfred Thesiger.
Le Désert des Déserts est le livre d'un homme auquel on ne peut s'attacher sans évoquer Lawrence. Thesiger a dirigé, dans le sud de l'Arabie Saoudite, une expédition extraordinaire à la limite de la survie. Un des grands exploits de l'homme.
Naturaliste, ayant vécu entièrement avec les Arabes du désert, il nous décrit ses expéditions et cette société bédouine. Des hommes en haillons, qui n'ont pour tout bien que leur fierté, religieux mais violents, égoïstes mais aussi solidaires et généreux, fatalistes. Leur langue, sous l'action inspirée de Mahomet, a été parlée de la Perse aux Pyrénées. Les conventions que l'Islam prescrit à ses millions de fidèles sont celles-là mêmes des Bédouins dont Thesiger nous fait partager la vie. Ces nomades sont dans le droit fil des Arabes, disciples du Prophète, qui sont à l'origine d'un des plus grands ébranlements de l'histoire humaine.
« Cette région du Borno aujourd'hui est connue dans le monde entier comme le berceau de Boko Haram. Personne ne peut oublier l'appel international #BringBackOurGirls pour libérer les 276 lycéennes capturées dans le village de Chibok le 14 avril 2014.
L'État du Borno dont la devise bien ironique est « demeure de la paix » s'est retrouvé officiellement sur la ligne de front de la lutte contre le terrorisme islamique. Pourtant, l'histoire de la région du lac Tchad mérite bien plus qu'une simple liste des atrocités de Boko Haram. Pendant un millénaire, ses habitants ont contribué à la construction du Kanem-Borno l'un des États à la plus grande longévité en Afrique. Situé au croisement de plusieurs aires culturelles, le bassin du lac Tchad renferme un véritable patchwork de populations, langues et religions en particulier au Tchad et au Cameroun.
Ce livre donne la parole aux Nigérians souvent caricaturés ou devenus de simples stéréotypes dans les médias occidentaux mais aussi nigérians. La victime, le pauvre, l'oublié d'un côté font face au barbu, au barbare, au terroriste d'autre part. » Vincent Hiribarren.
Lorsque le père de Caroline Audibert découvre un loup dans une forêt du Mercantour au début des années 1990, l'animal appartient encore aux légendes. Rencontre marquante pour une enfant qui grandit en pleine montagne au coeur du parc national et côtoie les bergers de l'Alpe... Devenue adulte, elle a remonté la piste du loup parmi les derniers territoires sauvages de l'Hexagone.
Minutieusement, elle démêle trente ans d'une histoire commune qui rapproche les hommes de cet animal qui se joue des frontières.
Dans le contexte d'une érosion majeure de la biodiversité, cette enquête littéraire initie à une idée plus vaste de l'écologie, à une vision systémique des choses. Elle explore la question du vivre-semble entre les hommes et le monde sauvage dont le loup se révèle le symbole.
« On aura beau, en passant les cultures par les bains de couleur de l'étude, parvenir à en révéler les belles architectures, on ne pourra jamais vraiment savoir tout ce qui se trame dans leurs entrailles de lumière, rien de ces vies innombrables, de leurs drames inconcevables par où l'espèce humaine embrasse totalement son corps de vérité. Tout ce que l'on peut faire, c'est parcourir cette chair, ces hameaux, ces rizières, et chanter avec ceux qui ont le coeur à chanter. » Rémi Bordes.
« En choisissant d'écrire la chronique quotidienne de sa vie népalaise, mélange d'observation savante et de récit souvent drolatique des aventures d'un jeune homme apprenant à vivre la vie des autres, Rémi Bordes fait le pari de l'immensité. » Florent Georgesco, Le Monde.
« Au plus proche du mystère lumineux de l'humain. » Jean-Marc Porte, Trek Magazine.
Édition revue par l'auteur.
Inclus deux cahiers photos.
Cet ouvrage regroupe deux textes écrits par l'anthropologue Margaret Mead : Adolescence à Samoa (1928) et Trois sociétés primitives de Nouvelle-Guinée (1935), publiés en France dans le même volume en 1963.
L'auteur y remet en cause les évidences communément acquises concernant le rôle de chacun dans la société contemporaine. Elle analyse, à partir de ses observations de terrain, les différences de relations entre hommes et femmes. Chez les Samoans, le calme et la tolérance envers les relations multiples ou l'homosexualité sont de rigueur. Chez les Arapeshs, tout s'organise autour des enfants. Chez les Mundugumors, l'agressivité et l'individualisme sont de mise. Chez les Chambulis enfin, les hommes sont occupés à plaire aux femmes, car celles-ci possèdent le pouvoir économique.
