Que se passe-t-il avec l'autorité ? Après l'avoir pourfendue durant tout le milieu du 20e siècle, voilà que l'on semble déplorer sa disparition. Dans l'entreprise, à l'école, et jusque dans la famille ou la cité, on ne cesse de se plaindre d'une « crise » de l'autorité. Partout dans le monde, les partis dits autoritaires font des scores impressionnants, et les sondages d'opinion ne cessent de faire état d'une nostalgie généralisée pour l'autorité perdue.
D'où vient cette demande contemporaine ? Et que désignons-nous, au fond, quand nous en appelons à un retour de l'autorité : l'ordre ? Le pouvoir ? L'efficacité ? Autre chose encore ? Ce sont ces questions vertigineuses que le nouveau numéro de Sciences Humaines s'efforce d'explorer.

Dès le plus jeune âge, il faut trouver sa place en famille, à l'école, dans l'entreprise, qui conditionnera largement notre "position sociale", mais dans son couple... Ce besoin semble répondre à une insécurité fondamentale : celle d'être déplacé.e ou pire d'être remplacé.e dans une existence où on ne fait que passer.
De plus en plus, elle prend aussi la forme d'une injonction sociale. Au 19e siècle, les révolutions démocratiques et industrielle ont transformé cette "société de castes" en société de classes. Le 20e siècle la guerre des classes a cédé le pas à la guerre des places, et il incombe désormais à chaque individu de tenter d'améliorer sa position.
Comment prendre sa place sans nuire aux autres ? Est-il possible d'échapper aux déterminismes sociaux ? Faut-il renoncer à ses singularités pour s'intégrer ? Et surtout y a-t-il une place pour tout le monde ? Lire la suite Fermer