Littérature traduite
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Comment prendre intellectuellement la mesure de l'Anthropocène et de ses conséquences ?
Une porte d'entrée à la pensée d'un historien majeur de notre époque.
Avec l'Anthropocène, l'humanité est devenue une force géophysique. L'histoire " humaine " et l'histoire " naturelle " apparaissent ainsi désormais plus que jamais intriquées. Mais comment articuler histoire globale (celle de l'humanité) et histoire planétaire (celle de notre Terre) ?
La part des responsabilités et des devoirs de chacun à l'heure de l'urgence climatique varie d'un coin à l'autre du globe. Le projet d'émancipation porté par une modernité qui se voulait universelle ne semble aujourd'hui plus soutenable. La poursuite d'une vie confortable fondée principalement sur les énergies fossiles a fait long feu et a charrié de très fortes inégalités. Si la planète est bien une, les humains, eux, vivent en des mondes différents.
Reliant ses réflexions développées dans
Provincialiser l'Europe (2000) et celles exposées dans
Après le changement climatique, penser l'histoire (2021), Dipesh Chakrabarty poursuit ici son travail de décentrement en s'efforçant, en historien humaniste, de " provincialiser l'humain " et de prendre la mesure des bouleversements et des défis en cours.
Traduit de l'anglais par Frédéric Joly. -
1927, la grande crue du Mississippi ; une histoire culturelle totale
Susan Scott Parrish
- Cnrs
- 14 Mars 2019
- 9782271125156
Avec ses centaines de morts, son demi-million de personnes déplacées, principalement afro-américaines, et ses huit millions d'hectares submergés, la grande crue du Mississippi de 1927 fut la plus dévastatrice de l'histoire des États-Unis.
Elle se propagea du Nord au Sud dans un environnement dégradé par des décennies d'interventions humaines, au premier rang desquelles la déforestation, l'assèchement des zones humides et le remplacement de la petite propriété agricole par d'immenses plantations en monoculture.
Après avoir retracé cette histoire et analysé ses causes, Susan Scott Parrish explore l'intense réponse culturelle qu'elle a suscitée. Les Américains parurent d'abord se ranger derrière la « grande machine de secours » fédérale, mais de profondes fractures ne tardèrent pas à se rouvrir. Les gens du Sud dénoncèrent, d'un côté, les « eaux yankees », réminiscences de la guerre de Sécession, de l'autre, le confinement des Afro-Américains dans des camps de concentration et le « retour de l'esclavage à Dixie ».
L'auteur montre qu'il revint à des artistes et écrivains de génie, tels Bessie Smith, William Faulkner ou Richard Wright, de façonner la sensibilité publique à l'événement et lui donner un sens. Elle montre aussi qu'à l'orée des années 1930 les catastrophes écologiques médiatisées étaient devenues, au même titre que les totalitarismes ou les crises économiques cycliques, des phénomènes centraux de la modernité.