Tribu de l'Est des Grandes Plaines, les Osages, ou Ni-u-kon-ska étaient, jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, un peuple de chasseurs cueilleurs et, quand il le fallait, de guerriers. Ils se nommaient eux-mêmes Wazhazhe ou Enfants-Des-Eaux-Du-Milieu. Les Osages vivaient dans la vallée fertile du Mississippi lorsque les explorateurs européens les rencontrèrent au XVIIIe siècle. Les Français, en partie desquels cette tribu doit son nom, en firent leurs partenaires privilégiés pour la traite des fourrures à un point tel qu'en 1827 un groupe de six Osages arrive en France où ils sont invités à l'Opéra de Rouen avant de séjourner à Paris. Au fil de leurs « aventures françaises », c'est l'évêque de Montauban qui dut ouvrir une souscription pour leur permettre de retourner en Amérique. Durant tout le XIXe siècle, sous la pression des colons, les Osages sont déplacés au Kansas, puis en Territoire Indien, qui devient en 1907 l'actuel Oklahoma ; enfin, au début du XXe, et pour le malheur de beaucoup d'entre eux, des gisements de pétrole sont découverts « sous » la terre de leur réserve. Les Osages deviennent alors la cible d'opportunistes malfaisants, parfois membres des autorités locales. Tous convoitent leurs richesses, sans compter les assassinats qui se perpétuent sur les « malheureux » Osages soudainement fortunés et ce, au vu et au su de tous, sous le nez de l'État fédéral. Aujourd'hui, faisant face à la réalité, renaissant des cendres de son passé, la tribu revendique son identité, sa culture et sa langue. Les récents séjours de l'auteure chez les Osages ont rendu possibles des informations inédites sur l'actuelle situation de cette tribu aujourd'hui dans la société américaine.
Marie-Claude Feltes-Strigler, Maître de conférences à l'Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle, est l'auteure d'une thèse de doctorat, « La nation navajo. Tradition et développement », ainsi que de nombreux articles et livres sur les Indiens en général. Voyageuse et chercheur de terrain chez les Navajos et les Osages, elle a collaboré avec le Navajo Sam Begay, pour son livre Moi, Sam Begay, homme-médecine navajo paru dans la présente collection.
Reconnu comme linguiste et anthropologue de terrain, les quarante années que Jaime de Angulo passa parmi les diverses communautés indiennes de Pit River du nord-est Californien lui donnèrent les moyens de tisser les liens nécessaires permettant l'éclosion d'une oeuvre identifiée comme essentielle concernant les mythologies des tribus de Californie et de la Côte Ouest. Comme les Indiens le font eux-mêmes dans les histoires qu'ils rapportent, Angulo mêle le folklore, les récits de chasses et diverses histoires, le tout émaillé de dessins « naïfs », découlant directement d'une façon ou d'une autre, des mythes de Création.
Tout à la fois en joyeuse, parfois dramatique, mais toujours en mythologique compagnie, Angulo, par la Voix du Conte, la tradition orale, nous fait remonter dans les anciens temps des Indiens de Pit River, mais aussi des Karoks, Pomos et autres Miwoks. Nous suivons alors les aventures de Père-Ours, de Mère-Antilope, du Petit-Garçon-Renard, de Vieil-Homme-Coyote à une époque où les hommes et les animaux n'étaient pas si éloignés ; ce qui n'est pas sans rappeler les grands Mythes de l'Émergence décrits notamment dans le Diné-Bahané des Navajos de Zobrod et Le Livre du Hopi de Frank Waters. À sa façon simple et ludique, Angulo recrée un monde mythologique nourri au pouvoir de la narration tout en évitant les écueils, voire les dangers, des abus du pittoresque et du romanesque qui ont la faculté de dénaturer une oeuvre. En somme, un ouvrage fidèle aux univers tribaux qu'il dépeint.
En septembre 1878, déportés au sud loin de leurs terres des Grandes Plaines, les Cheyennes croupissent et se meurent, incarcérés à ciel ouvert, dans cette partie hostile du Territoire Indien, futur État de l'Oklahoma. Les promesses non tenues du gouvernement les laissent souffrir des affres de la faim, les rations promises ne viennent pas ou alors au compte-gouttes. Pour survivre ils n'ont plus le choix : à leurs risques et périls, sous le commandement de leurs chefs Dull Knife et Little Wolf, ils décident de regagner à pied leur pays au Montana. Commence alors un des plus terribles exode de l'Histoire : affamés, dépenaillés ils marcheront, durant les quatre mois du terrible hiver 1878-1879, pour retrouver leur Terre. Pourchassés par l'armée, et laissant de nombreux morts, les Cheyennes, une fois arrivés connaîtront l'emprisonnement dans des baraquements où ils endureront - femmes, enfants et vieillards compris... - sévices physiques comme psychologiques, humiliations et tortures.
