S'il est à la mode d'expliquer les subtilités de la cuisine, voire de proposer de nouvelles recettes, à partir des connaissances scientifiques en physico-chimie, on sait moins que les premières ont largement fécondé les secondes.
Que doit la science à la cuisine ? L'auteur répond à la question en s'appuyant sur une série d'épisodes qui ne manquent pas d'humour, de Socrate à Bertrand Russell, en passant par Newton, Réaumur ou Pasteur. Comment, par exemple, relier une révolution conceptuelle en géologie au minestrone, à la crème chantilly et à la fusion froide ? Le sommaire de l'ouvrage, en forme de menu, devrait mettre le lecteur en appétit.
Ce livre, par delà l'apparente légèreté de son thème, présente une solide argumentation critique, revanche de la science « molle » sur la science « dure ». Il montre que les recherches les plus rigoureuses n'échappent pas aux errements et aux approximations, et que leurs progrès sont souvent dus au hasard et à l'empirisme, reconduisant les tâtonnements fructueux d'un chef dans sa cuisine.
Ce dernier ouvrage de l'" enfant terrible " de la philosophie des sciences est issu d'une série de conférences données par Paul Feyerabend en 1992. Il offre une synthèse de sa pensée sous une forme particulièrement vivante, faisant place aux questions des auditeurs.
Le Feyerabend qui se dévoile dans ce livre est dépourvu de l'arrogance quelque peu provocatrice dont il pouvait faire preuve auparavant, notamment dans Contre la Méthode et dans Adieu la Raison. S'il est toujours aussi vif dans son expression, il est beaucoup plus souple quant à la formulation de ses thèses radicales, revendiquant assez souvent la légitimité de l'ignorance.
Il ne faut pas voir le titre comme une charge sans nuances contre la science, mais bien plutôt comme une protestation contre l'unilatéralisme de la pensée quand elle se revendique de la science seule. Feyerabend montre que nombre de considérations sur la nature des théories scientifiques sont tout simplement erronées et qu'elles conduisent à des généralités abstraites sans effets sur les problèmes les plus pressants de l'humanité - guerre, pauvreté, etc. Il conclut sur une défense iconoclaste de la valeur de l'expérience pratique pour équilibrer les prétentions d'une théorisation à tout-va.
à la rubrique " inclassables " de l'histoire des sciences, forme et croissance occupe une place de choix.
écrit par un naturaliste écossais qui fut aussi mathématicien et traducteur d'aristote, il mêle magistralement la science et la littérature dans une prose d'une qualité rare illustrée de dessins inoubliables. des cornes de bélier aux nervures des ailes de libellule et aux squelettes de dinosaures, l'auteur analyse le vivant avec l'oeil du géomètre, pour conclure sur une théorie pour le moins stupéfiante : on passe d'une espèce à une autre par une simple déformation de l'espace ! même si la biologie a fini par démêler l'énigme, on comprend pourquoi ce livre - un chef-d'oeuvre de la littérature scientifique - a durablement fasciné des générations de scientifiques, et pourquoi il continuera longtemps à le faire.
A la cuisine, dans la salle de bains ou dans le jardin, notre cher foyer peut facilement se changer en laboratoire scientifique d'avant-garde.
Rien d'autre n'est requis qu'un peu de curiosité pour fabriquer des glaçons pointus, vérifier que l'eau chaude gèle plus vite que l'eau froide, mesurer la vitesse du son avec un marteau et celle de la lumière avec un four à micro-ondes, voire extraire son propre adn ! les phénomènes les plus étranges se révèlent ici " sur un coin de table " : comprendre pourquoi un spaghetti tenu par les deux bouts se casse toujours en trois morceaux procure une intense satisfaction intellectuelle ; choisir entre les méthodes inertielle et centrifuge pour se servir de ketchup est plus directement utile, mais pas moins satisfaisant.
Quant à l'expérience de fossilisation du hamster, elle est facultative.
