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Le sourire du dormeur : anthologie poétique
Nouri Al-Jarrah
- Sindbad
- La Petite Bibliotheque De Sindbad
- 12 Octobre 2022
- 9782330169268
Cette anthologie poétique couvre l'oeuvre de Nouri al-Jarrah, grand poète syrien, de 1988 à 2019. Le livre s'ouvre sur les écrits les plus récents, de longs poèmes en plusieurs chants, inspirés notamment de la mythologie grecque, et marqués par la tragédie syrienne, pour aboutir à l'un des premiers recueils du poète, quand sa voix commençait à acquérir sa propre tonalité. Nouri al- Jarrah est sans doute l'un des très rares poètes arabes vivants, sinon le seul, à marier avec bonheur l'épique et le lyrique, qui plus est dans une langue où transparaît son souci constant de la sonorité des mots.
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Les hirondelles se sont envolées avant nous
Hala Mohammad
- Bruno Doucey
- Soleil Noir
- 2 Septembre 2021
- 9782362293764
Elle ne dit pas l'effroi des bombardements, les corps démembrés, la route boueuse de l'exil ; elle dit l'arbre et l'oiseau, le chagrin des maisons, le miroir de l'absence. Elle ne filme pas les colonnes de soldats en route pour la guerre, ne fait pas le procès des monstres, ne pleure ni Alep ni Damas ; elle dit simplement que « l'aube n'abandonne pas la terre », que les hirondelles font leur nid « avec la paille du silence », que l'amour demeure le premier alphabet. Bien sûr, le fleuve de la vie ne sait plus ce qui lui arrive, les chansons roulent sur les chemins, la lune est la maison de l'exilé. Mais une femme, assise sur la rive de la poésie, fait entendre sa voix. « Elle chante une chanson et la chanson est sauvée ». Comme le seront les naufragés qu'elle aide à fouler la terre ferme.
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Dans ce texte poétique sensuel et fervent, Lilith la scandaleuse devient la porte-parole de toutes les femmes libres d'être et d'aimer.
Par l'auteur de J'ai tué Schéhérazade. «Je suis Lilith la femme destin. Aucun mâle n'échappe à mon sort, et aucun mâle ne voudrait m'échapper, Je suis la vierge Lilith, visage invisible de la libertine, la mère amante et la femme homme. La nuit car je suis le jour, le côté droit car je suis le côté gauche, et le Sud car je suis le Nord. Je suis la femme festin et les convives. On m'a surnommée sorcière ailée de la nuit, déesse de la séduction et du désir, reine des plaisirs solitaires.
On m'a délivrée du carcan de procréatrice pour que je sois le destin immortel. Je suis Lilith aux seins blancs. Irrésistible est mon charme car mes cheveux sont noirs et longs, et de miel sont mes yeux.» Lilith, c'est la première femme, compagne d'Adam qui a fui le paradis car elle refusait de se soumettre à l'homme dont elle se considérait l'égale ; la menaçante, la tentatrice, que la Bible ne mentionne qu'à contrecoeur et la plupart du temps sans la nommer, sur laquelle la tradition hébraïque est plus prolixe mais pas moins accablante.
Elle est l'incarnation de la féminité primale, celle que le mâle redoute car elle est capable de se libérer de son emprise, voire de prendre le pouvoir par la ruse. Elle se trouve donc associée aux sorcières, aux serpents, aux sirènes, aux goules. en un mot aux créatures démoniaques capables d'asservir l'homme. Mais elle est aussi et pour les mêmes raisons une figure de la féminité glorieuse, puissante et libre, revendiquée par les féministes depuis les années 1970.
Rien d'étonnant donc à voir l'auteure de J'ai tué Schéhérazade s'emparer de ce personnage biblique dans un texte incandescent, pour évoquer la féminité dans son plein épanouissement, la femme égale de l'homme dans le désir et dans l'accomplissement. Ce long poème en prose sensuel et fervent s'inscrit dans la même tradition que certains quatrains d'Omar Khayyâm ou les poèmes d'Abû-Nuwâs, avec lesquels il partage un érotisme joyeux indissociable de la vraie liberté d'être et d'aimer.
«De la flûte des deux cuisses monte mon chant, Et de ma luxure s'ouvrent les fleuves. Comment pourrait-il ne pas y avoir de déluge, A chaque fois qu'entre mes lèvres verticales brille un sourire ?»