Margaret Mead conclut que les spécificités sont culturelles. Ainsi, les rôles occidentaux (mâle dominant et femme soumise) ne sont qu'une variante parmi une infinité de possibles. Ces textes passionants, écrit il y a près de cent ans, nous plongent dans un délicieux exotisme désormais révolu.
Au nord des grands déserts australiens, des anciens confient à l'anthropologue Barbara Glowczewski leur attachement spirituel à la terre, les souffrances de leurs peuples et leurs stratégies de survie.
Avec eux, nous sommes portés par la colère et le message des esprits qui relient leurs rêves et leurs rites à tous les éléments de l'univers. Nous découvrons les dessins si caractéristiques, inscrits sur les corps, la roche et les oeuvres d'art, qui traduisent la matrice vivante des alliances que les humains établissent entre eux et le cosmos. Mais la terre est désormais menacée de mort par une humanité ignorante des grandes lois de l'équilibre.
L'auteur, depuis près de quarante ans, dédie sa vie aux Aborigènes d'Australie. Elle dialogue avec des Warlpiri, Yawuru, Ngarinyin, et Yolngu, dont les pratiques, les savoirs, et la pensée répondent aux grands chantiers d'étude de l'esprit humain et de son rapport à la matière.
Édition revue et corrigée par l'auteur Inclus deux cahiers photos
« Cet ouvrage c'est tout d'abord de l'ethnographie de grand cru. Mais en même temps, l'étude de Baj Strobel - rigoureuse, personnelle et poétique - jette un regard inédit et convaincant sur la "créolité" et l'ensemble du monde antillais. Par le détour de la forêt guyanaise, elle nous met en situation d'aborder l'essentiel de ces sociétés insulaires, à la fois soumises et résistantes, repliées sur elles-mêmes et ouvertes - à leur façon - au "Tout-Monde".
C'est le témoignage d'un mode de vie disparu, relaté avec amour et finesse. On y découvre tout une société nouvelle, minuscule, étrange et en fin de compte pleine de charmes. À travers contes, chansons, musiques, et minutieuses restitutions des travaux et des jours, on comprend pourquoi ces hommes se sont mis en quête de l'or et on saisit aussi les merveilleuses implications métaphysiques de cette ultime quête. » Richard Price Cet ouvrage a reçu le prix du livre d'Histoire des Outre-mer 2020 ;
Voici la mémoire d'une des professions qui fut parmi les plus dures dans les mers les plus cruelles, celles de l'Arctique : Terre-Neuve, Groenland, île aux Ours, mer de Barents... Ce livre relate, dans le détail, la vie de cette unité de soixante volontaires que constitue l'équipage d'un chalutier, hommes d'autant plus rudes qu'ils sont normands et payés " à la part ". Un livre traversé d'embruns, de glace et de courage, qui éclipse définitivement l'imagerie un peu désuète de Pêcheur d'Islande. Ce témoignage irremplaçable fut aussi un livre politique : à la honte des pouvoirs qui se sont succédé, la grande pêche française, un temps à la pointe de la pêche mondiale, a subi une crise si profonde que Fécamp, jadis forêt de mâts, n'a plus de navires.
Chebika est un village de montagne dans le sud de la Tunisie, et Chebika est un classique de la sociologie établi à partir des faits d'observations au début des années 1960.
Trente ans après, deux sociologues maghrébins sont revenus dans le village pour faire l'état des lieux. Apparemment, rien n'a changé. Le village est laissé à lui-même. Le pouvoir central, récemment ébranlé, abandonne ce qui constitue sa légitimité : la société paysanne dont ses fonctionnaires sont issus. L'immobilité des sociétés nomades et rurales, le mépris condescendant des villes de leur intelligentsia et des autorités à leur endroit engendrent émigration et intégrisme.