Et si votre vie dpendait d'un calcul de probabilits ?Dans nombre de procs importants, des arguments statistiques errons ont t utiliss aux fins de dmontrer la culpabilit des accuss. Chaque chapitre de ce livre illustre une erreur mathmatique courante responsable d'erreurs judiciaires passionnantes. La clbre affaire Dreyfus aussi bien que le rcent et trs mdiatis procs d'Amanda Knox figurent parmi les cas tudis, qui vont du meurtre au vol, du scandale financier la discrimination sexuelle, des usages de faux aux affaires d'espionnage.Mettant en lumire les risques d'un usage incontrl des mathmathiques devant les tribunaux, les auteures pointent les cueils d'une argumentation purement quantitative, par-del mme les fautes de raisonnement plus ou moins grossires commises par les experts (souvent autoproclams). Le lecteur apprciera sans aucun doute leur style alerte, leur souci de la prcision et leur sens du suspense.Leila Schneps est une mathmaticienne amricaine rpute, directrice de recherche au CNRS (Paris). Elle est galement auteure de romans policiers.Coralie Colmez, sa fille, travaille en Angleterre la diffusion des mathmatiques.Les deux auteures ont elles-mmes procd la traduction de l'anglais en franais de leur texte.
Cette histoire intellectuelle de l'art médical dans les civilisations dites occidentales (monde méditerranéen d'abord, puis les pays de l'Europe de l'Ouest et du Nord, enfin tous les continents, Amérique du Nord en tête) tient pour essentielles les relations qu'entretiennent les connaissances médicales avec les mentalités, la philosophie et les diverses sciences et techniques. Au lieu de thésauriser les faits et de se limiter aux abondantes listes des noms, dates et découvertes qui jalonnent l'histoire de l'art médical, cet ouvrage veut en dégager les idées-guides.
La reconstruction historique des transformations lentes comme des mutations brusques subies par les théories et pratiques médicales présente tant les diverses influences exercées sur le développement de la pensée médicale que l'impact de cette pensée sur les autres branches du savoir et sur le comportement humain. L'étude de pathocénose, c'est-à-dire l'ensemble des états pathologiques caractérisant chaque population historique, amène à retracer aussi les grandes lignes de la réalité changeante des maladies.
Les différents volumes de cet ouvrage ont été réalisés avec le concours d'une équipe internationale de spécialistes maîtrisant les méthodes adaptées aux diverses époques et aux problématiques particulières. Médecins et biologistes, historiens et sociologues, philologues et philosophes ont collaboré dans un cadre qui assure à l'ensemble son unité sans gommer la spécificité de chaque regard. M. G.
Dernier livre de Gould, Le Renard et le Hérisson est aussi une manière de testament intellectuel : le programme de son oeuvre vulgarisatrice - combler le fossé entre la science et les humanités - est le sous-titre de l'ouvrage. Avec une merveilleuse érudition qui relie Archiloque à Swift, Nabokov à Claude Perrault et, Edgar Poe à Erasme, et dans une prose foisonnante, voire baroque, il retrace les grandes lignes de la Révolution scientifique et de la vieille querelle entre science et humanités, à laquelle il propose avec sagesse de mettre fin. A la fois chercheur scientifique et écrivain, n'ayant jamais compris comment l'on pouvait découpler la science de son, substrat culturel, Gould dévoile les trésors de rhétorique qui structurent le discours scientifique et souligne l'importance des thèmes savants dans l'art et la littérature. Régler son compte au vieux mythe des " deux cultures " : tel aura été le dernier combat de S.J. Gould.
Dans la théorie néo-darwinienne classique, le mâle doit conquérir et la femelle peut choisir. La théorie de la " sélection sexuelle " a été appliquée à l'espèce humaine par la psychologie évolutionniste comme justification du viol, de l'infidélité ou de la pornographie. Roughgarden rejette cette théorie à partir des faits. Il existe, par exemple, des espèces dites " à inversion des rôles sexuels ", où c'est la femelle qui est combattive, colorée, et le mâle qui s'occupe des soins aux petits. On compte en outre chez les animaux des comportements homosexuels, des individus transgenres, et des espèces où cohabitent plus de deux " genres ".
Toutes les explications en termes de sélection sexuelle s'inspirent également du paradigme du " gène égoïste " (Dawkins) où dans la nature tout n'est que conflit, égoïsme, profit. Mais Roughgarden propose une alternative qu'elle appelle " sélection sociale ", mettant en avant le travail d'équipe et la coopération entre les partenaires.
Une nouvelle série de questions naïves (mais difficiles) et de réponses savantes (mais simples) posées dans la rubrique célèbre du New Scientist.
Pourquoi les goélands font-ils des claquettes ?
Quel est le bilan carbone de la crémation ?
Pourquoi le lait gelé jaunit-il ?
Pourquoi la purée et les brocolis font-ils des éclairs dans un four à micro-onde ?