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Amjad Nasser est le pseudonyme de Yehia Awwad al-Nu'aymi, célèbre poète, romancier et chroniqueur jordanien né en 1955 et unanimement considéré comme un maître du poème en prose. Son dernier recueil, «Le Royaume d'Adam», qui vient de paraître alors qu'il se trouve entre la vie et la mort, rongé par un cancer du cerveau, est salué comme un chef d'oeuvre, grâce notamment à son souffle épique en résonance avec «La Divine Comédie.» C'est l'occasion de publier, enfin, en français une anthologie substantielle et plusieurs fois retardée de son oeuvre poétique.
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Syrie et autres poèmes
Salim Barakat
- Sindbad
- La Petite Bibliotheque De Sindbad
- 5 Avril 2017
- 9782330075668
Par la richesse exceptionnelle de son vocabulaire, ses fougueuses sonorités et la luxuriance de ses images, empruntées aux rudes paysages de son village natal, à sa flore et sa faune, l'écrivain kurde syrien, Salim Barakat, construit une oeuvre poétique qui ne compte pas moins de vingt titres, et qui rivalise en originalité avec son imposante oeuvre romanesque.
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L'eclat qui reste et autres poemes
Boulus/Saadeh
- Actes Sud
- La Petite Bibliotheque De Sindbad
- 12 Février 2014
- 9782330025113
Sargon Boulus est l'un des poètes qui ont fait passer la poésie arabe d'une période à une autre : de celle où la modernité avait été fondée et théorisée à celle où elle est devenue écriture et conception. Il savait transformer le moindre détail de la vie quotidienne en figure poétique incandescente. Habitée par une angoisse existentielle, nourrie d'une riche expérience spirituelle, sa poésie semble construite à la manière d'un rempart.
Poète de nulle part, il a traversé de nombreux pays sans jamais dévier de son cheminement "vertical" à l'intérieur de lui-même. La langue était sa seule patrie, qu'il a creusée inlassablement tout en se demandant s'il existait finalement une patrie pour les poètes, même dans la langue.
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Saint-Jean-D'Acre en 1799. Protégée par ses remparts et réputée imprenable depuis les Croisades, la ville est gouvernée par Jazzâr Pacha, un Bosniaque sanguinaire au service de l'Empire ottoman. Venant d'Égypte, Bonaparte l'assiège mais échoue à son tour. La confrontation entre ces deux hommes hors du commun est un événement bien connu des historiens. Ala Hlehel nous en livre une version truculente où il pose la question toujours actuelle de la lutte pour la domination entre puissances étrangères, indifférentes au sort tragique de la population locale.
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Dans un village maronite irréductible du Nord-Liban replié sur lui-même, sur ses traditions ancestrales et son identité propre - qu'il brandit fièrement contre les "autres", tous les autres, y compris les villages avoisinants qui partagent pourtant la même foi religieuse -, un homme meurt un jour dans une tempête de neige et il est dévoré par les hyènes. Son frère s'empare de ses biens au détriment de ses enfants, Salma et Tannous. Le roman suit pas à pas la lutte acharnée qu'ils vont devoir mener, chacun à leur manière, pour assurer leur survie et celle de leurs proches dans un monde hostile, et qui plus est, en pleine mutation.
De l'époque du Mandat français à 1975, quand éclate la guerre civile, Hoda Barakat restitue près de soixante-dix ans d'histoire locale, multipliant les angles d'approche, reproduisant les incantations religieuses, les chants guerriers et le franc-parler des habitants, scrutant à travers les destins croisés de ses personnages les métamorphoses du lieu sous l'effet d'une "modernité" à la fois désirée et redoutée. L'émigration bouleverse les structures familiales traditionnelles, le tourisme modifie le paysage de fond en comble, introduit de nouveaux modes de vie et de nouvelles valeurs. Reste pourtant, ici comme ailleurs, le souvenir lancinant d'une solitude que rien, ni dans la guerre ni dans la paix, ne semble pouvoir dissiper.
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Pratiquant exclusivement une forme poétique brève inspirée du haïku, el-Atat prend un plaisir perceptible à noter ses émotions et les moments fugaces qui l'étonnent ou l'émerveillent.
Par le large choix qu'elle propose, cette anthologie personnelle a le mérite de montrer le talent particulier de ce poète à saisir des instantanés grâce à un travail d'épuration remarquable de son texte et à une langue dense et souple, riche de l'étendue de son vocabulaire et de ses images hautement poétiques.
