Croissance économique, classements des lycées, publicités sur le web : de plus en plus, nos activités sont mises en chiffres, en équations, pour aiguiller ou prédire nos comportements. Les big data, ces abondantes traces numériques que nous produisons constamment, nous permettront-elles de créer une nouvelle science de la société, aussi performante que les sciences de la nature ? Peut-on s'inspirer des techniques de modélisation mathématique et de simulation informatique élaborées dans les sciences naturelles pour comprendre enfin la société et l'améliorer ?
Une analyse de cette perspective s'avère urgente à l'aube de la révolution numérique. Grâce à sa double compétence de chercheur en physique et en sciences sociales, l'auteur peut décortiquer de nombreux cas concrets de quantification de nos activités, en les comparant aux mathématisations réussies de la physique. Il peut alors replacer ces exemples dans une perspective théorique générale, en expliquant les réussites, les échecs et les conséquences politiques de la mise en équations du monde.
Ce livre explore la période charnière où l'avènement du capitalisme industriel et son développement mondial jouent un rôle fondamental dans la constitution des sciences modernes. Les « histoires de sciences » qui y sont étudiées ont essentiellement pour cadre l'Europe occidentale, et principalement la Grande-Bretagne et la France, depuis les crises politico-religieuses du XVIIe siècle, jusqu'aux mutations techniques et économiques du XIXe siècle.
Le lecteur est convié à visiter les lieux réels du travail scientifique : cours et académies, observatoires et laboratoires, théâtres et manufactures. Mais il parcourra aussi les colonies d'outremer, l'immensité de l'espace intersidéral, l'univers des roues dentées et des appareils électromagnétiques, et le monde des atomes et des molécules.
Fabriquer un être humain supérieur, artificiel, voire immortel, dont les imperfections seraient réparées et les capacités améliorées. Telle est l'ambition du mouvement transhumaniste, qui prévoit le dépassement de l'humanité grâce à la technique et l'avènement prochain d'un « homme augmenté » façonné par les biotechnologies, les nanosciences, la génétique. Avec le risque de voir se développer une sous-humanité de plus en plus dépendante de technologies qui modèleront son corps et son cerveau, ses perceptions et ses relations aux autres. Non pas l'« homme nouveau » des révolutionnaires, mais l'homme-machine du capitalisme.
Bien que le discours officiel, en France, résiste encore à cette idéologie, le projet technoscientifique avance discrètement. Qui impulse ces recherches ? Comment se développent-elles dans les champs médicaux, militaires et sportifs ? Comment les débats démocratiques sont-ils éludés ? Et comment faire face à des évolutions qui ne feront que renforcer les inégalités ? Surtout, quel être humain va naître de ces profondes mutations, de ces expérimentations brutales et hasardeuses sur notre espèce, dont l'Homo sapiens ne sortira pas indemne ?
Découvert il y a un siècle et demi, l'homme de néandertal a longtemps été considéré comme une brute épaisse et simiesque.
Puis, au xxe siècle, son image s'humanise, et l'anthropologue carleton coon prétend en 1939 que, bien rasé, coiffé et habillé, un néandertalien passerait inaperçu dans le métro de new york. aujourd'hui, la position de ces hominidés dans notre arbre généalogique fait toujours l'objet de virulents débats. l'homme de néandertal apparaît comme un révélateur essentiel dans l'histoire de la paléontologie humaine.
Ses multiples représentations imagées, dont ce livre offre une passionnante anthologie, sont chargées de tous les enjeux mythiques idéologiques, religieux, politiques, qui traversent les sciences de la préhistoire. c'est en définitive que l'homme de néandertal pose à l'humanité la question de son évolution, de sa place dans le monde vivant - et de son unicité même.
Norbert Wiener, grand mathématicien de la première moitié du XXe siècle, est aussi le fondateur de la cybernétique. Wiener, à partir de ces travaux, fut un précurseur des réflexions sur les risques sociaux et humains liés à l'émergence de l'automatisation et de l'informatisation. Ses archives, longtemps inédites, ont révélé d'étranges nouvelles policières (parmi elles, Un savant réapparaît, une histoire autour du meurtre d'un savant, dont la traduction figurera dans l'ouvrage), dans lesquelles Wiener développe ses analyses et pose une question fondamentale : comment continuer la recherche scientifique quand elle a conduit à la bombe atomique ?
Cet essai interroge la position de la cybernétique entre science et fiction, et la façon dont ses créatures, désormais familières mais problématiques, des robots aux cyborgs, éclairent ses enjeux sociaux et politiques.