En 1964, John Ford a fait de cette tragédie humaine un western testamentaire qui a rendu justice au peuple cheyenne en en faisant un classique qui reste dans toutes les mémoires.
La densité du roman de Mari Sandoz, la subtilité et la précision des descriptions, l'atmosphère et l'esthétique « très indienne » qui s'en dégagent, font que l'ouvrage dépasse de loin une simple histoire de western : c'est tout simplement un chef-d'oeuvre de la littérature américaine.
Le Diné Bahané est la version la plus complète, la plus authentique du mythe de Création navajo. Depuis les travaux de Washington Matthews de 1897, elle offre l'accès à la Puissance, à la Beauté de cette narration orale, à toute sa poésie idiomatique appropriée au langage d'une période mythologique lointaine. Dans l'histoire des mythes de Création, le Diné Bahané est considéré comme une des oeuvres « littéraires » les plus importantes du monde. Il décrit, étapes par étapes sur plusieurs siècles « mythologiques », les Cycles du Mythe de l'Émergence qui mènent l'Insecte, le Spermophile et d'autres espèces du « règne animal », du Premier au Cinquième Monde, à l'Être humain et à la formation des Clans qui structurent toujours la société navajo d'aujourd'hui.
Le récit de la scène mythologique progressant, ses instigateurs acquièrent, d'un Monde à l'autre, sagesse, discernement, habileté. Le mythe charrie une foule de « Personnages-Entités » dont l'invétéré farceur jeteur de troubles graves Ma'ii le Coyote ; le plus féroce des Naayéé' le « Chef des Monstres » Yé'iitsoh ou le Géant. Les « Protecteurs » tels Nílch'i le Vent et Shash l'Ours ; Áltsé hastiin Premier Homme et Altsé asdza´a Première Femme ; les « Divinités » Asdzaa nádleehé ou Femme-Changeante et Yoolgai asdzaa Femme-Coquille-Blanche ; Jóhonaa'éí le Soleil et ses Fils les Jumeaux Tó bájísh chíní Le-Né-De-L'Eau et son Frère Naayéé neizghání Le-Tueur-De-Monstres dans la langue de Bilagáana l'Homme Blanc.
Pour le Diné, les Navajos, cette histoire du mythe de Création est à la base de leur identité spirituelle profonde, de leur relation avec les Éléments, la Terre, le Cosmos, de ce qu'ils considèrent comme Sacré, de ce qui recouvre l'Harmonie, la Paix, l'Équilibre, la Beauté : bik'eh hozhoon. Ainsi qu'il est dit.
De sa prime jeunesse à presque l'avant-dernière année de sa vie mouvementée, en 1959, ce cousin de Geronimo que fut le centenaire apache chiricahua Jason Betzinez nous relate, du côté indien, ses dernières années de liberté puis de captivité en tant que prisonnier de guerre. Sur un ton allant de la chronique au récit - et parfois même relevant de la confidence familiale et ethnographique - nous suivons Betzinez dans les ultimes combats de Geronimo contre les Mexicains et les Américains, jusqu'aux successives assignations à la réserve de San Carlos et de leurs non moins successives et rocambolesques évasions qui, juste après la reddition de Geronimo en 1886, mèneront tout droit les Chiricahuas dans le train de la déportation en Floride.
Betzinez se souvient des grands chefs : l'ombre céleste de Cochise, la puissance guerrière de Victorio ; il se remémore dans le détail les courses dans le désert et les montagnes, les performances de Geronimo, tout comme les coups de folie et de férocité de ce dernier. Enfin, de ces années de captivité jusqu'en 1914, puis de son existence jusqu'à l'âge de 99 ans, il nous conte ce que fut la vie des Chiricahuas, et la sienne comme Apache « intégré » à l'Amérique et lucide sur les temps nouveaux qui faisaient table rase de son passé, des Apaches.
Les tranchées de la Grande guerre fourmillaient de soldats français et étrangers. Parmi eux, les Indiens d'Amérique du Nord sont arrivés en nombre. Dès 1914, 4000 Indiens du Canada débarquent en France et en 1917, 15000 Indiens des Etats-Unis les rejoignent, retrouvant ainsi leur dignité de guerriers. Comment ont-ils été recrutés ? Quelles étaient leurs compétences particulières ? A quelles tâches ont-ils été employés ? Sioux, Cheyennes, Comanches, Apaches, Crows, Choctaws, Blackfeet, Navajos, combattirent au coude à coude avec les Doughboys ou les Tommies, les Tirailleurs sénégalais et les Australiens.
