La poésie arabe qui règne du vie au xiie siècle est bien plus qu'un genre littéraire : c'est le fleuron du génie arabe, c'est "la mine de la science des arabes, le livre de leur sagesse, les archives de leur histoire, le trésor de leurs grandes journées", selon les termes du savant ibn qutayba au ixe siècle.
Mais ce trésor reste mal connu. quel amateur français pourrait citer les al-mutanabbî, ibn ar-rûmî, abû tammâm, ces géants de la poésie arabe, dont presque aucun vers n'a été traduit dans notre langue ? cette anthologie rend compte des différents genres et des principales phases de la poésie arabe classique. les sujets et les registres y varient de page en page. de l'arabie préislamique aux cours omeyades de damas, des califats abbassides de bagdad jusqu'aux royaumes andalous, ce recueil convie le lecteur à une promenade à travers cinq siècles et vingt-quatre poètes.
Les traducteurs ont recouru à la versification classique française afin de restituer le mouvement poétique original, son souffle ample et réglé, ses ramifications musicales.
Récemment disparu, ce poète libanais de la solitude et du silence s'est distingué depuis ses débuts par une tonalité propre, née d'une exploration sans cesse renouvelée de son monde quotidien, avec un vocabulaire délibérément simple et dépouillé qu'il excelle à doter de nouvelles résonnances et d'une densité insoupçonnée. Ce faisant, Bassam Hajjar a construit l'une des oeuvres poétiques les plus profondes et les plus exigeantes de la littérature arabe contemporaine.
" ceux qui voudraient s'imaginer le personnage pourraient sans doute retrouver, à la faveur d'un comparatisme schématique, le portrait d'un chevalier de la littérature occitane, elle-même fortement teintée de poésie arabe d'andalousie.
Il n'était pas baron, comme guillaume ix, le premier troubadour de france. il appartenait au peuple, avait partagé ses passions et ses colères. quel poète n'a pas chanté l'amour ? mais belkheir saura manier le langage du coeur et celui de l'épée. il parlera de l'amour, comme s'il n'avait vécu que pour le vivre ; il chantera le combat, comme si la vie ne devait être qu'épopée. " boualem bessaih " belkheir, chantre du courage nomade et de l'éternel désir, nous propose, sous la dictée des formes pures, un message de demain et de toujours.
" jacques berque " arabe est sa langue, raffinée sa poésie, exemplaire son combat " ben badis.
L'éloge du Prophète de l'islam, Muhammad, est un vieux thème de la poésie arabe qui a pris son essor du vivant même du Prophète pour atteindre son plus haut degré de perfection au XIIIe siècle, avec la fameuse Burda de l'Egyptien Bûsîrî (m.1295). Combinant les éléments traditionnels du panégyrique (qualités physiques et morales hors du commun de la personne louangée), l'effusion lyrique de la poésie amoureuse (prologue galant, évocation nostalgique de l'aimé et de son lointain pays), la ferveur religieuse (irruption du surnaturel, récit des miracles) et la quête mystique de l'Homme parfait, les poètes qui s'y sont illustrés ne comptent généralement pas parmi les ténors de la poésie arabe classique. Quelques-uns, cependant, parmi les contemporains les plus illustres, y ont apporté leur contribution, soit pour attester tout simplement de leur foi musulmane, soit pour affirmer l'actualité du Prophète et l'universalité de son message. L'anthologie traduite en français par Idrîs de Vos en vers rythmés et rimés comprend d'une part, presque intégralement, les poèmes les plus célèbres du genre, notamment Les Mille Vers de Nabhânî (1849-1932), et, d'autre part, un florilège permettant de suivre l'évolution du thème à travers les siècles jusqu'à nos jours.
diffuse dans l'oeuvre d'ibn 'arabî, le grand soufi andalou, c'est sans doute dans ce recueil que la poésie, profonde et raffinée à la fois, trouve sa forme cristalline la plus pure.
issue, lors d'une retraite spirituelle à la mecque (598/1202), d'une rencontre temporelle avec celle qui en sera l'inspiratrice - nizâm -, l'expression poétique ici tend d'emblée vers l'intemporel. grâce à la
transfiguration, la présence divine est immédiatement saisie dans la présence de la bien-aimée, alors que la poésie se déploie à travers des images oú, miraculeusement, se concilient le visionnaire et le visuel.
c'est cette vision oú la passion, mue par la beauté, déchire et apaise en même temps, que cette première traduction en français restitue, en rendant à la poésie d'ibn 'arabî sa vertu d'être, comme toute poésie du sublime, un acte unique.
fulgurante figue de la mystique en islam, hussein mansour al-hallâj appartient à cette rare pléiade de poètes pour qui la poésie fait un avec la pensée.
cela ne saurait se produire que si la poésie est
sublime et la pensée profonde. cependant, puisque hallâj est avant tout un mystique, un des plus grands de tous les temps, l'unité de la pensée et de la poésie chez lui trouve sa justification dans une expérience de la totalité qui sert à exprimer une relation unique à l'unique. expérience non mutilée, non mutilante, oú l'âme coexiste avec le corps, la raison avec ce qui la nie, la finitude de la mort avec l'horizon de la résurrection, et oú le coeur et
l'imagination, portés par cette force transfiguratrice qu'est l'amour, deviennent des moyens de connaissance, des sens véritables.
la poésie est inséparable de la vie, une vie tout entière tournée vers l'unique, lequel unifie mais dans le déchirement, fait accéder au vrai mais dans la contradiction, permet de le retrouver et de se retrouver mais dans le dépassement de tout. la poésie, chez hallâj, est la forme suprême que, provisoirement, juste avant le silence ultime, la pensée prend quand elle doit se dépasser dans
l'indépassable.