La recherche en psychologie a engendré bien des histoires fascinantes qui ont séduit l'imagination des profanes. Beaucoup se sont révélées sans fondement, mais gardent encore leur validité pour le grand public. Ce livre fait le bilan de certains de ces mythes, voire de ces mystifications, qui ont marqué les annales de la psychologie scientifique. On y trouvera entre autres la fameuse affaire des enfants-loups indiens, les « découvertes » de James Vicary à propos de la publicité subliminale, l'hypothèse de Sapir-Whorf selon laquelle la langue détermine nos perceptions, la prétendue preuve de l'héritabilité de l'intelligence, les capacités langagières présumées des singes, la transmission alimentaire de la mémoire chez les planaires. Que ces histoires trouvent leur origine dans des recherches de bonne foi mais mal orientées, ou résultent de véritables fraudes scientifiques, elles ont été propagées et amplifiées par des médias avides de sensationnel. Leur démystification, à quoi les auteurs s'emploient avec verve, est une oeuvre de salubrité publique, qui devrait permettre aux connaissances scientifiques apportées par la psychologie d'être mieux comprises.
Depuis l'aube du XVIIIe siècle, les recherches scientifiques sur l'origine et le devenir de l'Homme sont profondément liées à l'imaginaire de nos sociétés.
Mais reconnaître que ces savoirs ont pris à certains égards la place des mythes et des religions, qu'ils ont besoin du récit et de la fiction pour s'énoncer et se construire, n'invalide pas pour autant leur quête de vérité. A travers les questions vives de la préhistoire et de la paléoanthropologie contemporaines et leur inscription dans des textes scientifiques, philosophiques, littéraires, ce livre original et brillant met au jour, illustrations à l'appui, la manière dont depuis près de trois siècles ont été élaborées nos représentations du passé préhistorique de l'humanité.
Les spéculations sur le sexe et l'érotisme dans la préhistoire, les avatars de la notion de race humaine, l'incidence du mythe du déluge sur les représentations de l'Homme fossile, la mise en scène des thèmes de la paléontologie et de la préhistoire dans la littérature - des grands romans préhistoriques aux portraits de Hugo et au Bouvard et Pécuchet de Flaubert -, autant d'exemples ici analysés de ces interactions entre savoir et fiction en préhistoire.
* Voir, goûter, toucher, sentir, entendre, grâce aux neurones qui captent et transmettent les signaux du monde, et au cerveau qui informe le corps et mémorise les sensations, voilà ce dont il est question dans ce livre.
Mollusque, insecte, reptile, oiseau, mammifère ou Homo dit sapiens, c'est au moyen de ces sens que tout être vivant se nourrit, se reproduit, exploite sa niche écologique, et finit par aménager son environnement et transformer sa planète.Chacun de ces sens a connu au travers de l'évolution du vivant une longue histoire. Au fil de ses trois milliards six cent millions d'années, l'auteur saute allègrement du règne végétal au règne animal, du monde microscopique au monde macroscopique, ainsi que l'a fait l'évolution elle-même.
Et, comme elle, l'auteur ne se refuse pas à aller parfois dans tous les...
Sens, brouillant les frontières entre nature et culture, mêlant humour et science.
Le paranormalVoici, alliant les charmes de l'insolite et les vertus du scepticisme, une enquête sur les phénomènes paranormaux. Plutôt que d'analyser une par une les innombrables failles de la raison contemporaine, Henri Broch nous propose, avec humour et lucidité, quelques critères simples pour juger des documents, des hommes et des méthodes dans le domaine paranormal. A partir d'exemples concrets - le cosmonaute maya de Palenque, le "Saint-Suaire" de Turin, l'effet Kirlian, la psychokinèse -, ce livre voudrait aider chacun d'entre nous à former, en toute connaissance de cause, sa propre opinion."Esprit (critique), es-tu là ?" - telle est la question.Henri BrochDocteur ès sciences et professeur à l'université de Nice-Sophia Antipolis, Henri Broch a fondé le laboratoire de "zététique", premier laboratoire universitaire d'étude des phénomènes paranormaux.
Ce livre retrace les chemins, entrecroisés depuis vingt ans, de la science biologique, de la médecine de la procréation et de la réflexion bioéthique. Il veut démêler les avancées véritables d'avec les fausses révolutions techniques, et les principes moraux authentiques d'avec les hypocrites résolutions éthiques. La biologie de la procréation, en retard de science pour cause de tabou, vient d'enjamber allègrement le temps des connaissances, en profitant des acquis de disciplines voisines, ou même, se faisant d'abord médecine, en agissant avant de bien savoir.