Chebika et Retour à Chebika, réunis ici, témoignent d'une évolution dont on voit les aboutissements aujourd'hui.
jean malaurie arrive enfin en sibérie nordorientale (tchoukotka), berceau de la civilisation inuit! aujourd'hui, au terme de cette étonnante mission d'enquête de 42 ans, sur l'immense espace du groenland à la sibérie, relatée dans les quatre volumes d'hummocks, l'auteur s'interroge encore sur cet extraordinaire site chamanique : l'allée des baleines.
il est le premier occidental, en septembre 1990, à étudier ces îles sacrées, sanctuaire d'aghwooq, la baleine inuit. dans un temps profond, les inuit préhistoriques hypersensorialisés perçoivent l'esprit de la matière; ils nous le révèlent dans leurs mythes surréalistes oú l'homme-oiseau, l'homme-loup, dialoguent dans une nature édénique. dans ce moby dick béringien, les chasseurs, maîtres des nombres et des orientations sacrées, vivent une véritable cosmo-dramaturgie.
on ne va pas vers le pôle, on monte vers ce haut lieu sacré. dans cet ouvrage, jean malaurie explore aussi, avec sa grande expérience, les travaux de béring et de ses prédécesseurs russes. il nous fait également participer à la création de l'académie polaire d'etat, à saint-pétersbourg, dont il est l'un des fondateurs et oú sont formés les cadres de la sibérie de demain.
Avec le peuple le plus septentrional de la terre, les inuit du nord du groenland, jean malaurie s'interroge, dans la ligne de lamarck, sur les lois et le " projet caché " de la nature dans l'arctique.
Il cartographie 300 kilomètres de côtes, étudie géocryologiquement les pierres et se spécialise dans les processus géodynamiques des éboulis. il relate, avec beaucoup de présence et de vie, les expéditions qui l'ont précédé et qui ont fait passer ce peuple mythique de thulé du stade de la découverte à celui de l'invasion. ce livre est un journal d'exploration étonnamment vivant, qui permet au lecteur de suivre pas à pas son auteur dans son questionnement sur les coutumes et le chamanisme des inuit.
Jean malaurie nous fait partager sa recherche de la pierre à l'homme. il est le premier français à avoir atteint en traîneau le pôle géomagnétique nord (29 mai 1951), et le second dans l'histoire après r. e. peary (1895). offrant une suite au grand classique " les derniers rois de thulé " (le livre le plus diffusé au monde sur les inuit, avec 23 traductions et une célèbre adaptation télévisée) - dans lequel il dénonçait le crash d'un bombardier de l'us air force le 29 janvier 1968 avec 4 bombes h, dont trois se sont pulvérisées en contaminant les eaux et les glaces, la quatrième n'ayant toujours pas été retrouvée -, l'auteur s'interroge sur l'avenir du peuple groenlandais, qui a acquis son autonomie en 1975.
À observer les troubles qui agitent les tribus libyennes de 2016 et persistent, hélas, à maintenir dans le pays une anarchie politique et religieuse extrêmement nocive, on ne peut s'empêcher d'y reconnaître comme en miroir la Libye du tout début du XIXe siècle, celle que les premiers voyageurs occidentaux redécouvrirent, souvent au péril de leur vie, après plusieurs siècles d'effacement. C'est dans le sillage de Jean-Raimond Pacho, grand explorateur, que Jean-Marie Blas de Roblès nous invite à parcourir les sites archéologiques parmi les plus importants au monde tels que Apollonia ou Leptis Magna.
Construit autour de larges extraits du Récit de voyage de Jean-Raimond Pacho (publié en 1827), que l'auteur commente et met en perspective, cet ouvrage nous conduit au coeur des racines grecques et carthaginoises de la Libye.
Cet ouvrage est le récit d'une aventure humaine, de celles qu'on ne vivra plus. Mais c'est aussi un livre où l'auteur se livre à une autobiographie et propose une véritable psychanalyse du voyageur, cerne les motivations profondes et inconscientes de l'ethnologue. L'auteur a vécu plusieurs années avec les Badjos d'Indonésie, nomades de la mer qui se veulent à l'écart du monde, fuyants, mystérieux. Ils sont la mémoire vivante des vagues migratoires millénaires venant d'Asie, et ayant peuplé l'Asie du Sud-Est et plus tard l'Océanie. Éparpillés sur des milliers de kilomètres le long de la côte d'Indonésie, des Philippines et de Malaisie, leur mode de vie est extraordinaire : la plupart vivent dans des villages lacustres, d'autres dans leur pirogue où tous les actes de la vie se déroulent. Qui sont les Badjos ? Avec les yeux de l'ethnologue, le lecteur partage le suspense de l'enquête, découvre une société aux origines inconnues, aux moeurs uniques. Rare ouvrage sur cette population menacée, François-Robert Zacot rend compte aussi des interrogations de l'ethnologue sur lui-même et de l'exploration de son âme : comment sa propre histoire se devine-t-elle dans sa rencontre avec l'autre et dans son travail ?