Si l'observation de la nature et de l'évanescence des choses occupe une place importante dans ses textes, cela ne l'empêche pas d'aborder d'autres thèmes plus modernes ou de s'inspirer de sa vie quotidienne.
A?ranchi de la règle classique de composition d'un haïku (5/7/5), chacun de ses tercets se lit néanmoins en une seule respiration et incite à la réflexion et à la méditation de la scène évoquée. Et de l'ensemble se dégage ce que certains appellent un « esprit haïku » - indéfinissable en tant que tel, qui procède du vécu, du ressenti, de choses impalpables.
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Joumana Haddad propose de libérer la civilisation arabe par le corps. Elle se bat, à travers son écriture, pour plus de liberté individuelle, et pour une complète libération des moeurs. Elle le fait avec courage, affirmant sans une once de culpabilité, être bien dans sa peau de femme libre, malgré les intégristes de tous bords, malgré l'hypocrisie des uns, la lâcheté des autres, et les menaces de certains. Dans Miroirs des passantes dans le songe, Joumana Haddad convoque des poétesses qui se sont suicidées, des femmes qui ont joué leur peau en poésie, tout en se sentant, dans leur quotidien formaté, prisonnières de leur corps de femme. Elle les convoque en « amie », soeurs de combat venant de tous les pays (Venezuela, Argentine, Suède, France, Allemagne, Italie, Portugal.) pour porter sa parole hors de la contextualisation arabe, bien au-delà des frontières, quelles qu'elles soient.
Ainsi s'adresse-t-elle, du Liban, au monde entier.
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Après l'arrivée de soldats sur sa terre irakienne, Mazim Mamoory tente de mettre en ordre le chaos quotidien. Son pays n'est plus reconnaissable et son existence chamboulée. Les liens familiaux volent en éclat, sa femme lui murmure : « tu es un homme de couleur et un jour je te laverai ». Son rapport au monde est redéfini : « ma présence en Irak signifie que je suis en conflit avec les autres ». À la recherche d'une nouvelle existence dont il essaie de comprendre les règles, l'auteur est happé par cette ville devenue un cimetière à ciel ouvert. Sa seule échappatoire est la poésie, qu'il entretient en suspendant le temps, entouré de ses amis. Ces moments de flottement ouvrent la voie de la résistance, de ce refus de laisser disparaître la force de vie.
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Un long malentendu et d'autres poèmes
Nassereddine Mohamad
- L'Harmattan
- 26 Septembre 2019
- 9782343185705
Mohamad Nassereddine développe ses mondes poétiques avec une acuité et une ironie qui ne masquent pas sa tendresse écorchée. Sa conscience des soubresauts de l'histoire et sa vision critique ne l'empêchent pas d'explorer la magie et les croyances qui l'entourent. Il en perce les contradictions avec délicatesse. Ce n'est pas un tribun bien que sa pensée pourrait l'y mener mais un découvreur des merveilles et de l'abîme de l'être. Il traverse la douleur et la guerre, qui se sont trop longtemps conjuguées au destin du Liban, sans concession à l'héroïsme ou à la dramatisation (Michel Cassir).
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Ce recueil relié réunit les poèmes en version bilingue, accompagnés de dessins de Yahya Al-Sheikh, artiste irakie et ami du poète. Ashur Etwebi a écrit ces poèmes depuis la Norvège où il a trouvé refuge. On y ressent, mêlés, le chagrin (évoqué par le titre du recueil) en rapport implicite évident avec les événements récents qui ont marqué l'histoire de la Lybie, et la sérénité propre à un « chant du monde », où la nature est très présente, et qui va chercher ses racines loin dans la poésie arabe traditionnelle.
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Le texte de l'absence et autres poèmes
Wadih Saadeh
- Sindbad
- La Petite Bibliotheque De Sindbad
- 29 Mai 2010
- 9782742791385
Wadih Saadeh fait partie de cette génération de poètes libanais fortement marquée par la guerre et qui s'est épanouie, au milieu des années 1980, en rompant avec le langage des aînés, qu'il s'agisse des pionniers irakiens, comme Sayyâb, ou des ténors de la revue Shi'r, comme Adonis ou Ounsi et-Nage. Il a d'emblée opté pour une poésie quotidienne en prose, qui tantôt résonne des échos de la guerre, tantôt restitue les images d'une enfance paysanne. Toute son oeuvre peut cependant être lue comme une méditation lucide au bord du gouffre, une tentative d'apprivoiser le néant par la nonchalance. Poésie exigeante, d'une haute tenue esthétique et éthique, qui a exercé une influence certaine, quoique souterraine, sur les meilleurs poètes libanais, et plus généralement arabes, des vingt dernières années. Cette première anthologie en français de Wadih Saadeh regroupe par ordre chronologique des poèmes extraits de ses recueils publiés depuis 1973.