Les éléphants peuvent-ils sauter ?
Est-il dangereux de manger ses crottes de nez ?
Pourquoi ressent-on les émotions au niveau du coeur ?
Les animaux peuvent-ils être myopes ?
Comment peut-on avaler un sabre sans risque ?
Etc. Une fois de plus, les lecteurs, profanes aussi bien qu'experts, trouveront dans ce livre de quoi sourire et de quoi penser.
Dans la série des livres du New Scientist ( Pourquoi les manchots., Pourquoi les guêpes.,Pourquoi les ours blancs., etc.), un nouveau livre d'une conception originale.Plutôt que des questions formulées par les lecteurs, on part ici d'images envoyées par lesdits lecteurs - êtres étranges, scènes inattendues du monde animal ou phénomènes naturels surprenants - qu'il s'agit de comprendre grâce aux explications des experts, toujours claires, concises et souvent drôles autant que scientifiques.Les illustrations - en couleurs - donnent à ce livre un caractère novateur et séduisant tout particulier et aux questions, toujours aussi curieuses, des réponses parfois plus inattendues encore :- Pourquoi ce fou de Bassan a-t-il des pieds bleus ?- Est-ce une grenouille en train de copuler avec un poisson ?- Comment ces bébés escargots ont-ils résisté à la cuisson de leur maman ?- Cette mouette vole-t-elle vraiment sur le dos ?- Comment les dauphins soufflent-ils ces " anneaux d'air " dans l'eau ?- Est-ce une soucoupe volante qui survole l'Etna ?- Pourquoi le blanc d'un oeuf sur le plat devient-il vert quand on y verse du jus de chou rouge ?, etc.
Les lecteurs de la revue britannique new scientist, déjà auteurs des best-sellers pourquoi les manchots n'ont pas froid aux pieds ? et mais qui mange les guêpes ?, récidivent en se demandant si les ours, seuls sur la banquise, souffrent de la solitude.
L'ambiance arctique n'est là que pour le titre, le contenu étant bien plus chaleureux et montrant à nouveau que le savoir scientifique n'est ennemi ni de l'humour, ni de la diversité. au fil des questions réputées idiotes et des réponses multiples, on apprendra comment faire un smartie bien rond ( on s'entraîne ), quelle surface minimale il faut cultiver pour survivre ( environ 3 m2 ), quelle quantité de mucus fournit un bon rhume ( environ 1/4 de litre ), et combien de hamsters tournant dans leur roue il faudrait pour alimenter une maison en énergie: 2400 pour alimenter une ampoule et pas moins de 100000 pour toute la maison.
Help!.
" Ce nouveau volume de mes essais diffère des ouvrages précédents en ce qu'il révèle ma façon atypique d'écrire sur l'histoire naturelle.
S'il existe un thème fédérateur dans mon oeuvre, c'est la tentative de formuler une " histoire naturelle humaine ". J'aime, certes, la nature. Mais je suis encore plus fasciné par l'histoire de la façon dont les êtres humains ont appris à étudier et à comprendre la nature. Je suis donc avant tout un " naturaliste humaniste ".
Je me concentre ici sur ce phénomène unique dans l'histoire des êtres vivants sur la Terre : la lutte d'un agent conscient et questionneur pour comprendre les pourquoi et les comment, et pour intégrer cette connaissance à sa recherche sur le sens de sa propre existence.
Autrement dit, je suis enthousiasmé par les faits bruts constitutifs du monde matériel, mais encore plus passionné par la tentative de saisir comment un instrument excessivement fragile et singulier, l'esprit humain, arrive à connaître ce monde, et comment l'histoire contingente du corps humain, de la personnalité et de la société imprime sa marque sur cette connaissance. "
En 500 articles brefs et enlevés accompagnés de quelques tableaux bien utiles (les requins les plus féroces, les félins qui ne ronronnent pas, etc.), Matt Walker, de la revue britannique New Scientist, dresse un étrange portrait du monde animal. Loin des idées reçues sur nos amies les bêtes, il nous initie aux dernières recherches en zoologie et nous ouvre des horizons nouveaux : le furet n'a pas de groupes sanguins, le crapet arlequin (un poisson) est utilisé comme détecteur de toxines, la baleine bleue pèse autant que 33 éléphants, ou 65 millions de musaraignes, la seiche, reine du camouflage, ne voit pas les couleurs, tandis que les petits du tatou sont génétiquement identiques. Après cette lecture instructive, vous saurez distinguer l'alligator du caïman, le phoque de l'otarie, et saurez que si le chimpanzé se chatouille de trois façons différentes, le cochon d'Inde, lui, ne rit jamais.