Eux qui n'avaient pas même la nationalité américaine, ils se sentirent pleinement Américains pour combattre les soldats du Kaiser et mourir, couverts de boue, dans les tranchées. C'est leur histoire, émouvante et superbe que nous raconte, dans un livre tout public et néanmoins extrêmement documenté, Jacques Rouzet, grand spécialiste des tribus "Natives".
Depuis plus d'une vingtaine d'années de séjours prolongés chez les Indiens navajos, l'anthropologue de terrain Marie-Claude Feltes-Strigler a tissé les liens étroits avec de nombreux membres du peuple du Diné et notamment avec celui qui est devenu, dans la seconde moitié du XXe siècle, l'un des plus grands homme-médecine navajo : Sam Begay. Ce dernier a accepté de confier sa vision de ce qu'était le monde « avant le début des temps », les mythes, les valeurs qui régissent la vie quotidienne dans la réserve. L'homme nous rapporte le déroulement de plusieurs cérémonies et rites de guérison qu'il dirige et pratique, donnant ainsi à appréhender cette Connaissance qui se transmet de génération en génération. Sa voix parle de la richesse de sa culture, d'une vie traditionnelle qu'il sent en danger, des maux du monde moderne qui menacent le mode de vie séculaire navajo, tout comme le nôtre.Dans ce voyage au coeur de l'Amérique indienne d'aujourd'hui, dans la Grand Rez de Monument Valley en Arizona, Sam Begay nous fait partager son savoir où se perpétue la mémoire du passé sur laquelle nous pouvons, bien souvent, fonder notre avenir.
Sam Begay, (1935-2015), né dans la partie de la réserve navajo située en Arizona, est issu d'une famille nombreuse et traditionnelle. Il est devenu un homme-médecine renommé et respecté, qui a joué un rôle décisif dans l'élaboration du droit coutumier navajo. Son statut d'Ancien et d'homme-médecine ont fait de lui un des principaux interlocuteurs de la nation navajo.Marie-Claude Feltes-Strigler, Maître de conférences à l'Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, est l'auteur d'une thèse de doctorat, « La Nation navajo - tradition et développement », ainsi que de divers ouvrages sur les Navajos, d'une histoire des Indiens des États-Unis et, dans la présente collection, du livre « Les Indiens osages » ainsi que de nombreux articles sur les nations indiennes.
S'il y eut au XIXe siècle, au plus fort des guerres indiennes, une mission en laquelle personne ne croyait, c'est bien celle que mena le général de brigade Oliver Otis Howard pour négocier une paix avec le chef apache Cochise.Été 1872. La Maison-Blanche considère qu'il est temps de mettre fin aux guerres apaches. Aux yeux du président républicain Ulysses S. Grant, Cochise, chef des Apaches chiricahuas, est le seul interlocuteur de cette tribu ayant assez d'autorité et d'ascendant sur les siens pour être à même de négocier sérieusement une paix. Le chef chiricahua tient tête depuis douze ans aux troupes américaines, mais aussi mexicaines. La « Guerre de Cochise » répand la terreur en Arizona et au Nouveau-Mexique et commence à coûter cher en vies, en dollars et ralentit fortement la « marche du progrès ». Même s'il reste souvent maître du terrain, le grand chef est conscient que chaque affrontement se termine par trop de morts dans les rangs chiricahuas. Par l'intermédiaire de son seul ami blanc, Thomas Jonathan Jeffords, Howard, en qualité de représentant du président Grant, assisté de son aide de camp Joseph A. Sladen, met sur pied une mission de paix. Jusqu'à la signature du traité le 11 octobre 1872, Sladen tient au jour le jour son journal. Scrupuleux, détaillé, intelligemment rédigé, ce journal se révèle un véritable trésor pour tout lecteur et bien sûr pour les ethnologues et les historiens. En immersion au sein d'une tribu indienne en état de guerre, nous découvrons la vie quotidienne des Apaches, leurs lois de l'hospitalité. Et enfin, nous nous trouvons face à Cochise.
Joseph Alton Sladen (1841-1911) outre qu'il fut un vétéran des armées de L'union durant la guerre de Sécession effectua des études en médecine. Très tôt il devint l'intendance du général Oliver Otis Howard. Il sera jusqu'à la mort de ce dernier en 1909 son fidèle aide de camp. Edwin R. Sweeney qui a établi l'édition et l'appareil critique du Journal est l'auteur des biographies de Cochise et de Mangas Coloradas parues dans la présente collection.
Eve Ball a passé plusieurs années auprès des Apaches. L'un d'eux, J. Kaywaykla, Apache chiricahua, lui a offert son témoignage. Un dialogue qui renseigne sur la vision que les Indiens ont de leur propre histoire, entre 1878 et 1886.