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Abdo Wazen est né à Beyrouth en 1957. Auteur de six recueils poétiques en
langue arabe, l'un récit érotique : Le Jardin des sens (1993) - censuré à sa
sortie au Liban pour « luxure et libertinage » - et de plusieurs essais
consacrés à des mystiques comme Hallâj, saint Jean de la Croix et Thérèse
d'Avila, il est aussi traducteur en arabe de nombreux poètes français, dont
Baudelaire, René Char, Pierre-Jean Jouve, Prévert... Il est rédacteur en chef
des pages culturelles du quotidien panarabe Al-Hayat. Une poésie hantée par les
thématiques de la perte, du vide et de la mort mais qui célèbre aussi la
passion amoureuse. Premier recueil du poète libanais Abdo Wazen traduit en
langue française et présenté en édition bilingue. Ses Yeux Lorsqu'elle a fermé
les yeux Elle n'a pas senti la lumière qui Durcissait tel le sel. Elle a fermé
les yeux pour éclairer leur forêt, Pour étreindre la nuit et ses anémones, Pour
cacher le ciel qui s'étend dans leur vastitude. Lorsque l'ombre obscure lui est
apparue Elle a fermé les yeux pour la capturer. Mais elle ne les a plus jamais
ouverts. « Dans les poèmes d'Abdo Wazen le bonheur et la douleur de vivre se
côtoient de très près et se lient intimement, sans que jamais la seconde ne
parvienne à offusquer le premier. [...] Il prend avec ferveur l'exacte mesure
du séjour humain et tient entre ses mains la rose de la lumière en ouvrant pour
nous le livre du jour. » Jean-Michel Maulpoix.
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Burkini, le titre du roman, est une juxtaposition de « burqa' » et « bikini ». Ce mot anglais, entré dans le dictionnaire australien en 2012, désigne l'habit de bain conçu par une Australienne de confession musulmane. Mais ce mot exprime surtout le penchant double et contradictoire de l'héroïne, qui tente de se libérer par l'art, en peignant des corps presque nus, tout en restant conservatrice puisqu'elle-même porte le voile.
« Je suis déchirée entre deux femmes. Lorsque je suis lasse d'une, je la tue et me raccroche à l'autre. Quelle femme suis-je ? [...] La mystérieuse femme voilée ou l'artiste émancipée ? ».
L'histoire d'une jeune peintre, vivant sous son voile, un conflit ignoré de tous, partagée entre son beau physique et le voile qui le cache.
« Je reconnais que je n'ai jamais réussi à faire du foulard qui me couvre les cheveux une partie de moi-même, [...] Il n'y a que dans cette chambre obscure que je me retrouve. On dit que je vis en vase clos. C'est dans l'obscurité et l'immobilité que nait la femme que j'étouffe chaque matin sous une nouvelle écharpe ».
L'auteur ouvre les portes de l'équivoque de la femme voilée avec son corps. Le roman n'en perd pas moins sa dimension sociale : il révèle une certaine conception de la femme au sein de la société orientale, souvent perçue comme un objet de honte et de désir. À la différence des autres romans arabes, l'héroïne ne se sent pas victime de la société patriarcale : c'est une femme libre qui choisit délibérément de se voiler tout en regrettant ce choix.
Avec Burkini, Maya Hajj fait renaître l'atmosphère des années 60-70, au cours desquelles les idées de gauche émergent, faisant apparaitre un conflit entre liberté et traditions, avec des romans comme J'existe de Leila Baalbaki, ou Rebelle de Ghada Samman. Bien que le lieu où se déroule l'action ne soit pas mentionné, on comprend qu'il s'agit d'une société cosmopolite, libre et ouverte, néanmoins rattachée au monde arabe où les courants salafistes progressent, comme c'est le cas à Beyrouth.
Paru en 2014, Burkini résonne avec l'actualité. Sa version française contribuera à éclairer la question du port du voile dans la société contemporaine, dès lors que le roman brise un tabou existant autour de la « femme voilée », ses phantasmes et son corps.