L'analyse du génome produit des informations dont l'acuité croissante augmente la pression probabiliste sur tous les domaines de l'existence : santé, longévité, performances physiques, adaptation au travail, assurances, etc. Il était inévitable que la procréation médicalisée, détenant de nombreux embryons disponibles, propose d'intervenir au départ pour choisir, parmi ces "personnes humaines potentielles", des enfants de qualité probable, bien que largement imprévisible. Mais, puisque la procréation est le lieu même d'où émane la personne, on peut craindre que la prédiction ne finisse par désenchanter le monde en prétendant le maîtriser.
La production d'humains probablement acceptables semble bien être conforme au désir parental, au projet médical, aux besoins du marché et à la bonne gestion des sociétés. Résister, c'est tenter de rendre l'éthique moins soluble dans le temps afin de diluer la violence de cette mutation.
De l'Antiquité à aujourd'hui, de la découverte du gorille à l'observation des primates utilisateurs d'outils et porteurs de culture, cette fascinante histoire des relations entre hommes et grands singes ouvre une fenêtre sur les comportements extraordinaires et la plasticité hors du commun des bonobos, chimpanzés, gorilles et orangs-outans. L'affirmation de la singularité de l'homme et de sa séparation d'avec les singes traduit l'angoisse d'une régression vers la bestialité. D'où vient cette séparation et quels arguments scientifiques l'ont successivement alimentée ? Comment les primates ont-ils été constitués en objets de savoir et d'expérimentation, prétextes à discours sur les races et sur les femmes ? Mais aussi comment s'affirment-ils en partenaires et semblables pour les humains ?
Le Calcul, l'Imprévu Des progrès spectaculaires ont été accomplis récemment dans la description scientifique du temps et du changement. Rompant avec le morne déterminisme classique, ces idées nouvelles modifient déjà notre pratique de la science et notre conception du savoir. Elles brouillent les frontières du calculable et de l'imprévisible, du déterminé et de l'aléatoire, de l'ordre et du désordre. Comme jadis les ellipses de Kepler, on peut résumer les nouvelles conceptions en quelques images frappantes : le chat d'Arnold, le fer à cheval de Smale, la fronce de Thom. Elles ont réveillé un écho dans tous les domaines de la science et sont destinées à se faire partie de notre bagage culturel.
Ivar Ekeland Mathématicien, professeur à l'université de Paris-Dauphine, qu'il a présidée de 1989 à 1994, ses travaux portent sur la géométrie et la mécanique d'une part, la théorie des jeux et l'économie d'autre part.
Prix Jean-Rostand
L'exploration scientifique de l'univers est, au fond, une interrogation sur l'homme. En témoigne l'intérêt croissant pour les sciences du vivant et les sciences de l'homme.Mais ce retour aux questions essentielles comporte deux risques majeurs. Le premier est la tentation d'abandonner la rigoureuse discipline intellectuelle qui a permis les spectaculaires succès des sciences "dures". Le second résulte de l'intérêt même, pour chaque homme, de tout ce qui concerne l'homme, mettant à rude épreuve l'exercice de l'esprit critique.C'est ainsi qu'en ces domaines une vulgarisation biaisée, trop souvent sous couvert de présenter les apports de la science, diffuse les affirmations dogmatiques d'une idéologie. Le développement récent de la "sociobiologie" et sa vulgarisation illustrent bien ces dangers. Que peut-on sérieusement dire aujourd'hui des fondements biologiques du comportement social ? Le déterminisme génétique pèse-t-il inéluctablement sur l'humanité ?Au terme d'une étude attentive, Albert Jacquard nous montre comment la biologie et la génétique modernes éclairent le paradoxe central de l'homme et sa responsabilité : "Etre homme, c'est vouloir être libre. Or, je connais de l'intérieur ma possible liberté, mais mon intelligence me montre ses limites. Cette liberté, comment la construire, comment la transmettre ?"
Comment la paléontologie et la préhistoire se sont-elles confrontées à la question de la preuve, de la reconstitution, et plus largement, au problème de leur scientificité ? Zadig, le subtil enquêteur du conte de Voltaire, sert ici de guide pour comprendre la façon dont les fossiles ont été constitués comme preuves d'une histoire des êtres vivants et de l'homme, et les cadres théoriques dans lesquels les paléontologues et les préhistoriens s'efforcent de redonner vie et cohérence aux mondes disparus. ce livre analyse aussi la manière dont ces preuves et ces démonstrations ont été présentées au public, en explorant la riche iconographie des mondes disparus.S'appuyant sur nombre de thèmes populaires - dinosaures, mammouths, hommes préhistoriques -, ce livre abondamment illustré de photographies en couleur et de gravures originales rend accessibles des questions épistémologiques complexes, et participe au combat contre les créationnismes et les obscurantismes.