Ce livre tient à la fois du portrait, du récit et du débat.
Portrait que les deux protagonistes tracent d'eux-mêmes, en confrontant leurs idées et leur conception parfois antagoniste de l'histoire. Récit qui mêle intimement leur itinéraire aux bouleversements que connaissent l'Egypte et le Proche-Orient. Débat d'idées sur le monde tel qu'il est, mais aussi sur un autre monde possible dont chacun porte en lui la vision. Comment s'explique la situation actuelle au Proche-Orient ? Qu'est-ce que l'islamisme ? Comment définir l'ordre international en ce début de troisième millénaire ? D'où vient le sous-développement des pays musulmans? Qu'en est-il de l'individu et des droits de l'homme en Islam ? Alain Gresh et Tariq Ramadan répondent aux questions que leur pose Françoise Germain-Robin et débattent chaque fois sans complaisance - mais avec sérénité de tout ce qui les sépare.
L'ouvrage se termine sur un échange à propos de la situation des musulmans en Europe, où est notamment abordé le rapport de l'Islam à la laïcité.
A contre-pied des débats de ces dernières années pétris d'idées reçues et d'arrière-pensées, une réflexion sous forme de conte philosophique sur les relations historiques entre le monde musulman et l'Occident.
En 1955, la Fondation Cini invita à Venise une dizaine d'intellectuels de premier plan, arabes, turcs et iraniens, pour débattre avec de grands islamologues italiens, dont Giorgio Levi della Vida, Alessandro Bausani et Francesco Gabrieli, des relations entre l'Islam et la civilisation occidentale. Les rencontres étaient conçues sous la forme d'un procès, l'Islam ayant le rôle du ministère public, et l'Occident celui de la défense. Un compte-rendu de ces rencontres a été publié, où l'on s'aperçoit d'emblée que l'accusation ne portait pas sur les valeurs de la civilisation occidentale, mais sur la colonisation occidentale, coupable de les avoir trahies.
Plus de cinquante ans après, Franco Rizzi imagine dans cet ouvrage une conversation entre des personnages de religion ou de culture musulmane, centrée sur l'image de l'Islam en Occident, sur les malentendus qui se sont accumulés de part et d'autre à travers les siècles, sur les responsabilités tant des Musulmans que des Occidentaux dans l'exacerbation de la tension actuelle. Or si l'on constate, au cours de la conversation, que les termes du débat et les arguments de fond échangés n'ont presque pas changé depuis 1955, on ne peut que mesurer à quel point la situation s'est détériorée, jusque dans la vie quotidienne, sous l'effet des événements récents : le 11 Septembre et le terrorisme islamiste, les différentes guerres en cours, le blocage du processus de paix israélo-arabe, mais aussi l'immigration de masse et les crispations communautaires. Toutes choses qui renvoient directement ou indirectement au passé colonial dont on refuse d'assumer la violence et de soigner les blessures.
Le Livre de l'art du commensal traite des règles que doit observer le commensal, le compagnon de table (nadîm). A l'époque de l'auteur, c'est un professionnel et la munâdama, un véritable métier exigeant un savoir-faire transmis de père en fils.
Cet ouvrage décrit donc les usages d'une corporation bien plus restreinte que le milieu du " raffinement, (zarf), même si certaines règles sont communes au nadîm et au zarîf. Le premier rivalise avec d'autres figures majeures de la cour : poètes, musiciens, astrologues, chanteuses, secrétaires. Comme eux, il n'est pas forcément de noble extraction. Seuls son talent et ses capacités intellectuelles, sa connaissance du Coran, de la poésie, de la musique, du chant, du jeu d'échecs, de la jurisprudence, déterminent son statut et peuvent lui valoir les plus hauts rangs. Cependant, un choix minutieux s'impose, car le commensal représente une sorte de " reflet " de son maître, un confident du calife qui entend et voit ce qu'un vizir ne devrait pas entendre ni voir. Il jouit d'une certaine liberté d'expression, mais la vigilance est de mise et il a intérêt à être discret. Il est celui qui sait tout mais n'exerce aucun pouvoir.
Kawâkibî est l'une des grandes figures du réformisme musulman et un précurseur de l'arabisme. Ce livre fondateur, dont la traduction française est depuis longtemps attendue, est une puissante charge contre le despotisme et ses conséquences sur la religion, la science, l'économie, le progrès, la morale ou l'éducation, et précise les conditions nécessaires pour s'en débarrasser.
Ce texte dense, paru dans un article une semaine avant la mort de Jacques Berque, peut se lire comme le testament intellectuel de l'auteur, dicté dans le contexte d'une décennie belliqueuse et destructrice.
Peu avant de mourir, Jacques Berque s'est publiquement exprimé à deux reprises sur les relations entre l'Europe et le monde arabe, entre l'Islam et l'Occident. Dans l'émission qui lui était consacrée par la chaîne de télévision européenne ARTE, il a analysé les raisons de la fracture nord-sud du bassin méditerranéen et exposé sa vision de l'avenir à partir de quelques thèmes porteurs.
Peu après, dans un articile paru une semaine avant sa mort, Jacques Berque a répondu de façon magistrale à cette question d'une brûlante actualité : Quel Islam ?
Dirigé à la fois contre les thuriféraires de l'islamisme politique et contre ceux qui, stratèges ou idéologues, prétendent le combattre au nom de "la guerre entre civilisations", cet essai réfute avec force les deux présuppositions sur lesquelles ces ennemis apparemment irréductibles semblent s'accorder : la première, c'est de considérer l'islamisme comme la quintessence de l'islam, et la seconde de penser l'islam lui-même comme une culture homogène et atemporelle qui aurait déterminé à travers l'histoire et jusqu'à nos jours la pensée et l'action de tous les musulmans.
La méconnaissance des sociétés dites par commodité "musulmanes" provient justement du fait qu'on les approche à travers le seul prisme de la religion. on en fait ainsi une entité radicalement différente des sociétés occidentales, inaccessible aux concepts communs des sciences sociales. or ces concepts permettent notamment de souligner la troublante parenté entre l'islamisme radical et les idéologies réactionnaires en occident.
Le soufisme féminin reste le parent pauvre de la recherche sur la mystique musulmane, et les femmes soufies les absentes de l'histoire. Aisha al-Mannûbiyya (m. 665/1267), incarnant la figure de la parfaite "ravie" en Dieu, qui transgresse les normes et revendique les deux dignités de qutba (pôle spirituel) et de khalîfa (vicaire de Dieu sur terre), témoigne de ce fait fortement de la vitalité et de la richesse des modèles féminins de perfection humaine en islam. La Dame de Tunis, de son surnom le plus célèbre, est l'une des rares saintes médiévales à être créditée d'un recueil de manâgib (hagiographie), dont la rédaction est attribuée à l'imâm de la mosquée de Manouba (à six kilomètres à l'ouest de Tunis). Aisha a une vingtaine d'années au moment où les Hafsides commencent à gouverner l'Ifriqiya et meurt dix ans avant la fin du règne d'Al-Mustansir (647-675/1249-1277), qui prit officiellement le titre califal et prolongea la période de paix, de sécurité et d'essor économique inaugurée par son père Abû Zakariyya. Cet ouvrage présente la première traduction en français de l'hagiographie de la sainte, le récit de ses nombreux prodiges, les propos extatiques qui lui sont attribués, ses oraisons et prières, ainsi que les conseils, enseignements et exhortations qu'à titre de testament spirituel elle délivre à ses disciples ou à des personnes qui la sollicitent.