" J'ai essayé, au cours des années, de faire passer mon approche " humaniste " de la science du statut de simple stratagème à celui d'une véritable démarche visant à mêler l'essai littéraire et l'article de vulgarisation scientifique pour en faire quelque chose d'original, dépassant l'antagonisme traditionnellement posé entre ces deux façons d'écrire, pour le bénéfice de l'un comme de l'autre de ces domaines : la science, parce que l'expression personnelle authentique de la part d'auteurs qualifiés ne peut jamais faire de mal, et la littérature, parce qu'elle ne doit pas écarter a priori l'idée de faire vibrer le lecteur par l'évocation du monde naturel.
A tout le moins, une telle entreprise ne peut qu'augmenter l'intérêt de la vulgarisation scientifique, car elle ne fait rien perdre de la beauté et de la signification des phénomènes naturels, tout en ajoutant à la présentation traditionnelle de ce que nous pensons en connaître une dimension supplémentaire, celle de la démarche complexe qui nous permet de réussir (ou d'échouer) à les comprendre. " S.
J. G.
"Le prix de la métaphore est une éternelle vigilance", annonce l'auteur en prélude à une analyse précise et fouillée des analogies, métaphores et idées reçues qui encombrent notre compréhension du vivant. L'ADN recèle les secrets du développement, nous dit-on, alors qu'il ne saurait spécifier le repliement d'une simple protéine, et moins encore les étapes du développement d'un organisme. L'organisme s'adapte à son environnement, nous assure t-on encore, en s'insérant dans une "niche écologique" préexistante, quand il apparaît à l'évidence que les organismes créent eux-mêmes leur propre niche écologique.
De cornes de rhinocéros en maïs transgénique, sans négliger les graphes ni les analyses statistiques, Richard C. Lewontin débusque les abus de langage trop commodes qui déforment notre vision de la biologie, et en substituant à la classique double hélice une "triple hélice" prenant en compte l'environnement, ouvre à la recherche des perspectives nouvelles.
Il est de bon ton en biologie comme ailleurs, de sourire des erreurs du passé. De cette conception ancienne du développement, par exemple, qui voyait dans le spermatozoïde un "homoncule" préformé et prêt à grandir. Nos idées actuelles sur la biologie ne valent pourtant guère mieux. L'exact équivalent de l'homoncule se trouve dans le divin ADN, censé receler tous les secrets du vivant. Le gène, en réalité, définit des potentialités que les infinies variations des conditions - internes et externes - des organismes réaliseront ou non. Un organisme ne se développe donc pas à partir du programme génétique : il est façonné par quantité de phénomènes aléatoires. L'environnement, par exemple, qui n'est pas une sorte de toile de fond immuable sur laquelle s'agitent les organismes, mais qui participe pleinement au développement de chacun d'eux. Au schéma classique - et simpliste - "gène/organisme", Lewontin suggère de substituer la triade "gène/organisme/environnement" plus complexe certes, mais beaucoup plus riche de perspectives nouvelles.
"Ce septième volume de mes essais présente les conceptions évolutionnistes appliquées à de nouveaux sujets. Les un relèvent de la réflexion intellectuelle, qu'ils soient tirés de la littérature, un domaine que je me prends à aimer de plus en plus, ou bien de l'astronomie et de la science des calendriers, des passions que je tiens de l'enfance et qui venaient, à cette époque, en deuxième position après la paléontologie, ou peut-être en quatrième, après le base-ball et la philatélie. Les autres thèmes nouveaux sont d'ordre social et politique, du rôle des muséums aux diverses facettes de l'eugénisme.
Mais je reste toujours fidèle dans ce livre à mon sujet central, la théorie de l'évolution. J'y traite des problèmes du darwinisme et des modalités, souvent très surprenantes, du déroulement de l'évolution et j'y remets en question les idées traditionnelles. Finalement, en accord avec mon amour de l'histoire, j'ai illustré un grand nombre de mes thèmes de prédilection en montrant comment ils se sont exprimés dans la vie et l'ouvre de personnages fascinants, tels Laplace, Mary Shelley, Swift ou Poe".
S. J. G.